Version approuvée par le CAHROM lors de sa 3e réunion

CAHROM (2012)6

Ohrid, 23 mai 2012

COMITÉ AD HOC D’EXPERTS SUR LES QUESTIONS ROMS[1]

(CAHROM)

__________

RAPPORT THÉMATIQUE

élaboré par les experts du groupe thématique du CAHROM sur

LE DÉCROCHAGE ET L’ABSENTÉISME SCOLAIRES CHEZ LES ENFANTS ROMS

à la suite de la visite thématique du CAHROM à Nieuwegein et à Veldhoven,

Pays-Bas, du 12 au 14 mars 2012

__________

Experts des PAYS-BAS, pays demandeur :

M. Cor de Vos, expert du CAHROM et ancien maire de Nieuwegein

Mme Magda Jablonski, secrétaire de la Plateforme néerlandaise des communes

traitant des questions roms

Experts de HONGRIE, d’ESPAGNE et de SUÈDE, pays partenaires :

Hongrie : M. Iván Sör


ös, spécialiste de l’Éducation publique et de l’Inclusion sociale, Secrétariat d’État à l’intégration sociale, Ministère de l’Administration publique et de la Justice, qui a été invité à présenter notamment les programmes extrascolaires Tanoda ;

Espagne : M. Ángel Pérez Barandiarán, responsable de la division Éducation de la Fundación Secretariado Gitano (FSG), qui a été invité à présenter le programme Promociona, qui prévoit des mesures préventives contre le décrochage scolaire ;

Suède : Mme Tiina Kiveliö, du Conseil d’administration du comté de Stockholm, qui joue un rôle de coordination et de suivi au sein du Conseil en ce qui concerne la politique suédoise relative aux minorités nationales.


TABLE DES MATIÈRES

__________

I. INTRODUCTION                                                                                                  page 3

1.1       Contexte                                                                                              page 3

1.2       Composition du groupe thématique d’experts                                      page 3

1.3       Programme de la visite thématique                                                      page 4

1.4       Objet de la demande et attentes du pays demandeur                            page 4

II. NORMES EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES APPLICABLES

ET TEXTES DE RÉFÉRENCE                                                                            page 5

III. ANALYSE COMPARATIVE (SITUATION, POLITIQUES, MESURES)            page 7

3.1.      Taille et composition des groupes roms                                                           page 7

                        3.1.1 Pays-Bas                                                                                     page 7

                        3.1.2 Hongrie                                                                                       page 8

                        3.1.3 Espagne                                                                                      page 9

                        3.1.4 Suède                                                                                          page 9

3.2.      Politique générale et législation relative à la fréquentation scolaire            page 10

                        3.2.1 Pays-Bas                                                                                     page 10

                        3.2.2 Hongrie                                                                                       page 11

                        3.2.3 Espagne                                                                                      page 12

                        3.2.4 Suède                                                                                          page 13

3.3       Approche stratégique                                                                           page 15

                        3.3.1    Approche axée sur la population générale c. approche axée

sur la minorité nationale                                                          page 15

                        3.3.2    Approche nationale c. approche locale                                                page 16

-      Le programme néerlandais de lutte contre la criminalité en général

 et contre l’exploitation des enfants roms en particulier    page 18

                        3.3.3    Mesures répressives c. mesures préventives                            page 19

-      Le programme Wisselgeld/Monnaie d’échange à Nieuwegein   page 19

-      La politique locale à l’égard des Roms à Veldhoven         page 21

-      Les programmes d’apprentissage extrascolaires TANODA

en Hongrie                                                                        page 22

-      Le programme PROMOCIONA en Espagne                      page 23

-      L’éducation préscolaire en Suède                                                 page 25

3.3.4    Consultation des Roms c. Participation active des Roms                        page 25

IV. ENSEIGNEMENTS TIRÉS ET BONNES PRATIQUES RELEVÉES              page 26

(les sous-chapitres suivants figurent dans le tableau récapitulatif)

4.1       Principales raisons et obstacles majeurs au faible taux de fréquentation

scolaire chez les enfants roms                                                             p. 28-38

            4.2       Réponses apportées et mesures prises et bonnes pratiques                  p. 28-38

            4.3       Normes, recommandations et projets internationaux pertinents                        p. 28-38

ANNEXES:                                                                                                                 page 39

Annexe 1 :       Invitation officielle du CAHROM                                           page 39

Annexe 2 :       Programme de la visite thématique                                          page 39

Annexe 3 :       Liste des participants à la visite thématique                             page 39


I. INTRODUCTION

1.1  Contexte

Le groupe thématique sur le décrochage et l'absentéisme scolaires chez les enfants roms, notamment lors du passage du primaire au secondaire, et plus particulièrement parmi les filles roms, a été mis en place à la demande de M. Cor de Vos, membre néerlandais du CAHROM, à la suite de la requête formulée par deux communes néerlandaises, Nieuwegein et Veldhoven. Ces deux villes participent à la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms, sous l’égide de l’Association des communes néerlandaises (VNG).

La prise de contact initiale avec M. Cor de Vos et Mme Magda Jablonski, secrétaire de la Plateforme, a été suivie de la réception par le Secrétariat, le 1er mars 2012, d’une invitation par écrit de la part de M. Frans Backhuijs, maire de Nieuwegein et président de la Plateforme, qui a officiellement invité des experts du CAHROM et le Secrétariat du Conseil de l’Europe à se rendre dans les communes de Nieuwegein et de Veldhoven du 12 au 14 mars 2012 (voir l’annexe 1).

En vue de préparer la visite thématique, chaque expert a été prié de fournir des informations générales sur la situation des Roms, le cadre législatif applicable et les mesures et stratégies relatives à l'éducation des Roms, y compris les moyens financiers mis à disposition. Les documents d'information qui ont été soumis par écrit par le pays demandeur et les pays partenaires, ainsi que les exposés qui ont été présentés pendant la visite, figurent dans un addendum au présent rapport.

1.2  Composition du groupe thématique d’experts

Le groupe thématique d’experts se composait de deux experts originaires du pays demandeur, M. Cor de Vos, membre du CAHROM et ancien maire de Nieuwegein, et Mme Magda Jablonski, secrétaire de la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms, ainsi que d’un expert venant de chacun des trois pays partenaires[2]. Deux d’entre eux ont été proposés par le Fonds pour l’éducation des Roms pour des programmes de lutte contre l’absentéisme scolaire : M. Iván Sörös de Hongrie, qui a été invité à présenter les programmes extrascolaires Tanoda, et M. Ángel Pérez Barandiarán d’Espagne, qui a été invité à présenter le programme Promociona, qui contient des mesures préventives contre le décrochage scolaire. La Suède, qui avait manifesté son intérêt à participer à ce groupe, a désigné Mme Tiina Kiveliö du Conseil d’administration du comté de Stockholm.

La taille de la population rom est comparable aux Pays-Bas et en Suède (près de 40 000 et de 50 000 personnes respectivement), mais elle est beaucoup plus importante en Hongrie et en Espagne (environ 650 000-750 000). Il a été jugé utile de comparer les différentes stratégies adoptées dans les quatre pays : aux Pays-Bas, une approche globale prévaut, et les Roms ne sont pas reconnus comme étant une minorité nationale[3]. Au contraire, la Hongrie et la Suède reconnaissent que les Roms constituent une minorité nationale et leur appliquent des mesures ciblées. L'Espagne se situe plus ou moins entre ces deux tendances : alors que la communauté rom n’est pas reconnue comme étant une minorité, elle est néanmoins couverte en vertu de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, et l’Espagne est le premier pays d'Europe à avoir adopté une action ciblée en faveur des Roms[4] dès 1985. En outre, la Hongrie et l'Espagne participent à la Décennie pour l'intégration des Roms, contrairement aux Pays-Bas et à la Suède.

1.3  Programme de la visite thématique

Après les allocutions de bienvenue de M. Frans Backhuijs, maire de Nieuwegein, et de M. Bert Lubbinge, alderman (adjoint au maire), M. Cor de Vos a prononcé un discours axé sur le thème de l'absentéisme scolaire des enfants roms aux Pays-Bas, indiqué les attentes de son pays vis-à-vis de cette visite et exposé une série de questions qu'il souhaiterait également voir examinées. Ce discours a été suivi d'un exposé présenté par le chef du projet Wisselgeld mis en œuvre à Nieuwegein, et d'un débat général. À l’heure du déjeuner, l'équipe d'experts du CAHROM s'est rendue à l’école primaire « spéciale » SBO De Evenaar et a rencontré le directeur et le directeur adjoint de l'établissement. L'après-midi a été consacrée à des présentations par des experts des pays partenaires et à un échange de vues auquel a participé M. Peter Jorna, consultant sur les questions roms et sintés. Mme Mila van Burik de l’ONG Triana n’a malheureusement pas pu se joindre au groupe. Le 13 mars, l’équipe d’experts du CAHROM s’est rendue à Veldhoven où elle a assisté, après l’allocution de bienvenue de M. Huub Verhagen, chef du Service municipal pour l’emploi, les salaires et les soins, à divers exposés présentés par l’agent municipal chargé des questions roms, deux « intermédiaires » (des travailleurs sociaux de la commune), un travailleur communautaire, un agent chargé de contrôler la fréquentation scolaire et un policier de l’École de police néerlandaise. A la suite d’un long échange de vues entre les participants, l’équipe d’experts du CAHROM a visité une école primaire et un établissement du secondaire ainsi que plusieurs emplacements roms. La matinée du troisième jour a été consacrée à un compte rendu de visite entre les experts du groupe thématique et le Secrétariat. Le programme et la liste des participants figurent dans les annexes 2 et 3 respectivement.

1.4  Objet de la demande et attentes du pays demandeur

M. de Vos a commencé son exposé en expliquant qu'en sa qualité d'ancien maire de Nieuwegein, il s’est occupé pendant 11 ans d’environ 61 000 personnes dans sa commune, y compris 400 d’origine rom, et qu’au-delà de tout discours théorique, il se devait d’avoir les deux pieds bien ancrés dans la réalité. Il a rappelé le point de départ de la politique néerlandaise : tous les hommes sont égaux et ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Les lois et les règles sont les mêmes pour tous les citoyens, qu'ils soient d'origine néerlandaise, marocaine, turque ou rom. De la même façon, ils sont tous, en tant que citoyens et membres d'une même commune, censés contribuer à la vie locale en fonction de leurs capacités. Cela étant dit, certaines familles d'origine néerlandaise ou autre font face à de nombreux problèmes (pauvreté, chômage, endettement, faible niveau d'instruction, violence domestique, problèmes de santé physiques et/ou psychologiques, etc.) et ne sont pas en mesure de contribuer à l'amélioration de la société. De l'expérience de M. de Vos, un grand nombre de familles roms appartiennent à cette catégorie.

Pour répondre aux besoins des familles roms dites « aux multiples problèmes », la ville de Nieuwegein a mis en place le programme Wisselgeld/Monnaie d’échange (voir le chapitre 3.3.3 ci-dessous).

Veiller à l’application de la loi permettrait d'améliorer quelque peu la situation, mais M. de Vos a également précisé que d'autres mesures étaient nécessaires, notamment la participation des parents et des familles roms, qui doivent comprendre que la seule façon d’obtenir une certaine reconnaissance dans la société néerlandaise est d'éduquer leurs enfants et de respecter les lois nationales. Les Néerlandais doivent dans le même temps accepter le fait que les Roms aient leurs propres coutumes et leur propre culture. M. de Vos a conclu son intervention en soulignant que les Pays-Bas offrent un grand nombre de possibilités à toutes les personnes qui souhaitent les saisir : par exemple les conditions de logement et de santé sont plutôt bonnes, y compris pour les Roms. Le principal problème reste le décrochage scolaire et, par conséquent, l'accès au marché du travail régulier. M. de Vos a reconnu qu’une certaine discrimination existait dans le climat actuel chez une partie de la population aux Pays-Bas qui est opposée aux personnes d'origine non néerlandaise. Même si la ségrégation au sein de la société est beaucoup plus forte dans l'Europe de l'Est, la distance entre les Roms et le reste de la population néerlandaise est beaucoup plus grande qu'entre la majorité et d'autres groupes minoritaires.

M. de Vos a finalement posé une série de questions auxquelles il souhaitait que des réponses soient apportées pendant la visite :

·     Est-il normal que les filles abandonnent l'école, se marient et aient des enfants à un très jeune âge ?

·     La vente d'un enfant par ses parents (le versement d’une dot) peut-elle être assimilée à de la traite ?

·     Qu'est-ce qui doit prévaloir : la culture et les traditions roms ou la loi des Pays-Bas qui rend l'école obligatoire ?

·     Le fait que les parents n'envoient pas leurs enfants à l'école peut-il justifier un retrait des enfants à leurs familles et leur placement dans des familles d'accueil ou des foyers par le Conseil de la protection de l'enfance ou des Centres pour la jeunesse ?

Certaines de ces questions ont été examinées et les résultats sont exposés dans le présent rapport (voir par exemple le sous-chapitre 3.3.3 et le chapitre IV sur les enseignements tirés).

II. NORMES EUROPEENNES ET INTERNATIONALES APPLICABLES ET TEXTES DE REFERENCE

Le droit à l'éducation pour tous les enfants, et pour les enfants roms en particulier, y compris le problème du décrochage et de l'absentéisme scolaires, a été largement examiné et documenté par des organisations gouvernementales et non-gouvernementales européennes et internationales au moyen de conventions, de recommandations, de la jurisprudence, de rapports et de projets spécifiques. Il est fait référence à un certain nombre de ces documents dans les notes de bas de page du présent rapport thématique, dans le tableau récapitulatif des enseignements tirés (voir le chapitre IV ci-dessous) et dans l'addendum.

Il a toutefois été jugé utile, pour toute recherche complémentaire, de rappeler dans le présent chapitre le titre des textes et des documents de référence les plus pertinents.

En ce qui concerne le Conseil de l'Europe, une attention spéciale devrait être portée aux instruments suivants :

-            Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, Conseil de l'Europe, 1950 (STE No. 5), notamment l'article 14 (Interdiction de discrimination), son Protocole de 1952 (STE No. 9), notamment l’article 2 (Droit à l’instruction), et son Protocole No. 12 de 2000 (STE No. 177) ;

-            Convention-cadre de 1995 pour la protection des minorités nationales (STE No. 157)[5] ;

-            Charte européenne de 1992 des langues régionales ou minoritaires (STE No. 148)[6] ;

-            Charte sociale européenne de 1961 (STE No. 35)[7] ;

-            Recommandation CM/Rec(2009)4 du Comité des Ministres sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage ;

-            Recommandation CM/Rec(2008)5 du Comité des Ministres aux États membres sur les politiques concernant les Roms et/ou les Gens du voyage en Europe ;

-            Recommandation No. R (2000)4 du Comité des Ministres sur l’éducation des enfants roms/tsiganes en Europe ;

-            Recommandation 1924 (2010) et Résolution 1740 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur la situation des Roms en Europe et les activités pertinentes du Conseil de l’Europe ;

-            Recommandation 315 (2011) et Résolution 333 (2011) du Congrès sur la situation des Roms en Europe : un défi pour les pouvoirs locaux et régionaux ;

-            Recommandations de politique générale de l’ECRI No. 3 sur la lutte contre le racisme et l’intolérance envers les Roms/Tsiganes (1998), No. 7 sur la législation nationale pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale (2002), No. 10 sur la lutte contre le racisme et la discrimination raciale dans et à travers l’éducation scolaire (2006) et No. 13 sur la lutte contre l'anti-tsiganisme et les discriminations envers les Roms ;

-            Déclaration finale de la 22e session de la Conférence permanente des Ministres de l’Éducation sur « Construire une Europe plus humaine et plus inclusive : contribution des politiques éducatives » (Istanbul, 4-5 mai 2007) ;

-            Recommandations et orientations politiques incluses dans le Livre blanc sur le Dialogue interculturel « Vivre ensemble dans l’égale dignité », lancé à la 118e session du Comité des Ministres (Strasbourg, 7 mai 2008) ;

-            Déclaration de Strasbourg sur les Roms adoptée à la réunion de haut-niveau sur les Roms (Strasbourg, 20 octobre 2010) ;

-            Déclaration adoptée au Sommet des Maires sur les Roms (Strasbourg, 22 septembre 2011), qui entre autres demande le soutien du programme ROMED et préconise la création d’une Alliance européenne des villes et des régions pour l’intégration des Roms[8] ;

-            Plan d’Action pour la Jeunesse Rom basé sur les lignes directrices proposées par les participants de la Conférence des Jeunes Roms (septembre 2011).

