Promotion du tourisme culturel en tant que facteur de développement des régions - CPR (11) 3 Partie II

Rapporteurs :
Gyorgy VIRAG, Roumanie,
Chambre des régions,
Groupe politique : PPE/DC

Günther KRUG, Allemagne,
Chambre des régions,
Groupe politique : NI

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EXPOSE DES MOTIFS

Pour une meilleure approche qualitative et quantitative du tourisme culturel

Le Conseil de l’Europe et notamment le Congrès a toujours été sensible aux problèmes posés par le tourisme en général et par le tourisme éducatif et culturel en particulier. Depuis les années 70, une place spécifique leur a été réservée dans le cadre de travaux du Conseil de l’Europe. Le tourisme est devenu un phénomène complexe en plein développement. Il joue un rôle essentiel dans les domaines économiques, sociaux, culturels, éducatifs, scientifiques et esthétiques. Le tourisme offre la possibilité de voyager et de connaître d’autres cultures et régions et représentent aujourd’hui un facteur économique important pour le développement régional.

En cette période de globalisation croissante, la protection, la conservation, l’interprétation et la présentation du patrimoine et de la diversité culturelle de chaque région sont un enjeu important partout en Europe. Le tourisme culturel est celui qui a pour objet, entre autres objectifs, la découverte des sites et des monuments. Il mise sur la mosaïque des lieux, des traditions, des manifestations artistiques, des célébrations et des expériences qui représentent une région et ses habitants.

À l’instar d’autres instances internationales, celles du Conseil de l’Europe se sont déjà prononcées sur les enjeux du tourisme culturel. Ainsi, le Comité des Ministres, dans sa Recommandation Rec(2003)1 sur la « promotion d’un tourisme attaché à la mise en valeur du patrimoine culturel dans les perspectives de développement durable », reconnaît que le tourisme contribue à rapprocher les peuples, à forger l’identité européenne et à développer une prise de conscience de la valeur du patrimoine culturel des peuples dans la diversité, tout en favorisant le respect des cultures diverses et en constituant un facteur de tolérance.

Le tourisme culturel fait l'objet depuis une vingtaine d'années d'un regain d'intérêt qui fait suite à la fois :

- aux démarches éthiques et volontaristes des Institutions intergouvernementales;

- aux lassitudes suscitées par le tourisme de masse, tant de la part des touristes eux-mêmes que des responsables de sites qui ne peuvent plus faire face à une augmentation croissante des dépenses engendrées, sans retombées locales équivalentes et à l'usure des équipements;

- aux événements politiques qui ont fermé certaines destinations exotiques privilégiées par le tourisme de pur loisir;

- aux crises rencontrées ces dernières années par les compagnies de transport, en particulier les compagnies aériennes;

- à l'ouverture au tourisme de nouveaux pays, en particulier en Europe centrale et orientale;

- aux besoins des collectivités locales et régionales de répondre aux aspirations de leurs habitants en terme de développement durable;

- aux besoins rencontrés par les grandes Régions d'Europe de donner à la fois une image et un message touristiques spécifiques - différents de ceux de leurs concurrentes - et de reconvertir des espaces délaissés par suite des grandes reconversions économiques : désertification des espaces ruraux et valorisation des friches industrielles, abandon des ouvrages militaires ou de défense, par exemple;

- aux transferts de compétence en matière de tourisme des Etats vers les Régions (Italie au milieu des années 90, France aujourd'hui) quand ce n'était pas déjà le cas dans les Etats fédéraux ou en Espagne (Gouvernements autonomes).

Rôle et responsabilités des régions

Une évolution inéluctable en Europe qui se caractérise par le transfert de compétences - et de charges - des Etats vers les Régions en ce qui concerne le tourisme, le patrimoine et la culture au sens large. D'un point de vue qualitatif dans le cadre de la mise en œuvre des itinéraires culturels pour lesquels les propositions qui étaient au milieu des années quatre-vingt issues majoritairement des Etats ou de groupes d'Etats sont maintenant portées par des Régions. Le cas à la fois le plus démonstratif et aussi le plus récent est certainement celui de l'itinéraire de la langue castillane, présenté au Conseil de l'Europe par le Conseiller à la culture du Gouvernement autonome de La Rioja, parlant au nom de trois autonomies et d'une dizaine de villes. Mais en ce qui concerne des itinéraires beaucoup plus anciens, les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, par exemple, il est clair que c’est un travail direct Région par Région (initiatives récentes de la Région Poitou-Charentes qui a édité le principal guide en français sur l'ensemble des chemins dans un contexte européen, Région Aquitaine, Région Basque espagnole, Comté des Cornouailles…). Des régions de l'Est de l'Europe, dont l'autonomie administrative et financière commencent à s'affirmer ont également maintenant la même démarche.

Différents modèles de co-gestion se mettent progressivement en place où les Régions tiennent un rôle de financeur principal et de médiateur entre l'Etat central qui conserve son rôle dans les domaines juridiques, de classement ou de protection, les organismes de gestion publics ou semi-publics qui agissent sur les territoires par délégation de l'Etat, les Organisations non gouvernementales qui mettent en œuvre les projets - ceci parfois avec des moyens considérables, à l'égal du National Trust anglais - et les autres collectivités qui apportent leur financement et sont souvent propriétaires des sites. Il s'agit de montages juridiques et financiers qui passent par des coopérations inter ministérielles, inter régionales et relient les Directions centrales de l'Aménagement du Territoire, les conservatoires régionaux du territoire et mettent en œuvre des conventions inter ministérielles, tout comme des conventions Etats - Régions.

Les problématiques de la valorisation et de l'interprétation

Si le tourisme de masse constitue un danger pour le patrimoine, le tourisme qui prend pour objectif la pratique culturelle comme un moyen - à priori nouveau - de gagner une part de marché, est par essence le tourisme de tous les dangers. Ces dangers tiennent aux fortes contradictions qui le traversent. En effet, en dehors des professionnels du tourisme sans qui la mise en œuvre de tels produits n'existerait pas ou qui seraient confinés à de simples démarches individuelles, un ensemble de partenaires participent à l'élaboration de l'offre, entre autres les professionnels de la culture, les associations culturelles, les responsables publics et les élus, qui les uns et les autres, expriment par nature des souhaits divergents.

