Rapporteur :
Mme BORDRON (France) et
M. WHITTAKER (Royaume-Uni)
PROJET D'EXPOSE DES MOTIFS
1. DOMMAGES IMPORTANTS DUS AUX CATASTROPHES ET AUX SITUATIONS D’URGENCE
De tout temps, les catastrophes et les situations d’urgence ont fait partie intégrante de la vie de l’homme. Traditionnellement considérés – avec un sens aigu de la fatalité - comme « l’œuvre de Dieu », ces phénomènes font aujourd’hui l’objet d’enquêtes, donnent lieu à une recherche des coupables et à une répartition des responsabilités, à des demandes d’indemnisation, et, de manière croissante, à des mesures de prévention (afin d’éviter ou de réduire les risques), à des plans d’urgence, à la création d’agences spécialisées, et à la promulgation de lois y afférentes.
Les changements climatiques ont accru les risques d’inondations, de dégâts dus aux tempêtes, d’incendies et de sécheresse. Par ailleurs, la dépendance accrue à l’égard de la technologie, d’infrastructures de transports plus denses et, dans certains cas, la proximité de sites industriels et de zones résidentielles augmentent également les risques.
A cet égard, nous ne prendrons qu’un seul exemple : celui de la France.
D'après le Ministère de l'Environnement, plus de 17 000 communes françaises sur 36 000 (soit plus d' une sur deux ), essentiellement rurales sont concernées par un ou plusieurs risques naturels, dont 2 000 sont jugées « prioritaires ».
Dans ces chiffres, 9 400 sont menacées par les inondations, 6 000 par des risques sismiques, [par des glissements de terrains, 600 par des avalanches,
Entre 1982 et 1996, 30 000 communes ont été déclarées au moins une fois en catastrophe naturelle,10 200 au moins trois fois, 75 plus de neuf fois.
Le Rapport Bourrelier (Réf : A) évalue les risques naturels conventionnels à 1,2 milliards € par an, dont 750 millions € de dommages-réparations, 125 millions € de prévention et 150 millions € de secours.
2. LA DECISION D’ELABORER UNE RESOLUTION SUR L’IMPACT DES CATASTROPHES ET DES PROPOSITIONS POLITIQUES DANS CE DOMAINE
Lors de sa réunion, à l’automne 2001, la Commission du développement durable de la Chambre des pouvoirs locaux du CPLRE a décidé d’élaborer un Projet de résolution sur le sujet et de le présenter à sa mini-session de printemps, en mars 2002.
La Commission a nommé, en tant que Rapporteurs, Mme Bordron (France) et M. Whittaker (Royaume-Uni), assistés de M. Paour (en tant que Consultant) et par le Secrétariat de la Chambre des pouvoirs locaux du CPLRE.
Les Rapporteurs ont également été aidés par l’organisation « Les collectivités locales confrontées aux catastrophes et autres situations d’urgence » (LACDE), qui jouit d’un statut d’observateur auprès de la Chambre des pouvoirs locaux. Les représentants de cette organisation ont assisté aux réunions des Rapporteurs.
Etant donné le temps limité dont ils ont disposé pour élaborer la Résolution et son « Exposé des motifs », les Rapporteurs ont été conscients du fait qu’ils ne pourraient indiquer que quelques directions, pouvant servir de base aux futurs travaux du CPLRE dans ce domaine.
En outre, de nombreux exemples fournis par l’Exposé des motifs ne concernent qu’un nombre de pays assez réduit – notamment la France.
Les Rapporteurs estiment que les travaux à venir devraient notamment inclure la rédaction d’un « Manuel de bonnes pratiques » (paragraphe 38 du projet de Résolution), contenant des contributions d’un maximum de pays membres.
3. DEFINITIONS ET DISTINCTIONS
On peut donner différentes définitions des « catastrophes » et des « situations d’urgence » - et certains s’y sont d’ailleurs essayé. En voici quelques exemples : -
La Conférence de Santander en 1947: "les risques déterminés par une cause à caractère extraordinaire, connexes à des faits naturels ou à des conflits entre les hommes, qui atteignent les personnes ou les choses, et se présentent avec une ampleur et un volume économiques absolument exceptionnels dans leurs effets immédiats ou médiats, qui n'ont aucun caractère de périodicité prévisible, et n'obéissent à aucune régularité statistique suivant la conception scientifique contemporaine".
On pouvait d'ailleurs compléter cette définition par celle du Professeur Emil Frey de Mannheim (Experiodica 1965/15): "On peut parler de catastrophe quand une multitude de dommages distincts se trouvent causés soit par un événement unique, soit par plusieurs événements liés entre eux dans le temps ou d'une manière quelconque, soit par une évolution imputable à une cause bien définie, et quand l'événement ou l'évolution présente un caractère sporadique et a des conséquences économiques si variables qu'il est impossible de les estimer à l'avance; la seule chose certaine étant qu'elles peuvent être extrêmement étendues".
Pour les experts contemporains, (Réf. B) « le mot "catastrophe", du grec "katastrophê" "(renversement), désigne un événement funeste et soudain qui frappe une personne ou une collectivité. Cette définition académique appelle quelques commentaires.
Inondations, tempêtes, ouragans, cyclones, raz de - marée, avalanches, coulées de boue, éruptions volcaniques, séismes... Nombreuses sont les catastrophes naturelles, déjà subies par nos ancêtres, que nous connaissons encore aujourd'hui. Si les causes sont naturelles (mais le sont-elles vraiment ?), les conséquences tiennent pour beaucoup à des choix de société. Les autres catastrophes, dites techniques, dépendent clairement de l'homme sur le plan des causes comme sur celui des conséquences (accidents industriels, accidents massifs liés au transport routier, ferroviaire, maritime ou aérien, pollution de l'air, de l'eau, du sol, intoxication ou épidémie ayant une cause technique...).
Cependant, la société humaine, dont l'organisation est devenue largement incompréhensible et imprévisible en raison d'une complexification engendrée par le progrès, ne peut plus être seulement considérée comme un modèle rationnel. Aussi, le distinguo entre catastrophes naturelles et catastrophes techniques risque-t-il d'être moins évident dans le futur.
Le caractère subit attribué aux catastrophes correspond, dans une partie des cas, à une vision phénoménologique macroscopique. S'agissant d'événements naturels, il est vrai que le déclenchement est en lui-même souvent soudain, mais il est la conséquence de phénomènes plus anciens, accumulés et corrélés (pluviométrie, nivométrie, tectonique des plaques...).
Les conséquences peuvent elles-mêmes avoir un prolongement dans le temps, comme par exemple les inondations, qui dépend du contexte (géographique, géologique, humain. . .). Ainsi parle-t-on de catastrophe pour désigner la conséquence brusquement révélée, alors que, dans certaines situations, c'est la cause qui est funeste, étendue dans la durée (déboisement, constructions. . .).
Les catastrophes techniques ne sont pas non plus nécessairement soudaines, comme le furent l'effondrement du stade de Furiani en Corse, le crash aérien du mont Sainte-Odile en Alsace, ou l'accident du tunnel du Mont - Blanc.
Ainsi, qu'elles soient d'origine naturelle ou technique, les catastrophes se présentent comme des tragédies en plusieurs actes, faisant intervenir en général plusieurs acteurs, sans qu'il y ait nécessairement unité de temps et de lieu. Il ne faut donc plus voir la catastrophe comme un phénomène extérieur, mais plutôt comme une problématique dans laquelle l'homme est et doit s'impliquer tant au niveau des causes que des conséquences. »
( Réf B)
Mais, que ces catastrophes et situations exceptionnelles soient naturelles ou provoquées par l’homme, les réponses apportées par les pouvoirs et organismes locaux à titre de prévention ou de traitement sont pratiquement identiques. Par conséquent, le Projet de résolution n’établit pas de distinction entre ces deux types de situations.
Par ailleurs, il n’y a pas eu de travail d’évaluation des conséquences que pourraient avoir des actes de terrorisme, ou de prévision des réponses possibles face à ce type de situations – principalement du fait que ces questions ne seront pas examinées par la Chambre des pouvoirs locaux avant sa grande conférence, prévue à Luxembourg en septembre 2002.
4. LES CATASTROPHES NATURELLES
Les catastrophes naturelles peuvent être réparties comme suit :
- phénomènes à caractère endémique, ayant leur origine dans une maladie (épidémie, épizootie, épiphytie, invasion d'insectes nuisibles, effets des rayons cosmiques…) atteignant les hommes, les animaux ou les plantes
- phénomènes à caractère météorologiques, ayant leur origine dans un phénomène atmosphérique (tempêtes, grêle, gel, sécheresse, neige, alluvions, ouragans, cyclones…)
- phénomènes en rapport avec la nature morphologique des zones ou du terrain, ayant leur origine dans un phénomène géologique ( tremblements de terre, éruptions volcaniques, glissements de terrain…).
a. Inondations
Responsables de 20 000 décès par an dans le monde, les inondations – de loin le risque le plus fréquent - représentent 50% des catastrophes naturelles qui touchent la planète.
En France, 9 400 communes - 2 000 000 de riverains sont concernés par ce risque, tandis que le coût moyen annuel des dommages atteint 250 000 000 d’euros.
Une simulation effectuée en 1994 a montré que des crues exceptionnelles de la Seine et de la Marne, comme celle de 1910, inonderaient en Ile-de-France 200 000 habitants et causeraient plus de 10 milliards € de dommages directs et indirects.
En montagne, les fortes pluies peuvent en outre générer des écoulements torrentiels charriant sur leur passage des matériaux solides ( Camping du Grand-Bornand ( Haute – Savoie ) / 1987 / 23 victimes)
En Algérie, le 10 novembre 2001, Alger – surtout dans le quartier de Bab-el-Oued, situé au pied des collines - avait rendez-vous avec l’apocalypse : passants, voitures, camions, autobus, tout a été emporté par des torrents de boue sur plusieurs kilomètres, fracassé contre les habitations, précipité vers la mer. Trois jours plus tôt, les services météo avaient pourtant fait parvenir une note pessimiste aux services du Premier Ministre : l’ancien lit de la rivière Mazaran, transformé en autoroute voici une trentaine d’années, allait probablement collecter les eaux et les boues et les déverser sur l’agglomération.
Les causes classiques d'inondations :
Les fortes précipitations :
En fin d’année 2001, il est tombé sur la Bretagne 80 % de pluies annuelles sur seulement quatre mois ! En 50 ans, on n’avait jamais vu ça! En outre, dans tous les cas où les marées hautes et les vents violents sont associés à de fortes chutes de pluie, les vagues déferlantes qui en résultent peuvent empêcher le flux des cours d’eau des régions côtières de se déverser dans la mer.
En ce qui concerne l’intérieur des terres, on a pu constater, ces dernières années, - aussi bien au Royaume-Uni (dans la Severn Valley et dans la région du Yorkshire) qu’en France (dans le Bassin de la Somme) – un engorgement des sols, en raison de précipitations constantes pendant plusieurs semaines, et, par voie de conséquence, l’impossibilité, pour ces terres, d’absorber toute pluie supplémentaire.
Le remembrement :
L’évolution des techniques agricoles, le regroupement de petites parcelles, autrefois entourées de haies vives, pour obtenir de grandes surfaces accessibles aux gros engins de culture ont entraîné la disparition de milliers de kilomètres de talus et de chemins creux qui étaient auparavant autant d’obstacles pour arrêter l’eau. De plus, le remplacement de l’herbe dans l’alimentation du bétail par du maïs fourrager n’a rien arrangé : une fois la récolté effectuée, les sols sont laissés à nu pendant une grande partie de l’hiver, et en l’absence de tous couvert végétal, les eaux s’écoulent vers les fonds de vallée dont le drainage systématique des prairies et marais supprime leur fonction d’éponge.
L’urbanisation :
Construction imprudente de logements et centres commerciaux, création de zones d’activités avec, à la clef, un bitumage et un bétonnage tous azimuts suppriment la spongiosité des sols ainsi recouverts et augmentent encore le ruissellement des eaux.
L'aménagement du territoire:
Rectification de cours d'eau, construction de barrages, aménagement de voies navigables viennent compléter la liste des principales causes.
b. Tempêtes
La tempête de l’hiver 1999-2000 (passage sur la France des ouragans Lothar et Martin) a causé des dégâts considérables ( 140 000 000 de m3 de bois sinistrés –150 000 000 €, dont la moitié seulement assurée), mais aussi une profonde prise de conscience tant des pouvoirs publics que des particuliers.