Par ailleurs, outre les rapports des organes de suivi pertinents du Conseil de l'Europe (le Commissaire aux droits de l'homme, le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, le Comité d'experts de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), ainsi que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme[9] et les conclusions et décisions du Comité européen des droits sociaux, les publications et rapports suivants du Conseil de l'Europe pourraient être utilisés comme sources d'inspiration pour le présent rapport thématique :

-            Point de vue du Commissaire aux droits de l’homme « La promotion des droits des Roms passe par leur scolarisation dès l'enfance dans des classes ordinaires »[10] ;

-            Publication du Commissaire aux droits de l’homme « Les droits de l’homme des Roms et des Gens du voyage en Europe », Éditions du Conseil de l’Europe (février 2012) ;

-            Jean-Pierre Liégeois « Roms en Europe », Éditions du Conseil de l’Europe (2009) ;

-            Jean-Pierre Liégeois « Le Conseil de l’Europe et les Roms : 40 ans d’action », Éditions du Conseil de l’Europe (2010 pour la version française ; 2012 pour l’anglaise) ;

-            Commentaire du Comité consultatif sur l’Éducation au regard de la Convention-cadre sur la protection des minorités nationales[11] ;

-            Projet « « Éducation des enfants roms en Europe » (2002-2009) »[12] et ses publications ;

-            Programme ROMED « Médiation interculturelle pour les Roms », actuellement mis en œuvre conjointement par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne[13].

Parmi les autres textes et documents de référence européens et internationaux figurent :

-            Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant[14] ;

-            Plan d’action de 2003 sur l’amélioration de la situation des Roms et des Sintés au sein de la région de l’OSCE[15];

-            rapport de situation du BIDDH sur la mise en œuvre du Plan d’action sur l’amélioration de la situation des Roms et des Sintés au sein de la région de l’OSCE (Varsovie, 2008) ;

-            Étude du BIDDH sur la participation des enfants roms et sintés aux processus d’éducation préscolaire au sein de la région de l’OSCE[16] (Varsovie, novembre 2010) ;

-            Conclusions du Conseil de l’Union européenne sur un cadre européen pour les stratégies nationales d’intégration des Roms jusqu’en 2020 à Bruxelles le 19 mai 2011 ;

-            Aperçu de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) de la situation des Roms et des Gens du voyage dans l’éducation publique dans les États membres de l’Union européenne[17] (publié par EUMC, mai 2006) ;

-            Résolution du Parlement européen sur la stratégie de l’Union européenne en matière d’intégration des Roms (mars 2011) ;

-            le rapport conjoint UNICEF/ISO/REF « Roma Early childhood Education » (2012).

III. ANALYSE COMPARATIVE DES SITUATIONS, DES POLITIQUES ET DES MESURES

3.1. Taille et composition des communautés roms

                        3.1.1    Pays-Bas

On ne dispose pas de chiffres exacts sur le nombre de personnes d’origine rom aux Pays-Bas étant donné que tout recensement sur la base de l’appartenance ethnique est interdit. Les estimations varient de quelques milliers à 40 000 personnes, ce qui signifie que pas plus de 0,24 % de la population néerlandaise est d'origine rom.

Les Roms aux Pays-Bas peuvent être classés dans cinq catégories différentes en fonction de l'histoire de leur présence sur le territoire :

a)                  Roms, Sintés et Gens du voyage néerlandais qui résident traditionnellement aux Pays-Bas : ce groupe est celui des Sintés et de quelques familles roms qui sont présents sur le territoire néerlandais depuis le 15e siècle[18] et qui ont vécu de manière nomade jusque dans les années 1960. Le groupe de Sintés et de Roms néerlandais compte environ 2 500 personnes. Le nombre de Gens du voyage de souche néerlandaise (woonwagenbewoners) est estimé à 35 000. Ils n'ont pas de langue propre et leur histoire remonte « seulement » aux alentours de 1850. Un petit nombre de Gens du voyage, de Sintés et de Roms vivent dans des caravanes et des mobile homes (principalement sédentarisés), qui sont situés dans des centres ou des campements spéciaux.

b)                 Environ 1 500 Roms qui sont venus aux Pays-Bas en tant que travailleurs et ouvriers migrants à la fin des années 1960 et dans les années 1970, et en tant que réfugiés originaires de Turquie dans les années 1980.

c)                  Roms ayant obtenu un permis de résidence en 1978 : ce troisième groupe, souvent qualifié de « groupe du Grand Pardon », est celui des Roms dont la situation a été légalisée dans les années 1970. Même si la plupart d'entre eux ne possédaient pas de papiers d'identité, il a été supposé qu’ils venaient pour la plupart de l'ex-Yougoslavie. Dans les années 1980, 11 municipalités les ont accueillis. L'une d'elles, Nieuwegein, a admis publiquement que la politique d'intégration de ce groupe dans la société avait échoué. La plupart des communes qui participent à la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms ont accueilli des Roms appartenant au groupe du Grand Pardon. En 1978, ce groupe comptait 520 individus dispersés dans 11 communes. Leur nombre a depuis augmenté pour atteindre environ 2 800 à 3 000 individus.

d)                 Roms qui sont venus aux Pays-Bas dans les années 1990 : ce quatrième groupe rassemble divers individus et diverses familles venus de l'ex-Yougoslavie, de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Bulgarie. Les membres de ce groupe, qui sont environ un millier, ne sont pas concentrés dans certaines villes ou certaines régions, mais sont dispersés sur l'ensemble du territoire néerlandais.

e)                  Nouveaux venus roms, qui arrivent depuis l'élargissement de l'Union européenne (depuis 2000) : ce dernier groupe se constitue pour l'essentiel de Roms bulgares et roumains.

Aux Pays-Bas, environ 55 communes accueillent des résidents roms de diverses origines. Onze d'entre elles, qui accueillent principalement des Roms du groupe C ci-dessus, participent à la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms, sous l'égide de l'Association des communes néerlandaises (VNG).

Ce sont essentiellement des populations appartenant au premier groupe (Roms néerlandais à Veldhoven) et au troisième groupe (groupe de Grand Pardon à Nieuwegein) qui résident dans les deux communes dans lesquelles s’est rendue l'équipe d'experts.

                        3.1.2    Hongrie

D'après les données du recensement de 2001 sur la base de l'appartenance ethnique, 190 046 personnes se sont déclarées être roms. Pour la décennie actuelle, les chercheurs estiment que la population rom compte entre 650 000 et 750 000 personnes. Cela représente approximativement 7 % de la population totale du pays.

On recense trois sous-groupes linguistiques : les Romungros (Roms parlant le hongrois), les Vlach (Roms bilingues, parlant à la fois le romani et le hongrois) et les Beash (Roms parlant le hongrois et le beash, un dialecte roumain).

La population rom est inégalement répartie sur le territoire national. Dans certains comitats, les Roms représentent 15 % de la population. En outre, les différences territoriales sont extrêmes au niveau des unités territoriales les plus petites ; dans un certain nombre de localités et de collectivités, les Roms sont majoritaires.

Plus de 60 % des Roms vivent à la campagne, en milieu rural, pour la plupart dans des zones d’habitation séparées et dans des conditions de logement assez mauvaises. On recense une centaine de localités en Hongrie qui sont définitivement devenues des ghettos roms défavorisés, et quelque deux cents autres où cette situation devrait se produire dans un avenir proche à la suite de processus apparemment irréversibles. La plupart de ces localités mises à l’écart et des localités en voie de ghettoïsation micro-régionale se situent dans les régions économiquement sinistrées du nord-est et du sud-ouest, généralement caractérisées par leur structure en petites localités.

La population rom est considérablement plus jeune. En 2010, les enfants âgés de 0 à 14 ans représentaient 36,8 % de la population rom, contre 15,4 % de la population non rom.

La situation socioéconomique générale des Roms en Hongrie est pire que celle de la population majoritaire, notamment dans les domaines de l’emploi, de la santé et de l’éducation. La plupart d’entre eux souffrent d’un faible niveau d’instruction (ils sont à peine 20 % à atteindre les examens de fin d’études secondaires).

                        3.1.3    Espagne

Les Roms (appelés localement Gitans, qui est un terme accepté) sont présents en Espagne depuis le 15e siècle. Comme dans le reste de l’Europe, leur histoire a été marquée par les persécutions et des périodes d’exclusion sociale. Actuellement, la population rom espagnole compte environ 725 000-750 000 individus qui parlent espagnol (certains parlent aussi le dialecte Caló).

Même s’il est difficile de déterminer la taille de la population rom en Espagne, on sait avec certitude que les Roms sont répartis sur l’ensemble du territoire national, avec une présence plus concentrée en Andalousie, où résident environ 40 % des Roms espagnols, ainsi qu’en Catalogne, à Valence et à Madrid. Leur histoire a été associée à la vie rurale et à la mobilité géographique, mais la tendance actuelle est davantage à une sédentarisation prolongée et stable dans des zones urbaines qui se sont développées dans les années 1950, 1960 et 1970 au moment de la grande vague de migration interne entre les zones rurales et les villes.

Toutes les études démographiques sociales qui ont été effectuées montrent qu’il s’agit d’une population jeune, dont environ un tiers est âgé de moins de 16 ans et dont le taux de natalité est considérablement plus élevé que la moyenne nationale, même si cet écart a commencé à se réduire ces dix dernières années.

                        3.1.4    Suède

La population rom en Suède, estimée à environ 50 000 personnes (soit 0,53 % de la population totale), est hétérogène d’un point de vue culturel, linguistique et religieux. Elle se compose de différents groupes tels que les Kalderash, les Lovari, les Tchurari, les Kaalés, les Gens du voyage, les Sintés, les Arli et les Gurbeti.

Les premiers groupes roms sont arrivés sur le territoire de la Suède actuelle au 16e siècle. Différents groupes sont ensuite venus s’installer dans le pays au cours d’une très longue période, depuis les travailleurs migrants et les réfugiés dans les années 1960 jusqu’à l’arrivée récente de citoyens venus des nouveaux pays de l’Union européenne, en particulier de Roumanie et de Bulgarie. La majorité des Roms en Suède sont des citoyens suédois ou possèdent des permis de résidence permanente sur le territoire et jouissent des mêmes droits sociaux que ceux dont bénéficient les autres citoyens. Presque tous les Roms en Suède parlent le suédois.

3.2. Législation et politique générale relatives à la fréquentation scolaire

3.2.1.   Pays-Bas

La Loi néerlandaise relative à la scolarité obligatoire[19] s'applique à tous les enfants, qu’ils possèdent ou non la nationalité néerlandaise, aux réfugiés et aux enfants en âge d'aller à l'école qui sont entrés illégalement sur le territoire. La scolarité est obligatoire de 5 à 18 ans[20]. Le document sur les mesures stratégiques prises aux Pays-Bas en faveur de l'intégration sociale des Roms, qui a été soumis par le ministère de l'Intérieur et des Relations au sein du Royaume à la Commission européenne le 16 décembre 2011, en réponse à la communication de cette dernière sur un cadre européen pour les stratégies nationales d'intégration des Roms, rappelle les principes fondamentaux de la Loi néerlandaise relative à la scolarité obligatoire.

Les communes ont la responsabilité de faire appliquer la loi et embauchent des agents chargés de contrôler la fréquentation scolaire pour garantir le respect de cette obligation. Les parents sont les premiers responsables de l'observation de la Loi relative à la scolarité obligatoire, c'est-à-dire qu'ils doivent inscrire leurs enfants à l'école et veiller à leur présence quotidienne dans l’établissement. Lorsque les enfants, qu’ils soient d’origine rom ou autre, sont constamment absents, l'agent chargé de contrôler la fréquentation scolaire prend des mesures, juridiques si nécessaire, pour veiller à ce qu’ils aillent à l’école. En dernier recours, l’agent peut signaler l'affaire au procureur public ; les poursuites judiciaires peuvent entraîner une amende pour les parents, voire une peine privative de liberté[21].

En vue d'améliorer la fréquentation scolaire des enfants roms en général, et des filles en particulier, le précédent gouvernement a mis, en 2010, 0,6 million d'euros à la disposition de la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms, sous l'égide de l'Association des communes néerlandaises (VNG). Certaines de ces communes ont utilisé ces fonds pour financer des projets visant à encourager les enfants roms, et les filles en particulier, à aller à l'école. L'Association des communes néerlandaises partage les connaissances et l'expérience qu'elle a acquises par le biais de ces projets avec d'autres communes confrontées à des problèmes analogues. Par conséquent, des bases sont déjà en place pour combattre efficacement l'absentéisme scolaire des enfants roms.

Une mesure compensatoire est en vigueur pour les élèves défavorisés de l'école primaire, y compris les enfants roms. Chaque année, les communes reçoivent à cette fin 260 millions d'euros des pouvoirs publics. Elles doivent utiliser ces ressources pour financer l'éducation préscolaire, des classes-passerelles et des classes d'été, et elles ont la possibilité d'organiser d'autres activités visant à améliorer les compétences linguistiques des enfants. Les classes-passerelles offrent des cours complémentaires aux élèves dont les compétences linguistiques sont insuffisantes. Les classes d'été proposées pendant les vacances scolaires visent également à améliorer les compétences des élèves en langue néerlandaise. Dans les années à venir, des fonds additionnels seront investis, à hauteur de 100 millions d'euros, dans l'éducation préscolaire, les classes-passerelles et les classes d'été. Environ 400 millions d'euros sont disponibles chaque année pour les enfants dont les parents ont un faible niveau d'instruction. De manière générale, les établissements scolaires utilisent ces fonds pour embaucher du personnel enseignant supplémentaire, qui leur permet de réduire la taille des classes de façon à accorder une attention accrue aux élèves défavorisés.

Les établissements de l'enseignement secondaire reçoivent des fonds additionnels pour les dotations en personnel si, sur une période de deux ans ou plus, un certain pourcentage de leurs élèves vient de quartiers considérés comme faisant face à de multiples problèmes liés à la pauvreté. Les établissements peuvent utiliser ces fonds pour réduire le taux de décrochage scolaire et offrir aux élèves concernés des conseils d'orientation plus réguliers afin de les aider à améliorer leurs résultats.

Les parents sont libres de choisir l'établissement scolaire de leurs enfants. Aucune distinction n’est opérée sur la base de l'appartenance ethnique ou du lieu de résidence. Il n'existe plus d'écoles fréquentées uniquement par des enfants roms.

3.2.2.      Hongrie

Les groupes cibles des programmes d'égalité des chances à l’école sont, dans tous les cas et indépendamment de l'appartenance ethnique, les groupes d'élèves considérés comme étant défavorisés ou comme faisant face à de multiples désavantages, selon la définition de la section 121 de l’article 14 de la Loi LXXIX de 1993 relative à l'Éducation publique.

L'intégration de la population rom dans l’éducation s'est arrêtée dans les années qui ont précédé les bouleversements de 1989. Alors que pendant les décennies précédentes, les Roms ont considérablement rattrapé la moyenne nationale en termes d'achèvement des études élémentaires et que la proportion de Roms possédant des qualifications professionnelles a augmenté, leur présence dans les établissements d'enseignement secondaire organisant des examens de fin d’études est restée négligeable, tout comme, par conséquent, dans l'enseignement supérieur. Leur situation par rapport aux études d’un niveau plus avancé s'est depuis encore détériorée. Alors que leur intégration dans les écoles primaires s’est poursuivie, leur proportion dans les établissements du secondaire est restée inférieure à 15 %, par rapport à une moyenne nationale supérieure à 80 %. De plus, la plupart des quelques membres de la communauté rom qui poursuivent leurs études ont tendance à vouloir intégrer des établissements d'enseignement professionnel. Leur taux de décrochage est largement supérieur à celui de leurs camarades non roms. Dans les établissements d'enseignement professionnel, un étudiant sur quatre en moyenne doit redoubler au moins une année pendant ses études (le taux de redoublement dans les établissements d’enseignement secondaire général est de 5 %), c'est pourquoi beaucoup d'entre eux ne terminent jamais leurs études et quittent le système éducatif sans aucune qualification. Ce phénomène, qui n’a cessé de progresser ces dernières années, contribue largement au chômage des jeunes et à la montée de la pauvreté, et joue un rôle majeur dans la régénération d'une population au faible niveau d'instruction.

A la suite des mesures mises en œuvre ces dernières années[22], le nombre d’élèves considérés comme ayant des besoins éducatifs spéciaux en raison d’un léger handicap mental a diminué. Le Décret No. 4/2010. (I.19.)OKM prévoit la procédure applicable et les exigences professionnelles des tests et des examens qui servent de base aux avis des experts.

En cas de décrochage scolaire prématuré, celles que l’on appelle les « écoles de la deuxième chance », censées faciliter la réintégration des élèves ayant abandonné leurs études dans le système éducatif, jouent un rôle prépondérant.

