Committee of Ministers

Comité des Ministres

 

 

Strasbourg, le 28 avril 1998

Restricted

CM(98)75

 

Pour examen lors de la 635e réunion
des Délégués des Ministres

(9 juin 1998, niveau B, point 10.3)

 

COMITE AD HOC D'EXPERTS

SUR LES ASPECTS JURIDIQUES

DE L'ASILE TERRITORIAL, DES REFUGIES

ET DES APATRIDES

(CAHAR)

 

45e Réunion

Strasbourg, 25-27 mars 1998

Liste des points discutés et des décisions prises

(Rapport abrégé)

1. Le Comité ad hoc d'experts sur les aspects juridiques de l'asile territorial, des réfugiés et des apatrides (CAHAR) a tenu sa 45e réunion du 25 au 27 mars 1998, à Strasbourg. La liste des participants et l'ordre du jour figurent respectivement aux annexes I et II.

2. Le CAHAR a adopté un projet de Recommandation sur le droit de recours effectif des demandeurs d'asile déboutés à l'encontre de décisions d'expulsion dans le contexte de l'article 3 de la Convention européenne des Droits de l'Homme et son exposé des motifs pour examen et adoption par le Comité des Ministres. Le projet de Recommandation et l'exposé des motifs constituent l'annexe III.

3. En réponse à la décision N° CM/671/140597 du Comité des Ministres, le CAHAR a adopté un avis sur la Recommandation 1327 (1997) de l'Assemblée Parlementaire relative à la protection et au renforcement des droits de l'homme des réfugiés et des demandeurs d'asile en Europe. L'avis figure à l'annexe IV.

4. En réponse à la décision N° CM/685/030797 du Comité des Ministres, le CAHAR a adopté un avis sur la Recommandation 1334 (1997) de l'Assemblée parlementaire relative aux réfugiés, aux demandeurs d'asile et aux personnes déplacées dans le Communauté des Etats indépendants (CEI). L'avis figure à l'annexe V.

5. En réponse à la décision N° CM/686/100997 du Comité des Ministres, le CAHAR a adopté un avis sur les implications juridiques des décisions prises au Conseil européen d'Amsterdam sur le droit d'asile des citoyens de l'Union européenne, eu égard aux conventions européennes et internationales applicables, notamment la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. L'avis figure à l'annexe VI.

6. Un recueil de réponses à un questionnaire sur les développements intervenus dans la législation des Etats membres en matière d'asile, de réfugiés et d'apatrides et personnes bénéficiant d'une protection temporaire a été distribué aux participants. Un rapport sur la description sommaire des procédures d'asile dans les Etats membres du Conseil de l'Europe sélectionnés a été également distribué aux experts participants. Le Comité a décidé de continuer son exercice avec l'aide d'un consultant, sur la base de la participation volontaire des Etats membres.

7. Le Comité a passé en revu les activités récentes du Conseil de l'Europe, y compris celles du Comité des Ministres, de l'Assemblée parlementaire, de la Cour européenne des Droit de l'Homme ainsi que d'autres développements internationaux ayant rapport à son travail.

8. Le Comité a discuté des travaux futurs et décidé des activités prioritaires du CAHAR qui sont les suivantes:

- le retour des personnes qui n'ont pas besoin d'une protection internationale (un Groupe de travail a été établi);

- la formation du personnel accuillant des demandeurs d'asile aux postes frontière (un Groupe de travail a été établi); et

- le droit au regroupement familial pour les réfugiés et les personnes bénéficiant d'une protection temporaire.

 

9. Le CAHAR a élu son nouveau Président, M. Vassilios PATRONAS (Grèce), son vice-Président, Mme Andrea BARSOVA (République Tchèque), et trois membres du Bureau: M. Charles DEHEM (Belgique), M. Christer NORLING (Suède) et M. Konstantin SHAKMURADOV (Fédération de Russie).

10. Le Comité a adopté ce rapport abrégé, le rapport détaillé de la 44e réunion et a décidé provisoirement de tenir sa 46e réunion du 30 septembre au 2 octobre 1998, à Strasbourg.

