20ème COMMEMORATION DU GENOCIDE DES TUTSI AU RWANDA (1994-2014)

Intervention du Dr Carole REICH, responsable du programme du Conseil de l’Europe « Transmission de la mémoire de l’Holocauste et prévention des crimes contre l’humanité : une approche transversale » :

Monsieur l’Ambassadeur,

Mesdames, Messieurs,

 

Journée particulière que ce 27 avril 2014 : en ce moment, place Broglie, les noms des victimes juives de l’Holocauste sont égrénés en ce jour de Yom aShoa.

 

Journée particulière que ce 27 avril où se déroule à rome la canonisation du Bon Pape Jean 23, qui a tant œuvré pour le dialogue judéo-chrétien.

 

Journée particulière encore que ce 27 avril 2014 puisque, pour la première fois, le Conseil de l’Europe vous accueille pour commémorer le génocide des Tutsi.

 

Lorsque le Conseil de l’Europe fut créé, en 1949, le choix du lieu, STRASBOURG, comme siège unique de l’Organisation, a été très emblématique.

Il s’agissait de tout mettre en œuvre pour que jamais plus français et allemands, voisins et ennemis héréditaires, ne se combattent.

 

Mais la création du Conseil de l’Europe, à peine 4 années après la fin de la deuxième guerre mondiale, répondait aussi à la nécessité de fédérer les pays en Europe, et de leur donner une vie nouvelle, pacifique, assise sur les cendres de ce terrible conflit.

 

Les cendres des 6 millions de victimes juives de l’Holocauste, et de toutes les autres victimes du régime nazi : les Roms, les personnes handicapées physiques et mentales, les homosexuels, les Polonais, les Slaves, les Témoins de Jehovah…

 

En 2001, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté une Recommandation (2001)15 relative à l’enseignement de l’histoire en Europe au XXIe siècle.

Dans le §6. Enseignement et mémoire de son Annexe, il est dit, et je cite :

« Il conviendrait, tout en mettant en évidence les résultats positifs qui ont marqué le XXe siècle, tels que l’utilisation pacifique des sciences en vue d’un meilleur art de vivre et le développement de la démocratie et des droits de l’homme, de prendre toutes les mesures éducatives permettant de prévenir la répétition ou la négation des événements dévastateurs ayant marqué ce siècle, à savoir l’Holocauste, les génocides et autres crimes contre l’humanité, les épurations ethniques, les violations massives des droits de l’homme et des valeurs fondamentales auxquelles le Conseil de l’Europe est particulièrement attaché.

Pour ce faire, il conviendrait :

– d’aider les élèves à prendre connaissance et conscience des faits – et de leurs causes – qui ont marqué de la façon la plus sombre l’histoire de l’Europe en particulier et du monde en général ;

– de réfléchir sur les idéologies qui y ont conduit et sur les moyens permettant d’éviter la répétition de tels faits ;

– d’orienter, de développer et de coordonner les programmes de formation continue du personnel éducatif dans les Etats membres du Conseil de la coopération culturelle dans ce domaine ;

– de faciliter l’accès, notamment en utilisant les ressources des nouvelles technologies, à la documentation déjà disponible sur ce thème et de développer un réseau de centres de ressources pédagogiques dans ce domaine ;

d’assurer la mise en œuvre, le suivi et le monitoring de la décision des ministres de l’Education (Cracovie, 2000) de consacrer, dans les écoles, une journée à la mémoire de l’Holocauste et à la prévention des crimes contre l’humanité, choisie selon l’histoire de chaque Etat membre.

Le programme « Transmission de la mémoire de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité » met en œuvre cette Recommandation depuis plus de dix ans.

C’est dans le cadre de ce programme que le Conseil de l’Europe vous reçoit aujourd’hui au Centre européen de la Jeunesse afin que vous puissiez commémorer le 20ème anniversaire du génocide des Tutsi et évoquer avec recueillement les personnes mortes assassinées au Rwanda. Le dernier génocide du XXème siècle.

Permettez-moi de vous transmettre une tradition de la religion juive : on a coutume de dire qu’aussi longtemps qu’on évoque le nom d’un disparu, ce dernier reste lié au faisceau des vivants.

Les témoignages que vous avez inscrits au programme de la Journée y contribueront, ainsi que les portraits de Tutsi rwandais peints par le Dr Francine Mayran, qui fait un véritable travail de mémoire au travers de portraits de victimes symbolisant les drames des victimes de tous les génocides.

Je vous remercie de votre attention.