Identité culturelle dans les périphéries urbaines – rôle des autorités locales et régionales - CG (12) 24 Partie II rev

Rapporteur: Etienne Van Vaerenbergh, Belgique
Chambre des pouvoirs locaux, Groupe Politique: GILD

------------

EXPOSE DES MOTIFS

Introduction :

Votre Rapporteur tient à remercier : M. André Iteanu pour l’étude (doc. CG/CULT (10) 8), qu’il a réalisée sur le thème retenu par la Commission de la culture et de l’éducation et M. Jean Hurstel, Président de Banlieues d’Europe, pour sa contribution à la préparation de ce rapport à titre d’expert d’une association active sur le terrain.

Le présent projet de rapport tente de dégager des lignes directrices et de mettre en lumière les principaux points retenus dans ces différentes sources.

* *

Les questions soulevées par « l’identité culturelle » dans les périphéries des grandes villes sont d’une grande actualité. Les problèmes complexes et multidisciplinaires de ces périphéries nécessitent des solutions urgentes pour les autorités locales et régionales d’autant plus qu’une part croissante des populations vit maintenant dans les périphéries des villes européennes .

La question de la définition de « banlieue/périphérie » se pose en premier lieu. On peut y voir la diversité des populations qu’elle implique, ou bien la zone d’habitation de populations minoritaires avec un faible statut socio-économique, plus ou moins exclues de la société. Les banlieues/périphéries ne sont pas des espaces homogènes où habitent des populations minoritaires et fragilisées, mais elles sont d’une grande diversité culturelle et socio-économique. Elles font souvent l’objet d’une perception négative. En effet les banlieues sont souvent synonymes de marginalité, de problèmes, et sont donc souvent stigmatisées.

Des réponses politiques souvent inadaptées

Pour être objectif, la situation varie beaucoup d’une ville à l’autre, et d’un pays à l’autre. Il faut dire que nombre de quartiers périphériques de villes européennes accueillent des citoyens de classes moyennes et élevées bien intégrées dans la société.

Le présent rapport porte essentiellement sur les problèmes des groupes sociaux exclus et stigmatisés des périphéries.

Les périphéries de nombreuses grandes villes européennes sont caractérisées par une population extrêmement diversifiée sur le plan socio-économique mais aussi culturel et linguistique ; ceci s’expliquant en raison de l’exode rural (mouvement des populations de la campagne vers les villes) mais aussi de mouvements migratoires internationaux. Les périphéries urbaines attirent ces populations très souvent pluriculturelles, plurilingues, au faible statut socio-économique du fait principalement de logements disponibles et de loyers abordables. Cet état de fait a un fort impact sur le développement de l’identité culturelle de ces quartiers, devenus de véritables « mosaïques culturelles et linguistiques ».

A leur arrivée, les migrants ont le sentiment d'appartenir encore à leurs communautés d’origine et se rattachent à leurs valeurs. Ils éprouvent souvent de grandes difficultés à s'accommoder à leur nouvelle société, notamment à cause de l’individualisme ambiant dans les grandes villes, qui les déroute. L’immigration impliquait auparavant, pour le migrant et ses enfants, une renonciation à plus ou moins longue échéance aux traditions de sa communauté d’origine.

Actuellement les « transmigrants » maintiennent des liens avec leur pays d’origine et mettent en place de nouveaux réseaux avec les migrants résidant dans le pays d’immigration. Il s’agit d’un phénomène important dans l’émergence et la construction d’une identité culturelle des périphéries puisqu’au sein de ces réseaux transnationaux, les langues et cultures de ces communautés d’origine différentes gardent leur valeur et leur force.

Malgré la variété des situations et la prudence qui s’impose, on constate que ces quartiers périphériques sont confrontés - à un degré plus avancé que dans les centre-villes - à des problèmes communs et récurrents dans toute l’Europe: déphasage culturel, précarité économique, violence et activités illégales (vols, drogue..), et pour les jeunes : délinquance juvénile, consommation fréquente de drogue ou d’alcool, absence de mobilité (qui fait ressentir l’extérieur comme zone de danger). Deux écueils épouvantent et justifient les politiques d’intégration: la ghettoïsation (isolement extrême avec arrêt du processus d’intégration) et l’insécurité.

Des problèmes se posent donc avec acuité aux autorités locales et régionales, et à la société en général, lorsque certains groupes souhaitent conserver leurs particularités culturelles incompatibles avec la notion d’intégration ou avec les lois et valeurs du pays d’accueil (cas de l’excision des jeunes filles par exemple). Ces groupes peuvent souhaiter l’intégration, mais ne veulent pas transiger sur certaines valeurs ou coutumes de leur pays ou religion d’origine. Le débat sur le port du voile en France, au cours des derniers mois, est particulièrement illustratif à cet égard

Il faut bien entendu raison garder et ne pas généraliser ou tomber dans la simplification. Toutes les familles des quartiers périphériques ne sont pas confrontées à ces problèmes de violence ou d’inadaptation culturelle. Les migrants réclament pour la plupart leur intégration dans la société du pays d’accueil et l’amélioration de leur niveau économique et scolaire. Cependant, une minorité de familles et de jeunes n’arrive pas à entrer dans cette dynamique d’intégration.