La « Mission Tempêtes » créée à cette occasion pointe un certain nombre de carences ou dysfonctionnements, apparus dans des conditions certes paroxystiques, mais dont certains experts pensent qu ‘elles peuvent se reproduire.
c. Séismes / Tremblements de terre
Le risque sismique intéresse 5 500 communes françaises (Antilles, Sud – Est de la Métropole) aggravé par l’urbanisation galopante de l’après-guerre, dont 95% des constructions ont négligé toute préoccupation parasismique.
Particularités du risque sismique, telles que présentées lors des récentes Rencontres de Montpellier organisées par le Conseil de l'Europe :
« Ils sont quasi instantanés; quelques dizaines de secondes et tout est dit.
Ils peuvent être extrêmement dévastateurs; on peut citer le cas d'un séisme qui aurait fait près d’un million de victimes en Chine, (le 2 février 1556, à Xian, dans la province de Shanxi) et, plus récemment, celui du 17 août 1999, qui a sans doute fait 30 000 morts dans la région d'Izmit (Turquie). Les conséquences économiques peuvent être énormes, même si les victimes humaines ne sont pas nombreuses.
Ils ont une période de «récurrence», pour autant que ce paramètre puisse être défini correctement et qui est très variable selon les régions, mais elle se mesure le plus souvent en dizaines, voire en centaines d'années; dans le sud du Mexique ou les Iles Kouriles, par exemple, les tremblements de terre les plus violents se produisent souvent tous les 10-15 ans; dans la région de Chlef (ex-El Asnam, ex -Orléansville), dans le Centre Nord de l'Algérie, des tremblements de terre destructeurs se produisent tous les 30-35 ans. Ce concept conserve encore une signification, même lorsque la période de récurrence se mesure en siècles dans des régions à faible activité (arrière pays de Nice ou autour de Bâle, par exemple).
En l'état actuel des connaissances, les tremblements de terre demeurent imprévisibles; malgré quelques prétendues «prédictions avérées» (le célèbre exemple de HaiCheng, le 4 février 1975 dans la province de LiaoNing, en Chine) que tout le monde a gardé à l'esprit et en dépit de l'apparition épisodique de «nouvelles méthodes de prédiction» (la dernière en date étant fondée sur les observations thermographiques par satellite), les connaissances en physique des sources de séismes sont encore trop maigres pour escompter un progrès rapide dans ce domaine. »
d. Mouvements de terrain
Les mouvements de terrain constituent le deuxième grand type de risque, avec près de 6 000 communes françaises susceptibles d’être touchées.
Des effondrements se produisent souvent sur d’anciennes carrières abandonnées. Par exemple, la ville de Laon (Aisne) qui dispose d’un patrimoine historique exceptionnel, avec 375 ha classés, est construite sur un vrai gruyère…
e. Avalanches
En France, 600 communes sont concernées par ce risque, et on déplore 30 victimes annuelles, essentiellement des skieurs hors pistes et randonneurs que les services de sécurité locaux doivent aller secourir. Mais ces victimes "sportives" ne font pas oublier qu'il existe aussi des avalanches sur des lieux habités en dépit des préconisations d'urbanisme.
Ainsi à Chamonix, où, en 1999, 12 victimes ont été ensevelies pendant leur sommeil, le maire a été mis en examen pour homicides involontaires alors que jamais les « anciens » n’avaient vu une coulée de neige remonter sur le versant opposé !
f. Sécheresse
La sécheresse peut donner lieu à des « mouvements de terrain, des tassements différentiels provoqués par la rétraction de certaines argiles sous l'effet de la sécheresse. Les dommages en résultant étaient principalement des fissures dans les bâtiments érigés sur des sols de cette nature.
Voici un aperçu rapide des estimations successives de son coût total à travers les années qui donnent une idée de l’ampleur et des dommages causés par la sécheresse en France :
- 1991 = 230 000 000 €;
- 1993 = 460 000 000€;
- 1997 = 1 500 000 000 €;
- 1999 = 2 600 000 000 €…
« Ces chiffres évoluent encore à la hausse. En Grande-Bretagne, selon une étude de l'ABI (Association of British Insurers), le coût annuel des sinistres sécheresse est passé de 50 millions de livres sterling dans les années 1970, à 100 millions dans les années '80, avec même une pointe à 500 millions en 1991 (c'est-à-dire 810 000 000 € à comparer aux 230 000 000 € pour la France la même année)… »
( Réf: C )
g. Feux de forêts
Les feux de forêts sont plus ou moins liés aux saisons sèches, période durant laquelle s’ajoutent les incendies traditionnellement allumés par les pyromanes chaque été dans le pourtour méditerranéen, et cet hiver en Australie. Les élus et les services locaux de lutte contre l’incendie doivent faire face à ces événements tragiques.
En France, chaque année, Etat et collectivités locales consacrent 150 000 000 € pour prévenir et combattre les incendies.
Mais si 4 000 communes françaises sont concernées par ces feux de forêts, les multiples facteurs de propagation du feu (biomasse, sécheresse, vent…) rendent difficile le zonage de ces risques dans les massifs forestiers.
5. LES CATASTROPHES PROVOQUEES PAR L’HOMME
Elles peuvent inclure les risques politiques découlant des événements suivants: grèves, émeutes, désordre civil, coup d'état, révolution, insurrection, tumultes, guerre civile, confiscation, réquisition civile, sanctions économiques ou financières, restrictions aux crédits, aux exportations et aux mouvements de devises…
Dans le cadre de ce projet de résolution, les situations d’urgence sont limitées à ce qui suit.
a. Pollution de l’eau
Selon un rapport du Conseil National de l’Evaluation du Commissariat Général du Plan récemment publié en France, "les eaux souterraines, dans les régions à forte activité agricole, seront tôt ou tard atteintes par la migration lente mais inéluctable de substances (nitrates et pesticides) infiltrées dans le sol et le sous-sol. Par ailleurs, l’utilisation de biopesticides participe à l’apparition de phénomènes de résistance chez les insectes ravageurs qui entraînera à terme la diffusion de maladies contre lesquelles il sera difficile de lutter efficacement."
En parallèle à ce processus lent, mais à terme catastrophique, quatre accidents se sont produits en l'espace de trois mois, avec des conséquences désastreuses pour l'environnement : une accumulation des toxiques dans la chaîne alimentaire; la destruction de tonnes de poissons, du plancton, etc.; l'altération des habitats naturels; la contamination durable des sols, des sédiments et de la nappe phréatique; la suppression de la capacité d'auto-épuration.
· 12 décembre 1999, naufrage de l'Erika en Bretagne ( France): 15 000 tonnes de fuel lourd ont pollué 400 km de littoral, causant de graves dommages à la faune, à la flore, à la pêche et au tourisme avec également des effets sur la santé publique;
· 29 décembre 1999, naufrage du Volgoneft 248 au large d'Istanbul, répandant 1300 tonnes de fuel lourd en mer de Marmara déjà gravement polluée;
· 30 janvier 2000, au nord-ouest de la Roumanie, rupture du barrage de Baia Mare, entraînant le déversement de 100 000 m3 d'eaux usées, contaminées par du cyanure, dans un affluent du Danube;
· 10 mars 2000, toujours dans la même zone, déversement d'un bassin de décantation de boues polluées (plomb et zinc) dans ce même affluent du Danube.
Le cumul de ces deux derniers événements provoquant ce que l'Agence Européenne de l'Environnement a qualifié "la pire catastrophe écologique depuis Tchernobyl".
(réf. D )
b. La pollution de l’air
En plus de l’impact des émissions polluantes industrielles, automobiles et à effet de serre, l’un des risques les plus inquiétants vient des accidents ou incidents issus des installations nucléaires.
Ainsi, en France, si un avion gros porteur s’abattait sur une des quatre piscines du centre de retraitement des déchets de La Hague (Manche), cela provoquerait, pense-t-on, un désastre équivalent à 67 Tchernobyl. Car, après le site de Tomsk en Sibérie, la Hague est le deuxième lieu où est concentrée la plus grande quantité de matière nucléaire au monde.
Une controverse est née du constat de 4 fois plus de cas de leucémies que la normale relevés autour de La Hague ces vingt dernières années.
La pollution totale, compte-tenu des quelques 423 essais nucléaires réalisés à l’air libre depuis 1950 (193 aux USA, 142 en URSS, 45 en France, 22 en Chine, 21 en Grande-Bretagne), est équivalente à 500 fois celle de Tchernobyl. Or il n’existe pas encore de solution opérationnelle pour requalifier les sols, notamment pour l’agriculture, qui stockent pourtant en surface et pour des dizaines d’années les radionucléides.
( Réf : E )
c. Accidents technologiques
Tout d'abord le rappel de quelques dates de grandes catastrophes:
· septembre1921 : explosion de l'usine BASF d'Oppau (Allemagne): 561 morts ;
· avril 1947 : explosion d'un bateau de nitrate d'ammonium à Texas-City (USA): 500 morts ;
· janvier 1966 : incendie de la raffinerie de Feyzin (Rhône): 18 morts, une semaine pour éteindre le feu ;
· juillet 1976 : Seveso (Italie)
· novembre 1984 : explosion de gaz liquide à Mexico: 452 morts
· décembre 1984 : fuite de gaz mortel Union Carbide-Bhopal (Inde): 7OOO morts, 100 000 intoxiqués.
Sans entrer dans un inventaire complet de tous les événements catastrophiques qu'on pourrait recenser dans ce chapitre, relevons la série des plus récents accidents de tunnels:
· mars 99 : Tunnel du Mont-Blanc (France);
· mai 99 : Tauern (Autriche);
· juin 99 : Drammen (Norvège);
· juin 2000 : Garmisch-Partenkirchen (Autriche);
· novembre 2000 : Kaprun (Autriche);
· août 2000 : Innsbruck (Autriche);
· octobre 2001 : Saint-Gothard (Suisse)
Un rapport alarmiste, paru courant 2001, et rédigé par le constructeur lui-même, révèle que le pont suspendu d’Aquitaine (Gironde) est rongé par la rouille et que le moindre accident de camion peut également entraîner sa chute… au-dessus de la voie TGV Paris-Irun.
Mais malgré la mobilisation des CRS, l’installation de systèmes électroniques d’alerte et de radars, de panneaux de signalisation et de bandes rugueuses… les camions continuent de rouler à 100 km/h au lieu des 50 imposés. De plus le gel peut s’ajouter à la rouille pour fragiliser l’édifice, comme l’a montré la fermeture l’hiver dernier d’un pont sur l’autoroute A7 dans la Drôme.
Enfin, en cette même fin d'année 2001, ce sont les traditionnels feux d'artifices du Nouvel An qui viennent de causer 250 morts – brûlés vifs au Pérou, 30 en Chine et 400 blessés au Venezuela. La cause en est à chaque fois le stockage sans précautions des pétards dans des ateliers et magasins clandestins.
Un cas présentant certaines similarités s’est produit, il y a quelques années, à Enschede, aux Pays-Bas, où l’explosion d’une fabrique de feux d’artifice, en plein centre-ville – et dont l’existence n’étaient pas connue du Maire et du Conseil municipal – avait provoqué des morts, fait un certain nombre de blessés graves et causé des dommages matériels très importants.
L’accident à Toulouse
La tragédie de Toulouse, à elle seule, symbolise le l'ensemble de ces "risques industriels classiques".
Deux explosions inexpliquées successives pulvérisent, le 21 septembre 2001, l’usine chimique AZF, soufflant tout autour d'elle dans un rayon de 2 km, et causant des dégâts plus ou moins importants dans le reste de la ville et des cités environnantes.
30 personnes sont mortes et 2 500 ont été blessées. 27 000 logements ont été endommagés, 600 familles ont du être relogées, 400 entreprises employant 7200 salariés ont été touchées, et 80 écoles, 20 collèges, 15 lycées, 2 universités ont été fermés. Le Conseil Municipal a du faire face à une facture de 500 millions € de dégâts municipaux dans un contexte de pénurie.
Des professionnels de la construction mobilisés déjà par les grands chantiers du métro, de la médiathèque et de la zone d'assemblage d'Airbus ont été réquisitionnés pour effectuer les premières réparations.
Il semble que la cause de cette catastrophe ne serait pas la combustion spontanée inexpliquée d'un stock de nitrate d'ammonium, engrais agricole déclassé mais réputé stable, mais l'effet –domino d'un arc électrique provoquant une explosion première à la SMPE (Société Nationale des Poudres et Explosifs).
SNPE, fabriquant entre-autre du combustible pour la fusée Ariane, et son voisin, Tolochimie, fabriquant de phosgène, terrible gaz mortel, s'en sortent sans dommages significatifs… Quelle aurait été la conséquence si le feu les avait atteint ?