D'un côté, il s'agit de la recherche du respect et de l'intégrité des faits culturels, de la nécessité de respecter les chartes et les conventions sur la protection et la valorisation du patrimoine, de la volonté d'un aménagement culturel équilibré et durable du territoire, ce qui implique une longue analyse préalable et des investissements coûteux. Mais il s'agit aussi de l'implication d'actions sociales et éducatives qui fassent en sorte que les "visités" participent eux aussi à la constitution de l'offre, pour qu'elle soit à la fois le reflet de leur identité passée, sans folklorisation et de leur réalité sociale actuelle, sans exclusion. On ne montre pas un patrimoine de manière innocente, d'autant moins lorsqu'il est lié à un passé récent et parfois douloureux.

De l'autre, on tendrait plutôt à privilégier les lois du marché en instrumentalisant la culture vers ses avatars les plus attractifs, en choisissant une offre de loisirs qui satisfasse le plus grand nombre au sein de parcs de loisirs ou à thèmes, dont tous n'ont pas trouvé leur public. Ou bien, à l'opposé, on recherche des manifestations de prestige réservées à une élite et, en établissant un partenariat économique tourné vers la priorité de l'équipement de luxe on restaure châteaux et villas, jardins et résidences pour recréer le "charme du passé".

Le contexte économique et social du tourisme culturel révèle donc de véritables fractures. La responsabilité des opérateurs de tourisme culturel aussi que des instances régionales responsables de la promotion du tourisme est très grande et les risques se situent à plusieurs niveaux: celui de la restauration et de la conservation qui se doit de respecter les documents historiques et les chartes internationales, celui de l'interprétation qui doit éviter de tomber dans l'anecdotique ou l'ethnocentrisme et au contraire, offrir au public une dimension multiculturelle et celui du rôle social et économique du tourisme qui doit générer des emplois locaux, trouver aux équipements un rôle qui s'étende au-delà des moments privilégiés de la fréquentation touristique et qui doit, enfin, permettre à une population de faire sienne l'identité ou les identités qu'elle présente d'elle-même.

La rédaction du message patrimonial destiné aux touristes reste une étape essentielle dans le cadre de ce que les professionnels nomment "la mise en tourisme". La nature de ce message a largement évolué depuis un siècle et demi, passant de l'ethnocentrisme, du régionalisme et du nationalisme à la mise en avant des valeurs d'échange. Les textes des guides touristiques imprimés, des dépliants, des panneaux descriptifs, et maintenant ceux des bornes interactives et des produits multimédias sont desindicateurs de cette évolution qui n'est pas terminée. Là encore les Régions ont un rôle de médiateur extrêmement important dans la mesure où elles sont en dialogue permanent avec d'autres Régions d'Europe.

Changements des produits touristiques et niveau d’intervention régional

Si l'on prend en compte la définitions qu'en donnent les acteurs touristiques, la notion de produit touristique désigne de manière habituelle un ensemble de prestations qui peuvent être vendues séparément, ou bien de manière groupée: transport, hébergement, restauration (encadrement - accueil, guides, accompagnateurs), animation, assurances et si c'est nécessaire, assistance. Les catalogues des grands tour-opérateurs, mais aussi, de plus en plus, ceux des offices de tourisme des collectivités territoriales en montrent de nombreux exemples. Mais ces exemples restent dans une typologie encore très peu diversifiée. Il est en effet plus facile - et donc plus rentable - de proposer des produits clefs en main qui ne nécessitent pas d'investissements majeurs liés à la valorisation du patrimoine ou de travaux de recherche sur des circuits alternatifs.

Il faut cependant compter sur le fait que le comportement des touristes a évolué de manière essentielle au cours des dernières années : de plus en plus de voyageurs choisissent en effet ces prestations à leur gré et non plus comme un "package", pour des séjours à la carte qu'ils organisent eux-mêmes et ceci de plus en plus au dernier moment et pour des périodes de plus en plus courtes.

Devant ce comportement évolutif plus exigeant, la composante culturelle et patrimoniale a de fait également évoluée, en répondant à ce besoin de diversification de l'offre, ainsi que pour les raisons d'aménagement du territoire que nous évoquions plus haut. Mais aussi du fait de l'importance grandissante des produits dérivés, qui deviennent un complément non négligeable en terme de revenus, même si la Réunion des Musées Nationaux français insiste sur une décroissante récente de cet intérêt. Le circuit de visite traditionnel est devenu une visite spectacle ou une visite contée, les boutiques de musées se sont enrichies en proposant des produits régionaux, voire des spécialités dans le domaine des productions agricoles locales et régionales.

Si les monuments majeurs et les centres historiques des villes restent toujours des attractions majeures (12 millions de visiteurs pour Notre-Dame de Paris, plus de 2 millions pour l'Alhambra de Grenade, 2 millions et demi pour le centre de Bruxelles et presque 3 millions à Florence et 6 à Venise), certains faits et certains chiffres donnent à réfléchir sur le rôle que les Régions peuvent jouer dans la mise en œuvre de nouvelles propositions à partir de sites patrimoniaux alternatifs, de paysages culturels, d'événements culturels ou de nouvelles démarches territoriales.

Les opérateurs régionaux proposent en effet avec succès des circuits thématiques, des séjours à la ferme, des découvertes nocturnes. La prise en compte du paysage culturel a amené les opérateurs réceptifs à proposer des excursions fondées sur la biologie ou la gastronomie, les produits du terroir, l'astronomie, la visite des entreprises de production artisanale ou industrielle. Aux grands sites archéologiques classiques du pourtours méditerranéen, se sont ajoutés des sites plus méconnus le long de la Mer Noire, en Roumanie ou en Bulgarie, voire dans les pays de la zone caucasienne. Mais surtout, un vif intérêt est apparu pour les sites Vikings, non seulement en termes de visites, mais surtout dans des propositions touristiques de participation aux fouilles.

Les sites militaires (forteresses, fortifications, bastides, lignes de défense) ont été muséographiés et constituent maintenant des hauts lieux du tourisme atteignant plusieurs centaines de milliers de visiteurs. L'itinéraire Wenzel à Luxembourg ville compte entre cent et cent cinquante mille visiteurs payants par an et au moins autant en visite libre. Les Parcs et les sites naturels sont de plus en plus fréquentés : (Plusieurs millions de visiteurs pour chacun des grands parcs français), tandis que l'offre culturelle joue sur des thématiques de territoire, ainsi le grand succès remporté par les Routes du Baroque en Rhône-Alpes, les chemins d'Al-Andalus en Andalousie, ou même les Parcs naturels lituaniens. Ceci sans parler de l'espace gigantesque que les chemins de pèlerinage occupent en régions. Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France et en Espagne accueillent des millions de pèlerins et de randonneurs, mais il ne faut pas négliger l'importance grandissante qu'ils prennent au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne ou en Suisse. Ils sont complétés depuis le Jubilée romain par les routes vers Rome (Via Francigena).

