Délégués des Ministres
Documents CM

CM(2000)172 (Partie II) (Restricted) 21 novembre 2000
————————————————

733 Réunion, 7 décembre 2000
4 Droits de l'homme

4.2 Conférence ministérielle européenne sur les droits de l'homme (Rome, 3-4 novembre 2000)
Rapport du Secrétaire Général

————————————————

 


 

PARTIE I (document CM(2000)172 du 14 novembre 2000)

 

1.         Textes des deux Résolutions et de la Déclaration adoptées par la Conférence.................... 3

 

2.         Rapport introductif du Secrétaire Général du Conseil de l'Europe

sur le sous-thème I: Mise en oeuvre institutionnelle et fonctionnelle

            de la protection des droits de l'homme aux niveaux national et européen.......................... 17

 

3.         Rapport introductif du Secrétaire Général du Conseil de l'Europe

            sur le sous-thème II: Le respect des droits de l'homme, facteur-clé de stabilité démocratique et de cohésion en Europe: questions d'actualité........................................................................................... 31

 

4.         Liste des Ministres et Chefs de Délégation...................................................................... 47

 

5.         Programme de la Conférence.......................................................................................... 57

 

 

*   *   *

 

PARTIE II (document CM(2000)172 Partie II du 21 novembre 2000)

 

6.         Rapport sommaire du Secrétaire Général.......................................................................... 3

 

*     *     *

 

ADDENDUM*

 

7.         Discours prononcés lors de la session d'ouverture

 

8.         Discours prononcés par les Chefs de délégation

 

9.         Discours prononcés lors de la Cérémonie commémorative à l'occasion

            du 50e anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme           

 

10.       Discours prononcés lors d'autres manifestations liées à la Conférence ou à la Commémoration  

 

 

*   *   *

 

*              Pour des raisons d'ordre technique, les sections 7 à 10 paraissent sous la forme d'un Addendum au Rapport (CM(2000)172, Partie I et Partie II), contrairement aux indications contenues dans la table des matières présentée dans le document CM(2000)172 (Partie I) du 14 novembre 2000.

 

 

 

6.         RAPPORT SOMMAIRE DU SECRETAIRE GENERAL

 

Introduction

 

1.         La Conférence ministérielle européenne sur les droits de l'homme s'est tenue à Rome les 3 et 4 novembre 2000, à l'invitation du Gouvernement de l'Italie, à l'occasion du 50e anniversaire de la Convention de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales, ouverte à la signature à Rome le 4 novembre 1950.

 

2.         Le thème de la Conférence était: “La Convention européenne des Droits de l'Homme a cinquante ans: Quel avenir pour la protection des droits de l'homme en Europe?”

 

3.         Tous les États membres du Conseil de l'Europe y ont participé, ainsi que les États non membres suivants: le Saint-Siège, les États-Unis d'Amérique, le Canada, le Japon, le Mexique, Monaco, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Bosnie et Herzégovine et la République fédérale de Yougoslavie.

 

4.         Ont également participé à la Conférence une délégation de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe et une délégation de la Cour européenne des Droits de l'Homme, ainsi que le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, M. Alvaro GIL-ROBLES. Ont été représentés à la Conférence le Bureau du Haut Commissaire de l'OSCE aux minorités nationales, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, la Cour de Justice des Communautés européennes, ainsi que plusieurs instances du Conseil de l'Europe (le Comité directeur pour les droits de l'homme (CDDH), le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), le Comité directeur sur la bioéthique (CDBI), le Comité directeur pour l'égalité entre les femmes et les hommes (CDEG), la Commission européenne pour la démocratie par le droit et le Comité pour la réadaptation et l'intégration des personnes handicapées (CD-P-RR)). Des représentants de plusieurs organisations non gouvernementales ont également participé à la Conférence.

 

5.         La liste des chefs des Délégations figure dans la Partie I du présent rapport.

 

6.         Tous les travaux de la Conférence ont été ouverts à la presse.

 

7.         La Conférence a été ouverte par le Ministre italien des Affaires étrangères, M. Lamberto DINI, et le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, M. Walter SCHWIMMER. Lors de la session d'ouverture, le Président de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe, Lord RUSSELL-JOHNSTON, s'est également adressé à la Conférence. Les allocutions prononcées lors de la session d'ouverture figurent dans la section 7 dans l'Addendum au présent Rapport.