6 et 7. UN CERTAIN NOMBRE DE FAILLES : DES PROGRES SONT NECESSAIRES
6. Bien qu’il existe un débat légitime sur ses causes, l’ampleur du réchauffement de la planète et des changements climatiques sont bien connues : le monde se réchauffe. Plusieurs conférences nationales et internationales (telles que celles de Rio et de Kyoto) ont mis en lumière ces questions de manière très marquée, avec le souci de réduire les émissions industrielles nocives et autres effets de serre.
Pour le 21e siècle, les prévisions en matière de hausse de la température planétaire sont de deux degrés. Ce phénomène contribuera immanquablement à multiplier les périodes de sécheresse – accompagnées d’incendies de forêts fréquents -, et, paradoxalement, à accroître le volume des précipitations hivernales et les inondations.
Et pourtant, ce facteur de changement climatique est encore insuffisamment pris en compte dans le contexte des constructions immobilières et du développement industriel, ou encore pour une gestion cohérente de l’environnement naturel et des aspects topographiques.
7. Quant au principe de prévention, ce n’est pas encore suffisamment intégré aux politiques, aux législations, aux réglementations ou aux mesures techniques.
Les exigences de prévention sont souvent en conflit avec les impératifs économiques, les réalités de l’emploi, ou encore avec le développement des sols et de l’industrie.
Il y a aussi la diversité des acteurs institutionnels et des politiques mises en oeuvre : le cloisonnement administratif des acteurs et l'absence de concertation n'ont pas permis un travail coordonné des collectivités locales conjointement avec l'Etat et ses services déconcentrés dans la maîtrise des risques. Ce système est aggravé par l'absence d'une gestion intercommunale des risques naturels, et sans doute par une répartition des compétences trop floue entre les différents niveaux de collectivités, qui inclinent à des actions de prévention isolées.
D'autre part, dans les petites communes, les services techniques sont extrêmement limités tant en compétences qu'en personnels. Les moyens d'intervention nécessaires, le simple entretien des dispositifs de protection sont souvent hors de leur capacité. Les communes rurales peuvent se trouver en situation de totale dépendance vis-à-vis des services déconcentrés de l'Etat.
8. CRITIQUE INJUSTIFIEE : VERS UNE CULTURE DU RISQUE
Tempêtes, ouragans, cyclones, séismes, glissements de terrain, avalanches, inondations, feux de forêts, pollutions maritimes accidents d’avion, accidents dans les tunnels, etc… sont désormais « la faute de quelqu’un d’autre »... sans que jamais personne ne se soucie individuellement de sa propre responsabilité dans l’imprévoyance, l’absence de prévention, et/ou le dédain de toutes protections préalables comme la recherche d'une couverture financière par le biais de l'assurance.
Il y a 50 ans, un individu hésitait à mettre en cause la responsabilité de l'Etat, d'un Département ou d'une Commune, tandis qu'on assiste aujourd'hui à une débauche de contentieux contre leurs agents (élus, fonctionnaires, préfets).
Dans le même temps, les tribunaux - appelés à connaître des plaintes de victimes à la recherche d’une indemnisation quelconque (et que leurs avocats incitent à frapper aux portes de toutes les juridictions - administratives, civiles, pénales ) - semblent enclins à « privilégier » le bouc émissaire singulier qu’est devenu, en France notamment, le Maire de chaque Commune, quitte à lui trouver des « complices » dans les Départements, les Régions, voire l’Etat. Des mises en cause de tiers sont souvent faites (industriels, transporteurs…).
La culture du risque
« Tout acte est générateur d’un risque, important ou mineur. Ce risque est prévisible dans son existence, du seul fait que le « risque zéro » n’existe pas. Il est donc certain. Mais nul ne peut savoir ni où, ni comment, ni quand il se produira. La certitude de son existence n’est ni économiquement, ni socialement, ni juridiquement programmable.
Souvent invoqué, désormais, le " principe de précaution " constitue l’ensemble des mesures ou des dispositions de toute nature, envisagées ou prises dans l’intérêt général ou collectif, pour prévenir en tout ou en partie un risque dont l’hypothèse est avancée sans certitude scientifiquement ou définitivement acquise, afin d’en supprimer ou d’en limiter les conséquences de tous ordres à un coût raisonnable et adapté…
Le principe de précaution suppose un système de contrôle a posteriori… comme un système (qui reste souvent à inventer) d’évaluation scientifique a priori qui doit faire l’objet d’un encadrement réglementaire et économique particulièrement précis…"
(Réf : F)
Quelques réflexions de bon sens, qui nous serviront de fil conducteur tout au long de ce Rapport, ont été exprimées par des élus locaux, lors du Congrès des Maires de France à Paris en novembre 2001, telles que :
Les élus sont bien placés pour savoir que le même administré, qui réclame aujourd'hui une dérogation pour construire en zone inondable, sera le premier à réclamer ensuite protection et réparation absolues.
Ce qui devrait guider notre doctrine profonde, c'est moins de prétendre empêcher totalement une inondation – ce qui sera toujours impossible - que d'arriver à zéro mort si la crue survient quand même.
On ne peut plus vivre, en France, dans un pays où tout est toujours remboursé, comme à la Sécurité Sociale dont le gouffre béant du déficit se creuse tous les jours. Certes, notre système d'Assurances Catastrophes Naturelles fait des envieux (parmi nos concitoyens européens qui vivent sans cette garantie), mais il ne résistera pas à l'inflation des remboursements systématiques d'événements qui existent depuis toujours, et continueront d'exister jusqu'à la fin des temps: comme l'inondation récurrente de mon village habitué aux humeurs saisonnières de la Saône, laquelle, sauf travaux herculéens, ne sera sans doute jamais détournée de son lit pour nettoyer les écuries d'un nouvel Augias.
Yves Dauge, député-maire de Chinon, et auteur d'un Rapport au Premier Ministre sur les inondations, affirme que nous sommes condamnés à mettre très vite en place (le processus est d'ailleurs en marche) un système d'assurance à deux vitesses imposant aux assurés et à leurs collectivités de participer à la prévention contre leur vulnérabilité.
Pour faire admettre ce système de réparation, il faut donc instaurer un débat public pour que les citoyens décident si, ici ou là, ils veulent construire en terrain dangereux ou à proximité d'une usine à risque, en acceptant alors par écrit ce risque, acceptation qui serait notariée pour en perpétuer la connaissance de cause. En d’autres mots, ce qui était nécessaire était la culture du risque…
9. LE ROLE DES POUVOIRS LOCAUX
D’une manière générale, les pouvoirs locaux ont un rôle à jouer en matière de prévention, d’information des risques, de promotion d’une planification face aux situations d’urgence, de coordination des services d’urgence après la catastrophe, puis de reconstruction, de restauration des lieux, d’aide aux personnes, et afin de tirer les enseignements de l’événement.
Ces responsabilités doivent nécessairement inclure les missions suivantes :
- de rassembler des informations historiques et géographiques sur les zones à risques peut être avec l’aide d’un Observatoire européen, national ou régional ?;
- de mettre en place des cartes d’exposition et des plans de prévention de ces risques;
- D’avertir judicieusement leur population par une alerte rapprochée;
- d’organiser sans panique les premiers secours;
- de gérer - au besoin par l’intercommunalité dans chaque bassin de risque - la maintenance et la remise en fonctionnement des ouvrages publics indispensables à la reprise de la vie civile.
Si l’on veut se référer aux pratiques de tel ou tel pays, la France constitue un excellent exemple, dans la mesure où, du fait de ses pouvoirs de police municipale, le Maire a l’obligation de prendre les mesures indispensables afin de prévenir les atteintes à la sécurité publique ou pouvant résulter des risques naturels : péril ou danger grave, risque sérieux, réel ou important, danger perceptible ou prévisible.
Une obligation de prudence pèse également sur les administrés (s’agissant notamment des riverains des mers et des fleuves, la défense de leurs biens incombe aux propriétaires, aux termes d’une loi du 16 septembre 1907 toujours en vigueur…).
Quant aux interventions, le maire peut prescrire au propriétaire privé la réalisation de travaux destinés à faire face à un risque naturel
Les maires doivent protéger ses administrés par des travaux collectifs à la double condition qu’ils soient effectivement utiles pour prévenir le danger et en rapports avec les moyens financiers de la commune.
En cas de danger grave ou imminent, le maire doit agir immédiatement qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle annoncée ou de risques permanents dont la réalisation peut intervenir rapidement. Les mesures sont variées : interdire la circulation, ordonner une évacuation, prononcer une interdiction d’habiter, prescrire des travaux publics ou privés…
En cas de carence constatée du maire, le préfet peut le mettre en demeure d’agir ou se substituer à lui.
Bien entendu, la responsabilité pénale personnelle du maire sera engagée en cas de manquement à ses obligations de sécurité et/ou d’assistance. Malgré la nouvelle loi Fauchon (10 juillet 2000) il semble que la responsabilité de la collectivité- personne morale ne soit pas mise en cause puisqu’elle ne peut être responsable pénalement qu’en cas de délégation de service public, et que les activités de police administrative ne sont pas délégables.
10. PAS DE RESPONSABILITES SANS RESSOURCES CORRESPONDANTES
En matière de prévention et de gestion des catastrophes naturelles et des situations d’urgence, les pouvoirs locaux jouent un rôle primordial. Ils subissent les conséquences immédiates du phénomène et se voient souvent dans l’obligation de prendre très rapidement des mesures de réparation.
Cependant, les pouvoirs locaux ne disposent pas toujours des moyens adéquats. En outre, le gouvernement central édicte souvent des règles et impose aux pouvoirs locaux des obligations officielles, sans leur accorder pour autant les ressources nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches.
Bien que ce type de relations entre l’administration centrale et les pouvoirs locaux soit tout à fait classique, cela peut avoir, en l’occurrence, des conséquences désastreuses.
11. LORSQUE LES POUVOIRS LOCAUX AGISSENT DE CONCERT AVEC DES AGENCES SPECIALISEES ET DES ADMINISTRATIONS SITUEES A UN AUTRE NIVEAU
Si les pouvoirs locaux ont un rôle incontestable à jouer en cas de catastrophes ou de situations d’urgence, il importe également de les encourager et de les autoriser à s’associer à d’autres organismes compétents et à d’autres échelons de l’appareil gouvernemental.
On comprendra, par conséquent, que, dans le cadre de l’élaboration de la Résolution en question, les propositions suivantes - qui s’adressent principalement aux pouvoirs locaux- sont également destinées, à des degrés divers, à d’autres organismes et niveaux d’administration.
12. AMELIORATION DE LA PREVENTION
Face à une telle palette des risques, comment se prémunir?
Voilà des années que les scientifiques s’escriment à cartographier le risque, à le modéliser, pour mieux l’appréhender. Avec plus ou moins de succès.
Ainsi, en matière d’avalanches, si on ne peut supprimer le risque, on est capable de mieux définir les couloirs afin d’éviter de futurs aménagements.
Concernant les mouvements de terrain ou les tremblements de terre, on ne sait pas toujours les prédire, même à court terme. En revanche, on connaît mieux les mécanismes de propagation des ondes sismiques en fonction de la géologie. Ainsi Grenoble est à la confluence de vallées glaciaires qui engendrent des effets de résonance. Les mouvements y sont amplifiés 10 à 15 fois entre la profondeur et la surface.
En matière d’inondation, les scientifiques parviennent à cerner davantage les zones où l’eau va arriver, en s'appuyant sur la détection radar de la pluie. Une quinzaine de radars existe en France, mais il en faudrait un par département, un investissement de 1 500 000 € par unité installée.
La multiplication des catastrophes naturelles a servi de détonateur pour accélérer la mise en place des PPR (Plans de Prévention des Risques). Cet outil, issu de la loi Barnier de 1995, permet d’intégrer les risques dans les décisions d’aménagement. Il est au cœur même de la problématique de développement durable.
( Réf : G )
L’objectif du Plan de Prévention des risques (PPR) de la loi Barnier est de mettre en évidence, à partir d’une analyse historique des principaux événements ayant touché le territoire étudié, les risques naturels qu’il encourt (mouvements de terrain, avalanches, inondations…) et de délimiter, par une carte des aléas, les zones exposées directement ou indirectement à ces risques et l’impact prévisible de ceux-ci sur les personnes et les biens. Dans ces zones, les constructions ou aménagements peuvent être soit interdits, soit autorisés sous condition d’un règlement qui prévoit que ces constructions ou aménagements d’une part, ne soient pas eux-mêmes vulnérables, et d’autre part, ne soient pas facteurs aggravant de ces risques. enfin sont définies les mesures relatives à l’aménagement, l’utilisation ou l’exploitation des constructions et ouvrages préexistants (agriculture, tourisme, loisirs…).