Les jardins historiques ou contemporains ne sont pas en reste. Dans ce domaine, le Royaume-Uni ne fait plus cavalier seul - la France, l'Italie, l'Espagne, la Pologne ou la Russie connaissent une évolution importante, même si l'un des plus grands succès en terme de démarche touristiques de ces toutes dernières années (si l'on met de côté le domaine de Versailles, la Villa d'Este ou Kew Gardens) reste le domaine de Heligan en Cornouailles avec près de 400.000 visiteurs dix années après son ouverture. Succès qui a été renouvelé avec l'inauguration en 2001, toujours en Cornouailles, de serres climatiques (Eden project) avec plus d'un million et demi de visiteurs par an.

Un exemple parmi les régions les plus fortunées en matière de patrimoine culturel, peut-être trouvé en Toscane, où un programme de tourisme culturel est actuellement développé à l’échelle régionale. Il vise à mettre en évidence pour les touristes la formation de l’identité toscane et ses liens étroits avec le développement d’une citoyenneté européenne. Il vise également à ce que les touristes ne se concentrent plus seulement à Florence où à Sienne, mais visitent également le territoire de la Toscane. Les thèmes les plus généraux qui structurent l’ensemble du programme se rapportent à la construction du paysage, la cartographie et la représentation du territoire, les villas médicéennes et les jardins historiques.
Les musées et l’importance grandissante des manifestations culturelles temporaire dans l’offre touristique

Les musées ont toujours occupé une place majeure dans l'offre touristique. Ce sont à la fois des lieux de conservation et de connaissance, mais aussi de plus en plus souvent, des vitrines et des sites d'interprétation qui "expliquent" un sujet, en proposent une explication sous forme d'expositions permanentes ou temporaires, mais donnent aussi à lire un territoire en proposant une découverte sous forme d'une muséographie "diffuse" dont l'exemple français des écomusées reste parfaitement démonstratif.

Il faut ainsi souligner que des œuvres également majeures peuvent être tout autant découvertes dans des musées régionaux, provinciaux ou locaux, avec l'avantage d'une immersion dans un territoire, son paysage et ses produits. Mais cela permet également la mise en réseau de musées scientifiques ou des propositions concernant des artistes : itinéraire de Piero della Francesca ou Leonardo da Vinci, par exemple. Cette démarche fait dorénavant l'objet d'un plan de financement important sur trois ans, complémentaire aux subsides de la Région, par la Cassa di Risparmo di Firenze.

On assiste à un phénomène parallèle - en ce qui concerne les musées: la diversification des intérêts des visiteurs. A côté des musées d'art, les musées d'histoire naturelle, les musées scientifiques et techniques présentent une offre réellement innovante. C'est le cas en particulier dans le domaine des routes de la soie et du textile (Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Nord Pas-de-Calais, Picardie en France, Lombardie et Piémont en Italie…voire en Roumanie, en République de Moldavie, en Ukraine ou en Géorgie). Un musée régional comme celui d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne qui a réouvert en 2001 constitue un des exemples les plus démonstratifs en présentant les routes des la rubanerie et de la dentelle en Loire et Haute-Loire.

Il en va de même des productions agricoles. Les musées permanents ou les expositions temporaires sur le thème du paysage, des arbres, de la vigne, du blé, de l'élevage connaissent un développement important, tandis que les propositions d'itinéraires culturels sur les pratiques agricoles (l'itinéraire du froment en Méditerranée, les routes de l'olivier, du tabac, pour ne pas parler des routes du vin…) sont de plus en plus nombreuses. Aussi il ne faut pas oublier l'importance des expositions temporaires et des foires régionales.

Mais surtout on constate que les autorités régionales cherchent - en conjonction avec les villes - à financer des expositions d'art majeures non plus seulement dans les capitales nationales ou les grandes capitales régionales, mais dans des villes dont l'économie, en particulier industrielle a du connaître une reconversion. Le cas de Castres ou de Valenciennes en France et celui plus récent de Trévise en Italie, dont l'image était pratiquement absente dans le domaine de l'offre touristique pourraient être cités à titre d'exemple. Trevise chiffre à 20 millions d'Euros les retombées économiques directes et indirectes des grandes expositions organisées ces dernières années.

Du statut d'offre touristique complémentaire: concert, défilé, fête calendaire (carnaval, grand feux, procession sainte, Saint-Jean…), théâtre de rue, l'événement culturel a pris en vingt ans une place majeure dans l'offre des opérateurs, au point d'en être de plus en plus souvent le moteur et de constituer l'argument marketing des catalogues. Le carnaval de Binche, celui de Bâle, les processions du Vendredi Saint en Espagne et en Malte, mais aussi le Festival inter-celtique ou les grands festivals de jazz, font l'objet d'offres touristiques régionales.

Tourisme culturel transfrontalier et au niveau des eurorégions

Les régions transfrontalières et les eurorégions sont des espaces de prédilection pour le développement concerté du tourisme, car elles offrent sur un territoire plus ou moins limiter une variété d’identités culturelles et de patrimoines dont la variété et la complémentarité font la richesse. Il existe également de nombreux cas où une même identité culturelle traverse la frontière. Un exemple de coopération transfrontalière pour le développement du tourisme culturel est fourni par la région d’Islek dans l’espace des trois frontières Allemagne-Belgique- Luxembourg. Le souvenir de la « guerre des bâtons » en 1798 a offert une opportunité de s’intéresser à l’histoire commune des trois pays situés des deux côtés de l’Our. Le succès des manifestations organisées conjointement à l’occasion du bicentenaire de la «guerre des bâtons » a créé une confiance et des liens qui ont engendré une coopération culturelle durable. Un Groupement Européen d’Intérêt Economique (GEIE) à été créé en 1997, dont le but est de faciliter et développer l’activité économique et touristique de ses membres au-delà des frontières nationales. D’autres exemples existent comme la coopération interrégionale entre l’Alsace et le Baden-Würtemberg et entre Strasbourg et Kehl dans le cadre d’Europdistrict.