Les enfants d’immigrés, connaissent souvent peu ou pas du tout la société d’origine de leurs parents, mais se sentent très à l’aise dans l’individualisme urbain ambiant. Ils échappent également à la « socialité » spécifique des familles du pays d’accueil, à laquelle leur famille n’a pas accès. Ces jeunes, ne sont souvent attachés à ces deux communautés que de manière superficielle et connaissent des problèmes d’identité. Ils cherchent une communauté pouvant les accueillir avec leurs spécificités et leur identité composite. Ils créent, en quelque sorte, leur propre identité, au carrefour entre leur héritage familial et la culture de la société d’accueil, et véhiculent des valeurs souvent contradictoires.

Ces jeunes sont les héritiers de familles aux origines très variées et créent « une culture de la périphérie » comprenant diverses formes d’expression artistique. Une partie de ces jeunes connaissent peu ou pas leur ville. Ils fréquentent peu ou pas les lieux culturels des centre-villes et ont souvent un faible niveau scolaire. Sans être caricatural, on peut dire que certains de ces jeunes ont la plus grande difficulté à participer à une vie de groupe et se rassemblent sous la forme de « bandes ». Ils supportent difficilement la hiérarchie, toujours dénoncée comme une « injustice », car ils sont très sensibles à la valeur de l’égalité étant donné leur situation d’isolement et leur statut dévalorisé. Cette position extrême face à toute hiérarchie devient un facteur d’exclusion, que ce soit à l’école ou au travail.

Ces jeunes sont très rarement associés à la vie politique et, en conséquence, participent peu aux élections. Les relations, les liens sociaux de ces jeunes sont fragilisés, aussi bien avec l’école qu’avec leur famille qu’ils perçoivent comme incapable de les défendre face à des contraintes extérieures telles que le chômage.

Pourtant, cette situation n’empêche pas nombre de ces jeunes d’accomplir des parcours sociaux satisfaisants et de quitter ces lieux de passage que sont les périphéries, pour rejoindre des univers sociaux plus apaisés, souvent aidés par des institutions publiques, en particulier les municipalités, ainsi que par des professionnels de l’éducation et du travail social.

Les réponses politiques à ces problèmes particulièrement sensibles et d’actualité varient d’un pays à l’autre. Mais chaque pays et chaque ville est confronté à des degrés différents aux questions difficiles de l’intégration des migrants et de leurs enfants. Dans certains pays, les politiques visent à limiter le séjour des immigrés et à favoriser ou contraindre ensuite à un retour dans leur pays d’origine. Pourtant dans la plupart des cas, les enfants de ces migrants bouleversent cette approche en s’établissant définitivement dans leur pays d’accueil. On assiste alors dans les populations autochtones à une montée importante du racisme et de la xénophobie. Il devient alors nécessaire de repenser le modus vivendi entre autochtones et immigrants. Les autorités publiques, locales, régionales, nationales se trouvent confrontées à cette situation politiquement difficile et largement utilisée par les partis extrémistes et xénophobes.

La réponse donnée dans plusieurs pays à ces problèmes est « l’intégration », en mettant l’accent sur les domaines économiques, culturels, linguistiques, etc. Celle-ci a toujours pour but, à moyen ou long terme, de fondre les habitants des périphéries dans le reste de la population par une assimilation progressive. Le discours qui critique cette politique intégrative pour défendre le principe du « respect des différences » reste souvent théorique et fournit un nombre limité d’exemples d’une politique réussie. L’idée d’une « intégration » venant à bout de la marginalisation de ces populations est-elle donc illusoire ?

Parmi les pays d’Europe les plus favorisés, « l’intégration » est un processus continu puisqu’elle vise à transformer en permanence des migrants vivant pour l’essentiel dans des quartiers périphériques pour les intégrer dans la population en général, en modifiant leur lieu d’habitation ou en les faisant déménager (conséquence de la gentrification par exemple). Ces mouvements ne mettent pourtant jamais un terme à l’existence même des périphéries puisque avec le départ de ces habitants, de nouvelles populations s’y installent. De nouveaux quartiers, plus lointains des centre-villes, deviennent de nouvelles périphéries.