Un certain nombre de programmes publics et privés de bourses d'études, de tutorat et d'encouragement des talents[23] aident à promouvoir la réussite scolaire des élèves et des étudiants défavorisés des établissements d'enseignement primaire, secondaire et supérieur, y compris des Roms défavorisés, par exemple :

A.          Programmes conçus et financés par l’État :

·         le programme de bourses d'études (‘MACIKA’) a été initialement lancé en 2000. Géré par la Fondation publique hongroise en faveur des Roms, il a fusionné en 2010 avec le programme de bourses d'études « Sur la route » (Útravaló). Cette fusion des deux programmes lui permet de couvrir 20 000 élèves, et presque 11 000 enseignants-tuteurs, participent au programme en continu. Il est exclusivement financé par le budget national hongrois, qui lui alloue chaque année plus de 2 milliards de forints hongrois (soit environ 7 millions d’euros) par le biais du budget national;

·      le Système pédagogique d’intégration. Ce programme, mis en place en 2003, vise principalement à promouvoir l’éducation inclusive et à faciliter la répartition homogène des enfants défavorisés à plusieurs titres dans des classes de pairs pour leur garantir l’égalité des chances. Environ 300 000 enfants, dont 90 000 ayant de multiples désavantages, et 15 000 enseignants y participent chaque année. Approximativement 1 600 établissements d’enseignement publics étaient concernés en 2011. Le programme comporte deux volets : d’une part, il soutient des actions en faveur de l’égalité des chances ; d’autre part, il offre un complément de salaire aux enseignants qui travaillent avec des enfants issus de milieux défavorisés. La philosophie du programme est d’assurer une éducation de qualité qui tienne compte de la diversité individuelle. Par conséquent, tout nouveau dispositif ou changement institutionnel doit tendre à cette fin. Le programme pédagogique d’intégration bénéficie d’un statut spécial parmi les programmes du Secrétariat d’Etat à l’inclusion sociale. Le programme pédagogique d’intégration bénéficie d’un statut spécial au sein des programmes du Secrétariat d’Etat à l’intégration sociale. Le programme est exclusivement financé par le budget national hongrois, qui lui alloue chaque année plus de 7 milliards de forints hongrois (soit environ 24 millions d’euros) ;

·         les Programmes Arany János :

-          le Programme d'encouragement des talents Arany János pour les élèves défavorisés, lancé en 2000. Un sous-programme a été conçu en 2004, le Programme de pensionnat Arany János pour encourager les talents des élèves défavorisés ;

-          le Programme d'enseignement professionnel pour les élèves aux multiples désavantages a été lancé en 2007 dans le cadre du Programme de pensionnat Arany János ;

·         le Programme de tutorat dans l’enseignement supérieur est opérationnel depuis 2005 ;

B.          Programmes conçus par l’État et financés par des fonds européens :

·         les programmes d’apprentissage extrascolaire TANODA

C.          Programmes conçus et financés par des organisations non gouvernementales :

·         la Fondation Romaversitas, gérée depuis 1996 par des fonds privés et européens ;

·         des bourses d’études ont été octroyées par le Fonds pour l’éducation des Roms ces cinq dernières années.

3.2.3.      Espagne

La Loi organique 2/2006 du 3 mai 2006 relative à l'Éducation[24] prévoit ce qui suit.

« Afin de prévenir le décrochage scolaire, d'offrir aux élèves et aux étudiants davantage de possibilités de formation et de qualification et de faciliter leur accès à l'emploi, des programmes de formation professionnelle initiale seront mis en place pour les élèves de plus de 16 ans qui n'ont pas obtenu le certificat d'études de l'enseignement secondaire obligatoire ».

L'écart qui existe dans l'éducation entre la population rom (aussi bien les adultes que les enfants en âge d’aller à l'école) et le reste de la population est véritablement alarmant, et contribue à creuser les inégalités et à renforcer l'exclusion sociale d’une grande partie de cette communauté. Le passage à l'enseignement secondaire obligatoire reste un obstacle insurmontable. Le nombre de garçons à entamer des études secondaires est faible (et encore plus pour les filles), et 80 % d'entre eux ne terminent pas leurs études.

Le nombre élevé d'élèves qui quittent prématurément l’école pendant la scolarité obligatoire est l'un des défis les plus importants du système éducatif, mais aussi des familles roms et de l'ensemble de la société, et entrave la véritable intégration sociale de la minorité rom.

D'après l'enquête de 2008 sur la population rom, qui a été menée par un centre de recherches sociologiques en Espagne, 24 % des Roms ont poursuivi leur scolarité au-delà du primaire (en d'autres termes, ils sont 76 % à avoir uniquement suivi un enseignement primaire) par rapport à 64 % de la population espagnole dans son ensemble. Cette inégalité dans le domaine de l'éducation a une influence négative sur leur intégration dans le marché du travail et par conséquent sur la réalisation d'un projet de vie sur un pied d'égalité avec les autres citoyens.

L'Espagne et des ONG partenaires ont mis en œuvre des mesures de soutien dans le domaine de l’éducation en faveur des jeunes roms et de leurs familles.

Depuis sa création, l'une des priorités de la Fundación Secretariado Gitano (FSG) est d'améliorer le niveau d'instruction de la communauté rom. Il ne faut pas oublier que ce processus a débuté il y a seulement 25 ans et que des progrès importants ont été réalisés. Néanmoins, à ce jour, la Fondation continue de rencontrer des obstacles majeurs, ce qui pose de sérieux problèmes. Les années 1980 ont vu s’ouvrir celles que l'on appelle les écoles-passerelles, qui ont constitué le premier plan de scolarisation ciblant la population rom.

Ces dernières années, la FSG a poursuivi son action dans ce domaine par le biais de programmes de scolarisation qui permettent à des élèves de poursuivre leurs études à la fin de la scolarité obligatoire en leur donnant accès à des bourses d'études et à des systèmes de tutorat, en réalisant des études et des enquêtes, en organisant des formations, en fournissant une assistance et des conseils d’ordre général et technique aux professionnels de l'éducation et de l'intégration sociale et en prenant des initiatives visant à faire participer les familles roms à l'éducation de leurs enfants.

Ainsi, dans le domaine de l'éducation, la FSG a œuvré à faire progresser le niveau d'instruction de la communauté rom à tous les niveaux et à tous les âges, en mettant l'accent sur les étapes qui s'avèrent être le plus difficile à franchir, notamment le passage dans le secondaire. Cet aspect fait partie des priorités que la FSG envisage dans son Plan stratégique pour 2007-2013, qui comprend le programme PROMOCIONA (voir le chapitre 3.3.3 ci-dessous).

3.2.4.      Suède

Le 6 février 2012, le gouvernement suédois a adopté une stratégie coordonnée à long terme pour l'intégration des Roms sur la période 2012-2032[25] (voir la Communication officielle de 2011/12:56)[26]. Cette stratégie sur 20 ans doit être envisagée comme un renforcement de la politique relative aux minorités déjà existentes qui s'applique à l’ensemble des cinq minorités nationales du pays : les Juifs, les Roms, les Samis, les Finlandais suédois et les Tornédaliens.

La stratégie suédoise en faveur de l'intégration des Roms, qui était déjà prévue, apporte également une réponse à la demande formulée par la Commission européenne aux États membres d'adopter des stratégies nationales pour l'intégration des Roms ou de développer plus avant les stratégies existantes. Cette initiative se fonde sur les droits de l'homme, et met particulièrement l'accent sur le principe de la non-discrimination. En d’autres termes, le gouvernement rappelle que les Roms, comme tous les citoyens, ont le droit de jouir de l’ensemble des droits fondamentaux.

Le groupe cible est avant tout constitué des Roms qui vivent dans l'exclusion sociale et économique et qui sont victimes de discrimination. Les femmes et les enfants sont la première priorité.

L'objectif global de la stratégie sur 20 ans est que les enfants roms qui auront 20 ans en 2032 bénéficient des mêmes possibilités que les autres enfants. Leurs droits devraient être protégés au sein des structures et des domaines d'activité ordinaires au même titre que ceux des autres enfants.

La stratégie suédoise comporte des objectifs et des mesures dans six domaines d'activités spécifiques : a) l’éducation, b) l’emploi, c) le logement, d) la santé, la protection sociale et la sécurité sociale, e) la culture et la langue et f) l'organisation de la société civile.

Le gouvernement a alloué 46 millions de couronnes suédoises sur la période 2012-2015 pour l’application de mesures en faveur des Roms. Cette somme s'ajoute aux allocations ordinaires qui sont attribuées aux minorités nationales en fonction des ressources.

Les pouvoirs publics ont la responsabilité générale de coordonner et de contrôler la mise en œuvre de la stratégie, qui vise dans son ensemble à renforcer et à garantir en permanence l'exercice par les Roms de leurs droits fondamentaux à l’échelon local, régional et national. Pour parvenir à des résultats, les autorités et les communes doivent participer à cette action et en assumer une responsabilité active, dans le cadre de leurs activités ordinaires, afin d'attirer l'attention sur cette question et de garantir l'accès des Roms à l'ensemble de leurs droits. Le suivi de l’avancement des travaux sera effectué pour les six objectifs fixés dans les divers domaines d'activité. Des rapports de situation seront présentés annuellement au Riksdag dans la proposition budgétaire.

La loi suédoise sur l’éducation dispose que tous les enfants et adolescents doivent avoir accès à une éducation de même valeur, quels que soient leur sexe, leur lieu de résidence et leur situation sociale et financière. En Suède, la scolarité obligatoire dure neuf ans et les enfants ont droit à l’éducation à partir de l’âge de 7 ans. L’enseignement dispensé pendant la scolarité obligatoire a pour but de donner à tous les élèves les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour participer à la vie sociale et poursuivre leur éducation. Les élèves qui ont des difficultés scolaires bénéficient d’un soutien spécial. La scolarité est gratuite, bien qu’une participation de faible montant puisse être demandée pour des activités ponctuelles. Le contenu éducatif est déterminé par le curriculum et les programmes par matière. Chaque année scolaire, les élèves font l’objet d’un plan de développement individuel et d’évaluations écrites. Les élèves sont notés à partir de 8 ans.

La nouvelle loi scolaire renforce le droit de l’élève à un soutien et améliore le suivi des élèves ayant besoin d’un soutien spécial par le biais d’évaluations écrites, de qualifications formelles plus précoces et d’un plus grand nombre de tests nationaux. Dans le cadre de la réforme, le gouvernement a mis l’accent sur les premières années de scolarité, qui établissent les fondations d’un parcours scolaire réussi. Le gouvernement s’efforce également de développer les compétences des élèves en lecture, en écriture et en arithmétique.

La scolarité obligatoire relève de la responsabilité de plusieurs parties. La commune doit faire en sorte que les élèves de l’enseignement primaire et ceux présentant des troubles de base de l’apprentissage soient scolarisés. Toute personne ayant la garde d’un enfant d’âge scolaire doit veiller à ce que celui-ci accomplisse sa scolarité obligatoire. Si un élève ne va pas à l’école parce que la personne qui en a la garde n’a pas fait le nécessaire, la commune prend des mesures pour que cette personne remplisse ses obligations, par exemple en rendant une ordonnance d’exécution éventuellement assortie d’une sanction.

3.3. Diverses approches stratégiques

                        3.3.1 Approche globale c. approche axée sur la minorité nationale

La visite thématique a clairement montré que les stratégies néerlandaise et suédoise à l'égard des Roms étaient radicalement différentes. Alors que l'approche des Pays-Bas est globale, celle de la Suède est axée sur les minorités nationales conformément à la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Les Pays-Bas, en plus d’offrir des perspectives d’avenir, mettent l’accent sur l’application de la loi comme dernier recours.

La stratégie en faveur des Roms mise en œuvre en Suède s’intéresse principalement aux droits de cette communauté en tant que minorité mais aussi de groupe cible ayant des besoins culturels et linguistiques spécifiques. La politique minoritaire en vigueur, dont les objectifs sont de protéger les minorités nationales, de renforcer leurs capacités et leur influence et de soutenir les langues minoritaires traditionnelles afin de les promouvoir et de les préserver, a été adoptée en 2000, au moment où la Suède a ratifié la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales[27] et la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

Aux Pays-Bas, il n'existe pas de législation ni de politique nationale spécifique aux Roms[28]. La stratégie actuelle à l'égard de tous les groupes consiste à respecter la politique générale, vu que la tendance précédente aux mesures axées sur des groupes cibles n'est plus d'actualité. Pour apporter des réponses aux questions roms, des actions de politique générale doivent être envisagées.

Le premier principe de cette politique générale est que l'intégration ne relève pas des pouvoirs publics mais plutôt des individus qui décident de s'installer aux Pays-Bas. Le second est que leur avenir est plus important que leurs origines. Les individus doivent avoir la volonté et les moyens de s'intégrer dans la société.

En Hongrie, la stratégie adoptée est en quelque sorte une combinaison des deux approches susmentionnées. Étant donné que la plupart des Roms hongrois, environ 80 %, vivent dans une extrême pauvreté dans des régions défavorisées, une politique visant leur intégration dans le pays ne peut pas être dissociée de la lutte globale contre la pauvreté ni de l'amélioration de la compétitivité sociale et économique. Dans le même temps, le gouvernement hongrois convient qu'une attention particulière devrait être accordée à ce groupe ethnique puisque l’expérience a montré que les Roms sont les plus pauvres parmi les pauvres et qu'ils ont bénéficié le moins des divers programmes d'intégration. Conformément au principe fondamental de l'Union européenne pour un ciblage explicite mais pas exclusif, le gouvernement hongrois estime que des moyens, des méthodes et des approches spécifiques sont nécessaires pour faire participer les Roms à la société.

L'article 68 de la Constitution hongroise de 1990 garantit aux minorités le droit de préserver leur culture, leur langue et leur histoire, de participer collectivement à la vie publique, de posséder leurs propres organisations et de mettre en place des organes régionaux et nationaux autonomes. Le romani est reconnu comme une langue minoritaire officielle, et le groupe comme une minorité[29].

Le Bureau pour les minorités nationales, qui a été mis en place en 1990, comprend un Service des questions roms. La reconnaissance des droits individuels et collectifs des minorités et de leurs membres a été octroyée par la Loi de 1993 sur les droits des minorités ethniques et nationales[30], qui a accordé à 13 groupes, y compris les Roms, le droit à une autonomie administrative et personnelle. Les 13 minorités qui figurent dans la Loi susmentionnée possèdent une double identité (celle de la Hongrie et celle de leur minorité ethnique), et ont le droit d'élire leurs propres autonomies locales, parallèlement au gouvernement national. Cela a ouvert la voie à l'autonomie de la langue romani et à la formation de l'Autonomie nationale de la minorité tsigane[31] (Autonomie nationale des Roms depuis 2011). Ces organes autonomes jouent le rôle de conseils consultatifs en coopération avec les autorités majoritaires au niveau local et national (voir le sous-chapitre 3.3.3 ci-dessous sur le rôle qu'ils jouent dans le domaine de l'éducation).

La forme, le contenu et le cadre de l'éducation préscolaire et scolaire de la minorité rom sont régis par les décrets sur l'éducation préscolaire et scolaire des minorités nationales et ethniques. L'objectif de l'éducation préscolaire est de préparer avec succès l'entrée des enfants dans le système scolaire en mettant sciemment à profit les différences et les similitudes entre la culture rom et la culture majoritaire.

En Espagne, la Constitution ne reconnaît ni ne définit officiellement les minorités ethniques[32]. Il n'existe pas non plus d'agence ou d'institution publique responsable des minorités. Les Roms ne sont par conséquent pas reconnus en tant que minorité nationale. Ce groupe est néanmoins protégé dans la pratique par la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Depuis 1985, l'Espagne a adopté et mis en œuvre, au niveau du gouvernement central et des communautés autonomes (régions), une série de programmes ciblés sur la communauté rom, et elle a mis en place en 2005 un Conseil des affaires d'État relatives à la communauté rom.

3.3.2 Approche nationale c. approche locale

Tous les experts du groupe thématique sont convenus que les communes jouent un rôle central dans les efforts communs qui sont déployés pour améliorer la situation des Roms, vu qu'elles sont responsables des activités qui sont décisives pour leur intégration dans la société.

Pour résumer la position actuelle des Pays-Bas, il est possible de se reporter à la lettre adressée en date du 26 juin 2009 à la Chambre des Représentants[33], dans laquelle le gouvernement néerlandais expose sa position concernant la politique relative aux Roms aux Pays-Bas.

« Le premier principe du gouvernement est que les communes où sont concentrées les populations roms, désignées par le terme « communes roms », sont les mieux placées pour avoir la bonne approche des problèmes rencontrés par la population rom locale.

Sont concernées un nombre restreint de communes aux Pays-Bas et une population rom relativement peu nombreuse. Le deuxième principe du gouvernement central est d’encourager les « communes roms » à tirer le meilleur parti des possibilités que leur offrent les politiques générales pour régler les problèmes qu’elles signalent concernant tel ou tel groupe de la communauté rom locale.

[…]En 2010, il a mis un montant de 600 000 € à la disposition des « communes roms » pour lutter contre le décrochage scolaire chez les filles roms. »

Selon le gouvernement, la première responsabilité de la gestion des problèmes de la population rom locale incombe aux communes. Le gouvernement central reconnaît l'urgence et la gravité de ces problèmes. En l’absence d’une politique nationale en faveur des Roms, les communes sont encouragées à appliquer efficacement les mesures existantes et à utiliser les outils disponibles pour gérer les problèmes avec tel ou tel groupe de la communauté rom locale.