Extension du tourisme culturel vers le Centre et l'Est de l'Europe

Après une période où le tourisme culturel s'est essentiellement porté sur les grandes villes de l'Est réouvertes sans difficulté majeure - et bientôt sans visa - aux touristes de l'Ouest européen : les cas de Berlin, Prague, Budapest et Cracovie sont certainement à citer, on assiste à une lente montée de nouvelles destinations à la suite d'un travail diffus d'aménagement de territoires régionales quasiment vierges.

Le cas des régions et des villes de la Mer Baltique est certainement le plus remarquable dans la mesure où les Pays Baltes ont été très vite invités au sein des organisations touristiques. On peut même affirmer qu'un esprit proche de celui du réseau ancien des Villes de la Hanse a très vite prévalu. On peu également citer l’initiative de la Route européenne de la brique gothique (European Route of Brick Gothic), qui a trouvé support de la Comité des Régions de l’Union Européen. Plusieurs villes et parcs naturels ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial et que les organisations ont pris pour thème des thématiques des itinéraires culturels: les Vikings, les sites et villes hanséatiques, les forteresses, etc.

Les branches nationales de l'ICOMOS des pays des Balkans ont abouti à un partenariat avec l'Université de Sofia pour la mise en œuvre des itinéraires culturels du Sud-Est européen.

Le cas des itinéraires dans l'espace rural du nord de la Roumanie, ou en Transylvanie où les touristes hongrois et allemands sont maintenant très présents, des villes baroques hongroises, lituaniennes, ukrainiennes, slovènes ou croates, des routes de la soie en Roumanie, en République de Moldova, en Géorgie, voire des coopérations transfrontalières entre régions hongroises et slovaques fait également l'objet de l’intérêt particulier pour la promotion du tourisme régional.

Statistiques économiques européennes, nationales et régionales

Durant de longues années, l'économie du patrimoine culturel s'est en effet limitée à une évaluation des flux financiers et des emplois liés à la restauration des monuments historiques ou objets mobiliers ainsi qu'aux actions de réhabilitation et de réutilisation du bâti ancien. Cette orientation n'a pas disparu mais elle s'est trouvée reléguée au second plan par la naissance d'une économie touristique du patrimoine essentiellement fondée sur l'exploitation des sites culturels et naturels. Des sociétés d'économie mixte se sont ainsi développées entre collectivités publiques - propriétaires des sites et des musées - et les opérateurs privés, dont les agents économiques liés au tourisme. Ces derniers qui pèsent de manière très importante en termes d'emplois se sont d'ailleurs constitués en groupements professionnels locaux et nationaux et travaillent régulièrement auprès de la D.G. XXIII de la Commission Européenne pour l'amélioration de leurs conditions de travail et la reconnaissance de leur rôle économique essentiel.

En ce qui concerne les chiffres on doit rester extrêmement prudent. La valeur économique du patrimoine a fait l'objet de très peu d'études, contrairement au reste du marché des industries culturelles. Si on peut produire une analyse économique des aménagements, il est difficile d'en faire de même pour ce qui concerne les biens intangibles et les espaces naturels, voire le patrimoine immatériel.

S'y est ajouté bien entendu récemment la notion de développement durable qui fait que la composante économique des aménagements doit être inscrite dans une opération non seulement de partage des profits, mais de participation des acteurs locaux et régionaux aux fruits de l'investissement collectif, et ceci à long terme.

Dans ce cadre les parts des dépenses pour le patrimoine et les musées entre les Etats, les communes, les départements et les régions est extrêmement variable selon les pays. Le cas italien du Fondo investimenti occupazione qui régit depuis 1982 l'ensemble du territoire à l'exception du Mezzogiorno devrait être examiné de plus près. Le système de la loterie britannique constitue un autre modèle intéressant. S'y ajoutent bien entendu le rôle fondamental des Fonds structurels européens, des programmes Leaders et Inter-reg, ainsi que des programmes d'aides spécifiques Phare et Tacis pour les Pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que, depuis quelques années de manière ponctuelle, mais significative, le programme Culture 2000.

On peut également consulter les données réunies par l'Organisation Mondiale du Tourisme, l'OCDE (Politique du tourisme et tourisme international dans les pays membres de l'OCDE) celles de l'Agence Française d'Ingénierie Touristique (AFIT), de l'ICOMOS ou de la DG XXIII, Unité tourisme de la Commission européenne qui a en particulier consacré trois études aux bonnes pratiques dans le domaine du tourisme urbain, rural et de montagne. Des pays et des régions et chaque département publie également un compedium annuel où on peut trouver des informations chiffrées utiles.

Mais il est clair que si les analyses nationales sont encore peu nombreuses et restent marginales au sein des statistiques générales du tourisme, beaucoup reste à faire pour donner une meilleure image de ce secteur économique dans ses composantes régionales, en tenant compte encore une fois d'un modèle de fonctionnement qui n'a pas d'équivalent dans les autres secteurs productifs.

Si les statistiques économiques régionales sont rares, par contre le fait même du tourisme culturel a suscité beaucoup plus de travaux, ce qui permet de se faire une idée assez précise de son importance et surtout de la nature des "touristes culturels".

Les "touristes culturels" sont généralement des personnes de niveau scolaire élevé disposant de revenus également élevés, ce que l'on nomme "new middle class" et correspondent au profil sociologique pour lequel la consommation est un signe de distinction. Contrairement à une opinion courante, plus de 30% d'entre eux ont moins de 30 ans.

Selon les experts, le tourisme culturel doit donc représenter aujourd'hui de 8 à 20% des parts du marché touristique. Mais certains d'entre eux considèrent assez justement que la culture est un phénomène tellement large et complexe qu'une définition claire du "tourisme culturel" en devient impossible et peut même s'avérer inutile. C'est donc plutôt un choix personnel et pratique qui guide chaque touriste dans la recherche d'un investissement culturel personnel et d'une ouverture à la culture des autres. Des données sociologiques permettent cependant de mesurer une modification des comportements touristiques depuis une trentaine d'années. Les crises économiques successives, en provoquant une compression de la part du budget des ménages consacrée aux loisirs, tandis que par ailleurs le temps de non travail augmentait, ont entraîné une multiplication des déplacements de proximité à plan régional et local.