 

A N N E X E I

 

LISTE DES PARTICIPANTS / LIST OF PARTICIPANTS

 

 

BELGIQUE/BELGIUM

M. Charles DEHEM, Conseiller adjoint, Office des Etrangers, Ministère de l'Intérieur, BRUXELLES

 

BULGARIE/BULGARIA

M. Boris TCHECHIRKOV, Chef du Département "Relations internationales", Bureau national pour l'asile territorial et les réfugiés auprès du Conseil des Ministres, SOFIA

 

CROATIE/CROATIA

Mr. Miljenko BUKOVAC, Assistant Minister, Ministry of the Interior of the Republic of Croatia, ZAGREB

 

Mr. Josip BESIC, Head of Department for International Co-operation, Ministry of the Interior of the Republic of Croatia, ZAGREB

 

CHYPRE/CYPRUS

Ms. Daphne PAPADOPOULOU, Senior Counsel of the Republic, Legal Service of the Republic, NICOSIA

 

REPUBLIQUE TCHEQUE/CZECH REPUBLIC

Mr. Marcel AUDY, Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs - Consular Section, PRAHA

 

Ms. Andrea BARSOVA, Legal Adviser, Ministry of the Interior, Department for Refugees and Integration of Foreigners, PRAHA

 

DANEMARK/DENMARK

Mr. Kim HVAM, Head of Section, Directorate of Immigration, COPENHAGEN

 

Mr. Henrik THOMASSEN, Deputy Head of Division, Legal Department, Directorate of Immigration, COPENHAGEN

 

Ms. Karen SKIPPER, Counsellor (Immigration), Danish Mission to the United Nations, GENEVA

 

ESTONIE/ESTONIA

Mr. Sulev ROOSTAR, Director General, Consular Department, Ministry of Foreign Affairs, TALLINN

 

FINLANDE/FINLAND

Ms. Annikki VANAMO-ALHO, Senior Counsellor, Immigration Department of the Ministry of the Interior, HELSINKI

 

FRANCE

Mme Marie-Ange MATTEI, Sous-Directeur des Réfugiés et Apatrides, Ministère des Affaires Etrangères, PARIS

 

ALLEMAGNE/GERMANY

Frau Marion DE WYL, O.R.R., Bundesministerium des Innern, BONN

 

Frau Bettina KAESTNER, St.An., Bundesministerium der Justiz, BONN

 

GRÈCE/GREECE

Mr. Vassilios PATRONAS, Special Legal Councelor, Ministry of Foreign Affairs, ATHENS

 

HONGRIE/HUNGARY

Mr. Istvan DOBÓ, Acting Director General, Office of Refugee and Migration Affairs, BUDAPEST

 

IRLANDE/IRELAND

Ms. Berenice O'NEILL-FRANKLIN, Principal Officer, Asylum Division, Department of Justice Equality & Law Reform, DUBLIN

 

ITALIE/ITALY

M. Giovanni KOJANEC, Jurisconsulte, Ministère des Affaires Etrangères, DGEAS, ROME

 

LETTONIE/LATVIA

Mr. Oskars VAIKULIS, Deputy Director, Department of Citizenship and Migration Affairs, Ministry of Interior, RIGA

 

LITUANIE/LITHUANIA

Mr. Vaidotas VERBA, Head of the Consular Information and Analysis Division, Ministry of Foreign Affairs, VILNIUS

 

MALTE/MALTA

Dr. Anthony BARBARA LL.D., Assistant Attorney General, Office of the Attorney General, VALLETTA

 

NORVEGE/NORWAY

Ms. Eva SELSENG, Adviser, Directorate of Immigration, OSLO

 

Ms. Nina OFTEDAHL, Senior Executive Officer, Ministry of Justice and Police, Immigration Department, OSLO

 

POLOGNE/POLAND

M. Maciej KUCZYNSKI, Vice-directeur, Département des Migrations et Refugiés, Ministère de l'Intérieur et de l'Administration, VARSOVIE

 

Mr. Marek SZONERT, Head of Migration Division, Department for Migration and Refugee Affairs, WARSAW

 

PORTUGAL

M. Luis SILVEIRA, Procureur Général Adjoint, Procuradoria-Géral de Républica, LISBOA

 