 

8.         Le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe a présenté ensuite les deux rapports introductifs sur les deux sous-thèmes de la Conférence. (ces rapports sont reproduits dans la Partie I du présent rapport). Le sous-thème I de la Conférence a été la “Mise en oeuvre institutionnelle et fonctionnelle de la protection des droits de l'homme aux niveaux national et européen” et la première intervention à ce sujet a été effectuée par le Président de la Cour européenne des Droits de l'Homme, M. Luzius WILDHABER. Le sous-thème II a été intitulé:“Le respect des droits de l'homme, facteur-clé de stabilité démocratique et de cohésion en Europe: questions d'actualité” et la première intervention a ce sujet a été celle du Ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, M. Jozias VAN AARTSEN. Par la suite, la discussion a été ouverte sur chacun des sous-thèmes. Les déclarations des Chefs de délégation sont reproduites à la section 8 dans l'Addendum au présent Rapport.

 

9.         La Conférence a été présidée tour à tour par le Ministre italien des Affaires étrangères, M. Lamberto DINI, et le Ministre italien de la Justice, M. Piero FASSINO. Le Ministre délégué aux Affaires étrangères de la Pologne, M. Jerzy KRANZ, a été élu Vice-Président.

 

10.       Suite aux débats, la Conférence a adopté à l'unanimité et sans amendements deux Résolutions et une Déclaration. Ces textes sont reproduits dans la Partie I du présent rapport.

 

11.       La Conférence a été suivie de la Cérémonie commémorative du 50e anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme. Ont pris la parole au cours de la Cérémonie le Ministre italien des Affaires étrangères, M. Lamberto DINI, le Président de  l'Assemblée parlementaire, Lord RUSSELL-JOHNSTON, le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, M. Walter SCHWIMMER, le Président de la Cour européenne des Droits de l'Homme, M. Luzius WILDHABER, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Mary ROBINSON, et la représentante du Forum des ONG, Mme Nuala MOLE, Directrice du Centre Aire. Les allocutions prononcées au cours de la Cérémonie sont reproduites dans la section 9 dans l'Addendum au présent Rapport.

 

12.       La Conférence a remercié les autorités italiennes pour l'excellente organisation de ces événements.

 

13.       La Conférence ministérielle et la Cérémonie commemorative ont fait l'objet d'une importante couverture médiatique.

 

*     *     *

 

 

14.       Sont résumées ci-après les discussions sur les sous-thèmes et le thème sous-jacents aux textes politiques adoptés par la Conférence (Résolutions I et II et Déclaration, telles qu'elles figurent dans la Partie I.1 du présent document).

 

15.       Les têtes de chapitre du présent rapport sommaire correspondent à celles des Résolutions adoptées avec, à la fin, un résumé des discussions relatives à la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, sujet abordé dans la Déclaration et de celles relatives à la question transversale de la complémentarité et de la synergie entre les différents mécanismes et institutions oeuvrant dans le domaine des droits de l'homme.

 

 

Sous-thème I : Mise en œuvre institutionnelle et fonctionnelle de la protection des droits de l'homme aux niveaux national et européen

 

A.        Améliorer la mise en œuvre de la Convention dans les États membres

 

16.       De nombreuses Délégations se sont référées au caractère subsidiaire du mécanisme de contrôle institué par la Convention et ont manifesté leur volonté de poursuivre leurs efforts pour protéger pleinement au niveau national les droits garantis par la Convention. Pour sa part, la Conférence a identifié une série de domaines dans lesquels la mise en oeuvre de la Convention par les États membres doit être améliorée encore davantage (voir Résolution I, paragraphe 14). Les États membres ont été ainsi encouragés à:

 

-                     s'assurer que l'exercice des droits et libertés garantis par la Convention fait l'objet d' un recours effectif au niveau national ;

 

-                     procéder à la vérification systématique des projets de lois et règlements, ainsi que des pratiques administratives, à la lumière de la Convention, afin de s'assurer de leur compatibilité avec les standards fixés par celle-ci ;

 

-                     s'assurer que le texte de la Convention soit traduit et largement diffusé auprès des autorités nationales, notamment des organes juridictionnels, et que les développements jurisprudentiels de la Cour soient suffisamment accessibles dans la ou les langues du pays ;

 

-                     introduire ou renforcer la formation aux droits de l'homme de l'ensemble des secteurs responsables de l'application des lois, notamment la police et le personnel pénitentiaire, en mettant l'accent sur la Convention et la jurisprudence de la Cour ;

 

-                     examiner régulièrement les réserves qu'ils ont faites à la Convention en vue de leur retrait progressif ou de la limitation de leur champ d'application ;

 

-                     examiner leur position en vue de la ratification des protocoles à la Convention auxquels ils ne sont pas encore Parties.