L'offre et la demande - les politiques communes

On pourrait citer par dizaines les réunions qui se sont tenues au sein des grandes organisations internationales, comme des pastorales du tourisme sur la question du tourisme culturel. Elle ont abouti à un ensemble de codes de bonnes pratiques et de chartes, régulièrement actualisées. Mais certaines de ces organisations ont aussi encouragé la mise en œuvre pratique de ces résolutions sous forme de thèmes, de routes ou d'itinéraires transcontinentaux ou européens. Différents partenaires culturels et touristiques réunis par l'ICOMOS ont signé la Charte du tourisme culturel.

Une étude que l'Agence Européenne de la Culture a menée en coopération avec le Conseil de l'Europe, l'UNESCO et l'Union Européenne s'est traduite par la "Déclaration de Majorque" (novembre 1995) dont l'une des recommandations principale est double : "Elargir et diversifier l'offre - Mobiliser et éduquer la demande". Ainsi le patrimoine ethnographique, les pratiques et les aspects domestiques de l'expérience culturelle, et spécialement, la diversité linguistique. Cette conception large de la culture permet l'élargissement et la diversification de l'offre du tourisme culturel. Enfin, l'Organisation Mondiale du Tourisme s'est régulièrement penchée sur la question de l'éthique du tourisme et a procédé en 1997 à une comparaison très intéressante des politiques touristiques des pays européens.

Elle est rejointe en cela par la Commission Européenne qui, après l'année du tourisme 1992 et l'aide apportée au tourisme rural, a publié en 1995 un livre vert sur la destination Europe. Depuis le refus de certains pays de l'Union Européenne en 1997 d'envisager une politique commune aux pays européens, la Commission a surtout travaillé sur la question de l'effet du tourisme sur l'emploi et sur l'importance de mettre en œuvre les nouvelles technologies dans ce secteur. Une Résolution du Conseil sur l'avenir du tourisme européen datant du début 2002 invite la Commission, les états membres et les autres acteurs du secteur du tourisme à : "Réfléchir aux moyens de renforcer la position et l'image de l'Europe en faisant fond sur la diversité et l'attrait des destinations qu'elle offre et à la manière d'assurer dans le futur une croissance durable du tourisme européen."

Toutes ces initiatives mériteraient certainement d'être mieux coordonnées, mais elles laissent au moins la possibilité aux responsables du tourisme de prendre leurs responsabilités. Elles laissent cependant ouverte la question de créer au plan européen un observatoire régional des politiques du tourisme culturel.

Une réponse imaginative et structurante: l'importance des itinéraires culturels

C’est encore en 1964, un groupe de travail du Conseil de l'Europe intitulé "L'Europe continue" fixait en préambule de son rapport ses trois objectifs ont été ainsi formulés :

- la prise de conscience de la culture européenne par les voyages;

- le rapport entre la géographie culturelle de l'Europe et les possibilités d'établissement de réseaux touristiques;

- la mise en valeur touristique des grands foyers et carrefours de la civilisation de l'Europe.

C'est en 1984 que l'Assemblée Parlementaire a émis une Recommandation sur la mise en œuvre d'un programme d'itinéraires culturels, programme qui a été lancé en septembre 1987 à Saint-Jacques-de-Compostelle (itinéraires de pèlerinage) et en Allemagne (thème "Architecture sans frontières"). En 1997 l'Institut Européen des Itinéraires culturels a été créé sur la base d'un accord politique bilatéral entre le Conseil de l'Europe et le Grand-Duché de Luxembourg, tandis que le Comité des Ministres adoptait en mars 1998 une Résolution sur les itinéraires culturels et l'assortissait d'un Règlement.

Il est toujours utile de redire qu’un itinéraire culturel, au sens du Conseil de l’Europe, n’est pas seulement un parcours physique de tourisme culturel, même s’il prend pour terrains d’exercices des lieux précis ou s’il peut parfois suivre de très près les chemins empruntés par les Européens dans leurs pèlerinages, leurs échanges commerciaux ou leurs voies de découverte. Un Itinéraire culturel se caractérise d’abord par un grand thème européen capable de mettre en valeur des questions fondamentales : identité partagée, inter-culturalité, patrimoine commun, mémoire, thème à partir duquel sont déclinées et montées un ensemble d’actions par un ou plusieurs réseaux de partenaires qui en sont responsables. Et parmi ces partenaires, les musées et les sites patrimoniaux sont en effet parmi les plus engagés, les autorités régionales devait y participer.

Les différentes institutions internationales, dont principalement le Conseil de l'Europe, ont eu pour souci de répondre aux contradictions qui se nouent dans le tourisme culturel en développant des stratégies et des grands thèmes qui favorisent la cohésion culturelle et le pluralisme des cultures.

Prenant également en compte la manière dont les rencontres historiques et les migrations ont façonné les sociétés contemporaines, l'UNESCO a lancé des programmes qui concernent des routes qui ont relié les peuples du monde. Il s'agit de la "Route de la Soie" entre l'Est et l'Ouest, de la "Route de l'Esclave" qui a eu une importance majeure sur l'histoire de l'Afrique et des Amériques, de la "Route du fer" en Afrique qui a contribué à forger les cultures de ce continent et enfin des "Routes de la foi" qui ont mené trois des grandes religions du monde à Jérusalem. Un autre programme a porté sur les "Espaces du Baroque", tandis que l'UNESCO reconnaissait également l'importance des "Routes de l'Héritage Al-Andalousi" entre l'Europe, le monde arabe et l'Afrique noire.

"Les Routes de la Soie", terrestres et maritimes étaient, par excellence, comme les chemins de pèlerinages, des routes de dialogue des civilisations. Ces routes, dont l'histoire a gardé la trace depuis plus de deux millénaires, ont apporté une contribution considérable au développement de la civilisation humaine tant sur le plan culturel que commercial. Ainsi la porte ouest de la cité de Xian, capitale de la Chine depuis la dynastie Han, s'ouvrait-elle directement sur les lointains pays de l'Ouest, d'où parvenaient non seulement d'innombrables produits de commerce, mais aussi des idées nouvelles. Grâce à ces routes, les pays d'Orient et d'Occident ont bénéficié d'échanges de connaissances, comme de brassages de religions.