ROUMANIE/ROMANIA

Mlle Mihaela BABUSKA, Troisième secrétaire, Ministère des Affaires Etrangères, BUCAREST

 

FEDERATION DE RUSSIE/RUSSIAN FEDERATION

Mr. Konstantine SHAKHMURADOV, Head of Division, Legal Department, Ministry of Foreign Affairs, MOSCOW

 

REPUBLIQUE SLOVAQUE/SLOVAK REPUBLIC

Mr. Peter BURIAN, Ministry of Foreign Affairs, BRATISLAVA

 

Mr. Igor PACOLÁK, Senior Advisor, Ministry of Foreign Affairs, BRATISLAVA

 

SUEDE/SWEDEN

Mr. Christer NORLING, Head of Section, Immigration and Policy, Ministry for Foreign Affairs, STOCKHOLM

 

SUISSE/SWITZERLAND

Mme A.G. NIELSEN, Adjoint scientifique, Service juridique, Office fédéral des réfugiés, Département fédéral de justice et police, BERNE (Présidente/Chairperson)

 

Mme Caroline BRÜESCH, Adjoint scientifique, Division des affaires internationales, Office fédéral des réfugiés, Département fédéral de justice et police, BERNE

 

EX-REPUBLIQUE YOUGSLAVE DE MACEDOINE / FORMER YUGOSLAV REPUBLIC OF MACEDONIA

Mr. Jovan CICAKOVSKI, Head of Department for Foreigners, Ministry of the Interior of the Republic of Macedonia, SKOPJE

 

TURQUIE/TURKEY

M. Osman ULUKAN, Chef du Département à la Direction Générale des organisations politiques internationales du Ministère des Affaires Etrangères, ANKARA

 

UKRAINE

Mr. Sergiy BRYTCHENKO, Deputy Director, Citizenship Department, Administration of the President of the Ukraine, KYIV

 

M. Ihor MYSYK, Représentant Permanent Adjoint de l'Ukraine auprès du Conseil de l'Europe, STRASBOURG

 

ROYAUME-UNI/UNITED KINGDOM

Mr. Terry NEALE, Head of Asylum Policy Unit, Asylum and Appeals Policy Directorate, Home Office, CROYDON

 

 

OBSERVATEURS/OBSERVERS

 

AUSTRALIE/AUSTRALIA

Ms. Robyn BICKET, Counsellor (Immigration), Australian Permanent Mission to the United Nations, GENEVA

 

CANADA

Mr. A. Mark ROBINSON, Counsellor, Permanent Mission of Canada, GENEVA

 

SAINT-SIEGE/HOLY SEE

Mr. Mario GATTIKER, Head of the Legal Department, LUCERNE

 

ETATS-UNIS/UNITED STATES

Mr. Donald MOORE, Acting Consul General, Acting Permanent Observer, Consulate General of the United States of America, STRASBOURG

 

BUDAPEST GROUP

Mr. Tamás KISS, Senior Liaison Officer, ICMPD, VIENNA

 

HCNUR/UNHCR

Ms. Karola PAUL, Deputy Director, Regional Bureau for Europe, UNHCR, GENEVE

 

M. Salvatore LOMBARDO, UNHCR Senior Liaison Officer to Strasbourg European Institutions, STRASBOURG

 

SECRÉTARIAT

 

M. Alexey KOZHEMYAKOV, Chef de la Division du Droit Public et International, Direction des Affaires Juridiques

 

M. Géza TESSÉNYI, Division du Droit Public et International, Direction des Affaires Juridiques

 

Mlle Christine COLEUR, Division du Droit public et International, Direction des Affaires Juridiques

 

Mr. Angel BALLESTEROS BARROS, stagiaire, Division du Droit public et International, Direction des Affaires Juridiques

 

ETATS NON REPRÉSENTÉS / NOT REPRESENTED STATES (EXCUSÉS / APOLOGISED)

ALBANIE/ALBANIA

ANDORRE/ANDORRA

BOSNIE ET HERZEGOVINE/BOSNIA AND HERZEGOVINA

ISLANDE/ICELAND

JAPON/JAPAN

LIECHTENSTEIN

LUXEMBOURG

MOLDOVA

PAYS-BAS/NETHERLANDS

SAINT-MARIN/SAN MARINO

SLOVENIE/SLOVENIA

ESPAGNE/SPAIN

 