Le PPR a valeur de servitude d’utilité publique et il est annexé au POS (Plan d’Occupation des Sols) de la Commune.
Cette procédure PPR permet donc l’identification et la prévention de ces risques, la maîtrise de l’urbanisation, l’expropriation pour risque naturel majeur et les travaux urgents à réaliser pour faire face à ces risques et les assurances à souscrire pour en assumer les conséquences…
La France ayant prévu de couvrir d’un PPR 5 000 communes d’ici 2005, le Ministère de l’Equipement a confié à Ernst & Young le soin d’une enquête sur les attentes des communes en la matière.
« 38% des 2 000 communes interrogées ont répondu, en majorité des élus, ce qui traduit la forte implication de ces derniers dans la problématique de gestion des risques naturels.
Si 60% des répondants disent bien connaître les objectifs des PPR et en mesurer les conséquences après adoption, 70% regrettent la longueur et la complexité de la procédure, et moins de 40% s’y sentent associés par les services de l’Etat… à qui il est reproché de ne pas tenir compte de la « sagesse populaire » et de la connaissance du territoire par les habitants et les élus. » (Réf H)
Plus scientifiquement cependant, pour identifier, évaluer, prévenir, gérer les risques d’un système de toute nature et les risques liés à son environnement, la Société Française des Risques Majeurs, entre autres experts, propose MOSAR (Méthode Organisée et Systémique d’Analyse des Risques) permettant l’analyse de n’importe quel système technologique et / ou naturel (industriel, agricole, urbain, transport, communal…).
Contribuant à la mise en évidence des risques d’une installation et de leur impact sur les hommes et l’environnement, cette analyse permet de définir des scénarios d’accidents, de définir les barrières de prévention et de protection à mettre en place pour neutraliser les événements générateurs, repérer des erreurs et les paramètres à prendre en compte pour les limiter et de définir les connaissances à acquérir dans le domaine de la prévention et de la formation sur la maîtrise des risques.
« En Europe, quelques Pays ont depuis longtemps édicté des législations spécifiques pour pallier les conséquences des calamités agricoles, des catastrophes naturelles, des tempêtes, puis, plus récemment, des sécheresses et des inondations.
De plus, afin de limiter autant que faire se peut ces conséquences dommageables, les Etats ont mis à la charge de leurs collectivités locales le soin d’élaborer des plans d’exposition aux risques, pour les inciter à des actions de prévention de ces mêmes catastrophes.
En France, où déjà sont interdites les (re)constructions en zones dangereuses, on se dirige même vers une expropriation légale d’habitations existantes et vers une diminution autoritaire des indemnisations aux victimes, si leur Commune n’a pas étudié ces plans ou si elles-mêmes n’ont pas accompli les diligences individuelles proposées par ces directives locales. »
(Réf : I . i )
Etudes de cas
a. Nîmes
« Un DICRIM ( Document d’Information Communal sur les RIsques Majeurs) recensant les trois risques connus (inondations, feux de forêts, transports dangereux ) avec cartographie et moyens de protection, ainsi que l’énoncé des consignes et des conduites à tenir, a été adressé à tous les Nîmois.
…Enfin, la ville a mis en place un centre opérationnel de gestion de crises et un plan de secours dont l’objet est d’actualiser l’ensemble des procédures et de décrire de façon simple l’action de chaque acteur selon les différentes phases.
…Au-delà d’une seule politique de travaux, il s’agit d’une véritable politique de gestion totale des risques, englobant une approche technique, sociologique, organisationnelle, juridique, économique et financière, ainsi que la mise en place, au sein des services municipaux, d’une direction de la sécurité et de la prévention des risques. »
( Réf : J )
b. Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l'Environnement - France
« La volonté de la SDPRM ( Sous-Direction de la Prévention des Risques Majeurs) du MATE (Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l'Environnement ) est de contribuer à développer une culture de la prévention, pour la sécurité des personnes, mais aussi pour un aménagement du territoire qui ne soit pas périodiquement remis en cause par des phénomènes naturels certes extrêmes mais pas rarissimes. C’est un enjeu important. En France, le montant annuel des dommages s’élève à 500 000 000 d’€ en l’absence d’événement majeur.
La politique mise en œuvre par le MATE vise la prise en compte des risques naturels comme partie intégrante des préoccupations au même titre que la biodiversité, la maîtrise des pollutions et des déchets, l’équilibre ville-campagne. Le développement de la culture de la prévention passe d'abord par la connaissance et la surveillance des phénomènes, l’évaluation de la vulnérabilité et l’information des populations. Celles-ci ont souvent perdu la culture de territoire que les ressources limitées et une meilleure connaissance de la géographie locale avaient développé chez leurs ancêtres.
Enfin, chaque catastrophe est aussi l’occasion d’apprendre par le biais des retours d’expérience qui se mettent progressivement en place et permettent de mieux définir les mesures préventives les plus efficaces.
En conclusion, l’action de la SDPRM vise in fine à développer une culture du risque et faire en sorte que le risque devienne une composante de la géographie bien prise en compte dans l’aménagement du territoire.
Ainsi, nous n’aurons plus à nommer catastrophe naturelle ce qui est phénomène naturel, et fatalité ce qui relève du manque de précaution le plus élémentaire. Ceci suppose un effort concerté de tous les acteurs : l’Etat qui a des responsabilités indéniables d’après la loi, mais aussi les collectivités locales et les acteurs de la société civile…Tous ont un intérêt commun de privilégier le développement sur les terrains les plus sûrs et les plus propices à un aménagement durable. »
( Réf K)
De plus, il est important de colporter la mémoire collective. Les événements rares mais importants doivent faire l’objet d’un soin particulier pour qu’ils demeurent dans la mémoire collective : leur fréquence est trop faible pour que leur connaissance résulte d’expériences vécues.
Ainsi, qui songe à utiliser, en France, la dizaine de volumes (qui dorment à la Bibliothèque Nationale) que Champion a écrits sur l'histoire des inondations du Xème siècle à 1850?
Moins scientifique peut-être, mais en tous cas, pédagogique pour les écoliers de la commune même du consultant : sur la vieille porte médiévale du village sont inscrits les différents niveaux atteints par la Saône depuis 200 ans.
13. GESTION DES COURS D’EAU ET PREVENTION DES INONDATIONS
Toute gestion cohérente des cours d’eau doit avoir un certain nombre de caractéristiques :
- la protection, la restauration ou la recréation des zones inondables (il existe, par exemple, un plan de restauration, sur 160 km2, de la plaine alluviale du Rhin, et, sur 11000 km2, du Bassin rhénan – et ce, d’ici à 2020) ;
- le rétablissement des cours d’eau naturels, en veillant à la non-séparation des fleuves et de leurs affluents, et à la sauvegarde ou au rétablissement du flux) ;
- la restauration et le reboisement des espaces naturels, y compris la promotion de la biodiversité et le développement des réserves naturelles ;
- la réduction de la densité immobilière riveraine et des plaines inondables ;
- la promotion de l'infiltration des eaux pluviales et la limitation du processus d'imperméabilisation des surfaces.
Toutefois, s'agissant des digues, on devrait porter une attention particulière à leur construction, si souvent proposée, par les docteurs - miracle. En effet, ce ne sont bien souvent que de faibles "lignes Maginot" qui ne résistent qu'un temps, comme l'ont démontré les crues du Mississippi rapidement dévastées.
De même que creuser le lit d'un fleuve n'est qu'une illusion qui ne résiste pas mieux à l'arithmétique: ce ne sont pas les quelques mètres - carrés de surface frontale supplémentaire qui vont absorber les milliers de mètres - cubes d'eau qui affluent subitement. Une fois le lit envahi, les eaux se déversent tout naturellement, comme d'habitude, par-dessus les berges.
Parmi les autres aspects d’une gestion cohérente, il serait bon de retenir l'avis d'une spécialiste bretonne des inondations, Annick CLÉAC'H :
« L’environnement de l’agriculture doit être repensé. Il faut diminuer les cultures annuelles du type maïs au profit d’un retour à l’herbe, synonyme de couvert végétal, jouant un rôle d’éponge. De la même manière, pourquoi ne pas aménager des bandes herbacées et reconstruire une partie du bocage, planter des rideaux d’arbres perpendiculaires à la pente ? Certains agriculteurs le font aujourd’hui spontanément. Le Conseil Général du Finistère subventionne ces aménagements…
Je suis favorable aux barrages. J’ai étudié ce qu ‘a fait la Chine, confrontée à des crues annuelles provoquant des centaines de milliers de morts. Les Chinois ont construit des barrages énormes, aux retenues quelquefois de la taille de la France, avec des résultats positifs. Nous ne sommes bien sûr pas à la même échelle. Il faut réfléchir à la création de bassins de retenue d’eau de taille modeste qui serviraient de régulateurs de crues. Mais il faut savoir que ce type de constructions peut être générateur de pollutions de l’eau. »
( Réf : L)
S’il existe des barrages ou des réservoirs en amont, ces éléments peuvent être très utiles à la protection des centre-villes, mais aussi, en aval, afin d’éviter la pénalisation d’autres municipalités.
14. EVITER LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET URBAIN DANS LES ZONES INNONDABLES
Il importe de limiter la construction de logements et le développement industriel dans les zones sujettes aux inondations.
Si, toutefois, à la demande expresse des propriétaires de terrains, on accorde un permis de construire dans ce type de secteurs, les éventuels futurs acquéreurs devraient en être informés obligatoirement par le notaire, lors des transactions de cession.
En termes de politique d’occupation des sols, cela signifie aussi qu'on peut envisager un éventuel remembrement.
Pour exemple, la commune de Grisolles (Tarn-et-Garonne) vient de lancer une opération-pilote similaire entre terrains (non) inondables et (non) constructibles.
Le périmètre étudié comprend :
- les zones donneuses (urbanisables mais perdant leurs droits à bâtir du fait d’un PPR inondation)
- les zones receveuses (de nouveaux droits à construire)
- la zone agricole (tous les autres terrains)
Sans entrer dans les détails techniques des calculs d ‘équivalence entre productivité agricole et valorisation des droits à construire, l’étude démontre qu’il est possible d’appliquer la procédure remembrement-aménagement aux terres inondables sous réserve d’une modification de la législation.
Il faut que la commune dispose de zones urbanisables, que les élus et responsables locaux reconnaissent l’enjeu de l’opération et participent à sa réalisation, et enfin que les propriétaires soient solidaires entre eux…
Mais il n’est pas exclu d’envisager des solutions similaires pour d’autres risques naturels.
( Réf : M).
A cet égard, on pourra utilement se référer de nouveau à l’avis de Mme Annick Cleac’h - en liaison avec les inondations survenues à Redon, en Bretagne.
« En revanche, contre l’urbanisation, c’est plus difficile… Ce qui est fait est fait. Pour l’avenir il faut une réglementation beaucoup plus sévère. Exigeons des dossiers précis sur les zones sensibles, soyons prudents, freinons les extensions urbaines inconsidérées. Si tous ces paramètres avaient été respectés, une partie de l’extension de Redon n’aurait jamais dû être construite. On sait que cette ville, au confluent de deux rivières, est une région marécageuse très exposée aux crues. »
( Réf : L )
Il est nécessaire que soit instaurer un "périmètre de risque" qui soumet à conditions spéciales les diverses autorisations d’urbanisme (permis de construire, déclarations préalables de travaux, zones d’accueil de loisirs…).
15 . CAS PARTICULIERS DES INONDATIONS.
S'agissant de la protection contre les inondations, on invoque souvent la réalisation d'ouvrages de protection : digues, barrages, paravalanches, constructions renforcées, reboisements, pièges à sédiments, etc. Mais si certains travaux, telles les constructions parasismiques, s’avèrent très efficaces pour un surcoût modeste – 1 à 2 % - d’autres aménagements sont à double tranchant : endiguer de façon systématique les rivières aggrave la situation en aval et peut augmenter les dégâts en cas de forte crue. En outre les ouvrages de protection rassurent la population, qui, de ce fait, perd peu à peu toute culture du risque et se trouve encore plus désemparée en cas de catastrophe. D'autant que les procédures d’alerte concernant les risques naturels restent largement à améliorer, en particulier face aux crues-éclair.
C'est pourquoi la coopération permanente des riverains est nécessaire, et pas seulement au moment des crues. Ainsi, encore dans la commune du consultant, les habitants, habitués aux débordements de la Saône, se sont constitués, à titre personnel, et le renouvellent régulièrement, un stock de sacs de sable (pour colmater les bas de portes), de moellons (pour surélever les meubles) et de planches (pour établir des passerelles hors d'eau).
