« Vers une alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent » - Conférence internationale de pouvoirs locaux sur la prévention de la radicalisation  conduisant à l’extrémisme violent – (Aarhus, 18 novembre 2015)

Eléments de conclusions de Leen Verbeek, vice-président du Congrès, et de Guilherme Pinto, président du Forum européen pour la sécurité urbaine (EFUS)

Séance de clôture : Renforcement des capacités des collectivités locales et adoption d’une approche fondée sur les droits de l’homme pour faire face à l’extrémisme violent dans le cadre d’une alliance européenne

Aarhus (Danemark), 18 novembre 2015

Seul le texte prononcé fait foi

I. Une riche journée de travail commun de collectivités locales européennes pour relever les défis de la radicalisation conduisant au terrorisme violent

   

100 participants :

- élus locaux, praticiens et experts ;

- représentant 40 collectivités locales de 21 pays ;

- associations de collectivités locales, réseaux thématiques et entités gouvernementales travaillant avec des collectivités locales.

3 séances très riches d’échanges, de discussions et de travail commun sur la façon de faire avancer les choses :

- les difficultés que rencontrent les collectivités locales et la façon dont elles y font face ;

- les points de vue, les conseils, les attentes et le soutien d’autres parties prenantes ;

- les stratégies locales et régionales et leur lien avec les niveaux de gouvernance nationaux et européens.

Un aperçu assez large de problématiques et de multiples aspects abordés :

- beaucoup d’idées, d’initiatives et de pratiques prometteuses ;

- encore beaucoup de choses à faire.

II. Trois conclusions principales

Trois points essentiels semblent revêtir une importance particulière parmi tous les aspects traités lors de cette journée d’échanges :

  1. Le rôle central des autorités locales et la nécessité de les soutenir et de renforcer leurs capacités pour prévenir la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent

  1. La nécessité de garantir les libertés individuelles et d’éviter de diviser les communautés et l’importance de favoriser une approche fondée sur les droits de l’homme

  1. La valeur ajoutée d’une action commune des collectivités locales européennes pour lutter contre l’extrémisme violent

Quelques minutes pour expliquer ces conclusions et ce qu’elles signifient concrètement :

  1. Le rôle central des autorités locales et la nécessité de les soutenir et de renforcer leurs capacités pour prévenir la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent

La conférence a confirmé que les collectivités locales sont en première ligne de la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

-> Elle a montré que la lutte contre l’extrémisme violent nécessite également une action de prévention qui est des plus efficace lorsqu’elle est mise en œuvre à l’échelon local, et que le meilleur moyen de lutter contre la radicalisation est d’intervenir au niveau le plus proche des personnes vulnérables dans les milieux les plus touchés.

-> Elle a montré que les collectivités locales ont un rôle clé à jouer pour sensibiliser les parties prenantes locales et la société civile et pour mobiliser les villes contre l’extrémisme violent.

   

-> Elle a montré que les collectivités locales peuvent contribuer grandement à la lutte contre l’extrémisme violent en mettant en place des stratégies locales pluri-institutionnelles et en inscrivant la lutte contre la radicalisation dans une stratégie de prévention à la fois globale et intégrée, et que les collectivités locales peuvent fournir les infrastructures institutionnelles et assurer la coordination nécessaires pour lutter efficacement contre l’extrémisme violent.

-> Elle a montré que les collectivités locales ont les moyens de lutter directement contre l’extrémisme violent par :

- l’information et l’éducation, en mettant l’accent sur des sujets tels que le respect de la diversité culturelle, les droits de l’homme et la nocivité du discours de haine ;

- le travail avec les jeunes sur le renforcement de la résilience chez les jeunes ;

- le travail avec les familles et l’aide aux familles ;

- le soutien aux initiatives de diffusion de contre-discours ;

- le soutien aux programmes de sortie pour les personnes désireuses de se sortir de l’extrémisme.

La Conférence a exposé de nombreuses initiatives et pratiques prometteuses et montré que les collectivités locales continuent de travailler actuellement sur le sujet. Certaines villes se trouvent à un stade relativement avancé tandis que d’autres n’en sont encore qu’à leurs débuts, mais toutes se heurtent à un grand nombre de questions persistantes, notamment sur la façon de mettre en place des actions telles que celles citées précédemment et sur ce qui fait la réussite de ces actions.

- L’organisation d’une formation appropriée pour les différents acteurs concernés est l’un des points clés qui se sont dégagés.

- Parmi les autres points soulevés figurent le recensement de partenaires crédibles,

- ainsi que l’organisation d’une coopération effective à de multiples niveaux et

- les conditions de l’échange d’informations.

Nous pouvons conclure que la prévention de la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent requiert nécessairement l’intervention des collectivités locales et la poursuite du renforcement de leurs capacités pour ce faire.



