A distribuer | L’histoire de Maria et de son pays

                                               (basée sur une histoire vraie)

Maria a vécu dans un pays qu’elle aimait, mais qui, comme tous les autres pays du monde, a connu de sombres heures. En 1909, son pays a créé la Société d’hygiène raciale dans le but d’influencer les politiques gouvernementales et l’opinion publique en faisant connaître les méthodes eugéniques et leurs résultats. La Société a alors distribué des brochures sur l’importance de « l’hygiène raciale » et présenté la stérilisation des femmes « inaptes » comme un moyen de maintenir un patrimoine génétique supérieur. Ladite Société a par la suite été remplacée par un département gouvernemental, l’Institut d’État pour la biologie raciale, qui a fonctionné jusqu’à la fin des années 1950.

En 1934, le pays de Maria a adopté une loi permettant la stérilisation forcée des personnes présentant une déficience intellectuelle. Plus tard, cette loi a été étendue à d’autres groupes de personnes considérées comme « inaptes ».

Quand Maria a eu 17 ans, un médecin scolaire a identifié chez elle un faible niveau d’intelligence et l’a diagnostiquée comme « simple d’esprit » (terme utilisé pour designer les personnes ayant une déficience intellectuelle). Le médecin a également affirmé que, pour cette raison, Maria serait incapable d’élever des enfants. Elle a ensuite été appelée à signer des papiers. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle signait, mais il s’est avéré plus tard que, ce faisant, elle avait accepté d’être stérilisée. En 1943, les médecins l’ont opérée et lui ont enlevé les ovaires, ce qui l’a rendue stérile. Plus tard, il est apparu que la raison pour laquelle elle avait été classée comme « simple d’esprit » était sa myopie : faute de lunettes, elle n’était pas en mesure de lire au tableau noir.

En 1997, dans une entrevue accordée à un journal, Maria (qui avait alors 72 ans) a déclaré : « Je n’oublierai jamais le moment où j’ai été appelée dans le bureau de la directrice... J’avais compris bien avant. Je me suis cachée dans la salle de bains du sous-sol, pleurant toute seule. J’ai pensé à me suicider, et j’y pense encore depuis. Mais je n’ai jamais voulu lui donner [au gouvernement] la satisfaction d’être débarrassé de moi. J’ai essayé d’évacuer ma haine, de la laisser se liquéfier ; cela m’est impossible. »

Maria a demandé une indemnisation au gouvernement en 1996, mais sa demande a d’abord été rejetée. Cependant, après avoir fait la une des journaux avec son histoire, une indemnisation lui a été octroyée à titre gracieux.

La loi autorisant la stérilisation forcée est restée en vigueur jusqu’en 1975. On estime qu’environ 60 000 personnes, principalement des femmes, ont été stérilisées. On ne sait pas combien de ces stérilisations avaient pour raison une déficience intellectuelle. Une loi similaire s’appliquait aux personnes transsexuelles, qui devaient subir une stérilisation avant un changement de sexe. Cette loi a été abolie en 2013.

TÂCHE POUR LES GROUPES

Après avoir lu l’histoire de Maria et de son pays, examinez les questions ci-dessous au sein de votre groupe. Préparez un bref rapport à présenter aux autres participants à partir de vos réponses aux deux dernières questions. Vous disposerez d’environ deux à trois minutes pour votre présentation.

Questions :

        De quel pays pensez-vous que Maria venait ? Justifiez votre hypothèse.

        Pouvez-vous imaginer les sentiments de Maria quand elle a compris qu’elle serait stérilisée ?

        En quoi, selon vous, la stérilisation forcée a-t-elle affecté le reste de la vie de Maria ?

        Comment de tels actes influent-ils sur la compréhension des droits humains ?