Enfin, les installateurs de plomberie et d'électricité savent d'expérience qu'aucune vanne d'eau potable ou canalisation d'électricité ou de gaz ne doivent risquer d'être submergées, et les réalisent donc en plafond plutôt qu'en plancher.
16. PLANS D’INTERVENTION TECHNIQUES EN CAS DE TEMPETES
Les pouvoirs locaux sont obligatoirement invités à élaborer des plans d’intervention en cas de tempêtes. Ceci peut inclure la renégociation des contrats d’assurance en “valeur à neuf”, l’achat de groupes électrogènes pour alimenter la population en eau et en électricité, la politique d’enfouissements des réseaux électriques et téléphoniques, la création de cellules de moyens d’intervention des casernes de pompiers, et la distribution de fiches envoyées à la population pour qu’elle ait de bons réflexes dans des conditions similaires.
(Réf : N)
17. GESTION DURABLE DE LA FORET
En France, l’ONF (Office National des Forêts), estime qu’il faudra une quinzaine d’années pour retrouver, après les dommages causés en 1999, un paysage forestier qui ressemble à une forêt.
La première chose est de tirer des enseignements du passé : dans les années cinquante, quand une tempête survenait, on faisait table rase et on replantait souvent des espèces mal adaptées, comme les épicéas à croissance rapide en vallée, où les racines filent en surface, et qui ont été les premières victimes des ouragans Lothar et Martin : le vent a couché les arbres à la volée, dans un effet « effet domino » spectaculaire.
L’ONF a tiré les leçons des tempêtes : "finis les alignements rectilignes, les sapins plantés au cordeau. Les mots d’ordre sont désormais l’adaptation aux conditions écologiques locales, la diversité d’essences, les hauteurs différentes qui font barrage au vent.
Nous privilégions la régénération naturelle, ce qui ne veut pas dire rien faire : il faut encourager certaines essences plus fragiles, enrichir certaines parcelles, accompagner le mouvement; chênes, hêtres, merisiers, érables, frênes…seront replantés au besoin pour favoriser la diversité.
On laisse volontairement du bois à terre pour protéger les sols du gel, de l’érosion et favoriser l’ensemencement naturel."
Un Guide sur la Régénération naturelle de la Forêt française a été édité pour expliquer cette démarche au public qui s’étonne de trouver encore des chablis dévastés.
L’ONF a également resserré ses liens avec les communes rurales les plus éprouvées par les tempêtes et travaille à un label d’ « écocertification » : « de plus en plus acheteurs et négociants en bois veulent pouvoir dire à leurs clients qu’ils ne pillent pas les ressources naturelles et que leur bois provient d’une gestion durable. »
(Réf : O)
Par ailleurs, à l’occasion des procédures d’indemnisation de ces tempêtes a été mise en évidence une particularité de la forêt française : sa parcellisation. Ainsi dans le seul département des Vosges, on dénombre plus de 50 000 propriétaires de moins d’un hectare pour une superficie totale de 16 500 hectares de forêts. En Meurthe-et-Moselle, le morcellement est encore plus criant : 35 585 propriétaires pour 8 850 ha.
« La présence de parcelles privées enclavées dans la forêt communale, et vice-versa, complique la gestion de l’après-tempête. Notre objectif consiste, avant de commencer les travaux de remembrement, à créer des parcelles cohérentes, en organisant une bourse d’échanges par le biais de groupements forestiers. »
( Réf : P )
Etude de cas : Internetmédiaforest
La commune de Mimizan (Landes) a ouvert sur un site (www. mediaforest.net) un forum destiné aux offres urgentes de bûcheronnage et de débardage qui a permis également de nouer des relations avec des professionnels étrangers, les spécialistes français étant déjà tous mobilisés.
« Il s’agissait d’éviter ce qui s’était passé en Allemagne en 1995 : faute de formation et d’expérience, on avait dénombré plus de morts sur les chantiers d’après-tempête que pendant la catastrophe. Et puis, il fallait agir rapidement afin de dégager les voies principales pour les pompiers et prévenir tout accident pendant les vacances d’été dans ces zones très fréquentées par les touristes Or, personne ne connaissait précisément les modalités administratives pour engager des ressortissants aux origines les plus diverses.
Enfin on a organisé la vente de bois en ligne : si l’Espagne occupe la première place des acheteurs, le site a permis de découvrir de nouveaux marchés potentiels, en Inde, en Chine et en Amérique du Sud. »
(Réf : Q)
18. ENTRETIEN DES BATIMENTS AYANT UNE VALEUR CULTURELLE ET ARCHITECTURALE
Si la reconstruction des bâtiments: "quelconques", garantis par des contrats d'assurances corrects, ne pose pas trop de difficultés, il n'en va pas de même, pour les édifices très anciens faisant partie du patrimoine culturel, voire cultuel de la Ville (églises, musées, bibliothèques, etc ) : il faudra alors prendre en compte les aspects architecturaux et archéomatériaux, et attendre l'avis des architectes spécialisés.
C'est ainsi qu'en France, actuellement, échafaudages, couvertures provisoires et périmètres de sécurité déparent encore les joyaux historiques de nombreuses communes sinistrées. Dans l’attente des programmes de restauration proposés par les Architectes des Bâtiments de France, seuls des travaux de première urgence ont été réalisés, afin de consolider les édifices et d’éviter l’aggravation des dommages.
D’ailleurs, d'une façon générale, les bâtiments qui ont le plus souffert étaient ceux qui étaient déjà en mauvais état, d’où l’accent mis désormais sur les vites régulières de ces édifices et sur un minimum de travaux préventifs d’entretien.
Enfin, nombre de particuliers ont appris à leurs dépens que s’ils ont le droit d’avoir une concession funéraire dans un cimetière, ils ont également le devoir de l’entretenir : ainsi ils doivent prendre en charge les dommages causés sur leurs concessions, les communes se chargent des parties communes et des arbres.
300 000 sépultures ont été endommagées lors de la tempête de novembre 2000.
19. ATTENUATION DES CONSEQUENCES DES TREMBLEMENTS DE TERRE
L'occurrence des tremblements de terre est plus probable dans certains lieux que dans d'autres: les zones «actives» sont plus ou moins connues; en outre, de simples observations peuvent donner des clés sur l'activité sismique prévisible: dans certaines circonstances, l'absence d'activité sismique pendant une période de temps et dans une région donnée peut être interprétée comme un signe annonciateur d’un séisme dans cette région et dans un avenir proche.
De toute évidence, il est également capital, en matière de conception et d’architecture immobilières, de tenir compte des risques de tremblements de terre – dans les secteurs exposés à ce type de catastrophe. Il importe également d’éviter toute construction de logements dans de telles zones – bien que cela ne soit pas forcément facile, concrètement.
En matière de planification d’urgence, il est également essentiel de créer des équipes de proximité – en coopération avec les pouvoirs locaux -, qui, fortes de leur connaissance intime du terrain, seront prêtes à agir dès que l’événement se produit.
Il est aussi essentiel de rédiger un véritable plan de catastrophe pour intégrer concrètement ce qui va se passer et réfléchir à ce qu'il faudra faire dans les "heures d'or", c'est-à-dire les 2-3 h immédiates ; de créer des points de ralliement autour de containers, contenant déjà les outils de premier secours: cordes, pioches, lampes et de sensibiliser les gens et leur faire imaginer ce qui va se passer pour limiter la panique.
Paragraphes 20 à 25 de la Résolution, portant respectivement sur
les GLISSEMENTS DE TERRAIN, les AVALANCHES, la SECHERESSE, les FEUX DE FORETS, la POLLUTION ATMOSPHERIQUE et la POLLUTION DES EAUX
Les rapporteurs pensent qu’il n’est pas nécessaire de faire d’ajouts aux propositions contenues dans ces paragraphes – dans la mesure où elles sont suffisamment explicites.
26. L’ETUDE DES RISQUES INDUSTRIELS
Il est essentiel que, sur le territoire relevant de leurs compétences, les pouvoirs locaux puissent procéder à un examen des équipements industriels, des infrastructures et des équipements d’utilité publique, afin d’évaluer les risques.
A l’échelon européen, cette exigence a donné lieu à ce que l’on appelle les « Directives Seveso ». Voici quelques explications à ce sujet :
Dix ans après un dramatique incendie de la raffinerie de Feyzin (Rhône), l'explosion, en 1976, d'un réacteur chimique produisant des herbicides provoqua un rejet de dioxines dans l'atmosphère à Seveso (Italie du Nord). Les habitants les plus proches furent évacués, le cheptel abattu, de nombreux bâtiments rasés. Plus de 37 000 personnes subiront les conséquences de cet accident qui suscita immédiatement une vive émotion au-delà de l'Italie.
Et c'est à l'échelon de l'Union Européenne, qu'un changement de législation fut préparé:
Dans une première directive "relative aux risques d'accidents industriels majeurs" prise en 1982 (Seveso 1) il fut demandé aux états et aux entreprises d'identifier ces risques et de prendre et prévoir les mesures pour y faire face.
Puis après une importante pollution du Rhin par des déversements de produits pharmaceutiques en 1986, ce cadre fut progressivement agrandi.
En 1996, une nouvelle directive (Seveso 2) renforça la prévention en distinguant notamment les usines classées "haut seuil", et son domaine fut étendu à la fabrication et au stockage d'explosifs, l'élimination des déchets dangereux, les installations nucléaires présentant des risques d'origine chimique; de plus cette directive vise l'ensemble d'un site, et non plus seulement la seule usine dangereuse. (En France, on compte1250 établissements Seveso 2).
Cette directive prévoit en outre d'examiner les conséquences d'un accident sur les installations voisines afin de prévenir "l'effet domino".
Incontestablement, l’interprétation et l’application des Directives Seveso prêtent à controverse. Certains hommes politiques estiment que ces textes peuvent avoir des effets pervers – dans la mesure où ils peuvent pénaliser le développement économique local, la gestion municipale, les perspectives d’emploi, le prix de l’immobilier, voire décourager le tourisme.
Toutefois, il est évident que tous ces « dangers » doivent être contrebalancés par le droit inaliénable du citoyen de connaître les risques que présente son environnement immédiat.
27. LA PREVENTION DE LA JUXTAPOSITION DE ZONES INDUSTRIELLES ET DE SECTEURS RESIDENTIELS
L’un des dilemmes auxquels les pouvoirs locaux sont constamment confrontés est le choix d’implantation des sites industriels. Ces sites devraient-ils côtoyer des zones urbaines ou, au contraire, être érigés en dehors des villes ? Peut-être pourra-t-on mieux comprendre ce dilemme grâce à une analyse détaillée de l’explosion de l’usine toulousaine qui a donné lieu à des divergences de vues majeures entre le Président de la République française (favorable à la suppression de l’usine à cet endroit) et le Premier ministre (partisan du relogement des populations concernées).
Certes, on veut des établissements industriels ou commerciaux pour qu'ils procurent des emplois aux administrés.
Quand l'usine originelle fut créée, en 1924, il n'y avait guère de maisons dans ce secteur ; l'extension de la ville datant de l'après-guerre, à la demande des salariés qui souhaitaient habiter près de leur lieu de travail, rejoints bientôt par les écoles et les équipements sportifs qu'ils réclamaient, puis par des résidences universitaires qu'on voulait mixer avec la population ouvrière. Bien entendu, le site industriel lui, est resté, les activités s'ajoutant, se transformant, se rénovant, sans remise en cause de son insertion dans la ville, ni du développement de celle-ci à sa périphérie.
Lorsqu'on constate ces voisinages dangereux, peut-on alors imposer aux industriels de s'exiler ? Et où ?
Même en territoire défavorisé, même en milieu rural déserté, même avec peu d'habitants, quelle commune acceptera désormais de telles usines ? Not in my backyard !…Pas dans mon jardin !…
Et d'ailleurs les industriels accepteraient-ils de s'installer loin des grandes infrastructures : ports, fleuves, autoroutes, voies navigables, gares ferroviaires ?
Et quitte à déménager, pourquoi alors ne pas s'exiler au quart-monde, où la main d'œuvre est tellement moins chère ? Quid alors de l'emploi en France et en Europe ?
D'ailleurs qu'en pensent les habitants eux-mêmes?
Tandis que le 21 décembre, des milliers de personnes défilaient dans la ville pour réclamer "plus jamais ça!", c'est une manifestation de même ampleur qui, une semaine plus tôt, avait réclamé la réouverture de l'usine sinistrée, pour sauver les emplois.