2) La nécessité de garantir les libertés individuelles et d’éviter de diviser les communautés et l’importance de favoriser une approche fondée sur les droits de l’homme

Il faut préserver l’indivisibilité des droits fondamentaux dans la lutte contre tout type d’extrémisme violent.

Nos discussions d’aujourd’hui ont montré que le rôle des responsables politiques est essentiel dans ce contexte.

Nous avons vu des exemples de responsables politiques courageux au cours de la journée. Cependant, les élus locaux ne se sentent pas tous prêts à assumer ce rôle, et la forte demande d’aide d’élus locaux pour se préparer à ce rôle ne faiblit pas.

Nous pouvons conclure qu’une approche de la sécurité urbaine fondée sur les droits de l’homme revêt une importance particulière lorsqu’il s’agit de prévention de la radicalisation, et que cette approche peut être favorisée par l’appui aux élus locaux.

3) La valeur ajoutée d’une action commune des collectivités locales européennes pour lutter contre l’extrémisme violent

La conférence a confirmé assurément l’intérêt des collectivités locales européennes à unir leurs forces :

Comme nous l’avons déjà indiqué, les participants ont été nombreux à évoquer la valeur ajoutée du travail commun avec d’autres collectivités locales européennes pour leurs activités de lutte contre l’extrémisme violent à l’échelon local.

Il est apparu tout aussi clairement que l’action menée contre la radicalisation est un processus de longue haleine qui requiert de l’endurance sur le moyen et le long terme, et qu’un appui est nécessaire en ce sens.

Notre troisième et dernier élément de conclusion a trait par conséquent au souhait des collectivités locales européennes de travailler ensemble à la prévention de la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent et à l’intérêt de former une alliance de villes européennes contre l’extrémisme violent.

III. La voie à suivre : Vers une alliance de villes européennes face à l’extrémisme violent

Sur la base de ces conclusions de la conférence, la voie à suivre devrait être une alliance de villes européennes contre l’extrémisme violent, que nous proposons de créer.

Nous invitons tous les participants à la conférence et, en particulier, les villes hôtes d’Aarhus et de Rotterdam, tous les membres du Congrès et du Forum européen ainsi que l’ensemble des collectivités locales européennes à partager les conclusions de notre conférence afin de poursuivre notre action contre l’extrémisme violent dans le cadre d’une alliance des autorités locales européennes.

L’alliance des villes européennes contre l’extrémisme violent a pour but de mobiliser et de renforcer les collectivités territoriales européennes au plan politique et technique. Cette plateforme d’échanges facilitera la coopération entre villes en matière de prévention de la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent.

Au lieu de donner vie à notre alliance en créant de toute pièce une nouvelle institution, nous la lancerons en proposant du contenu et une série d’activités autour desquels il sera possible d’institutionnaliser la coopération.

L’un des grands principes de l’alliance est de faire fonds sur ce qui existe déjà. L’objectif est de coopérer et de coordonner les activités avec les structures, initiatives et réseaux déjà en place pour mettre à disposition des collectivités locales européennes une plateforme d’échange et un réseau d’activités et d’offres adaptés à leurs besoins divers et variés.
A ce titre, nous espérons développer plus avant la coopération avec le réseau Strong Cities (réseau « Villes fortes »), partenaire international de la Conférence, et avec le Réseau de l’Union européenne de sensibilisation à la radicalisation, qui a prêté son concours à notre conférence et tient aussi désormais à travailler avec les collectivités locales.

A ses débuts, l’alliance des villes contre l’extrémisme violent peut s’appuyer sur les deux organisations européennes bien établies que sont le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux et le Forum européen pour la sécurité urbaine, qui s’emploient depuis des années à rassembler les collectivités territoriales autour de problématiques liées aux droits de l’homme et à la sécurité urbaine.

Le Congrès et l’Efus proposent de débuter les activités de l’alliance en mettant à profit les activités qu’ils ont déjà prévues (et déjà financées) et d’ajouter par la suite d’autres activités.

L’alliance peut faire fonds en particulier sur les activités envisagées dans la Résolution 381 (2015) et la Recommandation 371 (2015) du Congrès sur le thème « Combattre la radicalisation au plus près des citoyens : le rôle des collectivités locales et régionales » et les projets LIAISE et LIAISE 2 (« Local Institutions Against Extremism » - les institutions locales contre l’extrémisme) de l’Efus, qui bénéficient du concours financier de la Commission européenne.

Concrètement, une première série d’activités est déjà prévue :

Nous sommes impatients de vous retrouver très prochainement lors de ces événements et nous vous invitons à rester en contact avec nous via le site internet www.citiesagainstextremism.eu

IV. Adoption de la déclaration de la conférence

V. Mots de clôture

Observations finales

Maire d’Aarhus