Les grandes périphéries sont donc, dans beaucoup de grandes villes européennes, des zones d’extrême diversité socio-économique et culturelle, des « lieux de transition » pour des populations fragilisées, au statut socio-économique généralement faible, où l’absence de racines n’est pas immédiatement remplacée par une nouvelle identité, et où, pour une part, les problèmes de violence et de confinement culturel et géographiques sont récurrents. Les banlieues sont, pour ces populations, des lieux de transition et de transformation marqués par la fragilisation sociale, un sentiment d’incertitude et un avenir « fermé ». Les liens entre générations s’y transforment, un nouveau système de transmission des cultures s’opère avec, par exemple, une deuxième génération ne parlant pas toujours la langue maternelle des parents. Plus qu’un lieu d’établissement, la périphérie, comme le souligne André Iteanu, est donc « un espace de diversité et de transition, qui permet successivement à ces populations exclues de changer de statut en changeant partiellement d’identité ». Les banlieues sont donc des « machines à intégrer » par lesquelles les gouvernements tentent de fondre ces habitants dans la population, souvent au moyen de politiques inadaptées.

Les politiques culturelles des villes/régions comme moyens de développer une nouvelle identité et une intégration réussie

Les quartiers périphériques des grande villes, berceaux d’identités composites et marginalisées, sont des lieux propices aux conflits, aux contradictions qui peuvent exploser sous des formes violentes.

Comment les élus locaux et régionaux peuvent-ils faire face aux problèmes soulevés par des minorités exclues et rejetées dans de nouveaux ghettos, où violence et troubles à l’ordre public règnent ? Comment intégrer économiquement, socialement, et culturellement ces franges de la population tout en leur permettant de se construire une identité propre, à la fois compatible avec leurs origines et avec la société de leurs villes d’accueil ? Face à la complexité de la question et à sa haute sensibilité politique, votre Rapporteur ne peut qu’émettre quelques propositions, tenant compte de la mosaïque des situations dans les 45 pays du Conseil de l’Europe.

1. Des politiques culturelles et d’éducation adaptées au contexte local/régional

Il est essentiel de bien prendre en compte les caractéristiques de ces populations et leur identité pour mettre en place des politiques culturelles, d’éducation et socio-économiques réellement efficaces et trouver des solutions à plus long terme. Le lien privilégié que les jeunes maintiennent avec la communauté du pays d’accueil passe en premier lieu par l’institution scolaire avec laquelle ils sont parfois en rupture. Il est donc indispensable que ce lien soit sauvegardé et renforcé jusqu’au moment où le jeune peut quitter son quartier et entrer dans la vie active. Si l’on rejette un jeune après son temps de scolarité obligatoire, on risque de le laisser en rupture avec les institutions et en isolement complet par rapport à la société de sa ville d’accueil Cette continuité peut être maintenue par la formation professionnelle ou au travers de systèmes de participation active à la vie sociale. Il est évident que les familles ont également un rôle essentiel à jouer dans la socialisation des jeunes. Elles ne doivent pas être fragilisées à travers la concurrence involontaire des travailleurs sociaux par exemple. Il faudrait donc veiller, dans la mesure du possible, à laisser aux parents la pleine autorité sur leurs enfants. Inversement, l’autorité des institutions ne doit pas être négociée (en particulier à l’école), car elle représente le rapport du jeune par rapport à l’Etat du pays d’accueil.

Prendre en compte les caractéristiques de ces population et leur identité est un acte fondateur tout a fait nécessaire mais insuffisant.
Trois autres temps sont nécessaires :

Ces divers temps peuvent s’articuler dans un partenariat actif (scolaire, associatif, institutions culturelles) et aboutir à inverser souvent l’image négative d’un quartier ou d’une ville.
Ce changement de perception est porteur d’espoir et d’avenir dans la mesure où il est vécu par les habitants des quartiers concernés eux-mêmes et la population vivant dans les environs.

Les projets répertoriés par Banlieues d’Europe couvrent un large éventail d’une centaine de projets répertoriés dans ce domaine qui vont de l’atelier mené par des écrivains à des manifestations réunissant des milliers de participants. *

Dans le domaine politique, deux types d’action semblent assurer le dynamisme et le pérennité de ces projets :

2. Des politiques de jeunesse adaptées au contexte local et régional

Votre rapporteur se réfère à cet égard à la « Charte européenne révisée de la participation des jeunes à la vie locale et régionale » adoptée par le Congrès en mai 2003 et qui constitue une base, de référence importante pour toute politique locale dans ce domaine.

Un autre texte fondamental dont les autorités locales et régionales peuvent s’inspirer avec profit est la Recommandation 153 (2004) adoptée par le Congrès le 27 mai 2004 sur « Un pacte pour l’intégration et la participation des personnes issues de l’immigration dans les villes et régions d’Europe ».

Il est nécessaire de donner aux jeunes des quartiers périphériques la possibilité de devenir contributeurs à la culture globale de leur ville et de leur pays d’accueil. Cette participation existe aujourd’hui mais elle passe trop souvent inaperçue. Il faut la valoriser aux yeux de ces jeunes et du reste de la population. Ceci permet de leur apporter une reconnaissance de leur identité et de leur utilité et donc de les responsabiliser par rapport à leur environnement.

Des projets bien choisis peuvent donc être lancés dans ces banlieues en associant directement les jeunes. De nombreux exemples réussis (bonnes pratiques) existent.