Quant aux élus locaux, de droite ou de gauche, chacun plaide pour sa paroisse :
On veut bien des emplois, des taxes professionnelles…
…ainsi, les trois usines chimiques de Toulouse, dont celle d’AZF, rapportent chaque année en taxes professionnelle et foncière près de 10 millions € à la ville, soit 5% du budget d’investissement de la municipalité, plus 4 millions d’€ au département et à la région…
28. LA SECURITE DES ECOLES
A nouveau, la situation en France peut être utilisée en tant qu’exemple où la sécurité civile dans les écoles n’est pas aussi développé qu’elle pourrait l’être.
A la suite de l’explosion de l’usine AZF de Toulouse lors de laquelle environ 80 écoles 30 collèges et 15 lycées ont été touchés, dont 4 entièrement détruits, les leçons ont été tirées.
« L’Observatoire de la Sécurité Scolaire doit établir, pour la mi-2002, une carte des établissements à risques, et prévoir des plans particuliers de mise en sûreté.
Déjà, quelques départements sont en pointe, comme les Bouches-du-Rhône, où plus de 287 établissements avaient reçu en juin 2001 une information sur un plan baptisé SESAM (Secours dans un Etablissement Scolaire face à l’Accident Majeur).
En Poitou-Charente, les proviseurs seront munis d’un vade-mecum des tempêtes et devaient suivre des séances de formation sur les conduites à tenir, dispensées par les pompiers et financées par la Région.
En Ile-de-France, le Conseil Régional étudie les modifications à apporter aux bâtiments scolaires afin de renforcer leur résistance : les maîtres d’œuvre des nouveaux lycées ont reçu pour consigne de prendre les règles « neige et vent » de la zone 4 (vents de 182 km/h), habituellement appliquées aux pointes du Finistère, du Cotentin, de la Corse et à la vallée du Rhône. » (Réf : R)
Le rapport 2001 de l’Observatoire fait une série de propositions comme la généralisation sur l’ensemble du territoire des différents services de secours d’urgence et l’application d’un principe de précaution dans la construction des établissements scolaires, qui ne devraient plus être édifiés « près de sources potentielles de champs et d’ondes électromagnétiques ».
29. TRANSPORTS ET INFRASTRUCURES
Comme on l'a vu plus haut, au chapitre" 5 c. accidents technologiques", les accidents de transport se partagent la vedette avec les catastrophes industrielles proprement-dites.
Qu'il s'agisse d'accidents de véhicules terrestres, aériens ou maritimes, de transport de passagers ou de marchandises, ainsi que de leurs infrastructures (autoroutes, rails, tunnels, aéroports ou couloirs de navigation…) les conséquences en sont souvent tragiques sur le plan humain, et en tous cas dévastatrices sur le plan environnemental.
Les produits toxiques ne sont pas seulement fabriqués dans des usines plus ou moins dangereuses, ils menacent aussi les riverains pendant leurs transports.
Un espace particulièrement préoccupant est celui des rivages (et l'Europe en est riche!) qui finissent toujours par récupérer les pollutions des eaux territoriales ou libres;
C'est dire combien est nécessaire et urgente une prise de position "européenne" draconienne contre les pollueurs et – pourquoi pas ? – contre les pays "exotiques" eux-mêmes abritant ces pavillons de complaisance si peu respectueux du savoir-vivre des vrais marins.
30. LA NECESSITE DE PLANS D’INTERVENTION ET D’UNE INFORMATION INTEGRALE DE L’OPINION PUBLIQUE A CE SUJET
La recherche, l’évaluation, la prévention et les processus d’alerte ne sauraient être improvisés : toutes ces phases doivent être précédées d’une planification minutieuse et d’une information intégrale du public. Voici, à cet égard, quelques exemples significatifs :
a. Le barrage de Bimont (Bouches-du-Rhône), France
Dès 1970, la France avait imposé des « plans d’alerte » pour les 90 grands barrages français de plus de 20 m de hauteur et stockant plus de 15m3 d’eau.
Les PPI (Plans Particuliers d’Intervention) qui définissent l’organisation des secours imposent désormais l’information préventive du public par les maires des communes concernées.
« Ainsi sont publiques les informations concernant le degré d’exposition de l’ouvrage au risque sismique, au risque d’effondrement, à l’émergence d’une crue de fréquence rare (5 000 ans!), ou à l’apparition de phénomènes anormaux dans la structure de l’ouvrage.
Un calcul de propagation de l’onde de submersion a été réalisé définissant la zone de sécurité immédiate pour laquelle sont prévus trois stades dans la probabilité d’apparition du risque : vigilance renforcée; préoccupation sérieuse; enfin alerte avec mise en œuvre du plan d’intervention.
L’information du public a fait l’objet d’une large campagne : plaquette de couleurs en 50 000 exemplaires (comportant une carte au 1 / 25000ème des zones submergées et des neuf points de rassemblement), réunions publiques dans chaque commune, articles de presse, film vidéo…
Toutefois, l’exercice d’évacuation des populations de la zone de sécurité immédiate, souvent évoqué depuis 1997, resta à faire : l’importance de la population concernée (55 000 habitants), la présence de l’autoroute A8 et d’établissements scolaires en rendent l’organisation délicate, encore que d'autant plus nécessaire!
Mais, en conclusion, on notera que cette information n’a pas réanimé de peurs collectives, et le cas du barrage de Bimont est significatif de l’évolution des mentalités en matière de communication sur les risques. Le public est demandeur d’une information claire et complète : il y a tout à gagner pour les autorités et les exploitants à jouer la carte de la transparence… » ( Réf : S)
… et ceci nous rappelle le propos de Gertrude, jeune aveugle héroïne de la Symphonie pastorale d'André Gide; : " Je ne tiens pas à être heureuse; je préfère savoir. Il y a beaucoup de tristes choses, assurément, que je ne puis pas voir, mais que vous n'avez pas le droit de me laisser ignorer…" ( Réf : I . ii )
b. Electricité de France
Electricité de France (EDF), par exemple, sensible à sa position de fournisseur monopolistique d'électricité pour toute la France, et conscient de ses lacunes lors de certains orages pour rétablir une alimentation minimale de tous les foyers…s'est donnée trois objectifs:
- réduire progressivement, en 5 ans, le temps de coupure en cas de catastrophe, de sorte que 80% des clients non alimentés disposent à nouveau d’électricité en 24 heures, et 95% en moins de 5 jours. Pour ce faire EDF a créé une FIRE (Force d’Intervention Rapide Electricité) capable d’intervenir sur tout le territoire national et éventuellement à l’étranger. pour réalimenter au plus vite les clients sinistrés – et non pour reconstruire à neuf, sur-le-champ, les réseaux endommagés. Elle est structurée en 16 équipes autonomes (cohortes) de 150 à 200 personnes (état-major, spécialistes basse et moyenne tension, avec matériels roulants et engins de chantiers, moyens radio et groupes électrogènes…); la FIRE (Force d’Intervention Rapide Electricité), arrivée de métropole en l’espace de 24 heures, vient d’achever l’une de ses missions à La Réunion, après le passage du cyclone Goma – 24.01.02.) ;
- disposer, quelles que soient les évolutions institutionnelles des compétences professionnelles indispensables pour gérer une crise et des dispositifs de secours et d’entraide les plus efficaces;
- améliorer la robustesse des réseaux selon un programme réparti sur 15 ans de sécurisation des lignes et des postes de livraison. Le coût global prévisionnel est de l’ordre du milliard €
D’autre part, en collaboration avec les collectivités territoriales, EDF a mis en place une cellule « gestion de crise » chargée du retour d’expériences, de la coordination des différentes cellules de crise, de l’établissement d’un dialogue avec les représentants des pouvoirs publics, de l’utilisation et de la diffusion des informations en provenance ou à destination des maires, des clients et des entreprises, de l’utilisation des groupes électrogènes, de la mise à jour des plans de crises, des priorités de la FIRE, de la coordination avec les moyens techniques des communes et des départements…
Enfin une commission » sécurisation des réseaux », chargée des choix techniques, étudie les moyens spéciaux à mettre en place pour les hôpitaux, centraux téléphoniques, châteaux d’eau, de la hiérarchisation par les collectivités des lieux dont l’alimentation doit impérativement être maintenue, du regroupement de lieux de vie communs à plusieurs communes, de l’implantation géographique stratégique des moyens mobiles ou fixes de secours, du recensement éventuels des groupes électrogènes individuels pouvant être mis à disposition.
c. La Redorte (Aude)
La Redorte, une municipalité de 1 000 habitants, s’est équipée d’un système très sophistiqué d’alerte téléphonique en cas de crue, jusqu’alors réservé aux seules grandes villes. Le système Antibia est un automate qui transmet par téléphone à la population des messages d’information préenregistrés en cas de risques de crues, et, si la menace se confirme, l’ordre d’évacuer. Coût pour la commune : 10 000 €… En novembre 1999, les inondations avaient provoqué 750 000 € de dégâts sur la commune.
d. Alerte météo
Un système des bulletins d’alerte météorologique nationaux intelligibles est également très important.
En France, les Bulletins Régionaux d’Alerte Météorologique(BRAM) sont un bon exemple d’un tel système. Ces messages, émis lorsque des épisodes météorologiques ( vitesse du vent, quantité de précipitations, hauteur de neige ) atteignent des seuils d’intensité maximale, sont déterminants, car ils permettent de mobiliser les secours et de prévenir rapidement les populations.
« Toutefois, certains termes employés dans ces bulletins ne permettaient pas de localiser précisément les précipitations. Grâce à un progrès récent, la mise en place depuis cette année, d’une nouvelle technique, appelée "assimilation variationnelle des données", permet de corriger les prévisions en permanence…Mais la petite révolution réside surtout dans le mode de transmission de l’information météo départementale.
Dans un souci de clarifier le message, les fameux BRAM sont dorénavant envoyés sous forme de cartographie colorée, selon un dégradé de couleurs, similaire aux fanions qui indiquent aux baigneurs sur les plages l’état de la mer. »
Ce nouveau dispositif de gestion de crise est mis en place depuis le 1er octobre 2001. Une carte de vigilance météo est élaborée systématiquement deux fois par jour pour prévenir d’un éventuel phénomène météo dangereux pour les 24 heures suivantes; Une couleur est attribuée à chaque département français, selon les dangers potentiels liés à ces prévisions :
- vert, pas de vigilance particulière;
- jaune, être attentif en particulier dans le cadre d’activités sensibles au niveau météo (mistral, orages…);
- orange, être très vigilant car des phénomènes dangereux sont prévus, et suivre les conseils de sécurité des pouvoirs publics;
- rouge, une vigilance absolue s’impose du fait de phénomènes dangereux d’une intensité exceptionnelle; et il faut se conformer aux consignes de sécurité émises par les pouvoirs publics.
Dans les cas orange et rouge, l’alerte est lancée par le préfet qui prévient les services de secours et met en place une cellule de veille (orange) ou de crise (rouge). Les maires répercutent ces alertes sur leurs administrés.
Planification d’urgence aux niveaux national et local
Bien sur, un plan national pour traiter les situations d’urgence est demandé en plus des aspects plus sectoriels décrits ci-dessus. En France, il est connu sous le nom de plans ORSEC (ORganisation des SECours).
Ceci est réitéré localement par le PCPS (Programme communal de prévention et de secours). Face à des événements à échéance brève, seuls des moyens ou des relais locaux de détection, d’évaluation, de pré-alerte et d’alerte peuvent permettre la sauvegarde des personnes menacées (évacuation et mise à l’abri). Seule une structure opérationnelle locale, c’est-à-dire immédiatement sur place en cas de crise, peut diligenter les secours en cas de toute première urgence.
31. INFORMATION ET FORMATION
« La loi française du 22 juillet 1987, art 21, stipule que les citoyens ont un droit à l’information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Ces mesures d’information doivent être diffusées dans les communes comportant des zones habitées soumises à des risques technologiques ou naturels majeurs. Pour établir ces documents réglementaires, le préfet constitue une CARIP (Cellule d’Analyse des Risques et d’Information Préventive) chargée d’établir la liste des communes à risques, les cartes d’aléas et d’enjeux, et le DDRM ( Dossier Départemental des Risques Majeurs)… à partir duquel chaque maire concerné établit son DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs) tenu à la disposition du public. »
(Réf :T)
« Toutefois la population vivant à proximité des sites classés se sent généralement peu concernée. Alors qu'industriels et élus font des efforts en matière de prévention, les campagnes d'information destinées au public résonnent trop souvent dans le vide…En 98, lors des dernières réunions organisées par nos soins dans les différentes mairies du couloir de la chimie (Grenoble) les salles étaient généralement vides ou presque… » (Réf : U)
Etude de cas : ARLES
Cette cité de Camargue, célèbre aussi bien par ses origines gréco-latines que par l'héroïne d'Alphonse Daudet, a décidé d’éditer un dépliant et une affiche pour informer ses 50 000 habitants sur les risques majeurs locaux et sur la conduite à tenir en cas d’accident. Tout en insistant sur leur faible probabilité, la plaquette énumère les six risques identifiés : inondations, rupture de barrage, feu de forêt, séisme, accident industriel ou de transports de matières dangereuses.