Depuis 2008, plusieurs communes néerlandaises ont mis en commun leurs connaissances des questions roms. Cette coopération s'est concrétisée en 2009 par la création de la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms, sous l'égide de l'Association des communes néerlandaises (VNG), dans le but d'échanger expériences et informations[34]. La Plateforme a reçu du gouvernement une subvention pour trois ans. Ces deux dernières années, plusieurs communes ont eu la possibilité d'investir ces fonds dans le domaine de l'éducation.

Ces communes sont toutefois parvenues à la conclusion que les causes profondes du décrochage et de l’absentéisme scolaires ne pouvaient être résolues au seul niveau local. Un programme national appelé « Lutter contre la criminalité en général et l'exploitation des enfants roms en particulier »[35] a été lancé fin 2011 par le gouvernement néerlandais à la suite d’une demande formulée par l’ensemble des communes roms néerlandaises. Son but est de stopper et de prévenir l'exploitation des enfants roms en appliquant une stratégie dans laquelle les communes, la police, le gouvernement central et d'autres organisations compétentes travaillent en étroite collaboration. La criminalité sera combattue de manière globale par la répression des infractions, la prise de mesures dissuasives et la mise en place de restrictions. Il est important de noter que la politique qui soutient le programme ne cible pas spécifiquement les Roms, mais vise à combattre la délinquance (voir ci-dessous les opinions exprimées par l'un des interlocuteurs néerlandais lors de la visite thématique, M. Walter Hilhorst de l’Académie néerlandaise de police).

Opinions exprimées par M. Walter Hilhorst de l’Académie néerlandaise de police :

« Dans l’exercice de mon métier de policier à Nieuwegein, j'ai eu affaire depuis 1995 à des familles d'origine ethnique rom. Des membres de ces familles ont commis un grand nombre de délits : ils ont enlevé leurs enfants de l'école pour qu’ils aillent voler, aucun d'entre eux ne travaillait, ils étaient impliqués dans des fraudes aux prestations sociales, etc. A chaque fois que mes collègues policiers parlaient des Tziganes, ce genre de problèmes leur était automatiquement associé. Rien d’étonnant sachant qu’année après année, ils étaient confrontés à ce type de comportements de la part des Tziganes. J'ai ensuite compris que les familles de Nieuwegein et d’autres communes n'étaient pas représentatives de la communauté rom dans son ensemble. A mon avis, ce sont précisément ces familles qui entretiennent l'image négative de la communauté rom qu'ont la police et la société néerlandaise. Des membres de ces familles crient haut et fort qu'ils sont victimes de discrimination du fait de leur appartenance à cette communauté. La police et les autorités locales évoquent tour à tour la criminalité rom et le problème rom. Un cercle vicieux… Cette situation n'a pas évolué beaucoup aujourd'hui, et il se passe la même chose avec les citoyens d'origine rom qui viennent d'Europe de l'Est.

La difficulté pour les organisations de police néerlandaises (et européennes) est de trouver un moyen de lutter contre les crimes qui sont commis et de gérer les comportements déviants, en utilisant les connaissances disponibles sur l'origine des délinquants sans tirer de conclusions pour l'ensemble du groupe. J’entraîne mes collègues à agir ainsi. Je ne leur demande pas de regarder ailleurs quand un individu, qu’il soit rom ou non, commet un délit. Je leur demande s'il est important de savoir qu'il s'agit d'un Rom, et d’avoir conscience des préjugés qu'ils ont à l’égard de cette communauté. Quelles sont les informations à connaître ?

Je pense que les statistiques sur la délinquance nuiront davantage qu'elles ne seront profitables à la communauté rom. Nous devons arrêter de faire des généralisations, et traiter les Roms en tant qu’individus. Quand un individu ou une famille entière commet un délit, il ou elle doit être tenu(e) responsable de ses actes. La question est intéressante de savoir comment gérer le fait que nous sachions que certaines catégories de délits sont principalement commises par des membres de la communauté rom. Par exemple, dans toute l'Europe, des citoyens d'origine rom venus d'Europe de l'Est commettent exactement les mêmes délits. J'estime personnellement que beaucoup d'entre eux sont à la fois des délinquants et des victimes parce qu'ils sont recrutés et exploités par des organisations criminelles. Il est donc important que les organisations européennes de police connaissent ce phénomène et travaillent en coopération en mettant en commun leurs informations, non dans l’optique de régler un problème rom mais dans celle de lutter contre la criminalité. »

En Suède, la stratégie à l'égard des Roms prévoit également des mesures locales, notamment un projet pilote au niveau des communes pour la période 2012-2015. Afin d'accélérer la situation au niveau local, le gouvernement va exécuter un projet pilote spécial dans un certain nombre de communes, auquel participeront également les conseils des comtés. Le conseil d’administration du comté de Stockholm sera chargé de surveiller et de coordonner le projet. L'Agence nationale pour l'Éducation, le Service public pour l'Emploi et le Médiateur pour l'Égalité seront également impliqués, et l'Association suédoise des régions et des autorités locales sera invitée à participer. Parmi les mesures gouvernementales du projet pilote figurent : former des « bâtisseurs de ponts », tester le recours à des « communicateurs de la santé » et approfondir les connaissances sur l’ampleur de l’aide qui est fournie aux enfants roms à l'école conformément à la loi. Il est prévu qu'un certain nombre de ces communes rejoignent l'Alliance européenne des villes et des régions en faveur de l'intégration des Roms qui sera mise en place par le Conseil de l'Europe à l'automne 2012.

En Hongrie, en vertu de la Loi LXXIX de 1993 sur l’enseignement public (amendée en 1996 et en 2003), un programme d'action a été élaboré dans le domaine de l'éducation, qui a donné aux organes minoritaires autonomes régionaux la possibilité de mettre en place des établissements scolaires dans la langue minoritaire, ainsi que de lutter contre la ségrégation à l’école.

L'Autonomie nationale rom et les Autonomies minoritaires roms ont le droit de conserver et d’ouvrir des établissements scolaires, mais aussi d'exploiter leurs propres écoles dans un esprit d'autonomie éducative et culturelle. L'enseignement du système scolaire permet aux élèves roms d’apprendre les valeurs culturelles de leur communauté et de connaître leur statut, leurs droits, leurs organisations et leurs institutions. Cette forme d'enseignement et d'apprentissage donne de bons résultats dans plusieurs localités. Il est cependant nécessaire d'apporter de nouvelles garanties afin d'empêcher que l'éducation de la minorité rom ne devienne un moyen de ségrégation.

L'organisation interne de l'Espagne permet de promouvoir la diversité et les identités culturelles, compte tenu de la forte décentralisation et des vastes pouvoirs qui sont confiés aux Communautés autonomes dans un certain nombre de domaines pertinents.

3.3.3 Mesures répressives c. mesures préventives

La politique néerlandaise comprend un aspect répressif qui est utilisé en dernier recours. Les autorités néerlandaises nationales et locales sont parvenues à la conclusion qu’une stratégie ne comportant que des mesures préventives ne donnait pas toujours les résultats escomptés en termes de scolarisation. L’approche néerlandaise se distingue en ce sens des approches hongroises et espagnoles qui donnent essentiellement la priorité à des mesures préventives pour combattre l'absentéisme et le décrochage scolaires.

Aux Pays-Bas, les agents chargés de surveiller la fréquentation scolaire sont informés en cas d'absentéisme. En coopération avec l'école et les parents, ou avec l'enfant s’il est âgé de plus de 12 ans, l'agent cherche des solutions pour prévenir l'absentéisme scolaire. Si une nouvelle violation de la Loi relative à la scolarité obligatoire est constatée, l'agent en fait rapport aux autorités compétentes. Le procureur public décide si des poursuites seront engagées, celles-ci pouvant entraîner l'imposition d'une amende d’un montant maximum de 3 700 € ou d'une peine d’un mois d'emprisonnement prononcée par le juge du tribunal de première instance.

·         Le programme Wisselgeld/Monnaie d’échange : une approche intégrée à l’égard des familles roms faisant face à de multiples problèmes dans la commune de Nieuwegein

La communauté rom de Nieuwegein compte environ 400 membres établis dans la commune depuis 1978. Ils vivent dans des maisons et sont dispersés dans différents quartiers de la ville. Ils forment un groupe isolé : ils ont en effet peu de relations avec les autres habitants de la commune, et l’unité-même de leur groupe serait aussi fragilisée.

Au sein de la communauté rom de Nieuwegein, il existe une situation de plus en plus problématique en termes de nuisances pour le voisinage, de délinquance, de surendettement, de chômage, de dépendance aux prestations sociales et de problèmes de santé. L'absentéisme des enfants roms reste élevé, surtout dans les établissements de l'enseignement secondaire. La discrimination est aussi une réalité.

Compte tenu de la gravité de la situation et du cri de détresse poussé par les habitants de Nieuwegein pour que des mesures soient prises afin d’endiguer la hausse de la criminalité et de lutter contre les nuisances dans leurs quartiers ou dans les centres commerciaux, un nouveau programme intégré a été élaboré pour faire face à ces problèmes, sur la base d’une nouvelle méthode appelée Wisselgeld (Monnaie d'échange).

Le programme Wisselgeld, qui a débuté le 1er janvier 2009, comporte deux volets : offrir des perspectives d’avenir et réprimer les infractions. Les principaux groupes cibles étaient à l’origine les familles roms avec enfants. Le premier objectif est de parvenir à une évolution positive du système familial en concentrant l’action sur les enfants, les parents et le cadre de vie. Parmi les objectifs plus spécifiques du programme figurent : 1) le renforcement de la scolarisation des enfants roms ; 2) la diminution de la dépendance vis-à-vis des prestations sociales ; 3) la réduction de la pauvreté ; 4) la lutte contre les comportements antisociaux dans le voisinage ; et 5) la baisse de la criminalité.

Wisselgeld est considéré comme étant une approche intégrée parce qu'il fait participer une grande diversité d’acteurs[36]. Sa mise en œuvre repose sur les travaux de deux « intermédiaires » qui agissent sur le même modèle : « une seule famille, un seul plan, un seul directeur ».

En termes de résultats, l'équipe d'experts du CAHROM a appris que 70 des 73 enfants roms (42 filles et 31 garçons âgés de 5 à 12 ans) des 27 familles participant au programme Wisselgeld vont désormais à l'école primaire (6 d'entre eux restent relativement absents). Des élèves roms sont présents dans presque toutes les écoles primaires de la commune, et leur fréquentation a considérablement augmenté ces dernières années. Aucune différence notoire n'a été constatée en termes d'absentéisme entre les établissements.

La scolarisation de 35 élèves roms dans le secondaire (âgés de 12 à 18 ans) n'est toutefois pas encore suffisante, surtout pour les filles : 33 % des enfants roms vont à l'école (8 garçons, 4 filles), 36 % sont relativement absents (8 garçons, 5 filles), et 31 % le restent définitivement (3 garçons, 8 filles, tous âgés de plus de 15 ans). Il existe une forte concentration d'élèves roms dans l'enseignement pratique (Baanbreker). Un important goulet d'étranglement persiste au moment du passage du primaire au secondaire.

Les familles roms qui participent à ce programme sont moins dépendantes vis-à-vis des prestations sociales et participent plus activement à des programmes d’allègement de leur dette. Un recul des comportements antisociaux a également été constaté dans le voisinage. Un effet direct de cette approche intégrée est l'amélioration de la coordination et de la coopération des services et des institutions autour des familles.

En 2012, le budget alloué à ce programme s'élevait à 340 000 €. Le conseil municipal de Nieuwegein a récemment décidé d’élargir la portée du programme Wisselgeld à davantage de questions et à toutes les familles touchées par de multiples problèmes.

Certaines des difficultés évoquées par M. de Vos dans son exposé d’introduction ont été examinées dans le contexte de la discussion qui a suivi la présentation du programme Wisselgeld, c'est-à-dire l'exploitation et la traite des enfants et les mariages précoces. Grâce à l’application de ce programme, la commune a pris de plus en plus conscience du taux élevé de l'absentéisme scolaire et même du décrochage chez les enfants roms à l'école primaire. La situation empire dans le secondaire, surtout pour les filles qui quittent l’école à 12, 13 ou 14 ans. La disparition de ces dernières était encore plus inquiétante pour les autorités, d’autant que ni la police municipale ni les centres pour la jeunesse ne savaient où elles se trouvaient. Les parents étaient au courant mais ne disaient pas la vérité. Les autorités soupçonnent que ces filles soient contraintes de se marier en échange d'une dot versée aux parents, et qu'elles vivent désormais ailleurs en Europe.

Quand on interroge les parents et les associations roms sur l'absentéisme et le décrochage scolaires des enfants roms, ils expliquent que cette fréquentation scolaire insuffisante fait partie de leur culture. Les parents ont peur de toute assimilation à la culture majoritaire. Selon les valeurs néerlandaises pourtant, ces arguments sont inacceptables. Les autorités nationales et locales ont le devoir de lutter contre ces dérives et de veiller à ce que tous les enfants suivent leur scolarité obligatoire, celle-ci étant un droit fondamental pour tous les êtres humains, notamment les enfants[37].

·         La politique locale à l’égard des Roms dans la commune de Veldhoven

M. Eric van der Sommen, conseiller municipal sur les questions roms, a brièvement présenté la situation à Veldhoven.

En 2002, on comptait 223 Roms enregistrés dans 45 caravanes. Il s'agissait pour la plupart de Roms néerlandais et de plusieurs épouses d'Europe de l'Est avec des enfants. Le nombre de Roms présents dans la commune avait augmenté de 142 % au cours des 25 dernières années. Presque 100 % des adultes étaient au chômage. Les enfants roms étaient peu nombreux à aller à l'école primaire (ils y allaient surtout pendant les mois d'hiver).

En 2004, la commune a renforcé l’application de la Loi relative à la scolarité obligatoire. Les Roms ont été informés qu'ils avaient des droits et des devoirs, notamment le devoir d'envoyer leurs enfants à l'école pendant l'année scolaire. La commune a commencé par ouvrir des classes séparées pour les enfants roms qui ont été répartis en deux groupes : de 4 à 8 ans et de 8 à 14 ans. Des enfants roms sont entrés dans l’enseignement secondaire par le biais de classes spéciales au lycée de Sondervick. L'enseignement, qui était axé sur l'acquisition de compétences sociales et pratiques, s'accompagnait de contacts réguliers entre les médiateurs éducatifs et les parents, en raison de la grande méfiance de ces derniers vis-à-vis des établissements scolaires et de l’école en général.

En 2009, les premiers enfants ont commencé à fréquenter des classes ordinaires au lycée de Sondervick. En 2011, le système des classes spéciales roms a été abandonné parce que les enfants pouvaient suivre une scolarité ordinaire (la dernière classe spéciale pour les enfants roms a fermé en 2010). Actuellement, tous les enfants roms sont inscrits dans des classes ordinaires.

Aujourd'hui, le nombre de Roms s'est stabilisé à 225 personnes enregistrées dans 57 maisons ou caravanes dispersées dans les quatre quartiers de la ville (Schutwal, Hopeenven, De Wegerd et Beerze). Une dizaine d'adultes travaillent, et la fréquentation scolaire s'élève à plus de 90 %. Au niveau de l'enseignement primaire, 52 enfants roms sont répartis dans 7 établissements. Sur les 24 élèves roms pouvant poursuivre leur scolarité dans le secondaire, ils sont 14 à être répartis dans deux établissements et 10 à en être dispensés pour diverses raisons, par exemple parce qu'ils ont des enfants, qu’ils sont en prison ou qu’ils travaillent. La plupart de ces enfants possèdent la nationalité néerlandaise. Quelques-uns viennent de Slovaquie ou de Belgique.

Le fait que le nombre de Roms n'ait pas augmenté sur cette période a été expliqué par une application plus stricte de la Loi relative à la scolarité obligatoire et par la prise de mesures visant à dissuader les nouveaux arrivants Roms de s'installer à Veldhoven. En raison de l'obligation pour les parents roms d'envoyer leurs enfants à l'école, les familles ont dû abandonner leur mode de vie nomade (à certains endroits, une caravane a néanmoins été conservée à côté de la maison). Quelques familles roms ont rejeté ces obligations et ont quitté la commune.

Le conseiller politique municipal coopère avec un grand nombre d'interlocuteurs et de travailleurs sociaux, y compris un responsable politique rom, un « intermédiaire rom » (un travailleur communautaire non rom), un agent chargé de surveiller la fréquentation scolaire, deux médiateurs (non roms) appelés conseillers d'éducation pour les Roms, des enseignants d’établissements primaires et secondaires, ainsi que des formateurs en milieu de travail et un responsable de clientèle qui assiste les Roms dans leur recherche d'emploi.

Mme Suzan Smolders, qui est chargée de surveiller la fréquentation scolaire, a expliqué qu’elle travaillait en étroite collaboration avec les services de santé publique, Stichting Stimulans (médiateurs/formateurs en milieu de travail), le Bureau du procureur public, l’Organisation pour la jeunesse, le Conseil de protection de la jeunesse et le service de l’emploi, des salaires et des soins.

