Liberté Egalité Fraternité mises en danger dans l’Education post Covid19

L’industrie de l’éducation : entre démocratisation et contrôle des contenus.

Les constats :

Atteinte au principe d’égalité

Les solutions digitales apportées par les Etats et les systèmes d’éducation (publics ou privés) ont accentué la fracture numérique au sein des foyers, au sein des populations, entre les territoires d’un même pays et entre les pays, dont la conséquence majeure est l’important décrochage scolaire des enfants des milieux défavorisés et le creusement des différences entre les populations d’un même pays.

Une inégalité nouvelle d’accès à l’enseignement public a fait jour et qui tente de s’inscrire dans la durée.

Droit fondamental :

Les collégiens, lycéens et étudiants n’ont plus accès aux ordinateurs ni aux espaces wifi gratuits des écoles, des universités et des bibliothèques. Certains n’ont pas les moyens financiers pour se connecter sur le web et télécharger des dossiers lourds ou de rester plusieurs heures sur des examens en ligne. Les solutions proposées ne sont bien souvent pas compatibles avec les téléphones portables qui sont pourtant l’outil numérique le plus répandu parmi les jeunes.

La situation actuelle dans l’Education pose de façon brutale la question du droit à la connexion comme un des droits fondamentaux, au même titre que l’Education.

Atteinte à l’expression de la fraternité :

La possibilité d’apprendre à tout âge dans un territoire différent de son lieu de naissance favorise la prise de conscience de l’altérité et le vivre ensemble. La relation à l’autre, à celui qui est différent de soi est mise à mal dans une éducation sédentaire, dont la mobilité devient virtuelle, l’autre n’étant qu’une image dépourvue de sensibilité derrière un écran. L’éducation numérique prend difficilement en compte l’esprit et le cœur du travail collaboratif, le limitant la plupart des cas à une addition d’expertises ou de compétences et non à un partage d’expériences et de sensibilités humaines.

Atteinte à la liberté de la pensée différente :

Bien avant COVID-19, l'adoption des technologies éducatives connaissait déjà une forte croissance dans le monde entier. Aujourd'hui, les cours en ligne et enregistrés font partie de la vie quotidienne des étudiants

Les cours enregistrés circulent sous de multiples formats et selon des commandes pédagogiques multiples. Bien sûr, la reproductibilité du savoir n’a rien d’un phénomène nouveau, la diffusion de savoirs n’est-elle pas, par essence un art reproductible, qui n’existe que dans la possibilité même de ses actualisations multiples, aussi bien dans l’espace que dans le temps ?

Largement diffusés, voici les savoirs (et par extension l’Education) partagés d’un bout à l’autre du monde sur des réseaux plus ou moins officiels, plus ou moins gratuits, plus ou moins commerciaux, plus ou moins contrôlés.

Cette nouvelle Education (massivement amplifiée depuis le COVID19) est désormais numérisée, micro matérialisée et stockée sur des plates-formes la rendant consommable par tous et partout, à défaut d’être souvent réellement consommée. 

Ces nouveaux supports technologiques, qui permettent la conception des contenus pédagogiques, ainsi que les formes de médiation (diffusion sur les réseaux) qui sont majoritairement contrôlées par des groupes commerciaux privés, pourraient affecter la valeur de l’éducation. Valeur que je définie ici comme la relation sensible (et non technique) à l’être humain, visant la préservation de sa diversité et de sa liberté de pensée.

Deux enjeux de l’éducation dans l’ère numérique :

Les modes de production et de diffusion de contenus pédologiques : Marchandisation, standardisation, censure, fiabilité des contenus, globalisation des méthodes pédagogiques, contrôle des réseaux de diffusion, etc

Education de qualité : autonomie (empowerment) des apprenants, développement de la conscience critique, transmission des valeurs, construction du citoyen démocrate, diffusion des savoirs, culture de la démocratie etc.

Claude VIVIER LE GOT

FEDE – chairwoman