 

17.       Dans ce contexte, certaines Délégations ont notamment souligné qu'elles ont déjà mis en place des systèmes de vérification de la conformité des projets de lois et règlements avec la Convention. Pour sa part, le Secrétaire Général a suggéré dans son rapport introductif sur le sous-thème I d'examiner l'opportunité et la faisabilité d'un fonds de soutien européen ou un autre mécanisme, pour fournir aux États membres qui le souhaitent une formation ciblée et une assistance dans l'élaboration de législations conformes aux normes de la Convention. Il a également évoqué l'existence d'un « fonds d'intervention » dans le budget ordinaire du Conseil de l'Europe qui pourrait être utilisé pour aider des États membres ayant des difficultés, par exemple, à améliorer les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires comme le leur recommande le Comité pour la prévention de la torture.

 

18.       Par ailleurs, plusieurs Délégations ont mis l'accent sur la nécessité d'assurer une diffusion adéquate de la jurisprudence de la Cour auprès des autorités nationales, et notamment des organes juridictionnels, dans la ou les langues du pays. Un certain nombre de Délégations a également évoqué les questions posées par la durée des procédures judiciaires dans les États membres.

 

19.       Suites à donner:

 

(i)         A la lumière des points qui précèdent, les Délégués pourraient inviter le Comité directeur pour les droits de l'homme (CDDH) à examiner les divers moyens, y compris l'opportunité et la faisabilité d'élaborer des recommandations spécifiques du Comité des Ministres, susceptibles d'aider les États membres à mieux mettre en oeuvre la Convention dans leur droit et leur pratique internes.

 

(ii)        En particulier, les Délégués pourraient inviter le CDDH à examiner les questions posées par la durée des procédures judiciaires dans les États membres, en coordination étroite avec d'autres travaux déjà en cours au sein du Conseil de l'Europe et plus particulièrement au sein du Comité européen de coopération juridique (CDCJ) et du Comité européen pour les problèmes criminels (CDPC).

 

B.        Garantir l'efficacité de la Cour européenne des Droits de l'Homme

 

20.       La Conférence a salué le travail exceptionnel accompli par les anciennes Commission et Cour des Droits de l'Homme et, depuis deux ans, par la nouvelle Cour. Dans le même temps, la Conférence a exprimé sa vive inquiétude face à la situation à laquelle la Cour est actuellement confrontée.

 

21.       De nombreuses Délégations ont demandé que, à court terme, le Comité des Ministres accorde à la Cour des moyens financiers lui permettant, par exemple, de recruter immédiatement des juristes chargés de préparer les affaires et de maintenir un système informatique efficace. Le sentiment unanime s'est cependant dégagé qu'une révision du système (une “réforme de la réforme de la Cour”) devrait être entreprise à moyen terme.

 

22.       S'agissant de cette réforme éventuelle, il ressort des débats de la Conférence que la question cruciale à examiner semble bien être le fonctionnement futur du système des requêtes individuelles, compte tenu de la charge de travail de la Cour. Pour sa part, le Président de la Cour a estimé que la requête individuelle doit demeurer la clé de voûte du système. Tout en signalant que la Cour n'a pas de propositions concrètes à faire pour la réforme, même si elle y voit une nécessité, il a indiqué la disponibilité de la Cour pour étudier attentivement toute solution qui n'altère pas l'essence de la garantie offerte par la Convention.

 

23.       En conclusion, la Conférence a appelé le Comité des Ministres à prendre des mesures à court terme (identifier sans délai les mesures les plus urgentes à prendre pour assister la Cour dans l'accomplissement de ses fonctions) et à moyen terme (entamer, dans les meilleurs délais, une réflexion approfondie sur les diverses possibilités et options à moyen terme en vue de garantir l'efficacité de la Cour compte tenu de la nouvelle situation).

 

24.       Suites à donner :

 

(i)         Il est rappelé que les Délégués, lors de leur 729e réunion (15 novembre 2000), ont mis en place un groupe de travail ad hoc chargé d'étudier, en coopération avec le Secrétaire Général, les besoins budgétaires de la Cour pour 2001.

 

(ii)        Les Délégués pourraient échanger leurs vues quant à la manière d'organiser l'exercice de réflexion en vue d'une réforme du système à moyen terme. Plusieurs formules sont envisageables pour associer à cette réflexion les diverses instances intéressées, en particulier, le Comité Directeur pour les droits de l'homme, le Comité de liaison entre le Comité des Ministres et la Cour et le Groupe de Rapporteurs sur les droits de l'homme. Les Délégués pourraient examiner également l'opportunité de consulter certains experts extérieurs, étant cependant entendu que toute éventuelle réforme du système qui impliquerait des amendements à la Convention ne peut être entreprise que dans un cadre de discussions intergouvernementales. Il convient également de garder à l'esprit que la Cour veut être pleinement consultée et impliquée à tous les stades du processus de réforme.