Mme Marjolein van de Klundert, l’une des deux travailleurs communautaires (médiateurs) employés par Stimulans, a expliqué qu'elle avait l'habitude de se rendre sur les emplacements roms chaque semaine afin d’encourager les parents à envoyer leurs enfants à l'école. S'ils ne le font pas, leur refus est signalé par l'agent chargé de surveiller la fréquentation scolaire au Bureau du procureur public qui peut engager des poursuites contre la famille. En 2011, un tiers des signalements d'absentéisme concernait la communauté rom. La fréquentation des établissements du secondaire a augmenté, mais le risque de décrochage scolaire existe toujours, surtout chez les adolescentes. Le travail de coopération avec Stimulans comprend également des formations en milieu de travail pour les adolescents roms âgés de 16 à 18 ans. Les élèves peuvent obtenir une dérogation pour ne pas aller à l'école afin de suivre une formation ou un stage professionnel. Le Service de l'emploi, des salaires et des soins s'occupe de la formation en milieu de travail des jeunes de plus de 18 ans.

En termes de résultats, une diminution de l'absentéisme total a été constatée. Cependant, l'absentéisme pour maladie a augmenté ; un accord de coopération avec les services de santé publique a par conséquent été conclu pour limiter l'absence des enfants. La coopération s'est également intensifiée avec l'Organisation pour la jeunesse et le Conseil de protection de la jeunesse qui avaient initialement peu de connaissances sur les familles roms et leurs problèmes. Parmi les résultats positifs, citons que les parents connaissent mieux les règles officielles et le règlement des établissements scolaires, et que leur participation aux activités scolaires a augmenté, comme celle de leurs enfants. Les enfants roms sont plus disposés à demander une assistance et les adolescents roms ont de meilleures perspectives sur le marché du travail régulier.

·         Les programmes d’apprentissage extrascolaire TANODA en Hongrie

Les programmes d'apprentissage extrascolaire TANODA proposent un enseignement informel aux enfants défavorisés. Ils ont donné lieu à l'élaboration d'un modèle normalisé, financé par l'Union européenne. L'objectif principal de la sous-mesure 3.3.5 du projet SROP « Aide aux programmes d'apprentissage extrascolaire » est de réduire le taux de décrochage scolaire et de favoriser la poursuite des études (dans les établissements d'enseignement secondaire organisant des examens de fin d'études et dans les établissements d'enseignement supérieur si possible) pour les élèves et les étudiants désavantagés à de multiples égards, les jeunes Roms, les migrants ou encore ceux qui relèvent des services de protection de l’enfance.

Les centres d'apprentissage extrascolaire sont choisis par les enfants et leurs parents de leur plein gré et sont conçus pour favoriser et gérer l'apprentissage en fonction des besoins éducatifs des participants, en vue d'améliorer leurs chances d'intégration dans le système scolaire ordinaire. Dans le cadre de ce programme, 60 autres projets de centres d'apprentissage extrascolaire ont été financés au total. Cependant la viabilité de ces centres et la nécessité d’harmoniser le développement parallèle d’établissements et les modalités de financement sont des questions non encore résolues.

Les premiers programmes d'apprentissage extrascolaire Tanoda ont été lancés en Hongrie en 2004. Leurs principaux objectifs sont de réduire le décrochage scolaire et de faciliter l'accès à l'enseignement secondaire et supérieur des enfants défavorisés, des jeunes Roms, des migrants ou des élèves relevant des services de protection de l’enfance. Entre 20 et 60 enfants peuvent participer à un programme Tanoda. Le programme ne suit pas le programme scolaire ordinaire et se fonde sur des critères définis par les ministères compétents. Ces critères déterminent les conditions de base pour sa mise en œuvre. Des organisations civiles sont responsables de la réalisation des objectifs.

Les programmes Tanoda ont été financés par des fonds européens. Entre 2004 et 2007, 800 millions de forints hongrois (3 200 000 €) ont été mis à disposition dans le cadre d’un appel d'offres. Entre 2009 et 2011, cette somme pouvait atteindre 1 500 millions de forints (5 660 000 €). Les centres qui ont répondu avec succès à l’appel d’offres ont pu obtenir entre 12 et 15 millions de forints (48 000-60 000 €) sur la période 2004-2007, et sur la période 2009-2011, cette somme a atteint de 14 à 22 millions de forints (56 000-88 000 €) pour une période de mise en œuvre de 20 à 24 mois.

Outre ces programmes, d'autres formules pédagogiques ont été conçues pour garantir l'égalité des chances à l’école au niveau local pour les enfants aux multiples désavantages, comme le Système pédagogique d’intégration[38] qui a été mis en place en 2003. Les établissements qui utilisent ce système ont reçu le soutien professionnel du Réseau national d'intégration par l'éducation. Ce système est désormais utilisé par un quart des établissements d'enseignement primaire, alors que les écoles maternelles et les établissements du secondaire ont également adhéré au programme fondé sur la méthodologie. Au total, environ 1 600 établissements d'enseignement public, 300 000 enfants (dont 80 000 élèves et 20 000 enfants ayant de multiples désavantages) et quelque 13 000 enseignants y participent. Une étude sur l'impact de ce système montre que le programme a entraîné une amélioration générale de l’évolution des élèves et des étudiants dans les établissements participants.

·         Le programme PROMOCIONA en Espagne

De 2000 à 2006, la FSG a dirigé des actions ciblées sur la population rom dans le cadre d'un programme opérationnel multirégional de lutte contre la discrimination financé par le Fonds social européen (Programme Accéder). Ce programme vise à donner accès à l'emploi par le biais de la formation de la population rom en Espagne. Actuellement, sur la période 2007-2013, un nouveau programme opérationnel est mis en œuvre, qui continue de centrer son action sur l'intégration des Roms sur le marché du travail tout en incluant une nouvelle ligne d'action dans le domaine de l'éducation.

L'objectif de cette nouvelle ligne d'action est non seulement d'encourager les élèves roms à terminer leur scolarité obligatoire, mais aussi de poursuivre leur éducation à des niveaux supérieurs d’enseignement. Pour cela, il est indispensable de réduire le décrochage scolaire précoce qui concerne une grande partie des élèves roms.

A cette fin, le programme Promociona, qui est largement financé par le Fonds social européen et le ministère espagnol de la Santé et des Politiques sociales par le biais de l'allocation de ressources provenant de l’impôt sur le revenu, vise les différents acteurs du processus éducatif des jeunes : les élèves eux-mêmes, leurs familles, les établissements scolaires et les autres professionnels des domaines social et éducatif.

L'objectif du programme est de garantir une offre suffisante de services pour renforcer la prévention du décrochage scolaire précoce et encourager les élèves à terminer leur scolarité secondaire obligatoire.

En d'autres termes, le programme Promociona cherche à promouvoir d’une part la scolarisation en milieu ordinaire des enfants roms afin qu'ils atteignent des niveaux d'instruction supérieurs à la fin de l'enseignement primaire et tout au long de la scolarité secondaire obligatoire, et d’autre part la poursuite d’études intermédiaires et/ou supérieures et la formation professionnelle. Il a deux objectifs spécifiques :

§  faciliter le passage du primaire au secondaire, encourager les élèves à rester dans le système éducatif et à poursuivre leurs études le plus loin possible ;

§  créer et favoriser les conditions nécessaires à la réussite scolaire au sein de la communauté rom et, d'une façon générale, de l'ensemble du milieu scolaire, en coopérant avec les différentes parties prenantes : les élèves, les familles, les établissements scolaires et les autres acteurs du domaine social.

Les lignes d'action du programme Promociona sont les suivantes :

§  cibler les étudiants qui quittent prématurément l'enseignement secondaire obligatoire, à l’aide de moyens d’action adaptés à leur réalité, afin qu’ils réintègrent le système éducatif et/ou poursuivent leurs études ;

§  renforcer et encourager la continuité du processus éducatif :

o   par le biais de programmes et de mesures visant à sensibiliser les adolescents roms et leurs familles, sur la base des informations disponibles et dans le cadre d'une « compensation externe », c’est-à-dire avec la participation du système éducatif et des services sociaux, la collaboration active des organisations sociales, la formation d'agents scolaires et d’intermédiaires parmi les parents d'élèves roms, et la présence accrue de parents roms dans les associations de parents d'élèves et les conseils d’établissement ;

o   par le biais de la promotion de la formation professionnelle auprès des jeunes roms et, à moyen et à long terme, de leur accès à une formation professionnelle réglementée, en commençant par des mesures visant à améliorer l'accès à l'information et à l'orientation professionnelle.

Les principales actions du programme visent les élèves roms et leurs familles à la fin de l'école primaire (enfants de 5 et 6 ans) et pendant la scolarité secondaire obligatoire (enfants de 7 à 10 ans). La collaboration avec les établissements scolaires et les enseignants est indispensable à la mise en œuvre de ces mesures.

Le programme cible en priorité les enfants qui évoluent dans un milieu scolaire ordinaire mais pour lesquels un besoin d'accompagnement a été identifié pour augmenter leurs chances d'obtenir leur diplôme de fin d'études obligatoires et de poursuivre des études post-obligatoires.

Les critères de mise en œuvre du programme sont les suivants :

§  les élèves doivent être dans les deux dernières années d’éducation primaire ou effectuer leur scolarité secondaire obligatoire ;

§  ils doivent aller régulièrement en classe, c'est-à-dire avoir assisté à au moins 80 % des cours pendant le trimestre précédent;

§  un accord doit être conclu entre la famille de l'élève et les responsables du programme ;

§  l'établissement dans lequel l'élève est inscrit doit s'engager à participer aux actions menées dans le cadre du programme, c’est-à-dire en donnant son consentement préalable.

En termes de résultats :

      80 % des élèves effectuant leur dernière année d’éducation primaire sont passés dans le secondaire.

      79 % des élèves effectuant leur dernière année de scolarité dans le secondaire ont obtenu leur diplôme. La plupart d'entre eux vont poursuivre leurs études.

·         Le système préscolaire en Suède

En Suède, le système préscolaire est destiné aux enfants entre l’âge d’un an et l’âge de la scolarité obligatoire. Il a pour but de stimuler le développement de l’enfant et l’apprentissage dans un environnement qui leur offre sécurité et attention. Le système préscolaire a une vision globale de l’enfant et de ses besoins et il est conçu de manière à intégrer dans un même ensemble les soins, le développement et l’apprentissage.

L’école maternelle est une forme de scolarisation non obligatoire dans le cadre du système scolaire public. Les communes sont tenues de proposer aux enfants des places en école maternelle à partir du trimestre automnal de l’année où l’enfant atteint ses 6 ans jusqu’à ce qu’il commence sa scolarité obligatoire. A l’heure actuelle, environ 96 % des enfants de 6 ans fréquentent l’école maternelle. L’éducation dispensée dans ces écoles a pour but de stimuler le développement des élèves et l’apprentissage et de les préparer à leur futur parcours scolaire.

3.3.4 Consultation des Roms c. participation active des Roms

En Suède, les questions roms doivent, dans la mesure du possible, être envisagées et examinées en étroite collaboration avec les Roms eux-mêmes. Par exemple, la stratégie suédoise à leur égard se fonde sur des propositions qui ont été formulées par la Délégation des questions roms, qui a joué un rôle actif de 2006 à 2010. Le rapport final de la Délégation (SOU 2010:55) a été diffusé pour observations, et plusieurs réunions se sont tenues avec des représentants roms dans le cadre de la rédaction des propositions pour la stratégie.

Tous les aspects de la mise en œuvre de la stratégie devraient se caractériser par la participation et l'influence des Roms. Ce processus pourrait avoir lieu par le biais de consultations, mais aussi en fondant les actions à mener sur les travaux réalisés par les Roms au sein de la société civile et en faisant valoir leur culture et leur langue.

Aux Pays-Bas, la communauté rom est également censée jouer un rôle crucial, ce qui correspond au troisième principe mis en avant dans la lettre datée du 26 juin 2009 à la Chambre des représentants[39], dans lequel le gouvernement néerlandais expose sa position sur la politique à l'égard des Roms aux Pays-Bas :

« Le troisième principe est que la participation de la communauté rom est un facteur essentiel pour résoudre les problèmes qui se posent à elle. Il appartient aux « communes roms » d’associer la communauté rom à l’élaboration des politiques qui la concernent.

De surcroît, le gouvernement néerlandais a décidé de consulter la population rom deux fois par an à compter de 2010. […]Enfin, il a créé en 2009 l’Institut néerlandais pour les Sintis et les Roms, centre d’expertise en ce domaine. »

De la même façon que lors du processus de consultation en Suède, l'Institut néerlandais pour les Sintés et les Roms et la communauté rom ont été consultés par le gouvernement pendant la phase de rédaction de son document de politique générale visant à améliorer la situation des Roms aux Pays-Bas. L'équipe d'experts du CAHROM a cependant appris pendant sa visite que l'Institut susmentionné avait récemment été dissous parce que ses travaux n'avaient pas permis de faire progresser la situation des deux communautés aux Pays-Bas. Une conséquence directe de cette dissolution est que des projets comme ceux qui sont menés par la Fondation Triana Roma à Utrecht ne peuvent plus être mis en œuvre par manque de financement[40].

Les experts néerlandais ont souligné la difficulté de trouver aux Pays-Bas des exemples positifs de Roms ayant terminé leurs études et pouvant être embauchés soit comme médiateurs soit dans des organismes publics. A cet égard, la situation en Hongrie, où les Roms sont représentés dans diverses institutions nationales, régionales et locales, et en Espagne, où les organisations de Roms sont très actives dans ce domaine et gèrent des projets financés par l'Union européenne, ainsi que l’exemple éloquent de la participation d’experts roms hongrois et espagnols au groupe thématique du CAHROM, contrastent beaucoup avec la situation qui règne aux Pays-Bas.

Pour améliorer la situation aux Pays-Bas, les experts des pays partenaires proposent de faire participer autant que possible les Roms à des activités extrascolaires, d'organiser des formations visant à renforcer leurs capacités (des stages par exemple), d'utiliser des techniques de mentorat (un Rom et un non-Rom travaillant ensemble) ou de promouvoir une meilleure image des Roms dans la société néerlandaise par le biais de campagnes de sensibilisation (comme en Espagne) ou d'entretiens dans la presse locale avec des Roms ayant réussi et pouvant servir de modèles (comme en Suède), afin de renforcer la confiance des membres de la communauté rom et de faire comprendre à la population majoritaire que les Roms néerlandais font partie intégrante de la société néerlandaise.

IV. ENSEIGNEMENTS TIRÉS ET BONNES PRATIQUES RELEVÉES

Le tableau suivant récapitule les principaux éléments qui ont été identifiés comme faisant obstacle à la scolarisation et à la fréquentation scolaire des enfants roms, ainsi que les diverses politiques et mesures qui ont été prises dans les pays participant à l’équipe d'experts du CAHROM. Dans la troisième colonne, il est fait référence aux normes et aux projets pertinents, à l'échelle européenne et internationale. Les informations contenues dans ce tableau prennent en considération les conclusions personnelles des experts, ainsi que les renseignements recueillis avant et pendant la visite thématique effectuée aux Pays-Bas. La liste suivante des obstacles a été dressée (voir le tableau pour plus de détails, les réponses apportées et les normes internationales applicables) :

4.1.1  Familles aux multiples désavantages (pauvreté, chômage, endettement, violence domestique, etc ;

4.1.2  Manque de volonté de la part des parents roms pour scolariser leurs enfants et veiller à leur assiduité ; faible niveau d’instruction des parents roms ; manque de dialogue entre les parents roms et l’école ; méfiance vis-à-vis du système éducatif et crainte de toute assimilation ;

4.1.3  Absence de perspectives sur le marché du travail régulier ;

4.1.4  Attentes moindres des enseignants à l’égard de l’éducation des enfants roms ; méconnaissance de la culture rom par les enseignants et les institutions publiques ;

4.1.5  Séparation à l’école ; non-possession de papiers et pénurie de transports publics (accessibles) ; lieux d’habitation séparés ;

4.1.6  Nombre insuffisant d’enfants roms dans l’éducation préscolaire ; méconnaissance de la langue nationale chez les enfants roms ;

4.1.7  Difficultés de s’inscrire dans certaines classes en raison de la limite d’âge ou de difficultés d’apprentissage ;

4.1.8  Méconnaissance de la langue romani chez les enfants roms ; pénurie de professeurs de romani ; absence de manuels d’apprentissage du romani ; non-reconnaissance de la culture rom et de la présence historique de cette communauté dans les programmes scolaires ;

4.1.9   Mariages précoces des filles roms, exploitation et traite des enfants ;

4.1.10                        Manque d’intérêt et de volonté politique aux niveaux national et local pour améliorer la situation ; manque de visibilité de l’action nationale ou locale en faveur des Roms ; perception négative des Roms ;

4.1.11                        Absence de toute évaluation de l’impact des politiques éducatives sur les élèves et les étudiants roms ; manque de financement.