Certains ont été présentés lors de l’audition du 16 octobre 2003 (CG/CULT (10) 7 rev.). Il conviendrait de s’en inspirer et de les adapter à la situation locale.

Prendre en compte les caractéristiques de ces jeunes et leurs problèmes implique en particulier, de la part des pouvoirs publics, et en particulier des autorités locales et régionales de :

L’école et les institutions locales (travailleurs sociaux, associations) ont un grand rôle à jouer.

Elles bénéficient d’un contact direct avec ces jeunes et peuvent donc leur apprendre ces valeurs essentielles, leur permettre de devenir acteurs et responsables de leur environnement, être attentifs aux jeunes en souffrance et en échec scolaire.
Elles peuvent aussi les ouvrir sur l’extérieur pour une meilleure connaissance géographique et civique de leur ville (visite du quartier, des institutions locales ..), mais également permettre aux parents d’origines diverses de s’impliquer dans la vie locale et, ainsi, de s’intégrer eux mêmes.

Les pratiques culturelles des jeunes sont radicalement différentes de celles de leurs aînés et font référence à d’autres valeurs et représentations. La musique, les images, les nouvelles technologies, composent un monde imaginaire et symbolique, qui est planétaire et que la jeunesse s’approprie avec délectation.
Dans ce domaine, il semble essentiel de reconnaître l’importance, la portée et la durée du mouvement Hip Hop qui au-delà de ses formes d’expression (rap, break dance, graff) fait référence à des valeurs et attitudes communes (tolérance, être positif, etc.)

De nombreux groupes issus des quartiers périphériques témoignent de la vitalité de ce mouvement et de la forte potentialité qu’il représente pour les jeunes des quartiers

Au-delà de ce mouvement de nouvelle forme de culture populaire, des projets se développent dans diverses villes européennes :

Cette diversité des projets correspond à une diversités des besoins et il y aura toujours plus de besoins que de projets et de programmes faisant des habitants des périphéries des grandes villes des acteurs et non seulement des spectateurs de la vie culturelle et sociale de leurs quartiers.

Il est dans l’intérêts des autorités locales et régionales de stimuler ces projets et à travers, la procédure de l’appel d’offre, de faire un tri entre les divers projets porteurs d’avenir et d’intégration dans les structures urbaines en Europe.

3. Des politiques adaptées de l’apprentissage des langues

L’apprentissage de la langue du pays d’accueil est primordiale pour permettre l’intégration. Mais les experts s’accordent à penser (cf Audition du 16 octobre 2003) que l’apprentissage ou une maîtrise de la langue d’origine des parents devrait également être favorisée pour les jeunes générations. Aucune contradiction n’existe entre la maîtrise de la langue maternelle et de celle du pays d’accueil.

L’accès à la langue qui a un lien avec les origines et à celle de la vie présente de la jeune génération des migrants sont des instruments à ne pas négliger pour le développement de la personnalité et la construction d’une identité. De plus, les enfants de migrants qui maintiennent des liens forts avec des espaces sociaux transnationaux et connaissent la langue d’origine de leurs parents semblent être les plus motivés pour s’intégrer dans leur nouveau milieu et avoir les chances de succès scolaire les plus grandes.

Dans ce domaine, des associations comme, « Banlieues d’Europe » soutient vivement la promotion des « Maison des langues » qui devraient s’implanter dans les quartiers périphériques européen et devraient assurer à la fois l’apprentissage de la langue du pays d’accueil et celle des pays d’origine.
Mais il faut aller au-delà, et ces » Maisons des langues » devraient aussi favoriser l’apprentissage d’autre langues pour la population, tel que l’anglais par exemple pour devenir ainsi des véritables pôles culturels avec ateliers d’écriture et manifestations des cultures des pays d’origine. Des Maisons du dialogue interculturel.

Ce type d’échange accroît la connaissance de l’autre, l’autre vivant sur le même palier, dans le même immeuble, dans le même quartier. Il faut solliciter l’intérêt pour la culture de l’autre, ses origines afin d’encourager le dialogue et favoriser la compréhension mutuelle.

4. Améliorer l’image des quartiers périphériques des grandes villes

Les mesures pour réduire la précarité, améliorer la réalité sociale et culturelle des quartiers périphériques sont nécessaires. Mais il est indispensable de les combiner avec des mesures visant à améliorer l’image de ces groupes sociaux, en particulier dans les médias. Les quartiers périphériques pâtissent très souvent d’une mauvaise image, même aux yeux de ceux qui y résident, image amplifiée par le comportement délinquant d’une minorité de jeunes largement relayé par les médias. Il est essentiel pour venir en aide aux jeunes concernés, mais aussi pour améliorer l’image globale de la périphérie, de mettre en place des politiques de prévention pour lutter contre la délinquance et s’efforcer de changer la perception négative des périphéries.
Les autorités locales/régionales ne doivent pas se cantonner à des politiques visant à relever le niveau économique des populations en cause, censées entraîner automatiquement un progrès culturel. Il convient d’associer une politique économique, sociale, culturelle et une communication intense par les grands médias.