 

C.        Améliorer le mécanisme de contrôle par le Comité des Ministres de l'exécution des arrêts de la Cour

 

25.       De nombreuses Délégations se sont référées à la surveillance de l'exécution des arrêts par le Comité des Ministres en tant qu'élément clé de l'efficacité et la crédibilité du système de contrôle de la Convention. Dans ce but, la Conférence a appelé le Comité des Ministres à :

 

-                     continuer la réflexion sur les moyens qui permettront de rendre ce contrôle plus efficace et transparent ;

-                     poursuivre la révision de son Règlement intérieur concernant l'article 46 de la Convention ;

-          poursuivre l'examen des questions telles que le besoin de tenir le requérant mieux informé au cours de la phase de contrôle, la réouverture ou le réexamen éventuel de l'affaire, ainsi que les mesures à prendre en cas de lenteur ou de négligence dans la mise en œuvre d'un arrêt de la Cour ou en cas de non-exécution de celui-ci ;

-          tenir le public mieux informé du résultat de la phase de contrôle.

 

26.       Dans ce contexte, il a été question notamment des réponses possibles, politiques ou autres, à adopter en cas d'exécution tardive ou même de non-exécution d'un arrêt de la Cour par un État partie, ainsi que les réponses à apporter lorsque les arrêts révèlent l'existence de problèmes structurels dans un État membre (non-exécution de décisions des juridictions nationales par le pouvoir exécutif; durée excessive de la procédure dans des affaires pénales ou civiles; torture et autres mauvais traitements lors d'interrogatoires menés par la police, etc.).


27.       Suites à donner :

 

(i)         Il est rappelé que faisant suite au mandat reçu du Comité des Ministres, un projet de Règlement intérieur révisé a été parachevé récemment au sein du Comité directeur pour les droits de l'homme (CDDH) et qu'il sera soumis aux Délégués pour examen et adoption éventuelle lors de leur 735e réunion (20 décembre 2000).

 

(ii)        Les Délégués pourraient souhaiter initier une réflexion sur les différents points évoqués ci-dessus au sein du CDDH et du GR-H.

 (iii)       Il est rappelé que, comme il ressort des mandats des Comités directeurs, le CDDH est appelé à surveiller la mise en oeuvre de la la Recommandation N° R (2000) 2 du Comité des Ministres aux États membres sur le réexamen ou la réouverture de certaines affaires au niveau national suite à des arrêts de la Cour européenne des Droits de l'Homme.

 

D.        Améliorer la protection des droits sociaux

 

28.       La Conférence a encouragé les États membres à accepter le plus grand nombre possible de dispositions de la Charte sociale européenne et de la Charte sociale européenne révisée, à ratifier le protocole portant sur les réclamations collectives, à appliquer pleinement dans leur système interne les dispositions de la Charte qu'ils ont acceptées et à mettre en œuvre la Recommandation N° R (2000) 3 du Comité des Ministres aux États membres sur le droit à la satisfaction des besoins matériels élémentaires des personnes en situation d'extrême précarité.

 

29.       Il s'est dégagé de plusieurs interventions la nécessité de réfléchir à la question de la protection judiciaire des droits sociaux au niveau européen. Du point de vue de l'indivisibilité des droits de l'homme, la Conférence s'est félicitée du fait que les travaux de rédaction de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne aient abouti à un texte qui englobe les différentes catégories de droits. Comme il ressort du rapport introductif du Secrétaire Général, il conviendrait de garder à l'esprit, lors de l'étude préliminaire de différentes questions concernant une adhésion de l'Union européenne à la Convention, la question de l'adhésion de l'Union à la Charte sociale européenne et à la Charte sociale européenne révisée.

 

30.       Suites à donner:

 

(i)         Les Délégués sont invités à garder à l'esprit les points qui précèdent et qui pourraient demander une réflexion au sujet du renforcement de la Charte sociale européenne. Le fait que les Délégués doivent apporter une réponse à deux recommandations de l'Assemblée parlementaire dans ce domaine (1354 (1998) sur l'avenir de la Charte sociale européenne et 1415 (1999) sur le protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l'homme concernant les droits sociaux fondamentaux), pourrait fournir l'occasion de lancer cette réflexion, d'abord au sein du GR-H et éventuellement au sein d'un comité ou groupe.

 

(ii)        Il est rappelé que, comme il ressort des mandats des comités directeurs, le CDDH est appelé à surveiller la mise en oeuvre de la la Recommandation N° R (2000) 3 du Comité des Ministres aux États membres sur le droit à la satisfaction des besoins matériels élémentaires des personnes en situation d'extrême précarité.