4.1 Principaux motifs et obstacles expliquant le niveau élevé d’absentéisme et d’échec scolaire des enfants roms

4.2 Réponses et mesures, y compris des bonnes pratiques, pour lutter contre l’absentéisme et l’échec scolaire des enfants roms

4.3 Normes, recommandations et projets européens et internationaux dans ce domaine

4.1.1

* Familles défavorisées à plusieurs titres

-          pauvreté ;

-          chômage[41];

-          dettes ;

-          violence domestique ;

-          criminalité, etc.

La situation de la communauté rom de Nieuwegein pose de plus en plus problème en termes de nuisances pour le voisinage, de criminalité, d’accumulation des dettes, de chômage, de dépendance envers l’aide sociale et de problèmes de santé.

A Veldhoven, en 2002, près de 100 % des adultes étaient au chômage.

4.2.1

Ø  Politiques en faveur des personnes défavorisées à plusieurs titres

La Hongrie et les Pays-Bas mènent des politiques visant les « familles défavorisées à plusieurs titres » ou « familles à problèmes multiples », qui s'adressent essentiellement aux familles roms mais pas seulement (toute stigmatisation est à éviter). Se reporter, par exemple, au projet Wisselgeld/monnaie d’échange (mis en œuvre à Nieuwegein et décrit dans le rapport (page 19).

Aux Pays-Bas, les écoles du secondaire bénéficient de ressources supplémentaires pour le personnel dès lors qu’un certain pourcentage de leurs élèves sont issus de quartiers confrontés à divers problèmes liés à la pauvreté (voir page 10 du rapport).

En Hongrie, en plus des programmes Tanoda (voir page 22), un Système pédagogique favorisant l’intégration (SPI) a été conçu afin que la pratique pédagogique locale garantisse l’égalité des chances aux enfants défavorisés à plusieurs titres (voir page 12).

Ø  Prestations sociales et mesures visant à lutter contre l’absentéisme scolaire (manuels gratuits, repas gratuits, accès prioritaire à un logement social, etc.)

Le groupe d’experts a longuement examiné les avantages et inconvénients d’un système où il existe un lien entre les prestations sociales et l’assiduité scolaire. Certains membres de la délégation considèrent que verser des prestations sociales trop élevées pourrait se révéler contreproductif et contribuer à ce que les Roms restent des personnes assistées sur le plan social.

A Veldhoven, certains experts jugent qu’accorder aux parents roms qui envoient régulièrement leurs enfants à l’école un accès prioritaire au logement social est une mesure positive. D’autres expriment leurs doutes quant à cette pratique, qui ne va pas dans le sens d’une politique d’égalité de traitement.

4.3.1

  • Publication du Conseil de l’Europe « Human Rights of Roma and Travellers in Europe » :

o    Page 112 : « Un grand nombre des facteurs de vulnérabilité, comme la violence domestique, des taux d’abandon scolaire élevés, l’absence de domicile ou le fait de bénéficier d’une prise en charge par l'État, pèsent exclusivement ou de manière disproportionnée sur les enfants et les jeunes. »

Les lignes directrices internationales pour des politiques en faveur de l’intégration des Roms reposent notamment sur les textes de référence suivants :

  • Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2008)5 sur les politiques concernant les Roms et/ou les Gens du voyage en Europe ;

  • Déclaration de Strasbourg sur les Roms adoptée lors de la Réunion à haut niveau sur les Roms (Strasbourg, 20 octobre 2010) ;

  • Déclaration du sommet des maires sur les Roms (Strasbourg, 22 septembre 2011) ;

§  Plan d’action de l’OSCE visant à améliorer la situation des Roms et des Sintis (Varsovie, 2003) ;

  • Conclusions du Conseil de l’Union européenne sur un cadre de l’UE pour les stratégies nationales d’intégration des Roms jusqu’en 2020 (adoptées à Bruxelles en mai 2011).

4.1.2

* Manque de volonté des parents roms d’inscrire leurs enfants à l’école ou de les y envoyer régulièrement

Cela pourrait contrarier certains parents roms et dirigeants de communautés que leurs enfants soient plus instruits qu’eux.

* Faible niveau d’éducation des parents roms

Pour les parents roms ayant un faible niveau d’éducation, il n’est pas forcément important de pouvoir faire instruire leurs enfants. Ils ont du mal à aider leurs enfants à faire leurs devoirs.

*Absence de dialogue entres les parents roms et l’école

Les parents roms ne prêtent pas toujours d’intérêt à l’environnement scolaire ni aux associations de parents.

* Méfiance à l’égard du système éducatif et peur de l’assimilation (voir « peur de l’assimilation » au point 4.1.8, ci-après)

Les parents roms peuvent craindre que les enfants fréquentant des écoles ‘gadgé’ perdent leur identité et leurs traditions culturelles roms.

4.2.2-

Ø  Médiateurs / conciliateurs / intermédiaires

Le groupe d’experts s’accorde à reconnaître qu'il est essentiel de renforcer le dialogue entre les parents roms, d'une part, et les écoles/enseignants, d'autre part. Les médiateurs contribuent également à augmenter le nombre d’inscriptions à l'école. Cette pratique est en place en Hongrie (médiateurs), en Espagne (médiateurs et travailleurs sociaux) et en Suède (conciliateurs) ainsi que dans certaines communes néerlandaises, comme Veldhoven (où les travailleurs sociaux municipaux sont appelés des « intermédiaires »). Les experts des pays partenaires soulignent la valeur ajoutée des médiateurs d'origine rom.

Ø  Intégration et participation des parents roms à l’environnement et aux activités scolaires

Se reporter au programme Promociona, mis en œuvre en Espagne (pages 23-24). L’équipe d’experts estime d’un commun accord qu’outre des mesures visant à faire respecter la loi, un plus grand investissement s’impose afin de renforcer le dialogue avec les parents roms et d'encourager leur participation aux activités scolaires.

En Suède, les écoles doivent être flexibles et trouver les moyens d’adapter autant que possible leur enseignement aux besoins de chaque élève. Au moins une fois par trimestre, l’élève, l’enseignant et la personne qui a la garde de l’élève se rencontrent pour examiner les progrès scolaires réalisés et le ressenti de l’enfant. Cet « entretien de développement » doit donner une vision complète des acquis de l’élève et de son développement social. La discussion peut porter sur la façon dont l’école peut soutenir et stimuler son développement. L’entretien donne à l’élève et à la personne qui en a la garde la possibilité d’influer sur le parcours scolaire et d’en avoir la maîtrise.

Ø  Amendes et peines de travail d’intérêt général pour les parents qui n’envoient pas leurs enfants à l’école

L’équipe d’experts et les interlocuteurs néerlandais font remarquer qu’en général, les amendes ne sont pas payées et que ce type de sanction est inadapté, car il ne fait qu’aggraver le niveau d’endettement et de pauvreté des familles. Des peines de travail d’intérêt général les samedis pour les parents roms, telles qu’elles sont pratiquées à Veldhoven, pourraient se révéler plus appropriées, à condition qu’elles n’aient pas pour résultat que les familles concernées associent systématiquement le « travail » à une « sanction ».

Ø  Retirer les enfants à leurs familles et les placer en famille d’accueil ou en établissement

Cette solution ne semble pas adaptée au problème. Voir, par ex., les points de vue d’Amnesty International et du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe sur cette question[42].

4.3.2

  • Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2000)4 sur l'éducation des enfants roms/tsiganes en Europe :

o   Paragraphe 5 du chapitre 1 « Structures » sur les médiateurs, l’intégration et les mesures destinées à lutter contre l’illettrisme.

o   Paragraphe 20 du chapitre V « Consultation et coordination » sur le recours à des médiateurs

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe :

o   Paragraphe 15 du chapitre II. « Structures et dispositions d’accès à l’éducation » sur les médiateurs/assistants.

§  Programme du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne « Médiation interculturelle pour les communautés rom » (ROMED)[43]: Pendant la 1ère phase du programme de formation ROMED, lancée en 2011, 37 formateurs et 533 médiateurs de 16 États membres (dont la Hongrie et l'Espagne), dont la plupart (mais pas tous) étaient d’origine rom, ont été formés.

§  Convention internationale sur l'élimination de toutes  les formes de discrimination raciale au sujet du rôle que les médiateurs/assistants scolaires peuvent jouer pour réduire l’absentéisme et favoriser la communication entre les écoles et les familles.

4.1.3

* Manque de perspectives sur le marché du travail régulier

Certains parents et adolescents roms s’interrogent sur l’utilité de consacrer du temps à l’éducation si, au final les roms instruits ne trouvent pas d’emploi. Les Pays-Bas rencontrent aussi des problèmes avec le Roms apatrides[44].

La crise économique, mais aussi le faible niveau d’éducation des Roms et la discrimination dont ils sont victimes dans l'accès au travail ou à des stages, nuisent tout particulièrement à leur accès au marché du travail.

Les experts considèrent que l'emploi des Roms est le point faible de nombreuses stratégies d’intégration. Outre des programmes en faveur de l’éducation et du logement, ils recommandent d’élaborer un vaste programme de formation et d’emploi afin d’améliorer les perspectives des Roms sur le marché du travail régulier.

4.2.3

Ø  Conseillers pour l’emploi

Veldhoven pratique le jobcoaching pour les adolescents roms âgés de 16 à 18 ans.

Ø  Validation des compétences professionnelles

Se reporter, par exemple, à l’expérience menée en France et citée pendant la visite.

Ø  Formation des adultes et formation professionnelle

En Hongrie, le Programme d’internat «János Arany» pour les jeunes talents, lancé en 2007, est un programme de formation professionnelle à l’intention d’élèves défavorisés à plusieurs titres.

Voir point 3.2.3 de ce rapport concernant la législation espagnole relative aux programmes de formation professionnelle pour les élèves de plus de 16 ans n’ayant pas terminé leur cursus de formation obligatoire et le programme Promociona, à la page 23.

4.3.3

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe :

o  Paragraphe 12 du chapitre II. « Structures et dispositions d’accès à l’éducation » sur l’accès à la formation professionnelle et la validation des acquis de l’expérience.

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2000)4 sur l'éducation des enfants roms/tsiganes en Europe :

o  Exposé des motifs : «  les politiques éducatives en faveur des enfants roms/tsiganes devraient s'accompagner d'une politique active en ce qui concerne l'éducation des adultes et l'enseignement professionnel ».

4.1.4

*Attentes moins fortes des enseignants à l’égard des enfants roms

L’expert suédois fait remarquer qu’en Suède, les enseignants ont tendance à avoir des attentes moins fortes à l’égard des enfants roms scolarisés et, de ce fait, peuvent parfois ne pas se préoccuper suffisamment du problème de l'absentéisme.

* Mauvaise connaissance de la culture romani de la part des enseignants et des institutions publiques

Les intermédiaires (travailleurs sociaux municipaux) de Veldhoven ont expliqué que plusieurs institutions publiques qui s’occupent d’enfants et de jeunes ne connaissent pas la culture romani et ne sont pas au fait des problèmes rencontrés par les familles.

4.2.4

Ø  Formation des enseignants

En Hongrie, la formation en cours d’emploi des enseignants qui concourent à l’éducation de la minorité rom est subventionnée chaque année par voie d'adjudication. Les cursus et programmes peuvent être élaborés dans le cadre de la sous-mesure 3.4.1 du Programme opérationnel pour le renouveau social.

Ø  Collaboration étroite entre les médiateurs, les écoles, les institutions publiques et les familles

L’expérience conduite à Veldhoven et à Nieuwegein montre qu’une collaboration plus étroite entre les travailleurs sociaux municipaux, les institutions publiques et les familles roms contribue à surmonter les obstacles et à bâtir une relation de confiance.

4.3.4

  • Note du MG-S-ROM à l’attention du Comité des Ministres intitulée « Éléments stratégiques d'une politique d'éducation à l'égard des enfants romani en Europe » [MG-S-ROM(97)11] : « Les relations entre la majorité et la minorité, si souvent empreintes d'hostilité et fondées sur des préjugés et des idées stéréotypées au sujet des Roms, ont contribué à maintenir ces derniers dans une situation défavorable au sein de la société. Un statut inégal, la discrimination et l'exclusion sociale qui ont été et sont caractéristiques de ces relations hostiles, ont eu une influence directe et indirecte sur la scolarisation, en créant un environnement scolaire auquel les enfants romani se sentent étrangers. […] ».
  • Programme Pestalozzi du Conseil de l’Europe,[45]q qui propose aux professionnels de l’éducation des formations sur l’interculturalisme.

4.1.5

* Ségrégation scolaire

Même si la ségrégation au sein de la société et du système scolaire est beaucoup plus forte en Europe centrale et orientale (en Hongrie, par ex.) qu'en Europe occidentale où l’éducation favorise davantage l’intégration[46], la distance qui sépare les Roms du reste de la population néerlandaise reste beaucoup plus marquée qu'entre d'autres groupes minoritaires et la population majoritaire. Ce constat vaut également pour l’Espagne et la Suède.

* Inexistence de documents et absence de transports publics (accessibles)

L’absence de transports publics disponibles ou accessibles représente un obstacle supplémentaire pour les Roms, en particulier dans les pays où ils vivent loin des centres-villes, au même titre que l’inexistence de documents personnels[47]. Les experts ne l'ont pas indiqué spécifiquement pendant la visite thématique, mais cela pourrait concerner un nombre restreint d’enfants de communautés roms originaires de l’ex-Yougoslavie.

* Ségrégation dans le secteur du logement

En Hongrie, plus de 60 % des Roms vivent en milieu rural, essentiellement dans des zones isolées des régions du nord-est et du sud-ouest, les plus défavorisés sur le plan économique. Près de 100 communes se sont déjà transformées en ghettos roms, pauvres, et 200 devraient prochainement le devenir.

4.2.5

Ø  Interdire légalement et faire cesser la ségrégation scolaire

Même si elle a été difficile à mettre en œuvre du fait de l’hostilité témoignée par les écoles et la population/les autorités locales, la législation hongroise de lutte contre la ségrégation dans l’éducation est un exemple positif[48]. Seuls les projets de déségrégation bénéficient de financements de l’UE et d’OING.

Les Pays-Bas ont fermé en 2010 la dernière école pour Roms, à Veldhoven. Tous les enfants sont égaux, et la pédagogie des enseignants doit être la même quelle que soit l’origine ethnique des élèves.

En Suède, la stratégie en faveur des Roms repose sur les droits de l’homme et met tout particulièrement l’accent sur le principe de non-discrimination.

Ø  Unités mobiles d’enregistrement

Se reporter à la bonne pratique des unités mobiles d’enregistrement en République de Moldova, identifiée pendant une autre visite thématique du CAHROM.

Ø  Intégration en milieu urbain

L’exemple de la politique du logement menée par Veldhoven où les trois quartiers de Roms visités par l’équipe d’experts se trouvaient au centre de la commune, à proximité des écoles et des centres sportifs, et ne regroupaient chacun qu’une dizaine de familles afin d’éviter l’apparition de ghettos, a été considéré comme un bon exemple de stratégie du logement favorisant l’intégration. Cette politique est toutefois difficilement transposable en Hongrie, où la population rom est beaucoup plus nombreuse dans la plupart des villes et des villages.

4.3.5

§  Cour européenne des droits de l’homme et sa jurisprudence (voir note de bas de page n  9 du rapport).

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe

o   Paragraphe 5 du Chapitre I « Principes relatifs  à la politique à mener ».

§  Recommandation de politique générale n° 13 de l’ECRI sur la lutte contre l’anti-tsiganisme et les discriminations envers les Roms

o    Paragraphe 4.d. sur les mesures à prendre pour mettre un terme à la ségrégation scolaire.

o   Paragraphe 6.b. sur la lutte contre la ségrégation dans le domaine du logement.

§  Le Fonds pour l’éducation des Roms (FER) se préoccupe en particulier de l’intégration scolaire et de l’admission des enfants roms dans le système ordinaire pour faire cesser la ségrégation à l’école.

§  Rapport du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe « Human Rights of Roma and Travellers in Europe » : la ségrégation des enfants roms et tsiganes en les plaçant dans un système éducatif à part et/ou de moins bonne qualité constitue la violation la plus fréquente du droit à l’éducation[49].

4.1.6

* Faible nombre d’enfants roms dans les établissements du préscolaire

En Suède, 83% des enfants âgés de 1 à 5 ans sont scolarisés en maternelle (données de 2011). Toutefois, selon certaines indications, les enfants roms sont très peu nombreux à être dans ce cas, ce qui les désavantage pour la suite de leur scolarité.

* Mauvaise maîtrise de la langue nationale par les enfants roms

Aux Pays-Bas, tous les enfants reçoivent un enseignement devant leur permettre de s’intégrer dans la société néerlandaise. Lorsqu’ils entrent à l’école, à l’âge de quatre ans, ils sont tous censés parler et comprendre le néerlandais.