Les spécificités locales devront être prises en considération pour « désenclaver » ces populations car, dans chaque ville/région, le terme même de « banlieue » et/ou « quartier périphérique » sont appréhendés et perçus de manière très différente. Examiner comment chaque population définit ces groupes et quelles sont les relations qu’elle entretient avec eux est, dès lors, indispensable pour comprendre les raisons de cette perception négative et pouvoir lutter contre celle-ci. Ces images varient, mais les deux registres d’idées utilisés sont :

Or, il convient de se méfier des messages, mettant à l’index une population entière en lui attribuant des comportements délinquants intrinsèques. Il faut en effet, éviter d’associer de manière systématique, difficultés économiques et délinquance et, étendre une telle association d’idées à l’ensemble des résidents d’une périphérie. Plus un quartier est stigmatisé, plus il est difficile d’entrer en contact avec ses résidents et d’intervenir en particulier auprès des jeunes, et plus il est difficile pour eux d’entrevoir l’avenir.

De nombreux projets de dimensions très différentes s’attachent non pas à la promotion de l’image, du marketing urbain, mais plutôt à des manifestations culturelles d’envergure qui permettent de transformer indirectement, mais durablement l’image du quartier. C’est le cas :

Dans un registre tout différent : le Festival de la Soupe à Lille organisé par l’association « Attacafa » et qui permet de déguster des centaines de soupes des pays du monde ; à Manchester où la population associée a une mosaïque lors de la construction d’un nouveau centre culturel a transformé l’image des quartiers les plus pauvres de Grande Bretagne.

5. Valoriser la ou les cultures des migrants

Valoriser la culture des migrants à travers certaines mesures comme l’implantation de lieux de culture (musées, ..) en périphérie ou développer des projets élaborés par tous les acteurs de la banlieue semblent être des moyens appropriés de lutter contre ces opinions négatives et souvent passionnées. La mise en place de projets où l’ensemble de la population d’une ville, associant les habitants des périphéries, paraît être une bonne piste pour permettre ce changement d’image.
La « culture » paraît être avec le sport, un des outils permettant de contribuer à gommer la mauvaise image des périphéries et de faire glisser cette image de lieu hostile et étranger à un lieu où « se partage la culture ». Ainsi, la culture semble être un des seuls domaines qui ait cette qualité universalisante permettant une célébration des artistes indépendamment de leur couleur ou de leur nationalité. Ces leviers que sont la culture et le sport peuvent être notamment utilisés par les institutions scolaires en favorisant l’accès à la culture, en permettant la mise en place d’activités sportives, scientifiques ou culturelles gratuites.

De nombreux projets mis en œuvre au Royaume Uni et en Allemagne montrent que ces activités culturelles peuvent revitaliser ces périphéries et constituer la solution face à l'exclusion spatiale mais aussi sociale, favoriser une baisse de la criminalité tout en améliorant l'éducation et les perspectives d'emploi des populations. La culture est également un bon outil pour développer la fierté civique, la participation de ces jeunes à la vie de la communauté et le sentiment d'appartenance locale.

Des politiques culturelles et sportives adaptées au niveau local/régional sont également en mesure de permettre l’expression, le renforcement ou la redéfinition même, par ces jeunes, de leur identité, au carrefour entre plusieurs cultures, et donc contribuer à forger une identité propre à leurs quartiers reposant sur une mosaïque de cultures plutôt que sur une base uniforme et homogène.

6. Des politiques locales et régionales complémentaires et coordonnées
Des activités culturelles sans lien avec les autres domaines seraient inefficaces. Il paraît indispensable, au contraire, d’établir des liens entre les activités culturelles et les autres volets de la vie économique et sociale. En ne se limitant pas aux questions culturelles et artistiques mais en abordant également celles de l'équité, de la participation, de l'emploi et de la qualité de la vie d'une manière coordonnée, il est possible de mettre au point des politiques plus efficaces. Ces politiques ne seront possibles que grâce à un soutien politique fort. Leur impact sera accru si une collaboration existe, tant au niveau national que local et régional. Il est important que les communes et régions participent à la réalisation de ces actions du point de vue financier mais aussi organisationnel : ouverture des bibliothèques, écoles, musées, cinémas.