ORGANISATIONS NON REPRÉSENTÉES / NOT REPRESENTED ORGANIZATIONS

(EXCUSÉES / APOLOGISED)

COMMISSION EUROPEENNE/EUROPEAN COMMISSION

OSCE

CDMG

 

A N N E X E II

ORDRE DU JOUR

 

 

1. Ouverture de la réunion

2. Adoption de l'ordre du jour

3. Discussion concernant le projet de texte préparé par le Groupe de Travail sur la Convention européenne des droits de l'homme et le droit de recours des demandeurs d'asile déboutés

4. Discussion concernant la formation du personnel accueillant les demandeurs d'asile aux postes frontières

5. Adoption d'un Avis concernant les réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées dans les pays de la CEI

6. Adoption d'un Avis concernant la limitation du droit d'asile des citoyens de l'Union européenne

7. Adoption d'un Avis concernant les droits de l'homme des réfugiés et demandeurs d'asile en Europe

8. Développements intervenus dans la législation des Etats membres en matière d'asile, de réfugiés et d'apatrides et personnes bénéficiant d'une protection temporaire (questionnaire)

9. Rapport sur la description sommaire des procédures d'asile dans certains Etats membres

10. Décisions du Comité des Ministres et autres activités du Conseil de l'Europe présentant de l'intérêt pour le CAHAR

11. Développements intervenus au niveau international dans le domaine de compétence du CAHAR

12. Travaux futurs

13. Election du Président, du Vice-président et des membres du Bureau

14. Divers

15. Adoption des rapports.

 

A N N E X E III

PROJET DE RECOMMANDATION

sur le droit de recours effectif des demandeurs d’asile déboutés

à l’encontre de décisions d’expulsion dans le contexte

de l'article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme

 

Le Comité des Ministres, en vertu de l'article 15.b du Statut du Conseil de l'Europe,

Rappelant qu’en vertu de l’article 3 de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, "nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants";

Affirmant que nul — notamment le demandeur d’asile débouté — ne peut être expulsé vers un pays où il serait soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants;

Gardant à l’esprit que l’article 13 de la Convention européenne des Droits de l’Homme dispose que "toute personne dont les droits et libertés reconnus dans la présente Convention ont été violés a droit à l’octroi d’un recours effectif devant une instance nationale, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l’exercice de leurs fonctions officielles";

Compte tenu de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme concernant l'application de l’article 13, combiné à l’article 3, de la Convention européenne des Droits de l’Homme, concernant les demandeurs d’asile déboutés faisant l'objet d'une expulsion;

Sans préjudice d'aucun droit, pour les demandeurs d’asile déboutés de faire appel aux décisions négatives concernant la demande d'asile conformément, entre autres, à la Recommandation n°  R (81) 16 du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe à l’attention des Etats membres sur l’harmonisation des procédures nationales en matière d’asile;

Recommande aux gouvernements des Etats membres de veiller, lorsqu'ils appliquent leurs propres règles de procédure, à respecter les garanties ci-dessous dans leur legislation ou leur pratique:

1. Tout demandeur d’asile s’étant vu refuser le statut de réfugié et faisant l’objet d'une expulsion vers un pays concernant lequel il fait valoir un grief défendable prétendant qu’il serait soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants, doit pouvoir exercer un recours effectif devant une instance nationale.

2. Dans le cadre de l’application du paragraphe 1 de la présente recommandation, tout recours devant une instance nationale est considéré effectif lorsque:

2.1. l’instance est juridictionnelle; ou si elle est quasi-juridictionnelle ou administrative, lorsqu’elle est clairement identifiée et composée de membres impartiaux jouissant des garanties d'indépendance,

2.2. l’instance est compétente tant pour décider sur l'existence des conditions prévues par l’article 3 de la Convention que pour accorder un redressement approprié,

2.3. le recours est accessible au demandeur d’asile débouté et

2.4. l’exécution de l'ordre d'expulsion est suspendue jusqu’à ce qu’une décision soit rendue sous le paragraphe 2.2.