 

 

Sous-thème II : Le respect des droits de l'homme, facteur-clé de stabilité démocratique et de cohésion en Europe:questions d'actualité

 

A.        Améliorer l'efficacité de la réponse du Conseil de l'Europe aux violations graves et massives des droits de l'homme

 

31.       Il s'agit de l'un des principaux points discutés lors de la Conférence. Dans la Résolution II, la Conférence a fermement condamné toute situation de violation grave et massive des droits de l'homme. Elle a demandé aux instances appropriées du Conseil de l'Europe (Comité des Ministres, Assemblée parlementaire, Secrétaire Général, Commissaire aux droits de l'homme, CPT et autres instances et mécanismes, tels que les exercices de « monitoring ») d'assumer pleinement leurs responsabilités respectives conformément à leur mandat, afin qu'elles puissent répondre de manière rapide et efficace à de telles situations ou prendre des mesures afin de les prévenir. La Conférence a également encouragé le Conseil de l'Europe à développer un plus large éventail de réponses face aux cas de non respect par les États membres des normes du Conseil de l'Europe en matière des droits de l'homme. Par ailleurs, il a été considéré souhaitable que le Comité des Ministres entame un processus de réflexion sur la protection des droits de l'homme pendant les conflits armés, ainsi que dans les cas de troubles et tensions internes, y compris ceux résultant d'actes terroristes, en vue d'évaluer la situation juridique actuelle, d'identifier d'éventuelles lacunes d'ordre normatif dans la protection de l'individu et de faire des propositions pour les combler.

 

32.       Dans leurs interventions, de nombreuses Délégations ont exprimé leur souci face à des situations de violations graves et massives des droits de l'homme, y compris dans le contexte de crises et de conflits. Ces Délégations ont souligné la nécessité pour le Conseil de l'Europe d'adopter des réponses efficaces, ainsi que des mesures préventives, et ont proposé que des stratégies soient développées à cet effet. Référence a été faite au potentiel sous employé de la Convention européenne des Droits de l'Homme dans ce domaine (les possibilités offertes par les articles 33 et 52 de la Convention), mais aussi à la nécessité de développer un plus large éventail de réponses politiques, au-delà des options plutôt limitées actuellement existantes dans le cadre du Statut. Dans ce contexte, le rapport introductif sur le sous-thème II suggère concrètement que le Comité des Ministres et l'Assemblée parlementaire organisent une réunion conjointe – éventuellement dans le cadre du Comité mixte – pour explorer les possibilités de développer un plus large éventail de réponses.

 

33.       Un appui a également été donné pendant la Conférence à la proposition figurant dans le rapport introductif sur le sous-thème II visant à créer et à financer une capacité de réponse rapide au sein du Secrétariat sous la forme d'une « task force droits de l'homme » qui serait financée par le biais du fonds d'intervention.

 

34.       Plusieurs Délégations, ainsi que le rapport introductif sous le sous-thème II, ont également souligné la nécessité de mettre davantage l'accent sur l'action préventive, afin d'éviter des violations graves et massives, par exemple par l'inclusion d'un élément d'action urgente dans la procédure de monitoring du Comité des Ministres.

 

35.       En ce qui concerne la protection des droits de l'homme pendant les conflits armés, les troubles et tensions internes, une proposition spécifique a été faite par une Délégation visant à créer un mécanisme régional pour surveiller et observer au niveau interétatique le respect des droits de l'homme dans le cas des conflits armés non internationaux.

 

36.       Suites à donner :

 

(i)         Les Délégués des Ministres et/ou le Groupe de rapporteurs sur les droits de l'homme pourraient procéder à un échange de vues sur la question générale de l'efficacité de la réponse du Conseil de l'Europe aux situations des violations graves et massives des droits de l'homme ainsi que sur la recommandation spécifique visant à ce que le Conseil de l'Europe développe un plus large éventail de réponses face aux cas de non-respect par les États membres des normes du Conseil de l'Europe en matière de droits de l'homme. Dans ce contexte, il conviendrait également d'examiner l'idée d'une réunion conjointe à ce sujet entre le Comité des Ministres et l'Assemblée parlementaire.

 

(ii)        Les Délégués pourraient demander au Secrétaire Général d'élaborer la proposition de créer une « task force » sur les droits de l'homme, en vue d'un premier échange de vues sur cette question.

 

(iii)       Les Délégués pourraient procéder à un échange de vues préliminaire sur les moyens de prévenir des violations graves et massives, ainsi que sur un éventuel élément d'action urgente qui pourrait être inclus dans la procédure de « monitoring » à ce sujet. Le cas échéant, le Secrétariat pourrait être chargé d'analyser les différentes modalités.