7. Les villes et régions doivent gérer les « mosaïques culturelles »
Les villes/régions européennes sont devenues des espaces de plurilinguisme et de pluriculturalisme. Les populations ne sont plus du tout homogènes sur le plan linguistique et culturel. Les élus locaux et régionaux sont les premiers à faire face à ces changements et à devoir trouver des solutions pour que nos sociétés vivent au mieux ces évolutions, en particulier dans les périphéries.
Les évolutions récentes de la démographie des quartiers périphériques conduisent les élus locaux et régionaux à une redéfinition du mode de « vivre ensemble » qui soit compatible et acceptable pour les différentes communautés. Il s’agit d’un sujet de grande actualité car toutes les villes d’Europe sont en train de devenir des « mosaïques culturelles », composées de populations très diversifiées.
La diversité culturelle ne devrait plus être considérée comme une menace mais comme une chance, un atout, une source de richesse économique mais aussi sociale et humaine. Instaurer un dialogue entre les différents groupes sociaux peut conduire à une meilleure compréhension et à la tolérance. Il s’agit, d’un processus long, de communication et de coexistence de cultures distinctes. Il est important que les périphéries réintègrent les villes européennes, car ces quartiers sont souvent perçus négativement.
La diversité linguistique et culturelle des populations est source de communication et d’enrichissement considérable pour une ville, une région et un pays. Les villes/régions d’Europe doivent adopter des stratégies d’équilibre face au plurilinguisme et à la pluralité culturelle des périphéries et tenter d’effacer les aspects négatifs qui l’emportent trop souvent encore actuellement.
Il faut valoriser davantage les cultures des migrants dans une logique de cohérence de l’ensemble du quartier concerné, ce qu’on appelle le multiculturel et sa relation avec les autres cultures ce qu’on appelle l’interculturel.
L’un ne va pas sans l’autre, car un quartier périphérique est composé de multiples cultures en interaction permanente. Favoriser la culture des migrants, n’a de sens que si un ensemble d’actions s’attache à favoriser les cultures du quartier. Sinon le risque de rejet et de xénophobie ne peut que s’amplifier. Dans ce domaine de très nombreux projets favorisent le dialogue interculturel :
Voici quelques exemples de démarches très diverses, aussi singulières que les populations concernées :

Conclusion:

Ces exemples choisis par l’expert M. Jean Hurstel, Président de Banlieues d’Europe, illustrent et témoignent d’un dynamisme et d’une prise de conscience que la culture constitue un élément privilégié pour permettre à la classe politique locale de prendre à bras le corps ce dossier difficile.
Une politique locale et régionale se servant du levier culturel peut permettre de relancer à la fois la restructuration de ces quartiers (par le bisais de la réhabilitation de l’habitat, des espaces verts plus nombreux, des espaces, centres, locaux ouvert à la culture etc.) de recréer ainsi des nouvelles formes de relations sociales qui peuvent servir de tremplin pour l’avenir de ces quartiers périphériques qui ont un potentiel souvent mal utilisé voire délaissé.
Le développement d’une identité culturelle d’un quartier constitue un pas important vers une identité des habitants des quartiers périphériques en mal d’orientation.

Des actions tel que les ateliers d’écriture sont des ingrédients importants pour aider les habitants à s’approprier à nouveau des moyens d’expression et de communication tombés en désuétude dans des quartiers où l’accès au savoir semble être devenu un luxe.

Ce sujet complexe et passionnant, pourrait faire l’objet d’une étude bien plus exhaustive dans la mesure où je le qualifierais plutôt de processus allant au-delà des recommandations et des résolutions émanant de ce rapport. Il doit nous mobiliser tous dans la durée, afin de saisir la chance que nous offre la dimension culturelle de dépasser des clivages indigne de l’Europe du 21ème siècle, car en effet,

« Un quartier, ce n’est pas seulement un espace bâti mais un archipel symbolique et imaginaire auquel la culture permet de rendre force et dignité. »

ANNEXE AU RAPPORT SUR LES « QUESTIONS D’IDENTITE CULTURELLE DANS LES PERIPHERIES URBAINES - ROLE DES AUTORITES LOCALES ET REGIONALES »

QUELQUES EXEMPLES DE BONNES PRATIQUES

Les ateliers de la Banane, Bruxelles, Belgique

Cartographie de quartier, Ateliers d’arts plastiques et d’écriture. Animé par Marriska Forrest, plasticienne, et Karine Wattiaux, conseillère pédagogique dans l’association Lire et Ecrire à Bruxelles, les intervenantes ont volontairement choisi de mélanger le public concerné par ces ateliers. Le groupe est à géométrie variable, certains partent, d’autres arrivent, tous étant très attachés au projet. « Au début du projet, nos buts étaient complètement utopiques : concilier pratique artistique et citoyenneté. Aujourd’hui, quatre ans après, les intervenants et les participants prennent des décisions d’un commun accord et oeuvrent ensemble à la création et à la diffusion d’un film documentaire et de livres illustrés. Ce qui était utopique se concrétise tous les mercredis soir, cela arrive et ce n’est pas par hasard. »

Les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs cités s’élaborent au fur et à mesure du déroulement de l‘action. Quelques garde-fous à cette pratique ont été mis en place : mélanger les publics sans discrimination de statut ou compétence et plus explicitement les lettrés et les illettrés ; apprendre collectivement par la pratique, l’échange et la prise de décision ; élaborer au fur et à mesure un projet commun qui sera de montrer notre production à l’extérieur ; garder une trace du travail pour en tirer des savoirs communs et pouvoir les transmettre à d’autres.