 

PROJET D’EXPOSÉ DES MOTIFS

 

Introduction

1. En définissant le mandat spécifique du Comité ad hoc d’experts sur les aspects juridiques de l’asile territorial, des réfugiés et des apatrides (CAHAR), le Comité des Ministres a déclaré que l’une des taches du comité était "...de faire des propositions pour la solution des problèmes pratiques et juridiques auxquels sont confrontés les Etats dans le domaine de l’asile territorial, des réfugiés et des apatrides, notamment par l’élaboration d’instruments juridiques appropriés (conventions et recommandations) dans l’esprit libéral et humanitaire des Etats membres du Conseil de l’Europe...".

2. En examinant la jurisprudence correspondante de la Convention européenne des Droits de l’Homme en la matière, le CAHAR a reconnu qu’une recommandation aux Etats membres, fondée sur les dispositions de la Convention, ainsi que la jurisprudence pertinente relative à l’application de l’article 13, contribuerait utilement à apporter une solution aux éventuels problèmes juridiques et pratiques découlant de situations où des demandeurs d’asile déboutés sont contraints de partir, alors même qu’ils prétendent que leur expulsion les expose à un risque de torture ou de peines ou traitements inhumains ou dégradants.

3. Le projet mis au point par le Comité ad hoc a été transmis au Comité des Ministres, qui l’a adopté le ... lors de la ... réunion des Délégués des Ministres.

 

Considérations générales

4. La Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales ("la Convention") ne garantit pas un droit d’asile explicite, ni le droit, pour les étrangers, d'entrer sur le territoire d’un Etat membre du Conseil de l’Europe.

5. Toutefois, un demandeur d’asile débouté peut, dans le cas de l’exécution d’une décision d’expulsion, avoir des raisons de craindre la torture ou des peines ou traitements inhumains ou dégradants. La jurisprudence des organes de la Convention, et en particulier de la Cour européenne des Droits de l’Homme, a un rapport à certains de ces cas.

6. L’objectif de cette recommandation est d’aider les Etats membres à appliquer les dispositions conventionnelles, ainsi que la jurisprudence de l’article 13, combiné à l’article 3 de la Convention, en ce qui concerne le droit à un recours effectif pour les demandeurs d’asile déboutés faisant l'objet d'une expulsion.

7. En utilisant l'expression "demandeur d'asile débouté", il devrait être noté que dans certains Etats membres du Conseil de l'Europe les points soulevés en relation avec la Convention de 1951 relative au Statut des Réfugiés et avec l'article 3 de la Convention européenne des Droits de l'Homme sont traités dans la même procédure et en même temps.

8. Le terme expulsion, dans le contexte de cette recommandation, signifie toute mesure d'éloignement d'un étranger par la force, par exemple, refus d'entrée ou de refoulement.

9. Cette recommandation ne s’applique pas aux situations où des demandeurs d’asile déboutés font valoir leur droit à un recours effectif en vertu de l’article 13 combiné à des articles autres que l’article 3 de la Convention.

10. Cette recommandation ne concerne pas non plus l’exercice par des demandeurs d’asile déboutés, d'aucun droit de faire appel de décisions négatives concernant la demande d'asile conformément, entre autres, à la Recommandation n°  R (81) 16 du Comité des Ministres aux Etats membres sur l’harmonisation des procédures nationales en matière d’asile.

 

Observations sur les principes énoncés dans la recommandation

11. Il est recommandé aux gouvernements des Etats membres de respecter, tant dans leur legislation que dans leur pratique, certaines garanties lorsqu’ils appliquent leurs propres règles de procédure.

12. En vertu du paragraphe 1 de la recommandation, tout demandeur d'asile s'étant vu refuser le statut de réfugié et faisant l'objet d'une expulsion vers un pays concernant lequel il fait valoir un grief défendable prétendant qu'il serait soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants, doit pouvoir exercer un recours effectif devant une instance nationale.