En outre, lorsqu'ils débutent leur scolarité en maternelle, les enfants néerlandais possèdent un vocabulaire plus riche (2 000 mots environ). Comme le romanes est uniquement parlé et que les mots néerlandais n’ont pas systématiquement d’équivalent dans cette langue, les enfants roms commencent leur scolarité avec un handicap qu’ils auront du mal à combler.

4.2.6

Ø  Assiduité en maternelle

Aux Pays-Bas, une politique compensatoire est en place pour les enfants d’âge scolaire défavorisés. Chaque année, des fonds publics d’un montant de 260 millions EUR sont versés aux communes à cette fin. Ces dernières doivent les utiliser pour financer l’enseignement préscolaire, les classes passerelles et les cours d’été, tout en gardant la possibilité d’organiser d’autres activités destinées à améliorer les compétences langagières des enfants. Ces prochaines années, une enveloppe supplémentaire de 100 millions EUR sera investie dans l’enseignement préscolaire, les classes passerelles et les cours d’été.

En Hongrie, la forme, le contenu et le cadre de l’enseignement préscolaire et scolaire pour la minorité rom sont réglementés par les décrets relatifs à l’enseignement préscolaire et à l’enseignement scolaire destinés aux minorités nationales et ethniques. Le but de l’enseignement préscolaire est de préparer les enfants à leur entrée dans le système scolaire en s’appuyant volontairement sur les différences et les similitudes qui existent entre la culture romani et la culture de la population majoritaire.

En 2003, un programme préscolaire a été conçu en Hongrie pour améliorer le niveau d’assiduité en maternelle des enfants défavorisés à plusieurs titres. En 2009, une aide financière supplémentaire a été versée aux enfants défavorisés à plusieurs titres que leurs parents ont inscrits en maternelle à l’âge de trois ans.

En Suède, le système préscolaire est destiné aux enfants entre l’âge d’un an et l’âge de la scolarité obligatoire. Il a pour but de stimuler le développement de l’enfant et l’apprentissage dans un environnement qui leur offre sécurité et attention. Le système préscolaire a une vision globale de l’enfant et de ses besoins et il est conçu de manière à intégrer dans un même ensemble les soins, le développement et l’apprentissage.

L’école maternelle est une forme de scolarisation non obligatoire dans le cadre du système scolaire public. Les communes sont tenues de proposer aux enfants des places en école maternelle à partir du trimestre automnal de l’année où l’enfant atteint ses 6 ans jusqu’à ce qu’il commence sa scolarité obligatoire. A l’heure actuelle, environ 96 % des enfants de 6 ans fréquentent l’école maternelle. L’éducation dispensée dans ces écoles a pour but de stimuler le développement des élèves et l’apprentissage et de les préparer à leur futur parcours scolaire.

Ø  Campagne de sensibilisation en faveur de la scolarisation des enfants en âge (pré)scolaire

L’Espagne offre un bon exemple avec sa campagne de sensibilisation « De mayor quiero ser… » (quand je serai grand, je serai…), lancée à Madrid le 30 septembre 2010 par la Fundación Secretariado Gitano (FSG) pour promouvoir auprès des parents roms le rôle primordial que l’éducation joue dans l’intégration sociale.

4.3.6

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe

o   Le paragraphe 10 de l’annexe indique que : « La fréquentation d’établissements préscolaires par les enfants Roms et de Gens du voyage devrait être encouragée dans les mêmes conditions que pour les autres enfants et l’inscription à l’éducation préscolaire devrait être favorisée, si nécessaire en apportant des mesures spécifiques de soutien. »

§  Rapport de présentation  de l’UNICEF/REF/OSI « Roma early Childhood inclusion »

o    Voir message clé n° 5 du chapitre 2 : « Les systèmes nationaux de maternelles et d’écoles primaires négligent d’accueillir, d’intégrer et d’instruire les enfants roms ».

§  Rapport de l’OSCE/BIDDH « Mapping of participation of Roma and Sinti Children in Early education processes within the OSCE Region » (Varsovie, novembre 2010)[50]

  • Voir pages 7 et 27 du rapport sur les campagnes de sensibilisation comme un moyen d’informer les parents et les communautés roms et sintis et d’augmenter le taux de scolarisation.

4.1.7

* Difficultés d’accès à certains niveaux de classes du fait d’une limite d’âge ou de problèmes d’apprentissage

Les enfants roms sont parfois pénalisés par la limite d’âge fixée pour l’entrée dans certaines classes[51]. Plusieurs ont expliqué que leur inscription au bon niveau de classe avait été refusée parce qu’ils étaient trop âgés. D’autres ont dû passer un test, ce qui présente une grande difficulté pour un enfant qui n'a jamais été scolarisé auparavant.

Les élèves roms ont plus de mal à suivre en raison d’un niveau d’éducation insuffisant.

4.2.7

Ø  Activités périscolaires

En Hongrie, les organisations du réseau TANODA proposent aux élèves roms et autres élèves défavorisés un large éventail d’activités périscolaires à la sortie de l'école. Ces activités visent à consolider leurs acquis, mais aussi à associer les parents et la collectivité au processus éducatif (voir rapport).

Entre autres programmes de prévention mis en œuvre en Espagne, le programme Promociona peut être considéré comme une bonne pratique (voir pages 23-24 du rapport).

Ø  Écoles de mise à niveau

Même si son nom peut prêter à confusion, « l’école primaire spéciale » De Evenaar que l’équipe d’experts du CAHROM a visitée à Nieuwegein n’est pas une école pratiquant la ségrégation, ni une école pour enfants atteints d’un handicap physique ou mental. Elle accueille des enfants, roms et non roms, qui présentent des difficultés d’apprentissage ou des troubles neurolinguistiques, tels que le syndrome TDAH ou d’Asperger, et qui sont souvent issus de familles exposées à la violence, au stress, etc. Le but est d’aider ces enfants à rattraper leur retard grâce à l’attention particulière des enseignants et à réintégrer le système scolaire normal. L’admission dans ce système éducatif particulier est décidée par une commission indépendante à partir de différents tests (qui ne sont pas tous des tests écrits) Aucun critère ethnique n’est pris en compte.

4.3.7

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe

o  Paragraphe 11 du chapitre II. « Structures et dispositions d’accès à l’éducation » sur les dispositions particulières à prendre pour prévenir l’abandon scolaire et stimuler le retour à l’école des enfants n’ayant pas mené à terme l’enseignement obligatoire.

4.1.8

*Mauvaise maîtrise du romani par les enfants roms, pénurie d’enseignants de romani et manque de manuels en romani

Ces points ont été soulevés essentiellement par la Suède, où les enfants roms ont la possibilité de suivre un enseignement dans leur langue. Ceci étant, il semblerait qu’ils soient nombreux à faire le choix de ne pas étudier dans leur langue maternelle. Il est probable qu’ils cachent leur origine rom par crainte de harcèlement ou de discrimination, ce qui les prive de l’enseignement supplémentaire dans leur langue maternelle auquel ils ont droit[52]. De même, l’enseignement de la langue maternelle n’est pas toujours aussi efficace que l’on pourrait l’espérer. Les enseignants de romani ne sont pas assez nombreux ; peu d’élèves roms choisissent d’étudier leur langue maternelle et les supports pédagogiques/manuels en romani manquent.

Aux Pays-Bas, ce problème ne se pose pas dans la mesure où la plupart des Roms parlent le néerlandais. Selon les autorités, il n’y a pas de demande pour l'enseignement du romani. Le gouvernement suit actuellement une politique qui ne privilégie pas l’enseignement des langues minoritaires.

En Espagne aussi, cette demande est peu répandue, car les Roms espagnols ne parlent plus le romani.

* Absence de reconnaissance de la culture romani et pas de présence historique dans les programmes scolaires

Cet argument en défaveur de la scolarisation est souvent mis en avant par les parents roms, qui redoutent une assimilation à la culture majoritaire. En règle générale, les enseignants savent peu de choses au sujet des Roms, de leur présence historique et de leur contribution à la culture et l’histoire nationale et européenne. Cette forme « d’invisibilité » se reflète aussi dans le matériel pédagogique et les manuels.

4.2.8

Ø  Enseignement et promotion du romani

Plusieurs initiatives, qui forment désormais la stratégie en faveur des Roms, ont été lancées en Suède pour améliorer la situation,  même si l'expert suédois reconnaît qu’il faudrait faire encore plus.

Le lycée et internat de la Fondation Gandhi à Pécs, créé en 1994, est la première institution de la minorité nationale rom de Hongrie et même d’Europe à proposer des examens de fin d’études. Dans le cadre des programmes pour la minorité nationale, les élèves ont la possibilité d’apprendre les deux langues parlées par les Roms en Hongrie, à savoir le beash et le lovári. Pendant leurs études, les élèves découvrent la culture et les traditions des Roms, leur histoire, leur ethnographie, leur art traditionnel, les travaux de leurs auteurs, etc.

Ø  Enseignement de la culture et de l’histoire des Roms à l’école

La Suède, qui a traduit en suédois les fiches d’information du Conseil de l’Europe sur l’histoire des Roms est un exemple à suivre. Parmi les objectifs fixés dans les programmes scolaires, les étudiants doivent avoir été familiarisés avec la culture, la langue et l’histoire des minorités nationales.

En Hongrie, au lycée et internat de la Fondation Gandhi de Pécs cité ci-dessus, les élèves découvrent la culture et les traditions des Roms, leur histoire, leur ethnographie, leur art traditionnel, les travaux de leurs auteurs, etc.

4.3.8

§  Note du MG-S-ROM à l’attention du Comité des Ministres intitulée « Éléments stratégiques d'une politique d'éducation à l'égard des enfants romani en Europe » [MG-S-ROM(97)11] : «  les politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics pour résoudre le "problème tsigane" ont trop souvent signifié l'éradication de leur identité et de leur mode de vie. C'est ainsi que l'institution scolaire et la scolarisation des enfants romani sont devenues le principal moyen d'atteindre les objectifs liés à l'assimilation. »

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2009)4 sur l’éducation des Roms et des Gens du voyage en Europe

o  Paragraphe 25 du chapitre IV. « Échanges européens, partage d’expériences et bonnes pratiques » : « Les documents élaborés dans le cadre du projet du Conseil de l’Europe « L’éducation des enfants Roms en Europe » (2002-2009) tels que la collection de fiches dans le domaine de l’histoire des Roms, la mallette pédagogique, le guide du médiateur/assistant scolaire rom, et le cadre de référence pour les politiques éducatives en faveur des Roms, Sintis et Gens du voyage, ainsi que d’autres outils développés par d’autres secteurs du Conseil de l’Europe tels que le cadre curriculaire pour le romani ou le kit pour lutter contre les préjugés et les stéréotypes produit dans le cadre de la campagne de sensibilisation Dosta ! devraient être largement diffusés et utilisés lors de la mise en œuvre des dispositions susmentionnées. »

4.1.9

* Mariages précoces des filles roms, exploitation des enfants et traite

Dans toute l’Europe, il est fréquent que les filles roms abandonnent leur scolarité. Toutefois, ce phénomène est plus répandu dans le cas des communautés roms traditionnelles. Les parents peuvent craindre que leurs filles fréquentent des garçons gadgé. Souvent, les filles doivent participer aux tâches ménagères et les garçons doivent aider leur père.

Aux Pays-Bas, un petit nombre seulement de garçons et encore moins de filles entament des études secondaires. 80 % de ceux et celles qui le font ne terminent pas leurs études. A Veldhoven et à Nieuwegein, le taux d’abandon, en particulier celui des jeunes filles roms, est quasiment le même, alors que les groupes de Roms concernés sont différents (les Roms de Veldhoven vivent aux Pays-Bas depuis déjà de nombreuses années, tandis que ceux de Nieuwegein ne sont dans le pays que depuis un peu plus de 30 ans. La première génération y vit toujours et exerce son influence sur la génération des enfants et celle des petits-enfants).

Ce phénomène peut être lié à la culture romani et les jeunes Roms peuvent certes servir de source de revenus aux familles pauvres, mais les autorités néerlandaises considèrent que vendre sa fille pour une dot constitue un acte de traite d’êtres humains, contraire aux droits de l’homme et aux droits de l’enfant.

En Espagne, le taux d’abandon des filles roms dans le secondaire est aussi très élevé.

4.2.9

Ø  Référence à des Roms instruits en tant que modèles

La situation en Hongrie, où les Roms sont représentés dans différentes institutions locales, régionales et nationales, et en Espagne, où les organisations roms sont particulièrement actives sur le terrain et gèrent des projets financés par l’UE, offre un contraste saisissant avec la situation aux Pays-Bas, où il semble impossible pour l’heure de trouver des exemples de Roms ayant terminé leurs études et susceptibles de servir de modèles.

Pour améliorer l’assiduité des enfants roms, le précédent gouvernement a débloqué, en 2010, une enveloppe de 0,6 million EUR pour la Plate-forme néerlandaise des communes traitant des questions roms de l’Association des communes néerlandaises. Ces communes ont utilisé les ressources en question pour financer des projets destinés à encourager les enfants/filles roms à aller à l'école.

Ø  Activités de sensibilisation aux dangers de la traite

Le groupe thématique d’experts estime qu’informer les élèves, qu’ils soient roms ou non, sur les dangers de la traite et de la prostitution à leur entrée dans le secondaire pourrait être une solution.

Ø  Élaborer une stratégie européenne pour lutter contre l’exploitation des enfants roms

Les experts néerlandais considèrent qu’en plus de stratégies de lutte contre la discrimination et de promotion de l’intégration sociale, il conviendrait de définir une stratégie européenne pour lutter contre l’exploitation des enfants roms et, en particulier, contre les mariages précoces des filles roms.

4.3.9

§  Étude de l’ERRC/PiN152[53]: les facteurs de vulnérabilité des Roms à la traite incluent « les formes structurelles de discrimination au motif de l’origine ethnique ou du sexe, la pauvreté et l'exclusion sociale qui se traduisent par un niveau scolaire médiocre, des taux de chômage élevés, l’endettement, la prise en charge par l’État, la toxicomanie et la violence domestique qui touche essentiellement les femmes et les enfants. »

§  Expérience de l’OSCE et du Conseil de l’Europe en matière de formation de médiateurs (roms) pour lutter contre la traite[54].

§  Rapport du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe « Human Rights of Roma and Travellers in Europe »:

o    Chapitre 5 Les Roms et la traite des êtres humains

§  Action du Conseil de l'Europe contre la traite des êtres humains (GRETA)[55].

§ Stratégie du Conseil de l’Europe sur les droits de l’enfant et campagne Construire une Europe pour et avec les enfants, qui défendent toutes les deux les droits de l’enfant et la protection des enfants contre la violence..[56]

4.1.10

* Manque d’intérêt et de volonté de la part des responsables politiques au niveau local et national d’améliorer la situation, manque de visibilité de l’action menée au niveau local/national en faveur des Roms

Aux Pays-Bas, il est toujours nécessaire de confronter les communes et les autorités nationales aux problèmes des Roms (d’où le choix délibéré d’attirer l’attention au niveau national sur le problème de l’exploitation des enfants roms).

Si à Nieuwegein, la politique à mener à l’égard des Roms est très discutée, à Veldhoven au contraire, les actions sont menées en toute discrétion afin d’éviter les protestations de la population majoritaire.

Faute d’une politique nationale relative aux Roms, les communes néerlandaises sont libres de mener ou non des actions en faveur de leurs habitants roms. Il s’ensuit l’inexistence d’une politique cohérence à l’égard des Roms et une stratégie différente dans chaque commune.

* L’image négative des Roms

L’image des Roms est très mauvaise et, malheureusement, renforcée par la présentation faite de certains Roms dans les journaux. Les histoires de Roms bien intégrés sont quasi-inexistantes.

4.2.10

Ø  Nécessité d’établir une coopération plus étroite à tous les niveaux et d’élaborer des lignes directrices européennes sur les politiques à mener à l’égard des Roms

Même si les politiques en faveur de l’intégration des Roms doivent prendre en considération les circonstances locales et nationales, certains des experts pensent qu’il faudrait une politique européenne concertée dans ce domaine, qui donnerait des lignes directrices aux gouvernements nationaux.

Les experts des pays partenaires reconnaissent que le programme d’échange/Wisselgeld en place à Nieuwegein et la politique conduite à Veldhoven sont des exemples locaux de stratégie intégrée, faisant intervenir différents acteurs et conjuguant plusieurs domaines d’action (éducation, santé, logement, emploi, sécurité, justice, etc.). Toutefois, ils considèrent que les Pays-Bas devraient envisager d’adopter une stratégie nationale générale relative aux Roms, car dans ce cadre, les initiatives seraient encouragées à grande échelle et ne seraient plus soumises à  la bonne volonté des collectivités locales.

Ø  Sensibiliser le grand public et les collectivités locales

L’exemple de la commune de Stockholm, qui parle des Roms et les met en valeur dans ses publications municipales ainsi que dans la presse suédoise et rom, est un exemple à suivre, car c’est un bon moyen de sensibiliser aux bénéfices d’une politique en faveur des Roms.

4.3.10

Voir les textes de référence relatifs aux lignes directrices européennes et internationales pour des politiques en faveur de l’intégration des Roms, au point 4.3.1.