Chaque atelier est limité dans le temps mais peut donner lieu à des suites si les participants s’investissent dans l’élaboration d’un nouveau projet. Cela se décide lors des bilans rassemblant participants et intervenants : « Lors des bilans/évaluations, nous nommons à la fois les apports, les manques et les souhaits. Ces moments où nous sommes tous autour de la table, pour confronter nos avis, nos bonheurs et nos remarques sur ce qui s’est passé, sont des temps forts. C’est par cette confrontation et dans les débats qui s’ensuivent que chacun et le groupe nomment ses apprentissages et le chemin parcouru, s’approprient le projet et se positionnent quant à la poursuite possible. Pour les intervenants, cela suppose une certaine souplesse. Si la décision est de continuer, nous devons aussi nous positionner, redistribuer nos rôles, nous remettre à la recherche de nouveaux intervenants et surtout prendre le temps de définir et de structurer la poursuite du travail commun. »

Collectif alpha, Bruxelles (Belgique)

Les ateliers de photo-écriture sont menés depuis 1996 au sein des différents groupes d’alphabétisation du collectif alpha. Ces ateliers ont pour objectifs : l’apprentissage des techniques de base photographiques (prise de vue et labo noir et blanc) ; apprendre à regarder autrement ce qui nous entoure ; faciliter l’émergence de l’écriture par rapport à sa production photographique ; l’analyse de l’image ; la possibilité de montrer son travail à l’extérieur de l’association.
Lors de ces ateliers, le travail s’est d’abord effectué sur le quartier de St Gilles puis s’est étendu aux 19 communes de Bruxelles, ainsi qu’à différents publics jusqu’au projet inédit de faire travailler ensemble participants sourds et entendants sur un livre bilingue.

La photo parle tout de suite aux participants, elle libère leur imagination sans qu’ils soient freinés par le décodage comme c’est le cas dans l’écrit et elle stimule leur imagination et leur envie d’écrire. Pour citer une de nos participantes « une page noircie de mots, on ne la comprend pas et on la jette à la poubelle tandis qu’une photo, elle nous parle directement et on la comprend tout de suite ». La photo permet également une ouverture sur le monde artistique, et c’est un mode d’expression familier même à un public non-scolarisé.
Un exemple concret : Atelier Pinocchio Tisse Des Liens Entre 2 Cultures
Contexte : Pratiqués au sein du Collectif Alpha de Saint-Gilles depuis bientôt 6 ans, les ateliers de photo-écriture sont ouverts à tous les participants en formation qui vont former un groupe d’une dizaine d’apprentis photographes, partis pour une aventure qui va durer toute une année. Les ateliers sont co-animés par un formateur en alpha et un photographe accompagnateur (Jean Przyklek).
Ces expériences photographiques ont débouché sur plusieurs expositions ou publications, Le chemin de la Lettre ou Paroles de jardins, pour n’en citer que 2.

Le dernier atelier ayant abouti sur une publication, « Les aventures de Pinocchio dans Bruxelles », est en réalité le résultat d’une expérience inédite puisqu’elle a mélangé 2 publics très différents : des participants en alpha, sourds et entendants.

Cette démarche en atelier a permis d’aborder une nouvelle pratique photographique : la mise en scène. A ce stade, la marionnette de « Pinocchio » fut le déclencheur de rencontres avec des gens qui n’hésitaient pas à jouer le jeu de mises en scène.

Tout au long de l’atelier, le regroupement des participants sourds et entendants a été privilégié, ce qui a permis d’établir une communication de base en langue des signes et l’apprentissage d’une nouvelle langue pour les participants (et formateurs) entendants.

Une fois le choix des textes et photos terminé, l’histoire construite, une dessinatrice sourde fut sollicitée afin de mettre à plat la version signée. Résultat : un livre qui réunit la photographie, le français écrit et la langue des signes « Les aventures de Pinocchio dans Bruxelles ».

Les principes mis en œuvre pour les opérations de développement culturel sont le maillage des actions au niveau du territoire et la capitalisation des acquis, l’intervention d’artistes (ils donnent tout leur sens aux projets), le développement de partenariats autour d’objectifs, l’ouverture sur la ville, sur la vie ; la mise en valeur de chaque action. Il est important que chaque opération laisse des traces (elles peuvent prendre des formes très différentes : reportages photographiques, publications, CD, film, compte-rendus de réunion, bilan-évaluation, dossier de presse).

L’atout de la transversalité permet de conjuguer expérimentation et pérennisation non sur une action précise mais dans la continuité de propositions.