 

(iv)       Les Délégués pourraient charger le CDDH d'entamer un processus de réflexion sur la protection des droits de l'homme pendant les conflits armés, ainsi que dans les cas de troubles et tensions internes, y compris ceux résultant d'actes terroristes, en vue d'évaluer la situation juridique actuelle, d'identifier d'éventuelles lacunes d'ordre normatif dans la protection de l'individu et de faire des propositions pour les combler. Cette réflexion pourrait couvrir également la proposition de créer un mécanisme régional au niveau interétatique.

 

B.        Abolition de la peine de mort, en temps de guerre comme en temps de paix

 

37.       De nombreuses Délégations se sont référées à la nécessité urgente d'abolir la peine de mort partout en Europe et ont marqué leur ferme soutien à l'élaboration d'un nouveau protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l'homme qui exclurait la possibilité de maintenir la peine de mort pour les actes commis en temps de guerre (voir également la Résolution II, paragraphe 14 (ii)). La Résolution II demande instamment, entre autres, que les États membres ratifient, dans les plus brefs délais, s'ils ne l'ont pas encore fait, le Protocole N°6 et, dans l'intervalle, respectent strictement les moratoires concernant les exécutions.

 

 

38.       Suites à donner :

 

(i)                  La réalisation d'un espace européen sans peine de mort par l'abolition de la peine de mort dans tous les États membres, à laquelle la Résolution II appelle, a été qualifiée d'objectif commun par le Comité des Ministres (« Pour un espace européen sans peine de mort », Déclaration adoptée lors de la 107e session le 9 novembre 2000). A la lumière de cette Déclaration et de la Résolution II, les Délégués des Ministres pourraient souhaiter inviter le Groupe de Rapporteurs sur les droits de l'homme à procéder, lors de l'une de ses prochaines réunions, à un échange de vues sur les perspectives de nouveaux progrès en vue de la réalisation de cet objectif commun. De même, le CDDH, dans le cadre de son mandat général, sera amené à examiner périodiquement l'état des ratifications du Protocole n° 6 à la Convention.

 

(ii)        Les Délégués des Ministres pourraient confier au CDDH la tâche d'examiner la faisabilité d'un nouveau protocole additionnel à la Convention excluant la possibilité de maintenir la peine de mort pour les actes commis en temps de guerre ou de danger imminent de guerre.

 

C.        Principes d'égalité et de non-discrimination

 

39.       De nombreuses Délégations ont souligné la nécessité de combattre la discrimination sous toutes ses formes et se sont félicité et l'adoption et de l'ouverture à la signature du Protocole n° 12 à la Convention en tant que contribution importante à cet égard. Un indice clair de l'engagement des États membres dans la lutte contre le racisme, l'intolérance et la discrimination en général est le fait que le Protocole n° 12 a été signé par 25 États Parties à la Convention à l'occasion de son ouverture à la signature à Rome le 4 novembre 2000. Il a été signalé que cette étape doit être suivie de la ratification rapide ainsi que de mesures de mise en œuvre au niveau national. Des informations ont été fournies sur les premières mesures de mise en œuvre.

 

40.       Lors des discussions, référence a été faite à la question de l'immigration et un appel a été lancé en faveur d'une approche européenne de la question, fondée sur le respect des droits intangibles dans le domaine de l'asile politique. Il a été signalé que les politiques divergentes existantes dans les divers pays risquent de placer l'Europe humaniste en contradiction avec elle-même.

 

41.       Le rapport introductif sur le sous-thème II propose d'examiner d'autres mesures en vue de renforcer l'indépendance et la base juridique du mécanisme de recommandations générales et pays par pays pour combattre le racisme et l'intolérance formulées par la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), tenant compte du fait que les travaux de l'ECRI ont été très bien accueillis.

 

42.       Dans le domaine de l'égalité entre les femmes et les hommes, la Résolution II adoptée par la Conférence invite les États membres à renforcer leur coopération dans le cadre du Conseil de l'Europe, en vue notamment de :

 

-           promouvoir la participation accrue des femmes dans la prise des décisions et la représentation équilibrée des femmes et des hommes dans tous les secteurs de la société ;

 

-           combattre toute forme de violence à l'égard des femmes et en particulier la traite des femmes et des jeunes filles ;

 

-           envisager de nouvelles initiatives pour éliminer les inégalités entre les femmes et les hommes.

 

 

43.       Suites à donner :

 

(i)         Il est rappelé qu'il ressort du mandat du CDDH de revoir régulièrement la question des ratifications et des réserves relatives à la Convention et à ses protocoles. Cela couvre également le Protocole n° 12. Le CDDH examinera donc périodiquement la situation concernant ce Protocole au cours de ses prochaines réunions.

