Interview de l’un des derniers chefs vivants de l'insurrection du Ghetto de Varsovie Marek Edelman

L’espoir d’un monde sans holocauste

Marek Edelman est l’un des derniers chefs vivants de l'insurrection du Ghetto de Varsovie. Du 4 au 6 mai, il a participé au séminaire sur le thème "Enseignement de la mémoire et patrimoine culturel" qui s'est tenu à Cracovie, pour y partager son expérience.

10.05.2005

Question : Avec 60 ans de recul, quelle leçon tirez-vous de cette terrible expérience ?

Marek Edelman : La question fondamentale n’est pas la question du ghetto, c’est la question de l’être humain. L’homme est agressif par nature, c’est pour cela que nous avons été sous la menace d’un holocauste. C’est au XXème siècle que la menace a été la plus grande car nous étions pris entre deux régimes fascistes, ceux de l’Allemagne et de la Russie. La fin de la Deuxième Guerre Mondiale aurait pû nous faire croire à la fin des holocaustes, mais non. Il y a eu le Cambodge, le Rwanda.

C’est le respect de la vie individuelle qui doit être le fondement même de l’avenir de l’humanité. Cette conférence est très importante car les ministres de l’éducation ont un rôle primordial à jouer. Ce sont eux qui doivent avoir cette vision de l’avenir comme Schuman, Mendes-France et de Gasperi, par exemple. Grâce à eux, nous sommes arrivés à une Europe sans frontière et grâce à eux, nous avons l’espoir d’un monde sans holocauste.
Grâce à la civilisation, la culture et l’éducation, nous pouvons lutter contre l’agressivité et espérer qu’il n’y aura plus de guerre, ni d’holocauste, mais davantage d’amitié.