13. Le droit à un recours effectif, dans le contexte de l’article 13 de la Convention, n’a pas d’existence indépendante. Il ne peut en effet être invoqué que dans le cas d’une violation des droits et des libertés reconnus dans la Convention. Dans son arrêt Klass (1978), la Cour a interprété cette disposition de la manière suivante: "nul ne peut (...) établir 'une violation' devant une "instance nationale" s’il n’est pas d’abord à même de saisir une telle instance. ...Aux yeux de la Cour, l’article 13 exige qu’un individu s’estimant lésé par une mesure prétendument contraire à la Convention dispose d’un recours devant une "instance nationale" afin de voir statuer sur son grief et, s’il y a lieu, d’obtenir redressement. L’arrêt Silver et autres (1983) apporte une nuance à cette interprétation en indiquant que le demandeur doit faire valoir un "grief défendable". La Cour n’a pas donné de définition de la "défendabilité"; c’est donc l’autorité compétente qui, au cas par cas, doit interpréter ce concept. Certains Etats membres estiment ainsi qu’un grief n’est pas "défendable" si le pays vers lequel la personne est expulsée est considéré comme un "pays tiers sûr". Dans ces circonstances, pour ces Etats membres cette Recommandation ne s'applique pas à moins que ce grief ne repose sur des motifs sérieux autorisant à penser que le demandeur d’asile encourt un risque réel d’être soumis dans ce pays à un traitement contraire à l’article 3 de la Convention.

14. Le paragraphe 2 de la recommandation définit le concept de "recours effectif" à la lumière de la jurisprudence disponible. Tout d’abord, il est précisé, au paragraphe 2.1, que l’instance est juridictionnelle; ou si elle est quasi-juridictionnelle ou administrative, elle doit être clairement identifiée et composée de membres impartiaux jouissant des garanties d’indépendance. Cette définition figurait déjà dans l’arrêt Klass.

15. Quant au paragraphe 2.2, il évoque la question de l'adéquation du recours: l’instance est compétente tant pour décider sur l'existence des conditions prévues à l'article 3 de la Convention que pour accorder un redressement approprié, ainsi que l’a établi la Cour dans son arrêt Soering (1989).

16. Troisièmement, le paragraphe 2.3 mentionne le caractère accessible du recours, en tant qu’élément de la définition d’un recours effectif. Le recours doit en effet être accessible au demandeur d’asile débouté. Cela signifie, selon le rapport de la Commission dans l’affaire Plattform, que l'intéressé doit avoir la qualité de partie devant l’instance nationale, et surtout être à même d’intenter le recours et de déclencher la procédure nationale.

17. Enfin, le paragraphe 2.4 pose une quatrième condition pour qu’un recours soit effectif: l’exécution de l'ordre d’expulsion est suspendue jusqu’à ce qu’une décision soit rendue en vertu du paragraphe 2.2. Pour mettre en œuvre cette disposition de la recommandation, il importe peu de savoir si l’instance nationale a estimé que la demande d’asile était manifestement infondée. En effet, le bien-fondé de la demande d’asile — reconnu lorsque existent des craintes justifiées de persécution reposant sur les motifs énumérés dans la Convention de 1951 et le Protocole de 1967 relatifs au Statut des Réfugiés — n’est pas, ou pas nécessairement, lié au risque que court le demandeur d’asile débouté d’être soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants en cas d’expulsion.

 

A N N E X E IV

Avis au Comité des Ministres

sur la protection et le renforcement des droits de l'homme

des réfugiés et des demandeurs d'asile en Europe

(CM/671/140597)

 

Le CAHAR a examiné en détail la Recommandation 1327 (1997) de l'Assemblée parlementaire, en particulier ses paragraphes 8. (i-vii) qui traitent d'importantes questions relatives à la protection des réfugiés.

1. Depuis la date de l'adoption de la recommandation précitée par l'Assemblée parlementaire, le Comité des Ministres a adopté un texte rédigé par le CAHAR concernant la notion de pays tiers sûr (Recommandation N° . R (97) 22 du Comité des Ministres énonçant des lignes directrices sur l'application de la notion de pays tiers sûr). Cette recommandation doit fournir des lignes directrices aux Etats membres du Conseil de l'Europe qui mettent en œuvre ce concept.

2. Le CAHAR encourage la ratification et l'observation effective de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés (Convention de Genève) et de son Protocole de 1967 par tous les Etats membres du Conseil de l'Europe.