 

(ii)        Les Délégués pourraient charger leur Groupe de Rapporteurs sur les droits de l'homme de demander l'avis de l'ECRI sur les moyens de renforcer son mécanisme, et de procéder à un échange de vues sur cette question.

 

(iii)       En ce qui concerne les trois questions relatives à l'égalité entre les femmes et les hommes mentionnées dans la Résolution II, plusieurs activités sont déjà en cours au sein du Comité directeur pour l'égalité entre les femmes et les hommes (CDEG). Les Délégués pourraient donc inviter le CDEG à garder à l'esprit cette Résolution dans ses travaux actuels et futurs et à informer le Comité des Ministres des suites éventuelles qu'il y aura données.

 

D.        Droits de l'homme et développements technologiques

 

44.       Dans la Résolution II, la Conférence a apporté son soutien aux activités en cours au sein du Conseil de l'Europe dans des domaines tels que la transplantation d'organes, la recherche biomédicale, la génétique humaine et la protection de l'embryon et du fœtus humains. Elle a encouragé le Conseil de l'Europe à étudier des mesures appropriées afin que les développements technologiques et les utilisations de ces technologies respectent les exigences des droits de l'homme.

 

45.       Suites à donner :

 

Les Délégués pourraient transmettre la Résolution II adoptée par la Conférence aux divers comités directeurs concernés (CDBI, CDCJ, CDMM, CDEG, etc. ), en leur demandant de garder ces textes à l'esprit dans leurs travaux actuels et futurs.

 


E.         Droits de l'homme et société civile

 

46.       Un nombre important de Délégations a souligné la nécessité, également mise en lumière dans la Résolution II (paragraphe 40 notamment), de développer et promouvoir l'éducation et la sensibilisation aux droits de l'homme dans tous les secteurs de la société. Certaines Délégations ont évoqué des initiatives prises dans leur pays respectif. Les activités de formation effectuées par le Conseil de l'Europe dans le cadre de ses programmes de coopération et d'assistance dans le domaine des droits de l'homme ont été saluées. Il a été reconnu que la mise en place d'une véritable « culture des droits de l'homme » dans nos sociétés est essentielle pour promouvoir le respect des droits de l'homme et prévenir des violations, et la Résolution II souligne le rôle important joué par les organisations non gouvernementales à cet égard. Le rapport introductif sur le sous-thème II mentionne la possibilité de créer, au sein du Conseil de l'Europe, d'un programme européen d'éducation aux droits de l'homme en vue de stimuler et d'appuyer les efforts nationaux dans ce domaine.

 

47.       Dans la Résolution II, la Conférence a demandé au Comité des Ministres d'examiner les possibilités de créer un point de contact au sein du Secrétariat du Conseil de l'Europe pour consolider la coopération avec les Ombudsmen et les institutions nationales des droits de l'homme des États membres.

 

48.       Pendant la Conférence, un soutien a été donné aux travaux de rédaction, en cours au sein du Conseil de l'Europe, concernant des principes sur l'accès aux informations officielles (voir également la Résolution II, paragraphe 43). Il a été signalé que ces principes de base, qui devraient être soumis au Comité des Ministres en 2001, serviront d'inspiration aux États qui sont en train d'élaborer des législations (ou des amendements aux législations existantes) dans ce domaine et que des travaux à cet égard devraient se poursuivre à l'avenir, ce qui ne peut que contribuer au renforcement de la démocratie.

 

49.       Le rapport introductif sur le sous-thème II rappelle qu'il n'existe pas de texte concis du Conseil de l'Europe qui réunisse les principes et les éléments fondamentaux qui caractérisent une démocratie pluraliste. Un tel texte - qui ne prétendrait pas être juridiquement contraignant - serait une référence utile et présenterait un grand intérêt pédagogique dans une Europe qui est de plus en plus confrontée à des forces qui menacent les valeurs démocratiques et les droits de l'homme et où l'on reconnaît de plus en plus le besoin d'éduquer les jeunes aux valeurs de la citoyenneté démocratique.

 

50.       Suites à donner :

 

(i)         Les Délégués pourraient souhaiter inviter le CDDH à donner un avis sur la faisabilité d'un programme européen d'éducation aux droits de l'homme, en consultation avec les autres instances et secteurs pertinents du Conseil de l'Europe, tout en ayant à l'esprit la Déclaration et le Programme sur l'éducation à la citoyenneté démocratique fondée sur les droits et responsabilités des citoyens. Cet avis pourrait ensuite faire l'objet d'un examen au sein du Groupe de Rapporteurs sur les droits de l'homme et le Groupe de Rapporteurs sur l'éducation, la culture et le sport.