Le programme de la "Route de l'esclave" a été inauguré en septembre 1994 à Ouidah au Bénin, une des plus anciennes plaques tournantes de la traite des noirs dans le Golfe de Guinée. Ses objectifs sont multiples. Il s'agit d'appuyer des recherches, des publications et des activités culturelles concernant la traite atlantique, de recenser et de préserver les archives, de constituer des banques de données, de promouvoir l'amélioration du matériel scolaire, d'établir des réseaux de chercheurs et de soutenir la mise en valeur des principaux sites et le développement du tourisme culturel.

L'Union Européenne a également encouragé certaines initiatives importantes, en particulier lors de l'année européenne du tourisme en 1992. C'est le cas par exemple pour la Via Romana, lancée par l'Alliance internationale du Tourisme. Ce projet paneuropéen a pour thème les Romains et leurs successeurs. L'itinéraire débute en Italie pour aboutir aux Pays-Bas, en traversant la France, l'Allemagne, le Luxembourg et la Belgique, avec des incursions en Espagne et au Royaume-Uni. Il cherche à interconnecter les itinéraires de tourisme culturel existants, en y intégrant en meme temps les sites archéologiques romains. Le chemin a été choisi de manière à faciliter ultérieurement une connexion avec les voies romaines de l'Autriche, de la Grèce, du Portugal et de la Suisse.

De nombreuses initiatives aidées par la Commission concernent bien entendu aussi les routes du vin défini en Allemagne, la Grèce, l'Espagne, la France, l'Italie, le Portugal et la Roumanie. Un autre example est celui autour de la bière entre la France et la Belgique. D'autres cherchent à développer des itinéraires qui marquent un retour aux sources vers des villes qui ont été à l'origine des phénomènes d'émigration vers l'Amérique. Ces "Routes to the roots" ont commencé à se mettre en place en Allemagne. Enfin, certains projets aidés par le programme Raphaël ont pris en compte des "European cultural paths" autour de l'age du bronze, après la Campagne du Conseil de l'Europe sur le sujet.

Un cadre de travail complémentaire structurant : la Convention Européenne du paysage

En ce qui concerne la mise en tourisme, la médiation du paysage urbain repose en grande partie sur la médiation du patrimoine bâti, mais elle met en œuvre depuis déjà une vingtaine d'années, et à une échelle de plus en plus grande, les moyens de la mise en scène. L'éclairage spectaculaire, la projection d'images murales, la visite nocturne, l'aménagement d'espaces piétonniers, la commande publique d'œuvres d'art, l'effort en design du mobilier urbain, les spectacles de l'art de la rue sont quelques-unes des approches qui y concourent de plus en plus, mêlant parfois la part historique et la part récente avec une certaine harmonie.

Par contre, la prise de conscience des changements d'affectation des paysages ruraux est réellement plus récente et c'est une des plus grandes avancées de la Convention que de remettre en avant les usagers des "paysages ordinaires" comme des "paysages remarquables" et de souligner l'importance de la sensibilisation et de la "démocratie paysagère" : "Le paysage appartient pour partie à tout citoyen, lequel a le devoir d'en prendre soin. Aussi, le bon état des paysages est-il étroitement lié au niveau de sensibilisation. Des campagnes d'information et de sensibilisation du public, des représentants élus et des associations, sur la valeur des paysages présents et à venir, devraient être organisés dans cette perspective.", et d'insister sur : "Un paysage, patrimoine commun aux Européens". Dans ce domaine les régions ont aussi leur place à accomplir.

Il parait que les parcs et les paysages culturels sont devenus à la fois des enjeux du développement de politiques touristiques, culturelles et patrimoniales pour les collectivités territoriales de toute l’Europe et en particulier les Régions.

Ces dernières doivent en effet pouvoir y répondre en montant des programmes ou en initiant des projets qui visent la valorisation du patrimoine « naturel » dont elles ont la charge, et ceci à partir des propositions ou des études d'architectes paysagistes entre lesquelles il est souvent difficile de trancher. Il s’agit aussi à la fois de répondre aux besoins de la population locale en termes de qualité de vie et aux attentes des visiteurs en termes de diversification de l’offre touristique. Quand le projet est réalisé, des problèmes se posent qui n’ont pas toujours été envisagés en amont de l’appel d’offre. C'est tout particulièrement le cas dans les pays en voie de transition économique qui ont longtemps négligé ces types d'investissements : viabilité du projet dans son contexte (géographique et économique) ; évaluation de l’ambition des investissements de départ et le résultat de l’exploitation : (durabilité en tant que patrimoine naturel ; pérennité en tant que porteur d’un projet touristico-culturel ; qualité et de la professionnalisation des personnels impliqués); communication et commercialisation du projet. Il y a là par conséquent un champ ouvert à la création d'emplois dont une des applications les plus marquantes serait la mise en œuvre de véritables "projets" touristiques pour le paysage culturel et le paysage naturel à l'échelle des Régions.

L'implication des régions d'Europe dans les itinéraires culturels

On a déjà signalé les propositions d'itinéraires culturels qui proviennent de plus en plus, au fur et à mesure des années, des collectivités territoriales plutôt que des Etats.

Nous donnons aussi quelques exemples plus détaillés, mais nous souhaitions passer en revue la participation dans certains thèmes des itinéraires (ils ne figurent pas tous dans la liste ci-dessous) de Régions qui one dans beaucoup de pays des compétences en matière du développement du tourisme.

Les Chemins de pèlerinage

Il s'agit certainement d'un des thèmes privilégiés pour la participation directe et indirecte (par subventionnement des opérateurs) des régions de l'Ouest de l'Europe. Pratiquement tous les gouvernements des autonomies espagnoles du Nord de la Péninsule sont impliqués, avec une importance prédominante évidente de la Galice. En France quatre Régions se sont réunies à l'invitation de Midi-Pyrénées pour créer une association de coopération inter-régionale "Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle" (Languedoc-Roussilon, Auvergne, Aquitaine). Il s'agit certainement là d'un des meilleurs modèles du rôle moteur d'une Région administrative dans ce cadre. On ne saurait oublier le rôle joué par les Régions Limousin, Provence Alpes Côte d'Azur ou Bourgogne dans ce cadre. Les Cantons suisses, les Régions belges, certains Länders allemands, des régions danoises et hollandaises, le County des Cornouailles…participent également de manière plus ou moins intenses.

Depuis les transferts de compétence du tourisme vers les régions et les provinces italiennes, la mise en œuvre de l'itinéraire de la Via Francigena a été reprise très largement par ces autorités locales et régionales.