3. Le CAHAR se félicite qu'un Etat membre, depuis l'adoption de la recommandation de l'Assemblée parlementaire, ait renoncé, au moyen d'une nouvelle législation, à la limitation géographique concernant l'application interne des dispositions de la Convention de Genève. D'autres Etats membres se trouvant dans une situation analogue sont invités à faire de même.

4. La proposition d'amendement de l'Assemblée à la Convention de Dublin qui détermine l'Etat responsable de l'examen des demandes d'asile introduites dans l'un des Etats membres des Communautés européennes demande à être étudiée par les Etats appartenant à l'Union européenne, s'ils le souhaitent.

5. Quant à l'initiative concernant une réforme qui ferait des dispositions de l'article 36 du Règlement de la Commission européenne des Droits de l'Homme, concernant les mesures intérimaires, une obligation pour les Etats signataires de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales (CEDH), il serait nécessaire que le Comité des Ministres procède à des consultations approfondies avec tous les Etats parties à la CEDH ainsi qu'avec la Cour européenne des Droits de l'Homme. Pour cette raison, le CAHAR a trouvé que cette question, comme telle, dépasse les limites de ses activités.

Pour l'instant, le CAHAR a complété une recommandation sur le droit de recours effectif pour les demandeurs d'asile déboutés concernant la question de la suspension d'ordre d'expulsion dans un contexte interne lorsque le risque existe que les demandeurs d'asile soient exposés à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants si ledit ordre était exécuté.

6. L'Assemblée, au paragraphe 8. (vii) e et h de sa recommandation, se réfère à deux conclusions du Comité exécutif (EXCOM) du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) concernant la détermination du statut de réfugié et la détention des réfugiés et des demandeurs d'asile. Si celles-ci et d'autres conclusions d'EXCOM du HCR, adoptées par de nombreux gouvernements, ne sont pas des instruments obligatoires, elles apportent toutefois des lignes directrices importantes pour le droit et la politique relatifs aux réfugiés dans les Etats membres du Conseil de l'Europe également.

7. Le CAHAR a pris acte de la demande de l'Assemblée concernant l'élaboration d'un accord obligatoire entre Etats membres en vue de fixer des normes minimales harmonisées pour les procédures d'asile, de l’appel de l’Assemblée à l'établissement de normes minimales applicables à la mise en œuvre de procédures accélérées de détermination de l'asile et de plusieurs autres propositions figurant au paragraphe 8. (vii) de la recommandation. Le CAHAR a examiné, ou est en train d'examiner, beaucoup de ces points, et, dans la mesure où sa charge de travail et ses priorités le permettront, il y reviendra et s'efforcera chaque fois que possible de dégager une position commune des Etats membres. Le CAHAR a toujours accordé une attention particulière aux demandes provenant de l'Assemblée.

8. L'intensification de la coopération à l'échelle européenne dans le domaine des politiques d'asile, que préconise le paragraphe 8. (i) de la recommandation de l'Assemblée, a été et continue d'être facilitée par le Comité des Ministres dans le cadre des travaux du CAHAR.

 

A N N E X E V

Avis au Comité des Ministres

sur les réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées

dans la Communauté des Etats Indépendants (CEI)

(CM/685/030797)

 

Le CAHAR a examiné de près la Recommandation 1334 (1997) de l'Assemblée parlementaire, notamment ses paragraphes 9. (v) a-f.

1. La recommandation rappelle la Conférence régionale sur les problèmes des réfugiés, des personnes déplacées ou d'autres formes de déplacement involontaire et des rapatriés dans les pays de la Communauté d'Etats indépendants et les Etats voisins concernés, tenue à Genève les 30 et 31 mai 1996 (conférence sur la CEI). Quatre-vingt-sept Etats et trente organisations internationales ont assisté aux débats qui ont abouti à l'adoption d'un document détaillé, le Programme d'action. Le Conseil de l'Europe a participé activement à l'élaboration de ce texte.

