Discours de Mary Hanafin, ministre de l'Education et des Sciences d'Irlande à l'issue de la "Marche des Vivants" d’Auschwitz à Birkenau, le 5 mai 2005.
A Chairde uilig, Excellences, Mesdames, Messieurs et jeunes amis, en tant que Ministre de l’Éducation de l’Irlande, je suis très honorée d’avoir été conviée à prendre la parole, en cette occasion solennelle, au nom de la Conférence permanente des ministres européens de l’Education du Conseil de l’Europe.
Le souvenir est de sensibilité et de raison. L'hommage aux victimes comme la prise de conscience d'une responsabilité intergénérationnelle passe par des événements marquants et inoubliables.
Ainsi en va-t-il de cette "Marche des vivants" initiée il y a plus de 15 ans et qui a vu cette année près de 20 000 personnes y participer, gens de tous les confins venus témoigner de la permanence de l'irréparable, survivants et jeunes générations mêlés, qui apportent ainsi témoignage du lien qui les unit, d'une solidarité qui traverse les âges et le temps.
Aux témoins des heures les plus cruelles nous, ministres de l'Education des 48 Etats signataires de la Convention Culturelle européenne du Conseil de l'Europe, signifions qu'ils ne seront plus jamais seuls, ni abandonnés.
Ici, à Birkenau, mais aussi à Auschwitz et en tant d’autres endroits d’Europe, nous sommes bouleversés par l’écho des lamentations déchirantes de tant de personnes. Des hommes, des femmes et des enfants nous appellent à cor et à cri des profondeurs de l’horreur qu’ils ont vécue. Comment rester sourd à leur appel ? Nul ne peut oublier ce qui s’est passé ou y rester indifférent. Nul ne peut en minimiser l’ampleur.
Comme l’a écrit Seamus Heaney, poète irlandais couronné par un Prix Nobel, aucun poème, aucune pièce, aucune chanson ne peut redresser entièrement un tort infligé et souffert.
Nous voulons nous souvenir. Mais nous voulons nous souvenir dans un but bien précis : veiller à ce que plus jamais le mal ne triomphe comme il l’a fait au détriment de millions de victimes innocentes.
Le mal qui dresse l’humanité contre elle-même, qui déprécie sa vie, qui la dégrade, qui est acharné à la détruire, rôde toujours dans le monde. Le mal ne se repose pas ; cela, nous ne devons jamais l’oublier. Ainsi que l’a dit Edmund Burke, autre intellectuel irlandais, « Tout ce dont le mal a besoin pour triompher, c’est que les bons ne fassent rien ».
C’est en nous rappelant l’indicible horreur qui a eu lieu ici que nous restons conscients de la possibilité qu’on tente de la renouveler. En tant qu’éducateurs, en tant que professeurs, c’est par l’anamnèse, l’éducation et la compréhension que nous pouvons apprendre du passé à respecter la dignité humaine et à éviter de répéter les erreurs de ce même passé.
Aux générations futures, nous voulons dire solennellement l’engagement du Conseil de l’Europe à faire en sorte qu’ils n’aient jamais à subir les mêmes atrocités.
Le Conseil de l’Europe est impliqué et ne cesse de s’investir dans de nombreuses initiatives et actions visant à la reconnaissance de l’Holocauste et à la prévention des crimes contre l’humanité.
Nous nous unissons pour reconnaître en la « Marche des vivants » le symbole de cette action au long cours et une invitation à poursuivre nos efforts afin de garantir que de telles choses ne se reproduisent jamais plus.
Ar son na glúinte atá le teacht, seasaimid le chéile.