Comment reconnaître les signaux d’alerte pour chaque danger? Quels gestes essentiels faut-il prévoir? Que doit faire toute personne dans chaque type de situation? Telles sont les questions et leurs réponses précises, à l’aide de logos, dans un langage clair touchant à la fois les enfants et les adultes.
Education des enfants
Lors du désastre d’AZF, les réactions des enseignants furent à l'image de leur impréparation: à défaut d'information en temps réel (lignes téléphoniques coupées) et face au risque de propagation d'un nuage toxique (une fois le lieu de l'accident connu) les consignes contradictoires se sont bousculées: se mettre aux abris / rassembler les élèves dans la cour / les évacuer vers le centre-ville…consignes d'autant plus inappropriées que toutes les vitres ayant été cassées, le confinement était devenu dangereux et que l'évacuation des élèves était bloquée par les embouteillages spontanés de la cité!
La Direction de l'Enseignement Scolaire et celle de la Prévention de la Pollution et des Risques travaillent à la rédaction d'un guide opérationnel destiné aux établissements du premier et du second degré afin d'élaborer un plan de sûreté des élèves. Ce sera une version pragmatique et adaptée du plan SESAM, élaboré en 1995 dans le cadre du "réseau risques majeurs – éducation" dont la mise en place butte sur la formation des directeurs et enseignants de chaque académie.
Formation des élus
Parmi les organismes agréés par le Ministre de l’Intérieur Français, sur proposition de CNFEL (Conseil National pour la Formation des Elus Locaux) figure « LES ECO-MAIRES » association qui a pour objet de « réunir les municipalités qui font de la conquête d’un environnement plus humain une priorité absolue de leur mandat, et vise notamment à promouvoir les meilleures initiatives locales en faveur de l’environnement et à encourager tous types d’actions dans le sens d’une amélioration de l’environnement conduite par le maire, aménageur du cadre de vie de ses concitoyens ».
Parmi ses actions figure spécialement la formation des élus et particulièrement des modules concernant le stockage des déchets, les transports de matières dangereuses, la pollution atmosphérique, l’application de la directive Seveso, l’aménagement du territoire et les risques technologiques majeurs, et la concertation.
32. EN CAS DE CATASTROPHE
L'évacuation, quand elle est possible, c'est-à-dire quand le sinistre s'annonce suffisamment à l'avance, reste encore le meilleur moyen d'éviter la perte de vies humaines.
C'est ainsi, qu'à la mi-janvier 2002, craignant un détournement de lave du volcan réveillé de la Fournaise, le préfet de la Réunion a préféré écarter provisoirement les 800 habitants de Bois Blanc. Ceux-ci ont été installés dans des centres d'hébergement des communes voisines où ils attendent sagement la fin de l'alerte. Et la gendarmerie reste sur place pour protéger les biens des personnes évacuées contre d'éventuels actes de vandalisme, de malveillance ou de vols.
Malheureusement, il n'en va pas toujours ainsi:
Au même moment, et sous la même latitude, au Congo, ce sont 300 000 habitants de Goma qui avaient fui l'éruption du Nyiaragogno. Mais en dépit des dégâts terribles dans leur ville et des fortes secousses qui l'ébranlaient encore, malgré les appels à la raison des ONG qui les invitaient à rejoindre les camps préparés à leur intention, ces exilés, avertis des pillages, sont rentrés trop tôt, et des centaines de morts sont à déplorer à la suite de l'explosion tardive d'un réservoir d'essence.
33. APRES L’ACCIDENT
Heureusement, dans l'émotion d'une crise, le premier sentiment qui anime tous les hommes, quels qu’ils soient, où qu'ils vivent, c'est d'abord celui de la solidarité.
Un élan de solidarité – tout d’abord entre voisins frappés par la catastrophe, puis de la part d’habitants de la même localité non affectés par le phénomène, et, ultérieurement, des populations des environs ; ce type de solidarité, spontané et ponctuel, est souvent « personnalisé » - en d’autres termes, il va directement du donneur au bénéficiaire.
Cela n’en reste pas moins un type d’assistance exceptionnel, et absolument vital.
C’est ensuite seulement, si la catastrophe est importante, donc, « médiatisée », que la solidarité nationale, voire internationale, prend le relais.
Enfin, lorsque l'événement s'éloigne dans le temps, le souvenir s'en estompe; et les "étrangers" au sinistre oublient cet événement, pour retourner à leurs propres soucis quotidiens, voire pour courir à une autre population à soutenir… Il suffit de constater qu'à Toulouse-même, la ville de l'Airbus, on n'a pas été capable de remplacer les vitres brisées des maisons, et que les habitants sinistrés grelottent encore dans les rigueurs de l'hiver.
Interviennent alors les secours de solidarité publique et / ou les assurances…
Les élus et autorités locales ont alors une tâche importante qui leur revient de droit et de fait: la répartition et la distribution des secours.
Ce n'est pas toujours facile: il faut rester objectif, car l'équité n'est pas forcément la stricte égalité, et il est évident qu'il faut en priorité donner d'abord aux plus démunis. Il faut enfin veiller à empêcher les trafics. Pour avoir beaucoup pratiqué l'aide internationale en Afrique, le consultant connaît bien les dangers du "marché noir"( sans triste jeu de mot raciste! ) des aides humanitaires…
Enfin, et ce n'est pas le moins important, les rescapés d'une catastrophe ont besoin d’une assistance psychologique.
Suite aux attentats perpétrés dans le métro parisien en 1995 et 1996, le gouvernement a procédé à une évaluation sur le devenir des victimes. Il est apparu nécessaire de créer des cellules d'urgence médico-psychologique pour la prise en charge immédiate et post - traumatique d'un grand nombre de victimes lors d'une situation de catastrophe.
34. UN SYSTEME EQUITABLE ET EFFICACE DE COMPENSATION
En effet, que les catastrophes soient d'origine naturelle ou technologique, les hommes recherchent spontanément des fautes, et donc des responsabilités. Comme souvent en période de crise, l'émotion l'emporte sur la raison. Ainsi, force est de constater que depuis quelques années s'est édifié un véritable droit des victimes, indépendant des fautes réelles ou supputées: droit à être entendu, droit à connaître, droit à être assisté sous diverses formes (sur le plan psychologique, économique, médical...) immédiatement après la catastrophe, et surtout droit à la réparation intégrale de tous les dommages matériels et corporels.
Déséquilibres
Ce droit à la réparation des dommages est réaffirmé et renforcé lors de la survenance des catastrophes, indépendamment des précautions qu'avaient pu prendre les victimes, et notamment de leurs conditions contractuelles d'assurance. Ce courant d'exigence d'indemnisation fait apparaître deux problèmes importants qui, malheureusement, ont été illustrés lors des récentes catastrophes.
Tout d'abord, le droit du contrat d'assurance est bousculé par l’émotion, relayée par les parlementaires et les pouvoirs publics : les assureurs sont fortement "invités" à indemniser au-delà du contrat, au nom de la solidarité. Même si l'assureur s'en tient au contrat, les élus sont souvent poussés à proposer des solutions de solidarité pour venir en aide aux victimes, notamment aux plus démunies.
De la sorte, les entreprises ou les particuliers qui n'étaient pas correctement assurés, assez injustement, sont indemnisés comme ceux qui s'étaient volontairement engagés dans une démarche d'analyse et de couverture des risques.
Bien que la future victime n'ait pas de moyens d'action sur le phénomène à l'origine de la catastrophe, elle en a, en revanche, sur la réparation financière éventuelle de ses dommages, en faisant le choix de s'assurer.
Une autre question est la pression des associations de victimes, qui parfois s'exerce de manière à influencer l’objectivité.
Le problème ainsi posé est celui de l'équité du traitement des victimes: ainsi, pourquoi une personne ayant perdu un pied, par exemple, devrait-elle être mieux indemnisée dans le cas où l'accident aurait été causé par la chute d'un arbre lors d'une inondation, plutôt que s'il était dû à une tronçonneuse dans le cadre de la vie courante ? C'est pourtant ce que réclame le peuple!
( Réf: B )
Apporter une compensation en adéquation avec l’opinion publique
Quels que soient les problèmes, on peut certainement rechercher – en matière d’indemnisation - une meilleure équation entre, d’une part, le droit, et, de l’autre, l’opinion publique.
Par exemple, au regard de la loi, la responsabilité des dommages causés par les naufrages de pétroliers est imputée aux propriétaires de bateaux. Or le débat public sur la marée noire de l'Erika a montré que le droit ne répondait plus aux attentes de la société. Bien d'autres responsabilités ont été mises en avant comme celle de Totalfina, de la société italienne qui avait effectué le contrôle technique du pétrolier ou encore, au moment de la crise, celle des experts du CEDRE ou de la Météo qui ont guidé l'action des préfets.
Doit-on y voir l'indice d'une interrogation plus profonde sur les limites du système actuel d'indemnisation des dommages face aux exigences environnementales nouvelles du "développement durable" et à l’opinion publique ? (Réf: V)
Les citoyens veulent voir sanctionnées les négligences commises, et mieux protégés les écosystèmes marins et les rivages contre les marées noires. Cependant, dans la mesure où la procédure civile d'indemnisation ne permet pas de répondre à cette attente, on assiste à la montée en puissance de poursuites pénales non seulement contre les personnes privées (et les entreprises) mais aussi contre les agents de la puissance publique, avec la volonté d’identifier les coupables non punis.
« Enfin, pour contourner les travers du régime de la responsabilité sans faute, il semble que la pénalisation des poursuites engagées dans les cas de catastrophes écologiques ne concerne pas seulement les personnes privées, mais touche aussi les agents publics, notamment les experts qui, malgré la neutralité et l'objectivité scientifique de leur fonction, sont de moins en moins épargnés en raison de leur participation décisive au processus de décision publique. » (Réf: V)
Des solutions possibles ?
Plusieurs théories s’affrontent :
1- soit un mécanisme de solidarité pure, comme en Espagne ou en Grèce, qui n’incite guère à des comportements de responsabilité ni de prévention de la part des victimes potentielles;
2- soit les systèmes anglais ou allemand, dans lesquels existe seule l’assurance de droit commun, et qui se traduisent par une moindre couverture du plus grand nombre puisque certains ne peuvent pas supporter le coût des primes demandées en rapport avec leur exposition aux risques;
3- le système français, qui constitue un original compromis entre, d’une part, un mécanisme de mutualisation par l’Assurance librement contractée et, d’autre part, l’organisation d’une solidarité par la garantie obligatoirement souscrite (en complément de chaque autre contrat garantissant des biens) et dont la tarification est fixée par l’Etat, lequel apporte de surcroît sa caution à la solvabilité du régime.
( Réf : I. i )
Le système français CAT NAT
La France bénéficie depuis 1982 d'un dispositif particulier pour indemniser les dommages matériels provoqués par les risques naturels qui ne sont pas pris en charge par les couvertures d'assurance classiques: les "CAT NAT".
En juillet prochain, ce dispositif aura vingt ans d'existence.
« Le système français est unanimement reconnu en Europe comme celui qui permet la meilleure couverture des assurés contre les risques de catastrophes naturelles.
D'ailleurs, la Belgique, les Pays-Bas et l'Italie s'en sont inspirés pour leur propre étude d'un système obligatoire.
En Espagne, un fonds public financé par une cotisation prélevée sur les contrats dommages indemnise les principales catastrophes naturelles.
En Norvège, il existe une assurance obligatoire gérée par un pool qui se réassure sur le marché international et dont l'indemnisation est limitée à 1,8 milliards de couronnes par événement (250 000 000 €).
La Suisse connaît aussi une garantie obligatoire d'événements naturels, mais avec une limitation d'indemnité de 150 millions de francs suisses (100 000 000 €) par événement. Les autres pays n'ont pas de système faisant appel à la solidarité des assurés et délivrent donc des garanties beaucoup plus limitées dans leur nature et leur montant. »
Etant donné que, dans ce domaine, les pratiques des pays européens diffèrent, le Parlement européen est susceptible de proposer un plan d’harmonisation des systèmes d’assurances.