2. Le Programme d'action est devenu une référence de l'action internationale coordonnée relative à la région, dans le domaine des migrations et des réfugiés. Pour en reprendre les termes, «si cette stratégie a été formulée spécifiquement pour les pays de la CEI, les Etats participants s'engagent à soutenir le processus vital de mise en oeuvre des mesures contenues dans le Programme d'action. Tous les Etats et les organisations internationales concernés se déclarent prêts à fournir un soutien approprié, tant par sa forme que par son niveau, à cette mise en oeuvre».

3. L'Assemblée soulève plusieurs questions aux paragraphes 9. (v) a-f, de la recommandation précitée. Pour assurer la stricte observation des principes fondamentaux des instruments internationaux concernant la protection des droits des réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées, le CAHAR, dans les textes juridiques pertinents qu'il a établis, rappelle régulièrement l'importance du plein respect du principe de non-refoulement par tous les Etats, en particulier les Etats membres du Conseil de l'Europe;

Le Secrétariat contribue présentement à un exercice commun des Etats de la CEI, du Conseil de l'Europe, du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH) de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) afin de trouver des solutions en rapport avec le système de la «Propiska», qui affecte la liberté de circulation et le choix de la résidence.

Le CAHAR est également favorable à l'observation du principe de non-discrimination, notamment dans le cas des réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées.

 

4. Le CAHAR encourage en outre la ratification sans restriction géographique et l'application effective de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de son Protocole de 1967 ainsi que la mise en conformité par tous les Etats membres du Conseil de l'Europe et candidats à l'adhésion de leur droit, notamment les dispositions constitutionnelles, et de leur pratique avec ces textes.

 

5. Le CAHAR attache une grande importance au retour volontaire des réfugiés et personnes déplacées sur le plan interne dans les zones où les conflits sont terminés, eu égard à leur sécurité, leur dignité ainsi qu'à des conditions économiques et sociales appropriées.

 

6. La coopération internationale, en coordination avec le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui sont les deux institutions chargées d'harmoniser le suivi de la Conférence de la CEI, est essentielle à ces pays. De même, le financement adéquat des mesures d'application des textes est indispensable à leur réussite.

Dans ce contexte, il est important de réaliser des mesures prévues par les paragraphes 9 i), ii) et iii) de la Recommandation visant la mise en oeuvre, conjointement avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l'Organisation internationale des migrations et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, pour les Etats CEI qui sont membres du Conseil de l'Europe ou candidats à l'adhésion, de programmes de sensibilisation et de formation dans le domaine de protection des droits des réfugiés, des demandeurs d'asile et des personnes déplacées.

 

A N N E X E VI

Avis au Comité des Ministres

sur les implications juridiques des décisions prises au Conseil européen

d'Amsterdam concernant le droit d'asile des citoyens de l'Union européenne

(CM/686/100997)

 

Le CAHAR a examiné la Décision N° CM/686/100997 dans laquelle le Comité des Ministres demande au CAHAR de donner un avis sur les implications juridiques des décisions prises au Conseil européen d'Amsterdam sur le droit d'asile des citoyens de l'Union européenne, eu égard aux conventions européennes et internationales applicables, notamment la Convention de Genève de 1951 relative au Statut des Réfugiés.

Ces dernières années, le CAHAR a donné des avis et préparé des recommandations concernant les Droits de l'Homme protégés par la Convention européenne des Droits de l'Homme et les implications juridiques en matière d'asile. Dans ce contexte, le CAHAR a souvent souligné et souligne comme dans le présent avis, que nul, y compris les citoyens ressortissants de tout Etat membre du Conseil de l'Europe, ne peut être exposé à des violations potentielles de ses Droits de l'Homme qui ont été garantis par la Convention européenne des Droits de l'Homme. Ceci s'applique, en particulier, à l'interdiction de la torture et à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ainsi qu'au droit au respect de la vie privée et familiale, comme il est stipulé dans les articles 3 et 8 de la Convention.

Compte tenu des conventions européennes et internationales applicables, notamment la Convention de 1951 relative au Statut des Réfugiés, selon le CAHAR, l'interprétation des obligations conventionnelles internationales établies à l'extérieur du Conseil de l'Europe en matière de protection des réfugiés sont explicitement du ressort des organes judiciaires compétents.