Rencontre 2008 du Conseil de l’Europe sur la dimension religieuse du dialogue interculturel

Strasbourg, 8 avril 2008

Approche Générale :

Cojep International est une ONG présente dans 14 pays en Europe. Notre organisation travaille dans des domaines comme les Droits de l’Homme, la Démocratie, la lutte contre le racisme et les discriminations, le dialogue interculturel, le vivre ensemble et la citoyenneté. Basé à Strasbourg, la vocation européenne de Cojep International est sans doute logique et confortée par l’adhésion aux valeurs européennes comme le respect des droits de l’homme, la promotion de la démocratie et l’état de droit.

En 2007, dans le cadre de ses activités sur la lutte contre le racisme et les discriminations, notre organisation a réalisée une série de colloques au sujet de l’intolérance et de la discrimination envers les musulmans à travers l’Unesco, l’ONUG, le Conseil de l’Europe, l’OSCE et le Parlement Européen.

Le domaine du dialogue interculturel est pour Cojep International, avec celui de la lutte contre le Racisme et les Discriminations et de la Citoyenneté, un secteur majeur dans son développement et l’acquisition de nouvelles capacités. Cojep International a ainsi déclaré l’année 2008 comme celle de la lutte contre les préjugés et organise un certain nombre d’activités autour de ce thème à travers son réseau européen.

Notre organisation s’illustre par sa définition même vis-à-vis de la société dans laquelle elle s’est créée et à laquelle elle essaie d’apporter un maximum. Le plus grand pas pour Cojep International a été franchi, il y a une dizaine d’année maintenant, lorsque l’organisation a réglée son problème d’appartenance. Cojep International est né en France et est Européenne de conviction. A partir de ce moment là, tout est devenu plus clair notamment lorsqu’elle aborde les enjeux auxquels sont confrontés nos sociétés. Le dialogue Interculturel en fait évidemment partie parce que nous même représentons la diversité culturelle.

Le constat général est effectivement alarmant pour toute organisation oeuvrant dans le domaine de la lutte contre le racisme et les discriminations. Le problème concerne spécifiquement la cohésion même de notre société par la création et le développement de nouvelles formes de racisme très spécifiques dont les causes sont à la fois contextuelles, mais tout aussi conjoncturelles et idéologiques. L’Europe à travers sa diversité est confrontée à un défi très important, autant pour l’incarnation des valeurs universelles que pour sa future représentativité. Outre la peur d’un groupe social vis-à-vis d’un autre groupe, nous avons établis la constatation que ce sujet qui traite des relations interreligieuses et interculturelles s’inscrit dans un rapport de force entre les civilisations.

Nous exhortons chacune des parties, les minorités comme la majorité à se remettre en question sur l’approche de l’autre et la lutte contre ses propres préjugés. Le premier travail indispensable consiste à reconnaître que la plupart d’entre nous pour différentes raisons avons eu des préjugés. Ce fût l’une de nos conclusions à travers nos réunions.

Le poids de la société civile restera toujours insignifiant si la société politique et les médias ne s’inscrivent pas dans ce combat à ses côtés. Nous félicitons les institutions internationales qui ont pris actes pour la plupart d’entres elles de la montée des différentes formes d’intolérances qui font partie intégrante du racisme et de la xénophobie.

La religion n’est pas un facteur qui empêche le dialogue. C’est pourquoi en aucun cas la religion doit créer des murs devant le dialogue, ni le rendre difficile. Nous estimons que pour qu’il y ait un dialogue constructif, la compréhension mutuelle et le respect de toutes les croyances sont nécessaires voir indispensables.

A travers nos colloques, nous avons abordés trois thèmes principaux qui furent les médias, le monde politique et l’éducation. La réunion consacrée au rôle de l’éducation principalement dans la lutte contre ce type de racisme nous a poussé à constater que notamment pour réussir à long terme à influencer les mentalités, nous devrions établir les bases d’une éducation générale uniforme à propos de ce sujet spécifique. Tous les acteurs doivent jouer leur rôle et établir des consultations transversales pour d’une part remettre en cause ce qui existe et qui conduit à la création de préjugés de tous bords et créer d’un autre côté les outils pédagogiques nécessaires à une bonne compréhension des aspects notamment culturels de chaque composantes ethniques et religieuses de nos sociétés.

De ce fait, les enseignants sont rarement préparés à relever les défis posés par les sociétés de plus en plus diversifiées, ils manquent de temps, de formation et souvent, n’ont pas le matériel nécessaire pour promouvoir la tolérance et le respect mutuel. En conséquence, les élèves ne peuvent acquérir l'occasion de faire connaître leur propre expérience de la discrimination et celui des autres, à comprendre comment fonctionnent les mécanismes de création de préjugés, la manière d'appréhender les différences culturelles et d'étudier en profondeur les sujets connexes.

L'éducation et la formation sont pour la majorité comme pour les minorités à la base de nombreux problèmes. L'éducation civique, l'examen des questions identitaires, la promotion du respect de la diversité, l’éducation à l'histoire de l'humanité (y compris l'enseignement sur le monde, ses peuples et ses croyances sont des domaines à privilégier). Enfin, à l'échelle mondiale, le dialogue, l'interaction et la compréhension entre les religions, les cultures et les ethnies doivent être favorisés (Principe de l’Alliance des Civilisations). D'autre part, les meilleures pratiques des différents pays devraient être partagées avec les autres et être utilisées le cas échéant. À cet égard, les modèles peuvent aussi être constructives.

Une dernière constatation s’impose en rapport avec la place de la religion dans nos sociétés. Parmi les trois grandes religions présente sur notre continent, l’Islâm est celle qui manque le plus de visibilité voir de reconnaissance institutionnelle. Les musulmans manquent peut être de cohésion provenant de leur multi appartenance et de leur diversité même. Un travail dans le sens d’une représentation institutionnelle de l’Islam en Europe semble ainsi nécessaire pour un dialogue interculturel et interconfessionnel équitable.

Pour lutter contre un mal, il faut d’abord reconnaître son existence. Les problèmes liés à l’image de l’autre, aux préjugés vis-à-vis de l’autre nous concernent tous en dehors de nos propres croyances ou appartenances car elles doivent être réglés pour le fonctionnement cohérent de notre société, son harmonie, pour les valeurs que nous défendons tous et qui représentent notre première force. Cojep International s’inscrit dans ce combat avec toutes les bonnes volontés prêtes à le rejoindre.

Veysel FILIZ
Cojep International
Vice President
Tel : +336.89.84.52.27
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