La Région Toscane a commandé plusieurs études architecturales et paysagères sur ce thème et occupe de fait une place prédominante qu'elle a complétée en lançant un programme pluri-annuel cohérent sur les itinéraires des "Lieux de la Foi".

Habitat rural – Architecture sans frontières

Compte tenu de la naissance de cet itinéraire en position transfrontalière, la Région Wallonne, tout comme les Länders de Sarre et de Rhénanie-Palatinat et la Région Lorraine sont fortement impliqués.

La Soie - Le Textile

Ce thème a retenu ponctuellement les Régions qui n'en n'ont cependant pas fait un des axes forts de leur implication directe, compte tenu du fait qu'elles cherchent à donner une image dynamique et non "passéiste" de ces domaines industriels.

On peut citer bien entendu les régions dont les activités textiles ont été importantes; en France les Régions Rhône-Alpes, Picardie, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Nord Pas-de-Calais, en Belgique la Wallonie, en Espagne la Catalogne, au Portugal la Région Nord, en Grèce la Thessalonique, en Italie la Lombardie et le Piémont, mais aussi la Ligurie, en Grande-Bretagne les Comtés du Centre de l'Angleterre. Pour les pays de l'Europe centrale et orientale, il est encore difficile de parler d'implication régionale, même si certains Judets de Roumanie ou d'Oblasts de Pologne sont impliqués.

Le Baroque

Pratiquement toutes les Régions italiennes (et les régions à statuts dérogatoires comme la Sicile) ont initié des actions touristiques sur ce thème. La Région de Murcia en Espagne également. Pour les pays d'Europe centrale et orientale impliqués : Croatie, Slovénie, Hongrie, Roumanie, Républiques slovaque et tchèque, Lituanie…nous ferons les mêmes remarques que pour l'itinéraire précédent en ce qui concerne la nature du pouvoir régional. Mentionnons aussi l'implication de la Région Rhône-Alpes, depuis les Jeux Olympiques d'Albertville dont les routes du Baroque en Maurienne ont constitué un projet phare.

L'Influence monastique

Parmi les pays impliqués : Portugal, Pologne, Italie, France, nous retiendrons la signature d'un programme cadre entre la Région Midi-Pyrénées et l'Abbaye de Sylvanès, coordinateur du Réseau de cet itinéraire.

La Région Alsace intervient dans le cadre du programme des "Voies Romanes".

Les Celtes

Il s'agit d'un thème où ce sont les municipalités ou les universités qui sont plus impliquées.

Mozart

Il s'agit également d'une implication de villes dans le cadre d'un réseau européen.

Vikings et Normands, patrimoine européen

Les régions interviennent très peu, laissant aux réseaux universitaires, aux réseaux de villes et aux opérateurs touristiques le soin de mettre en œuvre des produits touristiques qui rencontrent beaucoup de succès.

Via Regia

Le projet qui est en train de se développer concerne la route qui va de l’Espagne jusqu’en Ukraine.

Route de Volga

Un itinéraire qui va de la mer Caspienne au sud jusqu’au Scandinavie au nord pour lequel l'implication directe des Régions russes est très forte.

Sites, routes et monuments hanséatiques

Les régions interviennent très peu, laissant aux réseaux universitaires, aux réseaux de villes et aux opérateurs touristiques le soin de mettre en œuvre des produits touristiques qui rencontrent beaucoup de succès.

Les Parcs et Jardins – Le Paysage

C'est certainement le thème pour lequel l'implication directe des Régions est la plus forte et en même temps la plus récente. Il est difficile de les citer toutes, mais le seul fait de l'implication des Länder allemands au travers des Landesgartenschau est significatif.

Les architectures militaires fortifiées en Europe

De nombreuses demandes de Régions Européennes, y compris dans les Pays d'Europe Centrale et orientale sont parvenues à l'Institut pour renforcer et compléter cette initiative née au Grand-Duché de Luxembourg.

L'Héritage Al-Andalus

Il s'agit d'un itinéraire privilégié pour le gouvernement autonome d'Andalousie qui en avait fait un élément phare de sa communication pour les jeux d'hiver de la Sierra-Nevada. A la suite des premières étapes de mise en œuvre, une Fondation a été créée en 1998 pour assurer le développement territorial de cet itinéraire, Fondation au Conseil d'Administration de laquelle participe le Gouvernement régional autonome.

Les rites et fêtes populaires en Europe

Compte tenu de son caractère diffus dans toute l'Europe, ce thème intéresse de manière plus privilégiée des collectivités locales. Mais des Régions belges et hongroises ont travaillé directement dans ce domaine. La Région Alsace est également impliquée, en relation avec les partenariats établis avec le Parc Régional des Vosges du Nord.

Le Livre et l'Ecrit

Réseau de musées du livre ou de bibliothèques de recherche dont certains sont soutenus financièrement par les Régions.

Le Chemin de la Langue Castillane et son expansion en Méditerranée : les routes des Séfarades

Cet itinéraire est l'exemple même d'une volonté régionale, celle du gouvernement autonome de La Rioja, et implique deux autres régions autonomes. Son extension à la Méditerranée devrait aller dans ce sens en Italie dont les Régions ont fait un très important travail sur le patrimoine juif, la Bulgarie et la Grèce.

Du thème des Vikings à celui des Normands : du Nord au Sud de l'Europe

Cet itinéraire s'est tout d'abord constitué au travers d'une démarche de recensement en Europe occidentale regroupant les sites choisis sous un logotype "Viking Highlights". Le thème a fait ensuite surtout l'objet d'actions dans le domaine des échanges de recherche avec la constitution d'un réseau et d'une base de données accessible par internet sous le vocable : "Viking Heritage". Il a été complété par la mise en œuvre de programmes touristiques par la Baltic Sea Tourism Commission sous le titre "Via Viking". Les objectifs du réseau concernent l’amélioration la compréhension de l'histoire des Vikings. Le réseau publie régulièrement une lettre d'information ("Viking Heritage"), organise des séminaires et des conférences.

