Allocution de clôture de M. Piero Fassino, Maire de Turin

(Traduction de la transcription de l’enregistrement de l’intervention réalisé lors de la Conférence)

(Texte traduit à partir de l’original en italien)

 

Au terme de ces deux journées de discussion au cours desquelles nous aurons abordé tous les thèmes de la Conférence, et après avoir entendu les conclusions qui en ont été  tirées et viennent de nous être exposées avec une grande clarté, il me reste à formuler des remerciements.

Je voudrais remercier très sincèrement la Présidente Boldrini d’avoir accepté l’invitation de participer à cette Conférence.

Je tiens à adresser mes remerciements à Monsieur le Ministre Poletti, ainsi qu’au Gouvernement italien, qui ont été à nos côtés dans la préparation et le déroulement de la Conférence.

Je remercie également les délégations étrangères, les Ministres, les Secrétaires d’Etat et leurs collaborateurs qui ont fait le déplacement à Turin.

Vous comprendrez aussi que je veuille remercier plus particulièrement le Secrétaire Général Jagland, et la Secrétaire Générale adjointe, Mme Dragoni, ainsi que tous les collaborateurs du Conseil de l’Europe qui ont travaillé avec nous à l’organisation de la Conférence.

Permettez-moi en outre de remercier bien évidemment mes propres collaborateurs, à commencer par Mme Gianfrate, mon chef de cabinet, et toutes les personnes qui, dans nos services, ont concouru à la tenue de cette manifestation.

Enfin, je me dois naturellement de remercier tous ceux qui nous ont apporté leur assistance lors de ces travaux - je songe notamment aux interprètes.

Nous avons débattu deux jours durant d’un problème qui revêt, ainsi qu’il a été dit, une importance cruciale et dont on nous a dit qu’il s’inscrivait dans un scénario où, comme l’a fait justement remarquer M. Nicoletti, la mise en œuvre et le respect de la Charte sociale européenne n’allaient pas nécessairement de soi. Nous sommes confrontés à une crise économique et sociale qui a plongé dans un plus grand doute et une plus grande précarité des millions d’individus et de familles et a conduit à un effritement de la croissance dans de nombreux pays. La possibilité d’affirmer pleinement ses droits s’en en trouvée, à l’évidence, amoindrie. Il y a là un lien que nous devrions peut-être faire davantage ressortir, un lien indissoluble entre la perspective d’une pleine mise en œuvre des droits et une politique d’expansion, de développement.

Il est faux de prétendre que les droits s’exercent indépendamment du contexte socio-économique. Un contexte économique de précarité, d’incertitude dans les dynamiques de développement devient également un contexte d’incertitude et de précarité pour les droits. De ce point de vue, la question qui est au centre du débat de l’Union européenne, à savoir comment relancer une politique de croissance, comment réenclencher une politique d’investissement, comment raviver la création d’emplois, comment faire en sorte que le pacte de stabilité ne soit pas seulement un outil servant à vérifier les comptes publics et à contrôler les politiques d’équilibre mais aussi un instrument de réactivation de la croissance, - est étroitement liée à la thématique de la relance de la Charte sociale européenne et des droits qui y sont énoncés.

Un autre aspect, un deuxième volet dont nous ne pouvons faire abstraction est le fait que l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et notre continent ne vivent pas dans une tour d’ivoire. Nous sommes entrés dans l’ère de la mondialisation et les conditions qui régissent les rapports économiques à l’échelon planétaire, les facteurs qui induisent la concurrence et les diverses formes de dumping, dont le dumping social, influent sur la mise en œuvre des droits.

En ce sens, le thème de l’uniformisation des règles inscrites dans la Charte sociale et de celles que prévoit la législation sociale de l’Union européenne doit aller de pair avec une mobilisation des efforts en faveur d’une reconnaissance universelle des droits sociaux. A défaut, nous continuerons de faire face à un écart de compétitivité qui risque fort de compromettre la pleine réalisation des droits.

Le troisième problème dont nous devons à mes yeux tenir compte est l’évolution structurelle radicale de l’emploi, de sa répartition quantitative et de sa composition qualitative. Ce n’est pas un hasard si l’on parle de plus en plus de « société de travail » plutôt que de « société du travail »: la transformation de l’emploi nous amène peu à peu à changer non seulement notre façon d’organiser, mais aussi de vivre le travail, de le percevoir et de nous identifier à lui, et tout ceci se répercute bien évidemment sur la manière dont le travail est protégé et garanti. Quelle que soit la forme que prend le travail, quelle qu’en soit sa nature, quel que soit le lieu où il est exercé, il faut sans aucun doute reconnaître la dignité du travail. Et pour être jugé digne, le travail doit être dignement rémunéré, contractuellement protégé, légalement garanti et, par-dessus tout, exempt de tout risque d’atteinte à l’intégrité physique et psychique de celui qui l’accomplit.

Mais toutes ces considérations, si incontestables soient-elles, ne doivent pas nous affranchir de la nécessité de voir comment concrétiser ces droits dans un marché de l’emploi en mutation tout entier axé, dans son organisation et ses modalités, sur la flexibilité et non pas sur la rigidité.

 

Je n’ai mentionné que trois facteurs qui influent sur notre capacité à donner pleinement effet à la Charte sociale et, partant, au Processus de Turin. Permettez-moi, à ce propos, de dire combien je suis heureux que notre ville, après avoir été celle où la Charte a été signée, soit aujourd’hui celle aussi où démarre un processus destiné à la réviser et à la mettre en œuvre dans cette nouvelle donne qui s’est créée. Le Processus de Turin devra composer avec ces conditions nouvelles et, par conséquent, avec l’évolution de certaines variables essentielles autour desquelles il faudra – comme l’ont très justement relevé Mme Dragoni et la Présidente Boldrini – redéfinir les droits et garanties que nous sommes en mesure d’offrir à nos citoyens. Autrement dit, et j’en terminerai par là, la Charte sociale doit apparaître comme l’un des piliers sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour redéfinir le modèle de développement européen (mais pas seulement européen), comme « la » référence dans les processus de réforme de la protection sociale et de l’Etat social, comme un point de repère essentiel pour l’avènement de nouveaux droits de citoyenneté pour tous.

Ce sont là les quelques considérations que j’ai crues utiles de vous livrer dans ces brèves remarques en guise de conclusion. 

Je tiens à remercier une fois encore chacun de vous. J’espère que notre hospitalité vous aura permis d’apprécier les multiples possibilités qu’offre notre ville et je forme le vœu, comme je l’ai dit hier lors de la séance d’ouverture, que vous reviendrez souvent à Turin : vous y recevrez toujours un accueil chaleureux et amical.

Merci !