Nous dirons enfin un mot de quelques principes d’assurance des particuliers – toujours dans ce domaine des catastrophes et des situations d’urgence.
L’assurance personnelle : vers une couverture plus large
Ce risque sera éventuellement assurable si sa probabilité peut être calculée avec une précision suffisante, résultant de statistiques solides et d'observations nombreuses. Enfin, pour être assurable ce risque devra également être réel, réalisable, licite et conforme aux bonnes mœurs.
Or, il y a quelques décennies, l'assurance étant fondée sur un phénomène de compensation entre les primes/cotisations encaissées par les assureurs et les indemnités reçues en cas de sinistre par les assurés, la plupart des contrats courants - établis pour satisfaire le plus grand nombre de cas possible - excluaient généralement les risques présentant les caractéristiques suivantes:
· cause extraordinaire et exceptionnelle;
· grande importance économique du dommage;
· prévision difficile.
On les appelait alors "risques inassurables et / ou catastrophiques".
Bien entendu, au cours de ces dernières années, la notion d'assurabilité a singulièrement évolué.
Certains risques qui ne l'étaient pas à l'origine, sont devenus catastrophiques en même temps qu' inassurables: ainsi, en 1919, certaines sociétés d'assurances firent des bénéfices avec leur contrat "contre les bombardements de Paris", les dégâts causés par la "gross Bertha" se révélant limités tant sur les personnes que sur les biens; tandis que Hiroshima et Nagasaki, en 1945, préfigurèrent ce que seraient en tous domaines, les conséquences d'une guerre nucléaire moderne…
Par contre, certains risques qui étaient autrefois inassurables, sont désormais assurables, du fait des progrès de l'homme, de la technique et de l'assurance: ainsi, la grêle, et la sécheresse, considérées autrefois comme calamiteuses, entrent désormais dans le champ de l'assurance.
Encore, une relative catastrophe peut être causée par les conséquences multiples d'un risque qui n'est pas grave en soi: un orage de grêle endommageant une multitude de verrières et de carrosseries de voitures.
Enfin, comment qualifier les dégâts causés par les épidémies de myxomatose sur les lapins, ou de "vache folle" sur le cheptel bovin?
Retenons enfin qu’un risque apparemment inassurable peut être assuré lorsque :
- chaque événement, pris isolément, reste d'une importance relative;
- la distance entre les risques est suffisante pour éviter un effet "domino" cumulatif;
- les dommages, bien qu'extrêmement importants, peuvent être assumés par la "mutualité technique" du marché mondial de la ré/assurance;
- l'Etat /des Etats peut/peuvent se portant garant/s de la solvabilité des assureurs.
35. LA COORDINATION : VERS UNE APPROCHE REGROUPANT LES DIFFERENTS ORGANISMES
Incontestablement, il convient de mieux coordonner les différents organismes concernés, et, dans l’idéal, de créer au niveau national une agence multidisciplinaire.
Ce n’est pas sans difficulté.
« Par exemple, la Commission Restreinte de l’Agriculture de la Chambre des Communes britannique a indiqué, dans son rapport sur la prévention des inondations et la protection du littoral, qu’en l’absence d’une stratégie nationale de gestion intégrée du littoral, il y avait un risque important que de nouvelles vies et de nouveaux biens et investissements soit menacés du fait de l’approche ponctuelle de ces problèmes (juillet 1998) » ( Réf : X)
En France aussi il y a des difficultés :
La Mission Tempêtes aconstaté que la coordination des secours entre le département et le niveau national était insuffisante.
Le Centre Opérationnel d’Aide à la Décision (COAD) pour la Direction de la Défense et de la Sécurité Civile est le centre névralgique des opérations, et doit gérer simultanément, et dans l’urgence, toutes les demandes des préfets de 70 départements au risque d’atteindre la saturation.
Une autre difficulté est le commandement opérationnel sur le terrain « où sont intervenus conjointement des acteurs de statuts et de cultures différents, appartenant à des organisations verticales, sans liens transversaux entre elles, parlant chacune son langage…
Cette situation s’est traduite par une multiplication des centres de décision, avec des flottements dans la transmission des ordres, parfois même des contre-ordres. En cas de catastrophes de cette ampleur, il y a lieu de réfléchir à la mise en place d’une autorité unique. »(Réf :Y)
De même, au niveau inter départemental, il y a des difficultés. « Les Zones de Défense apparaissent comme l’interface privilégiée pour la coopération civilo-militaire; Mais leur apport à la gestion de crise n’a pas été totalement satisfaisant. D’abord parce que les habitudes de coopération n’ont pas encore été prises. Ensuite, bon nombre de Zones ne disposent pas de moyens opérationnels propres. Enfin, il n’existe pas encore de véritable planification zonale… » ( Réf : Z)
Au niveau local, les choses semblent plus satisfaisantes. « Les Centres communaux de Première Intervention (CPI) ont montré leur caractère irremplaçable, grâce à la mobilisation rapide de leurs personnels, aptes à prendre les premières mesures conservatoires. »
36. RESSOURCES ET LEGISLATIONS
C’est une évidence que de souligner la nécessité, pour les différents niveaux d’administration territoriale et pour les agences spécialisées, de disposer de moyens suffisants – aussi bien sur le plan financier qu’en termes d’effectifs – pour répondre comme il se doit aux problèmes posés par les catastrophes et les situations d’urgence.
Il est tout aussi important de réactualiser les législations dans ce domaine, afin de permettre aux administrations publiques de prendre les mesures nécessaires à la sauvegarde du patrimoine des collectivités et des populations.
37. LE ROLE DES ASSOCIATIONS NATIONALES DES POUVOIRS LOCAUX
Comme c’est toujours le cas, le CPLRE invite les associations nationales de pouvoirs locaux et les agences spécialisées concernées à contribuer à la diffusion, auprès de leurs membres, de la future Résolution en question ; le CPLRE encourage également l’organisation de réunions et de manifestations en vue de conférer une plus grande visibilité à l’action des pouvoirs locaux ; enfin, il attend une aide en matière de suivi éventuel de la Résolution.
38. ELABORATION D’UN GUIDE DE « BONNES PRATIQUES »
Les Rapporteurs estiment que la présente Résolution n’est qu’une première étape.
Par conséquent, ils proposent que le CPLRE, et en particulier sa Commission du développement durable, élaborent un guide ou « Manuel » à l’intention des pouvoirs locaux confrontés à des catastrophes et des situations d’urgence.
Ce « Manuel » devrait proposer un ensemble d’exemples de « bonnes pratiques » réalisées dans un nombre de pays membres relativement important, et, le cas échéant, être à l’origine de grandes lignes politiques s’inspirant, dans tous les cas possibles, des propositions contenues dans la Résolution.
Dans ce contexte, les rapporteurs ont pris connaissance avec intérêt d'un Manuel sur les accidents technologiques diffusé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement et intitulé APELL (Awarreness and Preparedness for Emergencies at Local Level / Information et Préparation pour les Secours au Niveau Local)..
Ce manuel des Nations Unies vise à mieux sensibiliser les collectivités locales aux risques, et à les aider à apporter des réponses plus efficaces aux situations d’urgence - notamment celles provoquées par des accidents technologiques. Cependant, il exclut les cas de catastrophes naturelles.
39. LA COOPERATION AVEC LA LACDE
Les Rapporteurs se félicitent de la manière dont l’organisation « Les collectivités locales confrontées aux catastrophes et autres situations d’urgence » (LACDE) a collaboré avec le CPLRE, auprès duquel elle jouit d’un statut d’observateur.
Grâce à ses membres, la LACDE dispose d’un trésor d’expertise. Ces ressources seraient particulièrement utiles en vue de l’élaboration du manuel proposé ci-dessus (au paragraphe 38).
40. REQUETES AU COMITE DES MINISTRES
Les Rapporteurs proposent qu’à son tour, le CPLRE demande au Comité des Ministres d’assurer le suivi de la Résolution de deux manières.
Il s’agit, en premier lieu, d’encourager les gouvernements des Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier deux Conventions du Conseil de l’Europe – la Convention européenne sur la responsabilité civile des dommages résultant de l’exercice d’activités dangereuses pour l’environnement (Lugano, 1993) et la Convention sur la protection de l’environnement par le droit pénal (Strasbourg, 1998).
En second lieu, il s’agira d’encourager la création d’un Observatoire européen pour la prévention et la gestion des catastrophes naturelles et des situations d’urgence.
A propos de ce dernier point, les Rapporteurs souhaitent rappeler les récentes Rencontres de Strasbourg (novembre 2001) et de Montpellier (décembre 2001), organisées en partie par le Conseil de l’Europe, et lors desquelles les participants et les experts oeuvrant à l’amélioration de la gestion du risque et la sauvegarde environnementale ont convenu de la nécessité d'une mise en commun internationale des outils modernes de communication et d'information sur le risque.
De même, le Rapporteur de l’Assemblée Parlementaire a estimé « qu'une série de mesures cohérentes devraient être adoptées et appliquées dans toute l'Europe, à la fois pour prévenir les pollutions accidentelles et limiter les effets négatifs des activités industrielles, agricoles ou domestiques régulières sur l'environnement et la santé humaine « (Ref. D).
41. REQUETES AU COMITE DES REGIONS DE L’UNION EUROPEENNE
Rien n’empêche le CPLRE d’adresser des propositions directement à la Commission de l’Union européenne à travers les voies normales du Conseil de l’Europe.
Cependant étant donné que l’Union européenne dispose d’un organe consultatif pour les pouvoirs locaux et régionaux, à savoir le Comité des Régions avec lequel le CPLRE entretient d’étroites relations, il serait plus logique d’adresser des propositions du CPLRE en premier lieu au Comité des Régions.
La Commission de l’Union européenne ainsi que le Parlement européen travaillent actuellement sur des sujets contenus dans cette Résolution du CPLRE. Quoiqu’une référence spécifique soit faite sur la prévention des risques de pollution pour les régions côtières, il existe d’autres propositions de réforme émanant de l’Union européenne.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
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C – Patrick BIDAN; directeur de marché à la CCR ( Caisse Centrale de Réassurance); Revue "Risques" n° 42 / juin 2000
D – Rapport de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe – Doc révisé / 11 septembre 2000
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F – Marcel PIQUEMAL, directeur des Programmes d’Etudes de l’ OMIPE = Observatoire des Missions Publiques en Europe; « la Précaution : Préface à un débat » (Accord EUR-OPA Risques Majeurs / Conseil de l’Europe / Strasbourg/ 23.10.01)
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K - Jacques FAYE, responsable du Bureau de l’information et de la coordination interministérielle de la SDPRM = Sous-Direction de la Prévention des Risques Majeurs /Géomètre / février 2000);
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N – Claude MANDRAUT, journaliste; L’ Aquitaine restera marquée / La Gazette des Communes/ 25.12.2000
O – Frédéric MORTIER, responsable du chantier de la Reconstitution à l’ONF (Office National des Forêts); A l’heure des bilans, les leçons tirées / Le Progrès / 29.12.2001 / Bénédicte Georges
P – Philippe PARMENTIER, maire d’Ochey; La Lorraine se réorganise / La Gazette des Communes/ 25.12.2000 / Christiane de Dianous
Q – Stéphane CHIRON, développeur du site Médiaforest; Internet à la rescousse / La Gazette des Communes / 25.12.2000 / Gérard Ramirez Del Villar
R – Jean-Marie SCHLERET, président de l’Observatoire de la Sécurité Scolaire; Rapport annuel 2001
S – Jean-Michel CHANUT; Société du Canal de Provence; Le PPI du barrage de Bimont / La Lettre de l’IPGR / sept-déc 2000
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U – Henri BERTHIEUX; directeur du Service Interministériel de défense et de protection civile du Rhône/ Le Progrès
V – Anne LALO; maître de conférences; IUT (Institut Universitaire de Technologie) de Nice-Côte-d'Azur / Entretiens de Strasbourg
W – Serge MAGNAN; Président du CNPP = Centre National de Prévention et de Protection ; Solidarité et catastrophes naturelles / revue "Risques" / n° 42 / juin 2000
X – Derek WHITTAKER, membre du CPLRE; "Du côté des côtes" – la stratégie de la LGA" Commission du Développement Durable / 09.02.01
Y – Colonel Daniel ORY, président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF); La Gazette des Communes / 25.12.20
Z – Gilles SANSON, président de la Mission interministérielle sur l’évaluation des dispositifs de secours et d’intervention mis en œuvre à l’occasion des Tempêtes des 26 et 27 décembre 1999 –
La Gazette des Communes / 25.12.2000 / Hélène Girard et Bruno Guentch
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