L'importance de la coopération inter-régionale dans le cadre des itinéraires culturels

Nous avons déjà donné quelques exemples d'une coopération entre différentes collectivités européennes en ce qui concerne la mise en œuvre concertée de projets de tourisme culturel ou d'itinéraires culturels. Le cas de l'itinéraire "architecture sans frontières" dans la Grande Région et dans le transfrontalier Portugal - Espagne, et bientôt entre la Hongrie et la Roumanie, tout comme celui des itinéraires de pèlerinages est exemplaire à cet égard. Un circuit transfrontalier ou un "chemin européen" constituent une continuité qui doit être gérée collectivement au-delà des frontières administratives des collectivités et des frontières nationales des Pays. Mais il doit de plus contribuer à la création de groupes permanent de coopération. On peut consulter à cet égard la liste des projets retenus par la Commission Européenne pour l'Année Européenne du tourisme et les listes des projets retenus par le programme Culture 2000. On y prendra conscience que les Régions sont entrées dans des coopérations concrètes et à long terme en ce qui concerne le tourisme culturel, et tout particulièrement pour l'espace rural traité en réseaux d'échanges d'expériences ou pour la gestion ses sites industriels transfrontaliers (France - Allemagne, Belgique - Luxembourg, Hongrie - Slovaquie…) dans la mesure où il s'agit là de questions qui se posent à l'Ouest comme à l'Est, et avec la même urgence. Reconversion, développement, développement durable sont au cœur des coopérations impliquant les Régions. Les régions transfrontalières et les eurorégions sont aussi des espaces de prédilection pour le développement concerté du tourisme, car elles offrent sur un territoire plus ou moins limiter une variété d’identités culturelles et de patrimoines dont la variété et la complémentarité font la richesse. Le développement du tourisme culturel est un thème privilégié de la coopération interrégionale en Europe. De nombreux projets soutenus par le programme communautaire Interreg (coopération transnationale et interrégionale) se consacrent à la promotion du tourisme culturel.

Conclusions générales

Le rapport souligne les spécificités économiques mal connues du phénomène nommé "tourisme culturel". Il est clairement établi que, malgré le nombre croissant de coopérations inter-régionales, l'on manque totalement de comparaisons entre les différentes régions d'Europe. Les chiffres et les statistiques concernent d'abord les Etats et les grands flux internationaux. La décentralisation et les transferts de compétence vers les Régions dans les secteurs culturels, patrimoniaux et touristiques rendent d'autant plus nécessaire l’observation de ces développements.

Il faut souligner combien la région peut jouer un rôle de médiateur et un rôle promoteur essentiel dans la mise en œuvre de thèmes forts structurants susceptibles à la fois de regrouper les offres dispersées sur le plan local, de concerner les Etats et d'établir des coopération transfrontalières a moyenne ou plus longue distance. Les cas de la Langue Castillane ou de l'itinéraire de la Langue Castillane sont éclairants.

Il faut également indiqué à plusieurs reprises l'importance des transferts d'expériences entre régions d'Europe. Les cadres de travail des Grandes Régions, ou des sous régions géographiques, du pacte de stabilité du Sud-Est européen seraient certainement des instances politiques et de coopération favorables pour accueillir de telles initiatives.

La formation des élus et des administratifs régionaux formation à de nouveaux modèles culturels, économiques et de développement nous est apparu indispensable à toutes les étapes de la mise en œuvre des itinéraires culturels.
Il semble qu'un bilan des expériences les plus récentes en la matière des coopérations Etats - Régions, les projets croisés entre l'Est et l'Ouest devraient être dressé. Les initiatives de développement mixtes associant des partenaires économiques et scientifiques à des professionnels des métiers du patrimoine et de la culture sont maintenant assez nombreuses pour être sélectionnées et valorisées.

Des initiatives visant à restaurer des liens plus étroits entre les professionnels de ces secteurs entre l'Est et l'Ouest de l'Europe apparaissent indispensables à l'établissement de bonnes pratiques dans les régions d'Europe où l'ingénierie touristique est en train de se mettre en place.

Il en va de même en ce qui concerne le recensement de nouveaux métiers, et tout particulièrement toutes les nouvelle professions liées à la conduite et à la médiation de "projets culturels et touristiques" nécessitant une inscription dans un cadre d'interprétation européenne et dans celui de la valorisation du paysage.

A partir de l'expérience de quelques régions leaders dans ce domaine il serait nécessaire de valoriser des musées de territoires, la lecture et la sensibilisation aux paysages, l'encouragement de l'association entre Régions, Fondations privées et producteurs (industriels, agricoles, commerciaux…) pour la mise en œuvre de parcours alternatifs s'insérant dans un cadre de lecture européenne.

On peut envisager une initiative visant à récompenser des exemples de bonnes pratiques concernant le tourisme alternatif aussi bien en ce qui concerne des offres globales structurantes, que des initiatives locales concernant des sites patrimoniaux ou des musées de territoire.

Le domaine des nouvelles technologies est un domaine où de nombreuses régions européennes se sont engagées en favorisant les industries de la connaissance, les industries de l'image, les nouvelles technologies de communication.

Il semble aller de soi que la mise en œuvre de projets de territoires, diffus par nature et associant des partenaires multiples doit bénéficier de l'appui d'une communication à distance par le biais de portails au travers desquels tous les acteurs puissent participer.

Plus concrètement, les autorités régionales doivent procéder avec méthode dans la stratégie de développement durable du tourisme culturel. Les principales étapes consistent à acquérir une méthodologie concrète d’inventaire du patrimoine et d’analyse du potentiel touristique du patrimoine considéré, évaluer la capacité d’accueil des sites considérés, en particulier la capacité maximale à un moment donné, pour définir des seuils acceptables, définir un projet de valorisation adapté à la nature du patrimoine culturel concerné et étudier les effets à court, moyen et long terme du développement du tourisme, surtout les aspects du contexte historique, culturel, social et économique, organisée la participation et la consultation de tous les acteurs concernés à la définition et à la mise en œuvre de la stratégie, qu’il s’agisse des spécialistes de la conservation du patrimoine, des propriétaires et gestionnaires de sites, des professionnels du tourisme, des représentants du secteur des transports, des élus locaux, des associations et, d’une manière plus large de la population, limiter à l’essentiel les aménagements indispensables à l’accueil des visiteurs, leur localisation et leur architecture ne devant pas porter atteinte au patrimoine culturel ou à l’environnement historique, dispenser aux personnels chargés d’accueillir les touristes une formation appropriée sur l’histoire et l’architecture du site ainsi que sur les problèmes posés par la conservation du patrimoine et les solutions possibles et réaliser des évaluations périodiques permettant, au besoin, le réajustement des objectifs, une modification des priorités et une révision des méthodes de travail ou des actions projetées, à la lumière de l’expérience.