Ville de Reims – service du développement culturel
(exemples de partenariats)

Quelques opérations de développement culturel:

Atelier d’écriture rap ( partenaires : bibliothèque municipale avec le Centre social Wilson et Césaré, studio de création musicale)
Principe : atelier d’écriture rap avec un auteur-compositeur débouchant sur la production d’un CD d’une dizaine de titres et de concerts.
Public : jeunes de divers quartiers sensibles

Autour du paysage  (acteurs : musée des Beaux-Arts avec le Centre social Orgeval)
Principe : découverte du musée puis réappropriation en atelier sous la conduite d’un artiste pour créer des peintures.
Public : femmes en atelier d’alphabétisation

Musique en Z.E.P. (acteurs Conservatoire National de Région de Musique et de Danse (C.N.R.) avec la Zone d’Education Prioritaire (Z.E.P.) Orgeval)
Principe : initiation à la musique de tous les élèves de CE2, CM1 et CM2 de la Z.E.P. par des enseignants du Conservatoire débouchant sur une pratique instrumentale par 70 élèves volontaires.
Public : des élèves de classes élémentaires dont certains pratiquent au final un instrument hors temps scolaire.

Le projet « Autour du paysage », mené au sein du Musée St Rémy est né de la proposition du plasticien Thierry Pertuisot de conduire un atelier sur le paysage. Le Musée comportant une grande collection de paysage, un atelier s’est alors mis en place, en partenariat avec la MJC, et proposé à un groupe de femmes réunies au sein d’un cours d’alphabétisation dans le quartier Orgeval. Les travaux réalisés au cours de ces séances ont été ensuite exposés au musée.
ROYSTON ROAD PROJECT (Glasgow, Royaume Uni)

Le projet a commencé à cause du projet de démolition de la croix de l’église située à Roystonhill .
Le quartier de Glasgow dont il s’agit est la partie la plus pauvre à l’extrême est de la ville. Grâce à la performance d’un grand sculpteur écossais, George Wilie, la Ville accorde un répit à la population pour lui permettre de réfléchir à des solutions grâce auxquelles la croix pourrait être conservée ou restaurée. L’idée émergea de créer un parc pour la communauté, juste sous la croix, et de trouver des financements pour l’ensemble du projet.

Fablevision, organisation de community arts, fut tout de suite impliqué dans ce projet. Une communauté proche, de Blackhill et Provanmill fut contactée, ayant elle-même construit un parc dans un contexte de pauvreté, avec des perspectives de développement. Des financements furent trouvés auprès de la Commission Européenne, du Scottisch arts council, de la Loterie nationale. L’idée était de construire deux parcs pour les communautés, en impliquant les populations dans le design et la construction. Les deux projets étaient centrés sur la régénération sociale. Le programme impliqua à la fois des artistes avec des groupes locaux, des écoles et des groupes de jeunes pour les cérémonies d’ouverture des parcs. Pour gagner la confiance des populations, quelques actions furent menées, comme envoyer des cartes postales à 10 000 foyers tous les deux mois, pour les tenir informés de l’évolution du projet. Avec les résidences d’artistes, les gens s’impliquaient de plus en plus nombreux.

Les résidences d’artistes incluaient :

La population locale était persuadée que les résidences ne devaient pas être seulement la création d’œuvres pour le parc, mais surtout la construction d’une implication de tous dans le processus de création. C’est pourquoi les artistes furent bien informés de cet objectif.

Les cérémonies d’ouverture du parc furent un succès populaire, et les résultats furent reconnus par des récompenses nationales de design. Mais la presse ne fit pas suffisamment d’écho de ce projet positif de la banlieue de Glasgow, restant cependant friande d’histoires tragiques de ce quartier… Le budget de ce projet fut de 1,7 million de livres sterling, avec la restauration de la croix de l’église 350 000 livres de plus.

L’avenir de Royston Road project est de chercher des opportunités pour développer les initiatives des communautés locales. Nous souhaitons créer des liens avec d’autres communautés. Il faut souligner que le travail avec des groupes aussi en difficultés demande beaucoup de temps et un investissement sur le long terme. Nous croyons fortement que la créativité et la dimension arts-culture doit être centrale dans le processus.

PARADA, Bucarest, Roumanie, Bucarest, Roumanie"

Fondation roumaine indépendante, PARADA utilise l'art comme moyen éducatif et de réinsertion des enfants de la rue de Bucarest. Un jeune clown français, Miloud Oukili, a rencontré ces enfants, abandonnés, orphelins ou fugueurs: il ne les a plus quittés. Il développe un programme d'initiation et d'enseignement des arts du cirque. « Tout en utilisant l’art comme méthode éducative, Parada a pour but le développement de la capacité créative de l’enfant pour l’habituer au contact permanent et pacifique avec les autres membres de la société. La mise en place de Parada a pour but de leur rendre l’envie de vivre, de les intégrer dans la société pour que ces enfants puissent regarder l’avenir avec confiance. L’intention de la mise en place de Parada est de les déterminer à revenir à l’école, dans leur famille ou dans les institutions qui assurent les conditions d’une éducation normale et le respect de leurs droits » explique Miloud Oukili.