 

(ii)        Les Délégués pourraient charger le Secrétaire Général de soumettre des propositions pour créer un point de contact pour la coopération avec les Ombudsmen et les institutions nationales des droits de l'homme.

 

(iii)       Les projets de principes sur l'accès aux informations officielles sont en cours d'élaboration au sein du CDDH. Les Délégués pourraient souhaiter charger le CDDH de faire des propositions - à soumettre aux Délégués en même temps que le projet de principes une fois que celui-ci aura été parachevé - sur la manière dont ce domaine pourrait être abordé à moyen terme. Le mandat actuel du CDDH concernant cette matière expire le 31 décembre 2001.

 

(iv)       Quant à la suggestion d'élaborer un texte sur les principes et les éléments fondamentaux qui caractérisent une société démocratique, les Délégués pourraient souhaiter donner un mandat au CDDH, compte tenu des travaux effectués dans le passé (en particulier sur les stratégies démocratiques visant à faire face aux mouvements qui menacent les droits de l'homme).

  

*     *     *

 

 

Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne

 

51.       La Déclaration adoptée par la Conférence salue l'intérêt croissant porté par l'Union européenne aux droits de l'homme et souligne, au regard de la Charte, la nécessité de trouver des moyens permettant d'éviter une situation dans laquelle deux systèmes de protection des droits de l'homme se feraient concurrence et pourraient même être en conflit, risquant ainsi d'affaiblir la protection globale des droits de l'homme en Europe.

 

52.       Ces points ont été réitérés et précisés par plusieurs Délégations, qui ont exprimé leur soutien à l'adhésion de la Communauté / Union européenne à la Convention européenne des droits de l'homme en tant que démarche parallèle et complémentaire à la Charte des droits fondamentaux. Le Président de la Cour européenne des Droits de l'Homme et le Secrétaire Général ont appelé l'Union européenne à adhérer à la Convention. Au nom de l'Union, il a été confirmé que les Quinze sont profondément attachés à la Convention, qui demeure la référence essentielle dans le domaine de la protection des droits de l'homme. Ainsi, l'élaboration de la Charte ne doit pas être interprétée comme une menace à la Convention ou à la Cour.

 

53.       Suites à donner :

 

Les Délégués pourraient inviter leur Groupe de Rapporteurs sur les relations entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne à procéder à un échange de vues préliminaire sur la question de l'adhésion. Il est rappelé que le GR-EU a déjà demandé au Secrétariat d'élaborer un document de réflexion sur les diverses questions liées à l'adhésion (notamment les implications pour la Convention). Par ailleurs, l'attention est attirée sur le fait que le CDDH envisage de discuter de la situation découlant de l'adoption de la Charte de l'Union européenne, ainsi que la question de l'adhésion, lors de sa prochaine réunion en février 2001. Il serait utile pour le CDDH d'être informé sur les discussions au sein du GR-EU. Ce dernier pourrait souhaiter à son tour revenir sur ces questions après les discussions au sein du CDDH.

 

*     *     *

 

Complémentarité et synergie entre les mécanismes opérant dans le domaine des droits de l'homme

 

54.       De nombreuses Délégations se sont référées à la constellation impressionnante de mécanismes de droits de l'homme mise en place au cours des cinquante dernières années dans le cadre du Conseil de l'Europe. Référence a été faite également à la nécessité de synergie et complémentarité entre les divers mécanismes et institutions opérant dans le domaine des droits de l'homme, aussi bien au sein du Conseil de l'Europe qu'entre ce dernier et d'autres institutions (Nations Unies, OSCE, Union européenne ; voir également la Déclaration adoptée par la Conférence). Il a été rappelé que la nécessité d'une complémentarité accrue a été examinée en profondeur lors de la Conférence organisée par la présidence irlandaise du Comité des Ministres (Dublin, 3-4 mars 2000). Le rapport introductif sur le sous-thème I contient une suggestion concrète pour renforcer la complémentarité au sein du Conseil de l'Europe, à savoir l'organisation de réunions annuelles entre les instances conventionnelles du secteur droits de l'homme au sein du Conseil de l'Europe, à l'instar de la pratique établie dans le cadre du système des Nations Unies.

 

55.       Suites à donner :

 

Les Délégués pourraient souhaiter charger le Secrétariat de consulter les différentes instances conventionnelles du secteur droits de l'homme au sujet de cette proposition et d'informer les Délégués des résultats de la consultation.

 

La question plus générale de la complémentarité et de la synergie pourrait faire l'objet d'un échange de vues au sein du Groupe de Rapporteurs sur les droits de l'homme.

 

*   *   *