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2008)5 sur les politiques concernant les Roms et/ou les Gens du voyage en Europe ;

o  Voir chapitre 8 sur le suivi et l’évaluation.

§  L’Alliance européenne des villes et des régions pour l’inclusion des Roms, qui sera créée par le Conseil de l’Europe après l’été 2012, pourrait servir à renforcer la sensibilisation et la coopération entre les collectivités territoriales ainsi qu’à mettre en contact les différents réseaux nationaux qui œuvrent en faveur de l’inclusion des Roms.

§ La campagne de sensibilisation Dosta! Du Conseil de l’Europe, qui sert à lutter contre les préjugés et les stéréotypes à l’encontre des Roms, peut être utilisée au niveau national et local pour surmonter les obstacles « psychologiques ». A ce jour, aucun des quatre pays concernés par ce rapport n’a pleinement exploité cette campagne.

4.1.11

*Manque de données pour pouvoir évaluer l’impact des politiques éducatives en faveur des élèves/étudiants roms

Aux Pays-Bas, on manque d'informations sur les Roms vivant dans le pays, car un recensement en fonction de l’origine ethnique y est impossible et, plus généralement parlant, cette question n’intéresse pas les autorités ni la population néerlandaise.

Comme le recensement en fonction de l’origine ethnique est peu souhaitable et interdit, le manque de chiffres ne contribue pas non plus à inscrire les problèmes des Roms parmi les préoccupations politiques. Dans l’intervalle, les responsables politiques ont été sensibilisés à cette question au niveau national. Par contre, au niveau local, la tâche reste ardue.

* Manque de ressources financières

De façon générale, les États et les communes manquent de ressources financières pour leurs politiques d’intégration. Avec l’actuelle crise économique, il est encore plus difficile de lever des fonds.

4.2.11

Ø  Nécessité de recueillir des données et d’évaluer l’impact des politiques éducatives

Certains experts des pays partenaires considèrent que la Plate-forme néerlandaise des communes traitant des questions roms est la mieux placée pour élaborer un plan d’action visant à recueillir des informations et des données au niveau local en vue d’évaluer l’impact des politiques qui sont conduites ainsi que le niveau d’investissement financier et humain.

Aux Pays-Bas, les personnes d’origine rom sont relativement peu nombreuses, ce qui permet la mise en œuvre d’une stratégie spécifique. L’investissement par famille rom est plus important que dans des pays comme la Hongrie, où le nombre de Roms est beaucoup plus élevé.

Ø  Utilisation des fonds (structurels) de l’UE

L’Espagne donne un très bon exemple de la façon de combiner des fonds locaux, régionaux, nationaux et européens. Ces dernières années, la Hongrie s’est activement employée à faire respecter le principe de l’égalité des chances dans l’éducation[57].

4.3.11

§  Recommandation du Conseil de l’Europe CM/Rec(2000)4 sur l'éducation des enfants roms/tsiganes en Europe :

o  Paragraphe 18 du chapitre IV [58] sur l’évaluation des résultats des politiques éducatives en faveur des enfants roms.

§  Rapport de l’OSCE/BIDDH « Mapping of participation of Roma and Sinti Children in Early education processes within the OSCE Region »[59]

§  Étude du Fonds pour l’éducation des Roms évaluant l’impact sur l’éducation des enfants en Hongrie.

§ Le réseau EURoma[60] est un réseau de l’UE qui regroupe 12 États membres et dont l’objectif est de promouvoir l’utilisation des fonds structurels pour améliorer l’efficacité des politiques à l’égard des Roms et favoriser leur intégration sociale.


ANNEXES

Annexe 1:

Lettre d’invitation formelle du maire de Nieuwegein et président de la Plateforme néerlandaise des communes traitant des questions roms (en anglais)

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Annexe 2:

Programme de la visite thématique à Nieuwegein et Veldhoven, Pays-Bas, 12-14 mars 2012 (en anglais)

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Annexe 3:

Liste des participants de la visite thématique à Nieuwegein et Veldhoven, Pays-Bas, 12-14 mars 2012 (en anglais)



[1] Le terme « Rom » employé au Conseil de l’Europe fait référence aux Roms, aux Sintés, aux Kalés et à des groupes apparentés en Europe, y compris les Gens du voyage et les groupes de l’Est (Doms et Loms), et couvre la grande diversité des groupes concernés, y compris les personnes qui s'identifient comme étant « Tsiganes ».

[2] Le membre slovaque du CAHROM qui avait proposé que son pays fasse partie de ce groupe thématique a indiqué au Secrétariat qu’il élaborerait des observations sur le thème du rapport pour la 3e réunion du CAHROM. Le membre croate du CAHROM qui avait initialement formulé une proposition analogue a finalement préféré que la Croatie participe au groupe thématique du CAHROM sur le logement social des Roms.

[3] Voir à cet égard l’Avis du Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales sur les Pays-Bas à l’adresse suivante : http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/minorities/3_FCNMdocs/Table_en.asp.

[4] Programme espagnol pour le Développement de la communauté tsigane.

[8] La plupart de ces documents sont accessibles en version électronique à l’adresse : http://www.coe.int/web/coe-portal/roma_reference-texts.

[9] En particulier D.H. et autres c. la République tchèque, Sampanis et autres c. Grèce, et Orsus et autres c. Croatie.

[14]Texte intégral de la Convention des Nations Unies : http://www2.ohchr.org/english/law/crc.htm.

[15] Texte intégral du Plan d’action de l’OSCE sur les Roms et les Sintés : http://www.osce.org/odihr/17554.

[16] Voir cette étude OSCE-BIDDH publiée à Varsovie en novembre 2010 : http://www.osce.org/odihr/73874.

[17] Étude EUMC disponible sur le site Web de la FRA : http://fra.europa.eu/fraWebsite/attachments/roma_report.pdf.

[18] Voir par exemple Marko D. Knudsen, The history of the Roma, RomNews Society, Hambourg, Allemagne et Jean-Pierre Liégeois, Roms en Europe, Éditions du Conseil de l’Europe, 2009.

[19] Davantage d'informations sur la Loi néerlandaise relative à la scolarité obligatoire sont disponibles à l'adresse suivante : http://www.european-agency.org/country-information/netherlands/national-overview/legal-system

[20] Aux Pays-Bas, de nombreux élèves suivent une scolarité à plein temps au moins jusqu’à l’âge de 18 ans. Entre 16 et 18 ans, ils ont le droit de travailler sous réserve qu’ils suivent une scolarité à temps partiel en rapport avec leur emploi.

[21] Les amendes imposées aux parents roms restent généralement impayées, et les interlocuteurs néerlandais comme les experts des pays partenaires conviennent qu'il ne s'agit pas d'une réponse adaptée puisqu'elle accroît l’endettement et la pauvreté des familles. C'est pourquoi, à Veldhoven, les amendes ont été remplacées par des peines de travail (les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école doivent travailler un samedi).

[22] En particulier, les études exceptionnelles menées dans le cadre du programme « Du fond de la classe », les modifications apportées aux règles juridiques applicables, y compris les mesures relatives à l’établissement du diagnostic de trouble mental ou intellectuel léger.

[23] Voir l’addendum du rapport pour une présentation plus détaillé de ces programmes.

[24] Le texte intégral de la Loi organique relative à l'Éducation (ley orgánica de educación – LOE) est disponible en anglais à l'adresse suivante : http://planipolis.iiep.unesco.org/upload/Spain/Spain_LOE_eng.pdf. Voir notamment le Titre II « Equity in Education ».

[25] Le texte de la stratégie suédoise en faveur des Roms (disponible en suédois uniquement) est disponible à l'adresse suivante : http://ec.europa.eu/justice/discrimination/files/roma_sweden_strategy_sv.pdf

[26] De plus amples informations sur la Communication officielle du gouvernement « Stratégie coordonnée à long terme pour l'intégration des Roms 2012-2032 (Communication officielle de 2011/12:56), les minorités nationales, les politiques et conventions relatives aux minorités et le projet de loi intitulé « De la reconnaissance à l'autonomisation » (Loi de 2008/09:158) sont disponibles sur les sites Web du gouvernement www.manskligarattigheter.se et www.regeringen.se/romastrategin.

[27] Les groupes minoritaires reconnus en Suède sont les Samis, les Finlandais de Suède, les Juifs, les Roms et les Tornédaliens. Ces groupes satisfont aux critères suivants : a) ils habitent en Suède depuis longtemps et ont tissé des liens communautaires explicites, b) ils possèdent des caractéristiques culturelles, religieuses ou linguistiques uniques, et c) ils souhaitent garder leur identité.

[28] Voir dans ce contexte la Résolution CM/ResCMN(2011)3 sur la mise en œuvre de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales par les Pays-Bas, adoptée par le Comité des Ministres le 12 janvier 2011 à la 1102e réunion des Délégués, ainsi que les paragraphes 20 à 24 de l’Avis du Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales adopté le 25 juin 2009 [document ACFC/OP/I(2009)002]. Seuls les Frisons de la province de Frise ont le statut de minorité nationale aux Pays-Bas.

[29] L'extension de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires aux langues romani et beash, deux langues parlées par les Roms de Hongrie, a été promulguée par la Loi XLIII de 2008.

[30] La Loi sur les droits des minorités ethniques et nationales a été modifiée en 2011. En vertu de la nouvelle loi, les Roms sont également reconnus en tant que minorité.

[31] Cigány, le terme hongrois pour « Tsiganes », n’est pas aussi désobligeant et péjoratif que dans les pays voisins de l’Europe du Centre et du Sud-Est. Le terme « Roms » (Romák) est toutefois de plus en plus employé dans les documents officiels depuis 2011.

[32] L’article 2 de la Constitution espagnole prévoit que : « La Constitution a pour fondement l’unité indissoluble de la Nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols ».

[33] Chambre des Représentants 2008-2009, 31 700 XVIII, no. 90, citée au paragraphe 14 des observations du gouvernement des Pays-Bas sur le premier avis du Comité consultatif sur la mise en œuvre de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales reçues par le Secrétariat du Conseil de l'Europe le 17 février 2010.

[34] Les communes roms qui ne sont pas représentées dans la Plateforme ne concentrent pas leurs efforts sur ce groupe puisqu’elles ne rencontrent pas de problème particulier ou qu’elles ne reconnaissent pas les questions roms sur leur territoire.

[35] A la suite de la demande de la Commission européenne aux États membres d'adopter des stratégies nationales pour l'intégration des Roms ou de développer plus avant les stratégies existantes, le gouvernement néerlandais a présenté un document de politique générale qui a été jugé utile pour améliorer la situation des Roms aux Pays-Bas. Outre les thèmes évoqués par le Conseil européen (éducation, emploi, santé et logement), le gouvernement néerlandais a mis en avant deux autres sujets, à savoir la lutte contre les comportements délinquants et socialement inacceptables, et l'exploitation des enfants roms.

[36] Parmi ces acteurs figurent les établissements d’enseignement primaire et secondaire, le Bureau du procureur public, les services municipaux (scolarité obligatoire, affaires sociales, intégration, allègement de la dette), la police, les associations de logement, l’assistance sociale/communautaire (Movactor), le travail social (Vitras CMD), la Province d’Utrecht, le Bureau pour la jeunesse, le Conseil de la protection de l’enfance et les Services de santé publique.

[37] L’article 28 a. de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant prévoit que : « Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances : a) Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ; ».

[38] Voir l'addendum au présent rapport pour de plus amples informations.

[39] Chambre des Représentants 2008-2009, 31 700 XVIII, no. 90, citée au paragraphe 14 des observations du gouvernement des Pays-Bas sur le premier avis du Comité consultatif sur la mise en œuvre de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales reçues par le Secrétariat du Conseil de l'Europe le 17 février 2010.

[40] L'équipe d'experts du CAHROM n'a rencontré aucun représentant rom néerlandais pendant sa visite. Mme Mila Burek de la Fondation Triana Roma a été invitée à participer à une réunion dans le cadre du programme de travail, mais elle n'a malheureusement pas pu y assister.

[41] Thomas Hammarberg : Human Rights of Roma and Travellers in Europe (publication du Conseil de l’Europe, février 2012). Le Commissaire aux droits de l’homme explique à la page 117 que certaines maternelles accueillent de préférence les enfants dont les deux parents travaillent, ce qui désavantage la plupart des enfants roms dont, souvent, aucun des deux parents ne travaille.

[42] Thomas Hammarberg : Human Rights of Roma and Travellers in Europe (publication du Conseil de l’Europe, février 2012), page 103.

[43] Pour plus d’informations sur le programme ROMED, consulter le site internet du programme : http://www.coe-romed.org.

[44] Ils doivent être instruits jusqu’à l’âge de 18 ans mais sont dans l’incapacité de suivre un stage pour obtenir leur diplôme faute de papiers. Sachant qu’ils ne pourront probablement pas achever leur formation, ils accordent peu d’importance à leur assiduité. Le tribunal a récemment décidé que les « étrangers en situation irrégulière » pouvaient suivre leur stage et terminer leur cursus.

[45] Pour plus d’informations sur le programme Pestalozzi :  http://www.coe.int/t/dg4/education/pestalozzi/home/default_fr.asp.

[46] A ce sujet, voir l’étude pilote du FER en matière d’égalité From Segregation to Inclusion

[47] Thomas Hammarberg : Human Rights of Roma and Travellers in Europe (publication du Conseil de l’Europe, février 2012), page 117 : « Dans certains pays, en particulier dans les Balkans, le fait que les Roms ne possèdent pas de documents personnels (tels qu’un certificat de naissance ou un justificatif de domicile) a des répercussions négatives sur la scolarisation. »

[48] Un programme d’action dans le domaine de l’éducation a été élaboré en vertu de la Loi LXXIX de 1993 sur l’éducation publique (modifiée en 1996 et en 2003) pour donner aux organes autonomes des minorités régionales le moyen de lutter contre la ségrégation dans le domaine de l’éducation. Pour la législation générale en matière de lutte contre la discrimination, se reporter aussi à la Loi sur l’égalité de traitement et la promotion de l’égalité des chances et au Code civil.Depuis 2002, un commissaire ministériel pour l’intégration des enfants roms et des enfants défavorisés veille à une meilleure coordination entre les autorités administratives locales, régionales et nationales.

[49] Voir pages 116-117, qui, à partir des rapports de l’ECRI, donnent des exemples d’abandon scolaire en Albanie, en France, en Géorgie, en Grèce, au Portugal et en Fédération de Russie liés à des actes de discrimination directe ou indirecte (absence de vaccination, préjugés, refus des écoles d’inscrire des enfants roms, parents non roms protestant contre la présence d’enfants roms à l’école, brimades par des enfants non roms, etc.)

[50] Le rapport de l’OSCE/BIDDH peut être consulté à l’adresse suivante : http://www.osce.org/odihr/73874.

[51] Thomas Hammarberg : A la page 12, le rapport Human Rights of Roma and Travellers in Europe (publication du Conseil de l’Europe, février 2012) cite des exemples en Géorgie et au Kosovo (toute référence au Kosovo, que ce soit son territoire, ses institutions ou sa population, doit se comprendre en pleine conformité avec la Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies et sans préjuger du statut du Kosovo).

[52] La Suède a ratifié en 2000 la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Le romani (Romani ćhib) est protégé en vertu de la Partie II de la Charte en tant que langue dépourvue de territoire.

[54] Le Conseil de l’Europe a mené un projet de ce type en 2011 en Albanie, en République de Moldova et en République slovaque, avec le soutien financier de la Norvège et l’aide de formateurs de l’OSCE. La plupart des médiateurs formés étaient des femmes roms.

[55] Pour plus d’informations sur le GRETA, consulter la page http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/trafficking/default_fr.asp.

[56] Pour plus d’informations, voir : http://www.coe.int/t/dg3/children/.

[57] Outre des programmes locaux, des programmes cofinancés par l’UE (Phare, HEFOP – programme opérationnel de mise en valeur des ressources humaines, TÁMOP – programme opérationnel pour le renouveau social, TIOP – programme opérationnel en faveur des infrastructures sociales, ROP – programmes opérationnels régionaux) ont aussi été mis en œuvre à hauteur de dizaines de milliards HUF.

[58] « L'évaluation des politiques éducatives devrait tenir compte d'un ensemble de critères, y compris les indices de développement personnel et social, sans se limiter à des estimations des taux d'assiduité et d'échec scolaire. »

[59] Ce rapport, publié en novembre 2010, indique à la page 27 que dix pays (Croatie, République tchèque, France, Grèce, Lettonie, Norvège, Pologne, Roumanie, Serbie et République slovaque) font état de l’existence d’évaluations relatives à l’efficacité des politiques et programmes publics en faveur de l’accès des enfants roms et sintis à l’enseignement préscolaire.

[60] Pour plus d’informations, voir : http://www.euromanet.eu/. La Hongrie, l’Espagne et la Suède sont déjà membres du réseau EURoma ;  les Pays-Bas envisagent de le devenir.